vendredi 26 mars 2010

Achille au pied agile

 (Achille et Patrocle : "mes yeux sont là-haut")

Quand j'étais petite j'étais giga-fan de mythologie grecque, égyptienne, et amérindienne (sauf que j'aimais pas les Mexicains parce que c'était trop difficile de prononcer Teotihuacán). Et mon histoire préférée de chez préférée, c'était L'Iliade et L'Odyssée, de Homère.

Homère c'était pas comme Homère Simpson, parce qu'il était plus intelligent et aussi qu'il était aveugle. En plus à l'époque ils avaient même pas le braille, t'imagines la galère dans la maison d'Homère :

- Bordel Homère ! T'as encore débordé sur la nappe ! Tu fais chier avec tes histoires de cyclopes !

L'Iliade j'aimais bien parce qu'il y avait un super gros livre à la bibliothèque avec des belles images à l'aquarelle. Et l'Odyssée j'aimais bien parce que y'avait un jeu de l'oie à thématique odysséienne dans mon CD-ROM "Tout l'Univers" (Fourni avec Windows 95, ça nous rajeunit pas.) du coup y'avait des trucs du genre "Poséidon fait couler votre bateau, reculez de trois cases", c'était fun.

On va faire bien parce qu'on est pas des sauvages, et on va raconter tout ça chronologiquement.

En fait tout commence à cause d'un emmerdeur. L'emmerdeur se nomme Pâris (c'est pour ça qu'en hommage, on a nommé la ville la plus pleine de merde au monde en son honneur).

Pâris c'était un mec mi-prince, mi-berger (voir l'article de Krommlech, rappelez-vous, je lui pique toutes ses idées). Un jour qu'il gardait tranquillement ses moutons en jouant de la flûte, il voit soudain apparaître trois déesses devant lui. (A l'époque, les dieux, ils allaient devant les humains comme ça, ils se mochisaient même pas en mendiants comme dans les contes allemands du Moyen Age.)

Les trois déesses c'est Héra, Athéna et Aphrodite. C'est des déesses avec des super-pouvoirs et tout, mais intrinsèquement ça reste des meufs, et donc elles étaient peinard sur leur mont Olympe en train de manger du raisin et de s'épiler le maillot, et est survenu une dispute de meufs : miroir ô mon miroir, qui est la plus belle de nous trois ? Et puis comme les filles sont de super coupines, ça n'arrange rien pour le jugement impartial :

- Oh mais c'est toi la plus belle !
- Moi ? Non ! Je suis grosse ! C'est toi la plus belle !
- Moi ? Oh non ! C'est moi qui suis grosse ! Toi, t'es belle !

(Aussi appelé "syndrome de la langue de pute".)

Donc elles avaient décidé de prendre un juge impartial, et ce juge c'était Pâris. Donc il hésite longtemps, c'est des déesses quand même, donc parmi leurs pouvoirs elles ont la super-bonnasserie. Mais Aphrodite veut vraiment gagner parce que c'est tout ce qu'elle a dans la vie. (Ben oui, Athéna elle est super intelligente, et Héra c'est la femme de Zeus quoi. Aphrodite il lui reste que ses jolis yeux pour pleurer.) Du coup elle va voir Pâris discretos, et elle le bakchiche à l'ancienne (en fait Aphrodite c'est la mère de la mafia russe) : elle lui promet la plus belle femme du monde s'il lui fait gagner le concours. 

Mais comme les autres déesses s'en rendent compte, elles essayent d' "influencer son jugement" quelque peu (quels corrompus ces dieux grecs). Héra lui promet l'Asie (sympa pour les gens qui y habitent) et Athéna lui promet la sagesse.

Mais Pâris, faut pas oublier qu'il est légèrement gole-mon (d'où son nom) et surtout qu'il passe ses journées avec des moutons, alors ses hormones le titillent quelque peu à l'idée de se taper la plus belle femme du monde. ("Quoi? Corinne Touzet? Pour moi tout seul?") Donc il choisit Aphrodite, qui lui indique où il pourra trouver la plus belle femme du monde : Hélène de Troie (même pas Claire Chazal, putain vous êtes vaches).

Hélène de Troie ne vit pas à Troie (la vie est mal faite), mais à Sparte. Par contre, Aphrodite a omis un tout petit détail, c'est qu'elle est mariée à Ménélas, qui est le roi de Sparte. (Ouais, le roi des 300 excités de la machette, c'est lui.)

Qu'à cela ne tienne, se dit Pâris, je vais juste aller la voir, l'enlever discretos, hop hop on rentre à Troie et personne ne s'apercevra de rien. (Je vous avais dit qu'il était gole-mon.)

Sauf que Ménélas, le vieux cochon, tu crois qu'il se rendra pas compte que sa femme la super-bonnasse s'est cassé avec un berger slash prince ? Ben si, il s'en rend compte et il est pas content. Du coup il prend des bateaux, des spartiates, il ramasse Achille au passage, et il se met en route.
Bon là je vais faire du fast-forward, parce qu'en fait ils commencent par lancer une offensive sur la mauvaise ville (quels blaireaux) et en plus c'est la ville du fils d'Héraclès, qui est donc semi-semi-dieu, et ils sont tellement fatigués de l'effort qu'ils partent se reposer pendant huit ans. (C'est que ça doit être balèze de se battre contre un semi-semi-dieu.)

Donc neuf ans après l'enlèvement d'Hélène, Ménélas part la reconquérir (on sent la passion brûlante dis donc).

Les navires de guerre accostent à Troie assez vite, parce qu'ils ont eu des vents favorables, il suffisait de sacrifier la fille d'Agamemnon, trop fastoche. (Et après Agamemnon il se demande pourquoi sa femme veut le tuer, non mais franchement, tu l'as pas cherché connard.) Et là commence la guerre de Troie, qui dure pendant dix ans.
Faut dire que c'était du solide, au niveau des armes de guerre :

A ma gauche, les Achéens : donc déjà, ils ont les spartiates, on sait comment ça fonctionne. Et puis en cadeau bonus ils ont Ulysse, le mortel le plus intelligent du monde, et Achille, le mec le plus bourrin de la mythologie. Achille, sa mère l'avait plongé dans un fleuve qui rend invincible quand il était bébé (c'était l'ancêtre d'Obélix), sauf qu'elle avait mal fait son boulot parce qu'elle le tenait par le talon, et que du coup si on lui tapait sur le talon, il mourait (tapette). Moi je dis, si déjà t'es prête à noyer à moitié ton gosse dans le fleuve des Enfers, tiens-le par les cheveux, t'es plus à ça près niveau maltraitance domestique. (Enfin bon, peut-être qu'après il serait mort en allant chez le coiffeur, et ça aurait pas été terrible non plus.)

Mais attention, Troie c'était pas du royaume de merde non plus, hein. C'était pas Troie comme en Champagne-Ardennes, foyer de l'andouillette, non non. C'était tout un bout de la Turquie, et pas la Turquie avec que des cailloux et des chèvres, la Turquie avec la mer, l'agriculture, les savants et tout. Et Assos. (Pas le site de fringues, l'autre Assos.) Et puis à Troie, ils avaient le handicap de se taper Pâris le bon à rien, mais ils avaient aussi Hector, le mec le plus valeureux de l'histoire des mecs valeureux. (Plus valeureux que Lancelot, plus valeureux qu'Aragorn, même plus valeureux que Louis la Brocante.) Et aussi, les murs de Troie, ils avaient été construits par Poséidon lui-même, et ils étaient supposés imprenables. (Après peut-être que comme Poséidon il avait pas reçu ses sous de la part du roi, il s'était vengé et enlevant l'imprenabilité des murailles. Pourtant il avait déjà envoyé un monstre marin et fait enchaîner une jeune fille nue sur un rocher, mais bon je m'égare.)

Ensuite y'a beaucoup de combats mais c'est pas super intéressant. Achille tue un géant albinos, Pâris se fait battre comme une merde en combat singulier par Ménélas qui est pourtant un vieux croulant (imagine, il avait 40 ans, c'est plus que la moyenne d'espérance de vie de l'époque, même pour un roi), les combattants ont des noms rigolos (y'a quand même deux mecs différents qui s'appellent Ajax : Ajax fête des fleurs et Ajax senteur marine), Hector tue le "cher ami" d'Achille (après tout nous sommes en Grèce ancienne), Achille tue Hector (là je pleure parce que je kiffe Hector), cheval de Troie, meurtres à gauche à droite, Pâris la lopette tue Achille presque par erreur d'une flèche dans le talon. 

Les Achéens se saisissent de la ville, Pyrrhus, le fils d'Achille, tombe amoureux d'Andromaque, la femme d'Hector (on sent venir les problèmes), et Ulysse se dit "Je rentrerais bien chez moi, ça fait légèrement dix ans que Pénélope fait du tricot en m'attendant."

Et là c'est le début de l'Odyssée, qui est encore plus génial parce qu'il y a des monstres avec plusieurs têtes, des magiciennes, des cochons, des cyclopes et des moutons. 

Mais ce sera pour une autre fois.

samedi 20 mars 2010

Harry Potter is my homeboy


Bon, alors je viens de finir Harry Potter. 

AVERTISSEMENT : Là c'est le moment où je vais raconter ce qu'il se passe dans Harry Potter. Pour les six premiers tomes je vais pas faire de cadeaux, parce que bon ils sont sortis en films alors tout le monde sait comment ça finit. Par contre quand j'arriverai au septième tome, je vais faire de l'écriture magique où il faut surligner avec le curseur pour voir ce qu'il y a écrit. (Comme ça personne ne viendra mettre des menaces de mort dans ma boîte aux lettres.)

Alors ça commence avec un garçon qui est super opprimé. C'est genre Cendrillon mais en garçon : c'est Harrillon. 
Harillon vit avec des gens qui le détestent, ils le détestent tellement qu'on se demande bien pourquoi ils s'emmerdent avec lui et pourquoi ils vont pas le perdre dans la forêt, Petit Poucet style. Ou alors c'est juste que c'est des méchants sadiques et qu'ils aiment bien l'humilier.
A la lumière de cette explication, on a soudain une image mentale très vive de la vie sexuelle des Dursley :
- Ah ah Harry dort dans le placard à balais comme un chien, ça t'excite, hein ?
- Oh oui maîtresse, soumets-moi.
Bref.
Un beau jour Harrillon reçoit une lettre écrite en vert (couleur chelou par excellence) qui lui dit qu'en fait c'est un sorcier ! Du coup il est sauvé de la vie chez les séquestrateurs d'enfants et il va à Hogwarts (oui en fait comme j'ai lu le bouquin en anglais, je connais pas les termes français. Et puis aussi, Poudlard, c'est moche.) pour apprendre la magie. Hogwarts c'est comme une école normale en Angleterre : il fait froid et humide et c'est tout délabré. Sauf que bon, y'a des trucs cool genre des fantômes, des donjons, et des tableaux qui parlent. 

Donc Harry part apprendre la magie et se fait des amis. Il apprend aussi que ses parents sont en fait pas morts dans un accident de voiture (vu qu'ils ont jamais passé le permis de conduire, ha les losers) mais qu'en fait ils se sont fait brutalement assassinés par un super-méchant qui s'appelle Voldemort. (Il manquait juste un "Dark" devant pour en faire un ultra-méchant). Voldemort c'est un peu un croisement de Dark Vador, Judas, et le roi Hérode : c'est un sale traître qui adore torturer les gens, et au passage tuer des innocents.

Mais Voldemort il est pas super content, parce qu'il se la pète à mort genre "Aha j'suis trop fort rien ne me résiste" alors qu'en fait si, vu qu'il s'est fait battre par un gamin qui faisait encore dans ses couches. (Tapette.) Le gamin c'était Harry. Donc maintenant que Voldemort a passé dix ans à se peler le cul dans une forêt d'Albanie, il se dit qu'il prendrait bien sa revanche. 

(Et d'un côté, on peut le comprendre. C'est pas particulièrement hospitalier comme endroit, l'Albanie. Mais bon comme il fait de la magie noire, c'est une question de réputation, ça aurait tout foutu en l'air de dire "Voldemort, le grand mage noir, a fui aux Caraïbes, panser ses blessures sur une plage baignée de soleil." Donc en Albanie, au fin fond d'une forêt humide, il a bien l'occasion d'être malheureux et de se rappeler pourquoi il est si méchant.)

Du coup Voldemort essaye de tuer Harry environ une fois par an, mais à chaque fois il se fait battre (dis donc quel incapable). Là où ça devient intéressant, c'est quand des gens commencent à mourir (dans le tome 4, il aura fallu le temps). Sauf qu'à ce moment, Harry, qui était assez cool, devient chiant.

- Oh mon dieu les gens meurent par ma faute, si seulement je n'avais pas survécu, tous ces gens seraient encore en vie. Han, tout le monde m'aime et me dit que je suis formidable, j'en ai trop marre, personne ne me comprend.

Quand même, pendant trois tomes j'avais un peu envie de le secouer et de dire "Mais c'est bon avec la fausse modestie, là". Tu sais à qui il me fait penser, Harry ? A Céline, une meuf qui était avec moi au lycée. C'était une nana super belle (surtout d'après les standards du lycée) : elle avait une peau parfaite, un corps de déesse, et des longs cheveux soyeux. Et elle passait ses journées à aller de fille en fille et à nous tenir à peu près ce langage :

(A Sarah, qui avait de l'acné)
- Oh c'est horrible, j'ai un affreux bouton là, près du nez, il est atroce, je veux mourir.
- C'est un grain de beauté.
- Ah oui !

(A moi, qui avais des kilos en trop)
- Han comment je suis trop grosse! Non mais franchement regarde mon ventre, tu trouves pas que j'suis grosse? Si mais j'ai pris des kilos, là, je le sens.
- On voit tes côtes.
- Ah oui tiens! Je dois pas être si moche que ça finalement!
- Connasse.
- Hein?
- Non, rien, ça devait être le vent.

Ben Harry Potter, c'est pareil.

- Oh, je suis trop nul en magie-an !
- Harry, tu as vaincu le plus grand sorcier de tous les temps trois fois de suite en combat singulier, avant d'avoir dix-huit ans.
- Ah oui ! Je dois pas être si nul finalement !

- Oh j'en ai marre de tous ces gens qui meurent à cause de moi !
- Harry, ils meurent pour toi, parce que tu es notre seul espoir de vivre en paix un jour.
- Ah oui !

Bref, Harry continue de se dénigrer en gagnant la Coupe du Triwizard Tournament (tout en ayant trois ans de moins que l'âge requis), en devenant capitaine de l'équipe de Quidditch, et en défiant régulièrement Voldemort, les yeux fermés, à une seule main, tout en faisant des pompes et en apprenant la physique quantique.

Pendant ce temps, tous les gens qu'Harry aime plus ou moins s'obstinent à mourir, décidément c'est une manie: d'abord ses parents, ensuite son parrain, ensuite son mentor. Harry est triste (on le comprend un peu). En plus tu penserais qu'avec se réputation de serial killer de méchants sorciers, il pourrait au moins emballer facilement, mais en fait non, il arrive tout juste à pécho la sœur de son meilleur ami. (Ah oui, parce qu'il lui a sauvé la vie en affrontant un serpent géant au regard qui tue et au poison incurable, à mains nues, quand il avait douze ans. Mais à part ça il est nul, hein.)

Après, les amis de Harry Potter, je les aime bien, surtout Hermione, je me demande bien pourquoi. En tout cas c'est pas du tout parce que je m'identifie aux personnages de rats de bibliothèque qui emmerdent le monde avec des histoire qu'ils sont les seuls à trouver intéressants, et qui commencent à réviser pour les examens de juin en janvier. Ça n'a rien à voir.

J'ai quand même trouvé des choses dans ces livres qui m'ont bizarrement rappelé un autre truc que j'avais lu : Ho, les Horcruxes de Voldemort, des objets chargés de magie dans lesquels sont déversés une partie de son âme et qui l'empêchent de mourir. Ça me rappelle vaguement une histoire avec un Anneau, mais je dois me méprendre. Ho, une figure de mentor paternaliste à longue barbe blanche, à l'âge inconnu (mais très avancé), détenteur d'un savoir unique, et s'exprimant par énigmes ! Ça me rappelle un mec... il avait un nom bizarre...ça commençait par un G.... Il aimait bien se tenir sur des ponts cassés et lever les bras en brandissant un bâton... Oh, ça va me revenir. (Bien joué, J.K., c'est subtil. Au moins la mormone de Twilight elle a eu la décence de créer son univers toute seule. C'est sans doute pour ça qu'il est pourri, mais bon.)

(Je plaisante, hein. Parce que si on veut remonter à l'essence du genre de mythe "je coupe mon âme en morceaux et je les mets dans des objets", il faudrait dire "J.K.Rowling, sale copieuse des rites funéraires en Egypte Ancienne!" et là c'est un peu ridicule.)

J'ai aussi quelques remarques à faire sur le dernier tome (attention, encre invisible comme dans les kits de la CIA!) :

D'abord, je suis étonnée qu'il n'y ait pas eu plus de gens qui meurent dans la grande bataille. Parce que bon, d'accord, Fred, Lupin, Tonks, mais en fin de compte c'est tout. Alors que l'armée de Voldemort ils ont des géants, des araignées, des Dementors, plein de mecs méchants qui tirent dans le dos, et tout. Moi je m'attendais à ce qu'il y ait au moins des gens qu'on aime beaucoup qui meurent, genre Ron, Hermione, Neville ou Luna. Bon, je me plains pas, mais c'est juste que du coup, l'armée de Voldemort, j'ai du mal à comprendre pourquoi elle fait si peur.
Et ensuite : bon, on a compris, vous êtes des gentils. Les coups qui tuent, c'est les méchants qui les utilisent. Mais franchement, vous pensez vraiment que c'est se battre à armes égales ? Massacrez-les, bon dieu ! Même Voldemort, il est tué par son propre sort qui rebondit. "Expelliaramus"??! Non mais tu te fous de ma gueule?!! Il a pas déjà assez essayé de te tuer par le passé ? Trois fois par an en dix ans, ça te suffit pas? Crétin. (Oui je sais, c'était gagné d'avance, il avait la baguette de la mort, tout ça. Mais quand même, c'est épuisant d'indulgence.)
Et puis, la dernière chose qui m'a un peu chiffonnée : non mais c'est quoi cet épilogue ?
Ça suffisait pas que Harry n'ait pas de personnalité propre, mais soit exactement comme son père ? Il faut que tous les enfants des sorciers subissent le même sort ? Et puis les prénoms, bonjour l'originalité : "Oh chéri donnons à nos enfants les noms de tous les gens qu'on connaît qui sont morts". Super ambiance. Et en plus de ça, on dirait que les noms des sorciers te forcent à devenir un clone de la personne qui le portait avant. James Sirius, on le voit cinq minutes, et on comprend tout de suite que c'est un futur délinquant juvénile. Lily Luna, j'imagine qu'elle va devenir bizarre mais gentille quand même. Et puis Albus Severus, mon dieu mais il va se faire taper (d'une part), et puis bonjour la personnalité : un génie brillant, tourné vers la magie chelou, sans amis. Cool, sympa pour lui, les gars. Vous auriez pu être gentils et l'appeler Enzo Kenzo, au moins il se serait intégré. 

Donc, dans l'ensemble, j'ai vraiment bien apprécié Harry Potter. J'avoue que je m'attendais à un conte pour enfants un peu simpliste, les gentils versus les méchants, et je suis bien contente de m'être trompée. Bon, par contre je pense avoir trop dévoué mon adolescence à d'autres livres pour me permettre de devenir une vraie fan d'Harry Potter (Et puis je n'ai pas pleuré, et les larmes que je verse sur un livre, c'est la seule chose qui m'indique que je vais m'en souvenir pour le reste de ma vie.) Mais c'était sympa.


Maintenant, les débats sont ouverts (et je sais qu'il y a des fans dans le coin qui vont venir débattre chaque phrase de cet article en démontrant pourquoi j'ai tort et pourquoi Harry Potter est la septième merveille du monde : vous gênez pas, je comprends, je ferais la même chose pour la Croisée des Mondes) : alors, et vous, qu'est-ce que vous avez pensé de Harry Potter?

mardi 16 mars 2010

La perle du mois !




Sarah c'est ma meilleure copine, mais c'est aussi une grosse feignasse, vu qu'elle a fait la perle du mois que maintenant (non mais en vrai elle est sympa quand même). 
Si vous voulez comprendre pourquoi c'est elle qui fait la perle du mois, allez voir son article.

En attendant comme c'est quand même grâce à moi que cette tradition existe, je m'approprie son article. Bon vote !

Sarah

1) Nan, mais ta bouche ça doit être un cul, vu ce qui en sort.

2) On donne la Mongolie à Charlotte.

3) Sharfaa... Avec un prénom pareil faudrait la tuer. Ça fait un peu Jafar.

4) On a pris du Ketchup allégé, (à Cha), on a pensé à toi.

5) Un chinois black, ça lui fera une grosse bite pour changer.

6) Racaille, anglais, espagnol: toutes les langues du monde!


Professeur Flaxou :

7) J'avais un pote savoyard qui s'appelait Tom. Tom de Savoie.

8) Je préfère que les iraniens aient la bombe plutôt qu'on ait la loi Hadopi.

9) Je veux bien vous faire la tortilla, mais je sais pas comment ça se danse.



Florian:

10) C'est Robert là, Robert Parkinson!

11) Le tapis de nouvel an, on peut refaire une soirée rien qu'en l'essorant.


Les travaux de groupes parce qu'on rigole quand même plus quand on est plusieurs:

12) -J'appellerais pas ma fille Huguette parce qu'on est dans une région de ploucs alors après ma fille sera une pute.
-Cela dit, si c'est ta fille, elle a des chances...

13) -La seule manière de faire bouger mes seins c'est si je saute en l'air.
-Mais tu prend le risque de te crever un œil.

14) -Une fois y'a une inconnue qui m'a roulé un patin dans la rue. (Guillaume)
-T'avais quoi, une pancarte Free Galoche?


15) -Ces cartes là, c'est des Jokers.
- Aussi appelées « Why so serious ? »

16) -Vilaine bête, je vais te faire piquer moi, tu vas voir.
-Il te dit aussi ça au lit?
-Oui mais moi, ça m'excite!

17) -Ouais, un canon!
-Mais c'est moi ton canon!
-Non, toi t'es une bombe.

18) -Quand j'etais petite, je prenais toujours la brouette.
-Et depuis, ça n'a pas changé

19) -Mon ex il me trompait avec la moitié du Haut-Rhin.
-Mais s'il avait le choix, alors pourquoi il est resté avec toi?

20) -J'vais te faucher jusqu'à ton slip!
-Tu m'as déjà fauché mes slips.

21) -Fais pas ça!
-Mais j'ai raté le trou! Ça t'arrive aussi!




PS : Pour répondre à la question de Krommlech : oui, Nancéens, Nancéennes, Professeur Flaxou vit et étudie désormais à Nancy. Il est à la fac de microbiologie tout en haut de la colline, il a cours tous les jours entre neuf et dix-sept heures, et il mange des fois à la cantine. Mais le plus souvent, vous le trouverez à la bibliothèque de sciences (au rayon BD). Il est grand, il a des yeux très bleus et des oreilles anormalement petites, et il porte des T-Shirts avec des méduses dessus. Allez le voir, ça lui fera peur.

lundi 15 mars 2010

Time time for some action


Ce week-end ma copine Adèle est venue me voir.

Ma copine Adèle j'ai tellement baroudé avec elle qu'il faudrait inventer un nouveau terme pour notre relation. C'est presque du niveau "couple de lesbiennes", mais sans l'intimité physique (quand même).

- Oh regarde cette tasse à café, ça ferait un joli cadeau pour ton père!

Ce genre de relation. (J'ai même jamais rencontré son père. Mais Adèle et moi, on est deux grandes pipelettes devant l'Eternel, c'est pour ça.)

Du coup au lieu de rester se faire chier à Kettering, on a passé le week-end à Oxford et Cambridge (où l'expression "se faire chier" n'existe pas tellement c'est des endroits géniaux.)

On a aussi fait un détour par un marché français à Market Harborough, j'ai eu une bouffée de nostalgie en sentant des odeurs de vieux formage moisi, et voici le résultats : trois saucissons dans mon frigo. (Je suis même pas tellement une fan de saucisson, mais en Angleterre ils en ont pas, alors ça suffit pour titiller mes pulsions franchouillardes "ces gens sont des sauvages".) Heureusement qu'ils étaient à court de Reblochon, sinon je vous raconte pas l'orgie de tartiflette (En plein mois de mars, quelle horreur. C'est comme de faire une choucroute en juillet. Oui, les touristes de l'intérieur, c'est à vous que je parle. Bande de rustres.)

Bon alors Cambridge c'était super, on a fait du punting (oui oui la barque à touristes, on assume) avec un guide tout mignon qui poussait sa barque telle une gondole et qui nous racontait force anecdotes croustillantes. Bon, le coup du mec qui escalade la cathédrale pour y poser un cône de signalisation, pourquoi pas. Le coup du garde du corps du prince Charles qui a eu des meilleures notes que lui aux exams, ça m'étonne même pas tellement. Mais le coup du mec qui a ramené un ours comme animal de compagnie parce que c'était le seul non précisé sur la liste, j'y crois pas. (T'imagines l'ours à Cambridge, il aurait mangé tous les gens qui passaient en aviron. Quoique c'est peut-être pour ça qu'il y en a plus (des gens qui font de l'aviron, pas des ours).)

Et puis bon il y avait aussi des jolis bâtiments, un magasin de bonbons digne de Hansel et Gretel (du sol au plafond et jusque dans la cave!), un magasin de farces et attrapes (un coussin péteur! je savais même pas que ça existait encore!) des vélos tellement partout que ça me rappelait Strasbourg, et puis surtout des étudiants. Plein d'étudiants. Des jeunes intellos à lunettes avec des airs méga-snob et des fringues de bourges (Burberry, sors de ce corps, tu rends les gens moches). Imagine-toi, c'est comme une prépa géante qui s'étendrait sur une ville entière. Bon, moi j'aime pas trop l'ambiance des prépas, c'est pour ça que je suis allée à la fac (mon éducation hippie aura raison de moi) mais bon on s'en foutait un peu, parce que là c'était pas l'ambiance qui importait, mais les jolis yeux bleus de tous ces gosses de riches. (Et attention, des riches de chez riches, hein. Dans la rue j'ai croisé une Bentley.) Ça donne envie d'aller faire ses études à Cambridge et de mettre la main sur un héritier des Stuart. (Parce que bon, avec Professeur Flaxou, c'est moi la Sugar Mama. Quand je passe une nuit avec lui, je lui laisse de l'argent sur la commode.)

Donc ouais, Cambridge c'était magnifique, et tellement ensoleillé que nos pauvres yeux anglicisés criaient grâce de toute la force de leur cristallin. (HA! Je savais que j'arriverais à placer ce mot un jour!)

Mais c'était rien du tout comparé à Oxford.

Alors c'est sûr, je ne suis pas objective du tout. Les deux livres au monde qui ont le plus marqué ma vie ont été écrits par des hommes qui venaient d'Oxford. Depuis dix ans, ce nom résonne en moi comme une promesse. Oxford. Comme si, en visitant cette ville, je me rapprochais un peu des univers qui, pendant quelques années, ont été toute ma vie. Comme si, en touchant les pierres de l'université où avait vécu Tolkien, je pouvais me rapprocher de l'essence de son œuvre. Comme si, en marchant dans les mêmes rues que Lyra, je pouvais arracher aux vieux murs un morceau de son monde.

Alors oui, j'ai visité les colleges, j'ai contemplé la splendeur des vieux murs, j'ai vu la grande bibliothèque, j'ai humé son parfum de savoir, j'ai déambulé dans les ruelles tordues, j'ai marché dans un parc avec Adèle en essayant en vain de voir les cerfs qu'on nous avait promis dans la brochure (en fait ils étaient dans le parc juste à côté, on est vraiment des championnes) et on s'est fait suivre par un faisan (là tu rigoles, mais c'est flippant un faisan en gros plan, tu sais). J'ai pris des milliers de photos (mais c'était bien la peine vu que ma carte mémoire s'est mise en grève et refuse de se laisser lire, et que je sais même pas si mes photos sont encore dedans).

Et c'est vrai qu'on a eu toutes les poisses du monde : les trois quart des colleges étaient fermés pour cause de départ des étudiants, on était en dortoir mixte avec quatre mecs qui sont rentrés à trois heures, puis à six heures du matin, notre visite guidée était une perte de temps, j'ai failli mourir écrasée par un bus, le concierge m'a viré manu militari de l'université de Tolkien parce que j'avais passé outre le panneau "Closed" (du coup j'ai pu voir que la cour), l'Ashmolean Museum a fermé une heure plus tôt que prévu parce que des gens ont voulu se marier dedans (du coup on a eu seulement dix minutes pour visiter), la billetterie pour la grande bibliothèque était fermée trois quart d'heures à l'avance (du coup on avait seulement accès à une salle), Alice au Pays des Merveilles était complet (du coup on a regardé Shutter Island et j'ai rien compris), et j'avais oublié mon pyjama.

Mais c'est pas tellement grave, parce que pour moi, Oxford, c'était plus qu'une visite. C'était un pèlerinage.

Rien que de pouvoir marcher dans ces rues, entourée de ces murs, c'était déjà énorme. C'était mon rêve d'enfant réalisé.

Comme on était à Oxford qu'une journée, je n'ai pas eu le temps de voir les trois choses les plus importantes à mes yeux : Merton College, la tombe de Tolkien, et le jardin botanique.

Une bonne raison pour y retourner.


PS : Dites, mes lecteurs intelligents, y'en a pas un de vous qui serait informaticien ou photographicien par hasard? Si je vous envoie ma carte mémoire, vous pouvez me sortir mes photos de là avec des bidouillages électroniques ou des incantations chamaniques? (Ça me ferait super chier de devoir payer les gens de la Fnac pour qu'ils me disent la même chose que d'habitude : "On n'a rien pu faire ça sera trente euros".)

PPS : En fait j'ai essayé le coup des logiciels, mais ça me sert à rien, c'est carrément la carte qui n'est plus reconnue par personne (ni l'appareil photo, ni le PC, ni rien). Je sais plus quoi faire. Peut-être que je vais mourir de chagrin comme Monsieur de Clèves quand sa femme l'a mentalement trompé. (Au moins moi j'aurais une bonne raison. Y'a des photos de l'université de Tolkien sur cet appareil.) 

mercredi 10 mars 2010

Je sers l'enseignement secondaire et c'est ma joie


(on sent l'ambiance "ville de western")

Oh mes petits agneaux, c'est fou ce que je m'éclate en ce moment.

Mon boulot est coincé dans une boucle infinie : six mois que je fais exactement la même chose tous les jours, aux mêmes élèves, et six mois qu'ils ne retiennent pas une miette des informations que je force dans leurs cahiers au tracto-pelle. (Cinq ans de français et toujours pas capable de dire "aller". Pas "J'irai", pas "Je vais", rien que "aller". A ce niveau-là j'ai envie de dire qu'ils le font exprès, c'est pas possible autrement.)

L'inscription à l'ITIRI approche à grands pas, et j'ai eu le malheur de regarder certaines épreuves d'admission des années précédentes.

- Bonjour, traduisez "bouclier antimissiles" en russe.
- Euh, je sais dire "où est la pharmacie", ça marche aussi ?

Donc maintenant je sais que je ne serai sûrement pas admise parce que j'ai pas le niveau nécessaire en russe, et que donc cette année, que j'ai faite uniquement pour être sûre d'avoir les acquis suffisants pour entrer à l'ITIRI, ne va finalement pas servir à grand-chose.

A part que je vais pouvoir me la péter sur mon C.V. en faisant passer ça pour une mission caritative :

- Oui, j'ai enseigné le français à des jeunes défavorisés. C'était très satisfaisant de voir leurs petits visages réjouis alors qu'ils comprenaient enfin le sens du verbe "aller" au bout de cinq ans, une expérience humaine profondément enrichissante.
- Au bout de cinq ans ? Donc quand vous dites "des jeunes défavorisés" vous voulez dire "mentalement handicapés" ?
- Ha, si seulement.

Je crois que ça y est, mon enthousiasme a définitivement disparu. (Je suis même étonnée qu'il ait tenu aussi longtemps.) Je me lève tous les matins et j'ai l'impression que tout est gris. Le ciel dehors, la lumière du matin, mes céréales molles (bon en même temps, c'est le temps anglais et c'est des Weetabix, alors c'est peut-être pas seulement mon imagination qui les voit gris).

Même moi, je me sens grise. Comme si j'avais fumé cinq paquets de Gitanes juste avant d'aller au lit, ce genre de gris. Et à côté, je vois tous les autres assistants qui vont au boulot en sautillant, avec un moral qu'aucune insulte d'ado boutonneux ne peut entamer, et je me dis que c'est vraiment chouette qu'il y en ait qui soient bâtis pour être profs, mais que moi, on ne m'y reprendra plus.

Et puis bon, je suppose que ça n'arrange pas les choses d'être à Kettering, numéro un des villes anglaises où il se passe rien.

Vous voulez une preuve ? Je vais vous raconter tout ce qu'il y a à faire à Kettering. Exhaustivement.

Commençons par la culture.

Alors : il y a une bibliothèque avec 90% de westerns, de collection Harlequin et de polars suédois. (Les 10% restant c'est des livres sur la cuisine ou le bricolage pour les nuls : "Je monte une étagère Ikéa", "Je fais des oeufs sur le plat, tome 1 à 5", ce genre de trucs.) Sinon y'a aussi une librairie avec environ dix-huit bouquins :  Twilight, Harry Potter, et la collection complète des éditions "Sad true stories".

Je plaisante pas, c'est des best-sellers énormes : uniquement des histoires vraies à base d'enfants battus, de femmes qui épousent des psychopates, de prostituées accros à l'héroïne, enfin vous voyez le genre. Le tome qui s'est le mieux vendu pour l'instant, c'est une histoire de 200 pages d'une petite fille séquestrée et violée par son père pendant plus de dix ans. Ambiance. Et donc y'a des gens qui viennent dans la librairie en se disant "Qu'est-ce que je vais bien pouvoir prendre de chouette comme livre de chevet, didadidadoum, alors quelque chose de léger, pourquoi pas une histoire d'inceste et de séquestration dans une cave". Faut être un peu cinglé quand même.

Sinon y'a un cinéma qui n'a que deux séances par jour (faut pas les rater) et qui est à dix kilomètres du centre-ville. Et c'est tout pour la culture, pas de théâtre, pas de salle de concert. (Une fois y'a eu un concert, on pensait que c'était Kiss, en fait c'étaient juste des mecs qui jouaient du Kiss. Et puis de toute façon c'était même pas à Kettering.)

Après y'a le chapitre des sorties : donc il y a une demi-douzaine de pubs et trois boîtes de nuits. Les pubs, c'est sympa, mais faut éviter passé 23h sinon tu marches un peu dans le vomi.

Les boîtes, c'est généralement de la techno qui t'arrache les tympans, sauf au bar gay de la ville, où ils passent de la super musique, et où t'as pas encore les oreilles qui sifflent le lendemain, mais où personne ne danse. Jamais. Il y a un bon DJ, il y a une grande piste de danse, il y a plein de gens très contents d'être là, mais pas l'once d'une ambiance. Ça doit être un paradoxe spatio-temporel. (En plus j'ai toujours peur que les gens voient que je ne suis pas gay et me disent "bouh, fous le camp". Mais c'est pas de ma faute si vous êtes les seuls à passer du Janis Joplin!)

Sinon j'ai vu des centres de fitness, mais dieu sait que c'est pas moi qui vais y mettre les pieds.

Et j'ai aussi entendu dire qu'il y a un genre de mini-parc d'attractions. Comme une foire temporaire, mais permanente : un "grand huit", une coccinelle, des auto-stops (oui je suis alsacienne, je dis "auto-stop" et tant pis pour toi), et trois ou quatre de ces horribles machines à pinces où tu peux gagner des petits nounours roses si tu joues pendant huit heures d'affilée, mais t'as plus de chance de finir "Tintin au Tibet" sur Game Boy, si tu veux mon avis. Par contre, ce parc, j'ai essayé d'y aller deux fois, et je me suis toujours magiquement retrouvée devant ma maison. Et comme mon sens de l'orientation est absolument irréprochable ("Mais si, je l'avais garée juste là, la voiture, on a dû la voler c'est tout") alors je ne vois qu'une explication : ce parc est situé dans un univers parallèle où il est possible de s'amuser, et moi je suis coincée de l'autre côté.

Et voilà, je vous ai listé absolument tout ce qu'il y a à faire à Kettering.

J'ajouterai également, afin de vous peindre une image plus vivace de ce lieu enchanté, une conversation véridique qui a eu lieu il y a quelques jours, alors que je parlais à mes collègues :

- C'est marrant quand même, toutes ces mouettes. Je pensais pas qu'on en trouvait si loin à l'intérieur des terres.
- Oh, d'habitude elles ne viennent pas aussi loin. T'en trouveras pas ailleurs qu'à Kettering.
- Ah bon, comment ça se fait ?
- C'est les ordures qui les attirent.

Oui, je ne sais plus si j'ai déjà mentionné ce délicieux détail : à Kettering, j'ai vu des poubelles, mais elles sont toujours vides. Les gens, ils ne voient qu'une seule grande poubelle : la rue.

Dans la rue, il y a donc les choses habituelles : chewing-gums, papiers de bonbons, emballages de Mac Do, bouteilles en plastique, un peu comme chez nous mais faut les imaginer vraiment partout. Mais on trouve aussi des choses un peu plus étranges, comme des sacs poubelles pleins (les gens ont des grandes poubelles, mais faut croire qu'il y en a qui ont la flemme d'attendre les éboueurs, alors ils mettent leurs ordures comme ça, dans la rue, bien emballées.) ou encore des meubles en tout genre. Pourtant il y a une déchetterie, mais les gens mettent leurs choses cassées dans la rue : des vieux canapés, des chaises de bureau cassées en deux, toutes les vieilles merdes qui rentrent pas dans la poubelle.

(Le paradoxe, c'est quand même que j'ai pas vu une seule crotte de chien depuis que je suis arrivée ici. Peut-être que les gens ont aussi la flemme de ramasser les crottes et qu'ils ont cousu les trous de balle des chiens. Plus rien ne m'étonne.)

Donc voilà. Ça c'est l'endroit où je dois encore habiter pendant trois mois. (Et je pense que ça va être bien sympa quand il commencera à faire chaud, avec toutes ces ordures.)

Vivement la Russie, dis donc.

vendredi 5 mars 2010

C'est plus ce que c'était


Les gamins de mon école se divisent en trois catégories : les mignons, les rigolos, les têtes à claques.

Les mignons c'est ceux qui sont tout propres et bien coiffés, avec des petites voix et des grosses lunettes, et je suis sûre que s'ils avaient pas des uniformes ils porteraient des pantalons avec des bretelles.

Les rigolos c'est ceux qui m'inventent des trucs de ouf quand je leur pose des questions:

- Qu'est-ce que tu achètes quand tu fais du shopping?
- Des CD, des DVD, et des poireaux. Car de temps en temps je faim.

Les rigolos, ils me posent toujours des questions:

- Miss, vous avez déjà mangé des cuisses de grenouilles?
- Miss, c'est vrai qu'en France les gens jettent des briques sur les policiers?
- Miss, on m'a dit qu'en France il y avait pas de Burger King, c'est vrai?
- C'est vrai qu'il y a des communistes en France?
- C'est vrai que vous mangez du cheval?
- Vous êtes déjà allée à une manifestation?

(Le coup de la manif, ça c'est quand même vraiment trop mignon. Ils ont rien vu de la vie ces jeunes.)

Et les têtes à claques, ils me donnent au choix des envies de suicide ou de meurtre, selon comment se passe le cours, c'est un peu la roulette russe du malheur et de la violence. Y'en a certains, c'est chimique, je les vois et j'ai envie de leur mettre des baffes jusqu'à ce qu'ils saignent.

Les garçons ont des cheveux avec la mèche et il manque toujours un truc à leur uniforme (question d'honneur). Les filles voudraient bien s'habiller comme des putes (parce qu'elles sont comme ça au naturel) alors elles prennent des uniformes trois tailles en-dessous et ensuite elles s'étonnent qu'elles pètent les coutures. Mais ça reste quand même un uniforme scolaire. Du coup pour être bien sûres qu'on les prenne quand même pour des putes, elles se rattrapent avec le maquillage ("ah dis donc je suis bien contente que papy soit maçon, comme ça il me prête sa truelle"), les bijoux (big up pour les créoles qui se prennent dans les poignées de fenêtres!) et les cheveux (généralement effilés à morts et attachés en petits tas un peu partout sur la tête).

C'est des jeunes avec des noms populaires, genre Chelsea, Callum et Liam. Comme chez nous on a Léo, Théo, Matthéo, Enzo, Kenzo, Lorenzo, Lucas, Ethan. Ou bien Léa, Eva, Savannah (de Brossard), Shannel (oui, comme le parfum pour les vieilles dames, mais écrit en kikoolol), Lili, Lola, Lou, ou pire encore : Lilou. Non mais franchement. Lilou. Je suis désolée, mais moi quand on me dit "Lilou", j'entends ça :

- Lilou, au pied. Lilou, va chercher. Lilou, arrête de pisser dans les coins.

Cela dit les garçons, en terme d'image mentale, c'est pas mieux:

- Bonjour je m'appelle Enzo. T'as vu j'ai mis des tubes fluos sur ma voiture. 

Vous l'aurez compris, les noms populaires ça m'énerve. Et puis de toute façon ça sert à rien de se leurrer, avec mes gènes et ceux de Professeur Flaxou, nos enfants se feront taper de toute façon. (Les génies sont toujours incompris. Regardez Flaxou et moi. Quand on sort dans la rue les gens nous jettent des pierres. Incompris !) Donc autant aller au bout des choses, ou comme l'exprime poétiquement Professeur Flaxou: "foutu pour foutu" (Comment vous pouvez le préférer à moi, ça je ne comprendrai jamais) et appeler nos enfants avec des noms elfiques.

Donc les gamins têtes à claques ont déjà bâti un joli à-priori dans ma tête, avec leurs têtes boutonneuses et leurs prénoms de merde. Leur donner une chance, c'est un beau geste de ma part. Mais faut croire qu'ils s'en foutent.

- Adam, enlève tes pieds de la table. Chelsea, arrête de tirer les cheveux de Callum. Liam, pose cette agrafeuse et écris ta phrase. Andy, qu'est-ce que tu fais debout?
- Je m'casse c'est trop la zone ici.

(je traduis en langage de d'jeuns français)

- Non allez, tu restes en cours, on n'a pas fini.
- Ouais mais si moi j'ai fini, de toute façon le français ça sert à rien.

Le pire c'est qu'ils sont pas comme ça seulement avec moi. Moi je suis la petite jeune, la nouvelle, c'est normal qu'ils se comportent comme des sales cons. Mais avec les autres profs c'est la même chose. L'autre jour j'ai assisté à ça :

- Ellie, enlève ton bonnet.
- Nan.
- Allez, enlève ton bonnet.
- Nan j'vous ai dit !
- Pourquoi pas?
- J'aime pas mes cheveux aujourd'hui.

(La quatrième dimension.)

- Tu l'enlèves maintenant ou je mets ton nom au tableau.

(Ouuuh, trop fort le système de punitions en Angleterre)

- Nan mais vas-y c'est bon putain, pourquoi vous vous acharnez sur moi?
- Je m'acharne pas sur toi...
- Si vous vous acharnez ! Les autres vous leur dites rien !
- Oui ben les autres ils ont enlevé leurs bonnets.
- J'en ai marre !
- Tu te calmes.

(Ouh alors ça il fallait pas dire)

- ALLEZ VOUS FAIRE FOUTRE ! JE ME CASSE DE CET ENDROIT DE MERDE ! ALLEZ TOUS VOUS FAIRE ENCULER !

(Elle sort en claquant la porte et avec un mouvement de cheveux, pour montrer qu'elle est tourmentée, et donc là, tu peux commencer ton cours.)

J'adore ces gamins. Le mieux c'est les écouter parler entre eux.

- Ma vie elle est vraiment trop dark, tu vois.
- Grave.
- Pourquoi les gens ne sont pas prêts à comprendre que je suis une adulte ? J'veux dire j'ai quatorze ans quand même, quoi, merde ! On a plus besoin de l'école à cet âge-là ! Je veux fonder une famille avant d'être vieille !
- Clair.
- Du coup j'ai dit à Callum "je veux plus baiser avec les capotes parce que je suis prête à avoir un bébé avec toi" et du coup il m'a traité de sale pute et il m'a craché dessus.
- Tu devrais le larguer.
- Non parce que quand même, il s'est excusé ensuite. Regarde, il m'a envoyé un texto "Dsl bb lol".
- Trop romantique, t'as vraiment de la chance.
- Ouais mais quand même, je crois qu'il me trompe. C'est pour ça que j'espère tomber enceinte très vite, pour le forcer à rester avec moi toute la vie.

C'est une bonne idée, ça. J'aurais dû y penser aussi, merde alors. En plus j'ai déjà 21 ans et toujours pas de bébé, alors que je suis à deux doigts de la ménopause! Non là faut faire quelque chose, c'est plus possible.

(Mes gamines préférées, c'est quand même celles qui baisent sans protection puis qui disent "Oh non je suis tombée enceinte, relou, je comprends pas comment c'est possible." Dis donc, si seulement il existait une pilule magique qui t'empêchait de faire des bébés n'importe quand ! Ce serait rudement pratique ! Ah, si seulement on pouvait mettre un truc sur le zizi du garçon pour empêcher son sperme de faire des bébés dans ton ventre ! C'est vraiment trop dommage que ça existe pas !)

Je conclurai sur ce dialogue (véridique, comme tous ceux que vous avez vu dans cet article) :

- Miss, vous voulez devenir prof, plus tard?
- Avant de venir ici, j'hésitais....


maintenant, c'est NON.

mardi 2 mars 2010

L'Angleterre j'en tombe par terre



Ce week-end à Newcastle j'ai appris plein de choses.

J'ai appris qu'il y avait une autre ville en Angleterre qui s'appelait Newcastle et j'ai failli aller là-bas (ce qui aurait été moins cher parce que plus proche de chez moi, mais beaucoup plus chiant parce qu'il n'y aurait pas eu Adèle et Chloé dedans). Donc bravo l'originalité anglaise, Newcastle-upon-Tyne et Newcastle-under-Lyme. C'est comme si en Alsace il y avait un village qui s'appelait Kintzheim et un village qui s'appelait Kientzheim.... ah tiens.

J'ai appris que le plus vieux restau fish&chips de Newcastle datait de 1905 (Je le sais parce que j'ai mangé là-bas.) La plus vieille junk-food du monde, c'est leur idée de la classe en Britannie. Tellement classe que le restau ne désemplissait pas. (ces gens sont des sauvages, allez manger un canard à l'orange, pour l'amour du ciel !) Bon, j'avoue que c'était super bon. (Et puis attention, poisson équitable, patates bio, la totale.) Mais n'empêche que quand tu sors du restau, que tu montes un escalier, et que tu réalises qu'il y a une gangue de graisse qui fait pression sur ton coeur, c'est un peu flippant. Mon royaume pour une branchette de brocoli (avec de l'huile d'olive quand même).

J'ai appris que la plage en février, c'est tout plein d'ordures (mais du coup on s'est bien amusées à jouer avec, pire que des gosses dans une décharge). D'ailleurs la ville aussi est toute pleine d'ordures passé deux heures du matin, parce que les gens font la queue au MacDo et qu'ensuite ils jettent tout dehors. C'est le genre de choses qu'il faut voir pour croire : les nanas presque à poil qui sont assises par terre au milieu des emballages vides et des vieux bouts de cornichon, les mecs qui se roulent littéralement dans les feuilles de salade et la mayonnaise étalée sur les trottoirs...on se croirait dans un film post-apocalyptique, sauf que le fléau, au lieu des zombies, c'est la téquila.



J'ai surtout appris que :

1) Il y a un endroit en Angleterre où les filles ne s'habillent pas comme des poufiasses.
2) Il y a un endroit en Angleterre qui regroupe tous les garçons mignons (autrement je vois pas comment ce serait possible qu'il y ait une si grande concentration de moches ailleurs).
3) C'est le même endroit.
4) C'est très loin de chez moi. (J'ai envie de dire "évidemment")

Cet endroit, c'est l'université, où je serais restée toute ma vie si j'avais été intelligente. Nyah nyah nyah une expérience dans la vie active ce sera tellement profitable. Ce sera tellement cool de payer mon loyer et ma bouffe avec mes sous durement arrachés à la sueur de mon front en essayant d'enseigner des bribes de français à des gamins qui sont à un shoot d'héroïne de la délinquance juvénile complète. Des fois je me donnerais des baffes.

Et je ne peux même pas noyer mes soucis dans les salles obscures (le cinéma hein, pas les sex-shops) parce que le seul cinéma est à huit kilomètres du centre, que le billet coûte 10£, que le pop-corn est mou et insipide, en format "gros lard" uniquement, et qu'en plus il coûte la peau des yeux de la tête. Et invariablement, avec ça, ils me fourguent toujours un Pepsi sans bulles format "j'ai avalé un seau de sable juste avant de venir" et du coup je passe tout le film à penser "pas pisser, pas pisser, pas pisser". Donc maintenant je télécharge, et Hadopi sera bien malin s'il pense m'atteindre ici.


Non mais là on dirait pas, mais l'Angleterre c'est quand même génial hein. 

La bouffe bio coûte rien, l'entrée en boîte de nuit est pas cher, et en plus la musique est bonne, ce qui soit dit en passant est une première pour moi petite frenchie, habituée aux hits...frenchie. (Qui se souvient du monument de délicatesse "Laisse-moi deviner la couleur de ton string", chanson la plus populaire de 2004? ) Non attendez j'ai mieux, et ça tient en un seul mot: Tragédie. Pensez que l'Angleterre reste la patrie bénie où Tragérie n'est jamais arrivé. Tliky Boon, Silky Shaï, les pyjamas sur les jeans baggy, est-ce que tu m'entends eh oh, ça leur dit rien. Comme je les envie. (Bon ils ont quand même Christophe Maé et Fatal Bazooka. Mon coeur saigne.)

Les taxis sont pas cher, l'alcool est pratiquement gratuit, et les fringues OH MON DIEU. Ce lundi encore, à Newcastle (upon-Tyne, tu suis ?), j'ai fait une orgie de Primark : j'ai franchi le seuil et je suis entrée en mode berserker (quelqu'un savait que la mode de printemps c'était le rouge et le bleu rayé de blanc ? Les couleurs de ma patrie ? Je fonds !) J'ai acheté deux robes, cinq T-Shirts, un pantalon, et trois paires de collants. J'avais honte jusqu'à ce que je voie la facture: cinquante-cinq euros (je te fais la conversion parce que je suis gentille, mais t'y habitue pas). Ensuite je me suis barrée en courant des fois qu'ils remarquent l'erreur. Sauf qu'en fait c'était juste. 

Les gens sont sympa tout le temps, et même les caille-ra te tiennent les portes. Personne ne vient jamais se coller à toi en boîte avec l'excuse "oups pardon j'ai glissé et je me suis accroché à vos seins pour pas tomber". Les caissière tirent pas la gueule, même l'administration est sympa ("Écoutez si vous avez perdu ce formulaire c'est pas la mort hein", m'a-t-on dit un jour. J'ai cru que mes oreilles allaient fondre.)

Les DVD en promo coûtent 3£ et ce n'est pas "Kangourou Jack" ou "Boa VS Python", mais c'est "Les Affranchis" et "M.A.S.H". Y'a des livres en anglais partout (bon ça c'est un peu normal mais quand même) et des émissions de télé-réalité intéressantes (je ne pensais pas vivre pour voir ça un jour). On trouve du Caprice des Dieux au supermarché. Les églises sont magnifiques. Y'a des écureuils partout. Personne n'a jamais entendu parler de Johnny Halliday.

Et, quand il pleut, les gens sourient quand même.