jeudi 7 mai 2009




Bonjour, je m'appelle Charlotte, et je suis une accro.


(Bonjour Charlotte)
 
Ce n'est pas la première fois que je manifeste un comportement addictif. Il y a eu beaucoup de choses dans ma vie qui ont fait dire à mes proches que j'avais un problème, et à chaque fois je leur disais : T'en fais pas, je maîtrise, je suis cool, j'ai pas besoin de ça.

J'inventais des mensonges pour les rassurer, mais au fond de moi, je savais que c'était faux.

Le Seigneur des Anneaux, c'est tout juste un passe-temps pour moi.


Internet, j'en ai pas besoin pour vivre.

Blogger, j'arrête quand je veux.

Les zombies, j'y crois même pas d'abord. Des cauchemars où je hurle "non ne me mangez pas", alors là je vois pas du tout de quoi tu parles.


J'ai toujours été d'une nature un tantinet obsessive. J'ai un besoin compulsif de trier, classer et catégoriser les photos, je classe mes livres par ordre alphabétique, je range les objets uniquement en piles égales, et si quelqu'un change l'organisation de mon bureau, je peux basculer dans une furie berserk.


Et je ne parle même pas de mes périodes obsessives avec une chanson qui tourne soixante-douze heures dans le studio, ou avec un film, ou un groupe. Demandez à tous mes proches, ils en ont encore des souvenirs vivaces.


Ma mère vous racontera toutes les matinées "Reservoir Dogs" où elle entrait dans le salon pile quand Michael Madsen (le psychopathe le plus canon de l'histoire du cinéma) coupe l'oreille du flic, me regardait mâchonner mes K Spéciaux, et sortait en murmurant "Il faut que je la fasse soigner".


Ma soeur vous racontera les années de torture sonore à base de Manau (de 9 à 11 ans), de Sniper (de 12 à 15 ans), de Scorpions (de 16 à 18 ans) et autres Rammstein (toute l'année de Terminale).


Ma copine Carole vous racontera ce que ça faisait d'être en seconde avec moi :


- Et sinon hier soir j'ai regardé les bonus du quatrième DVD des Deux Tours édition collector, eh ben y'avait un truc trop marrant à la quarante-troisième minute à propos d'une scène du film, à une heure quarante-trois et cinquante secondes. Trop fort. Du coup j'ai recommencé le bouquin, pour voir si c'est dedans aussi. Tu savais qu'à la cinquante-troisième minute de la version longue de La Communauté, Bilbo dit une phrase que c'était Gandalf qui la disait dans le livre ?


Flavien vous racontera que ça fait trois jours que j'écoute rien d'autre que "Life on Mars" de David Bowie, toute la journée, parce que c'est ma manière de faire mon deuil de la fin de "Life on Mars" avec John Simm (alias le mec le plus anglais de l'univers) dont je suis complètement folle et ça fait bien rire Professeur Flaxou qui joue à l'autre bout de la pièce.


- Embrasse-la.

- Annie, I have to go.
- EMBRASSE-LA !! Ah il l'embrasse. Oh ça m'énerve. Sale pute.

(Non mais si je m'énerve c'est normal, deux saisons pour un bisou, c'est pire que Ross et Rachel. En plus elle est même pas tellement jolie. Elle est un peu potelée.
)

Donc oui, je peux être assez obsessive.
Mais là, il faut faire quelque chose. Il faut m'arrêter avant que je dépense tout mon compte d'épargne spécial "Un jour j'aurai une voiture comme dans Boulevard de la mort".

J'ai une tare, ou plutôt une sorte de particularité physiologique, qui fait que, quand j'entre dans un magasins de vêtements, j'achète uniquement des T-Shirts. Pas des pulls, pas des chemises, pas des pantalons, exclusivement des T-Shirts. Le reste, je l'hérite de ma mère (qui a tout de même une armoire normande pleine de tous ses habits depuis 1978, donc on va pas la plaindre pour trois jeans et deux pulls).

Jusqu'ici, je me disais que je contrôlais, que j'allais pas tomber dans l'addiction. Et c'est vrai, ma misanthropie naturelle agissait comme une barrière entre moi et des millions de T-Shirts à message humoristique. Ma haine naturelle du shopping, des centres commerciaux et des poufiasses H&M Mango Zara m'a empêché de tomber dans la spirale infernale.

Mais c'était jusqu'à ce que je découvre la magie d'Internet.

Des boutiques sans fin, de l'argent qu'on voit pas passer, en plus j'ai toujours la flemme de convertir les dollars alors je me dis que c'est pas cher, pas cher du tout, vive l'Euro fort et la crise des subprimes.


Et puis en fait non. Ce foutu dollar est quand même plutôt cher, et je vous raconte pas les frais de port pour faire venir mes super T-Shirts à la gloire des Monty Pythons de je ne sais quel coin reculé de l'Alaska.


Maintenant, j'ai assez de T-Shirts pour tenir tout l'été alsacien (du 15 juin au 12 août, à peu près, ensuite il se met à pleuvoir et ça s'arrête plus jusqu'à octobre, puis la pluie se change en neige et ça s'arrête plus jusqu'à mars, et ensuite la neige se re-change en pluie jusqu'en juin.) et cela en changeant de T-Shirt tous les jours.

Je suis une misérable.


Je sais que c'est pas si grave pour une fille normale, mais faut me comprendre. Ma garde-robe entière tient sur deux étagères, chaussures comprises. Alors pour moi, posséder plus de quinze T-Shirts, c'est comme une offense à ma religion. La religion du "utilisons cet argent pour acheter des trucs vraiment cool, genre des livres, ou de la viande crue."


Je viens à vous par ce bel après-midi en cherchant la rédemption.


Que quelqu'un m'exorcise.

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