mardi 30 octobre 2012

Cinéma, cinéma (tchi tchaa)


Avant, j'allais vachement au cinéma.

Mais, depuis quelque temps, y'a deux ou trois trucs qui chiffonnent mon amour des salles obscures. 

Et ces trucs, c'est :

1)  Les tarifs absolument abusés de l'UGC Strasbourg :

- Ah non, on ne prend pas la carte culture.
- Hein? Mais c'est la séance de 22h! Ça marche plus?
- Non mais en fait, on ne prend plus la carte culture pendant les vacances.
- Quoi? Mais depuis quand? Mais pourquoi?

En vrai, il a répondu :

- Ah ben je flblblbl politique de l'UGC flblblblb.


Mais moi j'ai entendu :

- Ben, on s'est dit que 4 euros c'était vraiment pas cher payé pour une place de ciné, comprenez. C'est moins que ce qu'on fait payer pour un petit pop-corn, alors ça nous fait un peu chier. Alors on s'est dit "Comment est-ce qu'on pourrait faire bien raquer les étudiants?". Et puis on a trouvé! On s'est dit "Mais oui! On va prendre le moment de l'année où ils ont le plus le temps d'aller au cinéma, et on va leur dire d'aller se carrer leur carte culture dans le cul!"


C'est cool.




(Pendant ce temps, au siège de l'UGC.)

- Alooors, une place tarif étudiant, ça fait 7 € 10. Et puis on a décidé de le projeter seulement en 3D et tant pis si ça t'arrache les yeux, alors 2 € en plus, comme ça, juste pour t'emmerder, et puis il faut des lunettes et comme d'habitude t'as oublié tes 8 paires à la maison alors ça fera encore 1 €.

Donc c'est trop génial, 10 € 10 pour un ciné.  Je pense qu'on peut trouver moins cher pour se prendre un poing dans le cul.

(Par contre, leur pop-corn, ils peuvent se le carrer bien profond et grain par grain. Maintenant je le fais à la maison et je le ramène en douce dans mon sac.)


(Nique la police.)


2) Les films en 3D.



Franchement, quand je vois les magazines de cinéma qui racontent que le passage à la 3D est aussi révolutionnaire que le passage du muet au parlant, j'ai envie de traquer les rédacteurs et de leur planter des haches dans le crâne.

Qu'on se le dise : la 3D, dans certains films, ça peut être cool (cf. Avatar, qui, sans la 3D, est juste "Pocahontas" avec des aliens hippies), mais, dans 90% des cas, ça ne sert à RIEN.

En fin de compte, on peut donc résumer l'usage de la 3D à ça : si elle est bien faite, tu ne te rends pas compte qu'elle existe et ça ne change donc absolument rien à ton expérience ciné, sinon à alléger ton portefeuille (exemple : "Prometheus", ou "Dark Shadows"). Si elle est mal faite, elle se rappellera violemment à ton bon souvenir toutes les 5 minutes en dédoublant furieusement l'image dès qu'il y a un peu d'action rapide à l'écran (exemple : "The amazing Spider-Man", ou encore le bien nommé "Piranha 3D").

Je me retrouve donc désormais obligée de devoir chausser deux paires de lunettes à presque chaque séance de ciné, tout ça pour me choper un mal de crâne si je ne suis pas placée pile au milieu de l'écran et pour avoir en général UNE scène dans le film où tu fais :

- Ouah, on dirait que les cendres de l'arbre/les balles de revolver/ les bonbons Haribo, ça vient vers moi!


(Rayez la mention inutile.)

Franchement, pour le coup, je peux aller au Futuroscope et ils ont un film où ça fait comme ça tout du long, et t'as juste à mettre les vieilles lunettes qu'on te donnait dans les paquets de Choco Pops.



3) Aller au cinéma avec plus de 4 personnes.

Parce que, quand j'entends :

- On va décider sur place en regardant les affiches!


J'entends en réalité :

- Oui bonjour, je vais au cinéma, mais en fait je voudrais juste rester debout devant le cinéma pendant une heure, une heure et demie, argumenter avec pertes et fracas des vertus du film d'action versus la comédie, et finalement changer d'avis et décider d'aller boire une bière.



(Mais comme mes amis sont des gens formidables, on décide toujours à l'avance du film qu'on va voir.)

(Peut-être un peu parce que je les y oblige, certes.)

(Mais c'est pour le bien commun.)

mardi 23 octobre 2012

Vis ma vie palpitante de prof d'anglais




Récemment, j'ai passé mon premier "test" de la vraie prof :

J'ai fait passer un examen.

Je l'avais bien préparé avec amour et dévotion, en prenant en compte les forces et faiblesses de mes petits oisillons (tout en gardant à l'esprit les choses qui leur seraient demandées plus tard dans la vie) et en divisant amoureusement la labeur en plusieurs sections (vocabulaire, grammaire, compréhension de texte etc.) pour que chacun y trouve son compte.

C'était parfait.

Bon, la suite s'est moins bien passée.

D'abord, il a fallu que j'affronte à nouveau le redouté Christophe, alias "mon élève neuneu".

Christophe est à la fac, mais honnêtement je sais pas comment il a fait pour y arriver. J'ai l'impression qu'il n'a jamais été à l'école de toute sa vie.

(Ou alors il s'est cogné la tête contre un poteau et il a perdu la mémoire juste avant la rentrée universitaire - une sorte de Jason Bourne chiant.)

Parce qu'à chaque fois - A CHAQUE FOIS - qu'on fait un exercice en cours, ça ne loupe pas, c'est le même ballet :

1) J'explique l'énoncé en anglais. La moitié de la classe hoche la tête, l'autre moitié me regarde genre "Hein?".

2) J'explique l'énoncé en français. Tout le monde hoche la tête, un des petits malins du fond pose une question de petit malin ("Euh Madame, hé Madame, euh, on a droit au dictionnaire ou quoi ou bien?").

3) Christophe me regarde genre :



Et murmure :

- J'ai pas compris.

S'ensuit en général ce type de dialogue.

- Qu'est-ce que vous n'avez pas compris?
- Euh... Le texte que vous nous avez donné... Il est... il est pas complet.
- Oui, c'est un texte à trous, c'est le principe.
- Je... je?
- C'est à vous de le compléter.
- Mais... mais je... comment on va savoir les mots?
- Eh ben c'est une écoute, comme je l'ai expliqué à l'instant. Vous allez entendre un dialogue et compléter le texte à partir du document audio.
- Je...Mais... On va entendre quoi? On va entendre le texte qu'il y a, là? (brandissant la feuille)
- Ben oui!
- Mais... comment on va trouver les mots qui manquent?

Et évidemment, au contrôle continu, ça n'a pas loupé. Une heure après le début de l'examen, Christophe lève la main et me dit :

- Je comprends pas la question numéro 5.

(Ben voyons.)

- Eh bien c'est une rédaction, Christophe. 
- On doit... quoi? On doit écrire?

(SÉRIEUSEMENT?)

- Oui, c'est cela. Ecrivez une rédaction de 100 mots sur ce sujet.
- Mais... comment on sait si on a 100 mots?
- ?
- On doit... on doit les compter? C'est ça?

(Je n'exagère PAS. C'est MOT POUR MOT ce qu'il m'a sorti.)

(Et non (j'anticipe ta question tavu) il ne souffre pas d'un handicap mental ou d'un trouble de l'apprentissage, sinon il aurait eu droit à un tiers temps. Malheureusement pour lui, on dirait bien qu'il est juste très, très neuneu.)

A part ça, l'examen s'est bien passé.

Mais ensuite, je suis rentrée chez moi, et j'ai dû faire face à un nouvel élément de ma vie de prof :

LA CORRECTION DES COPIES.



Je tempère un peu : c'est juste mon groupe de "faibles" qui m'a fait me sentir comme ça. Mon groupe de bons, comme d'habitude, a été une après-midi au soleil, un sourire de bébé, un petit câlin de chaton tellement ils sont adorables.

(Y'en a quand même un qui m'a dit que son but dans la vie était de trouver la dernière décimale de Pi. TROP. MIGNON!)

Mais ensuite, j'ai moins rigolé, quand, au détour d'une correction, je suis tombée sur la rédaction d'une élève qui, dans son sujet "donnez votre opinion sur la nouvelle Robot Dreams" (qu'on avait vue en cours, oui je leur fais lire du Isaac Asimov, tu peux pas test mon level de coolitude), m'a sorti une phrase à la grammaire et au vocabulaire tellement parfaits qu'à bien y regarder, si si, c'était EXACTEMENT le contenu de la page Wikipedia.



(En plus, copier les résultats de la première page. C'est vraiment du trichage de branquignol.) 

Donc, après mûre réflexion, j'ai mis zéro, je m'en bats la race je fais ce que je veux et j'ai décidé de montrer l'exemple. 

Par contre, j'ai eu un peu plus de mal quand j'ai été confrontée à un cas de tricherie dite "à l'ancienne" (c'est-à-dire avant l'invention des téléphones qui captent Internet) : du bon vieux zieutage de copie.
Je m'en suis rendue compte quand j'ai remarqué que trois copies à la suite avaient EXACTEMENT les mêmes réponses pour la compréhension orale....



... mais que c'étaient pas les bonnes réponses.



Moralité pour mes élèves : la triche, c'est mal.

Moralité pour moi : au prochain contrôle, je vais rôder entre les tables, et je vais mettre à profit mes compétences de sniper durement acquises entre parties de laser game et assauts sur Left 4 Dead (ça va, je suis pas une campeuse mais je me débrouille).

(Si tu n'as pas compris la phrase précédente, félicitations, tu as une vie sociale.)

dimanche 21 octobre 2012

Mon premier tag!


Je me suis faite "taguer" par 2 lectrices, alors je me lance!

Au cas où tu ne connais pas le principe du tag, le voici :

Quand une blogueuse est en manque d'inspiration, mais qu'elle veut faire son article quotidien pour pas faire baisser ses stats, elle pond un questionnaire à deux balles pour qu'on en sache plus sur elle (genre des trucs perso pour les lecteurs avides de potins - c'est-à-dire tout le monde).

(Si si, fais pas genre.)

Mais pour faire genre ça vient pas d'elle (parce que quand on est blogueur, on n'a pas le droit de dire qu'on est égocentrique - C'TE BLAGUE), elle explique qu'on lui a refilé le questionnaire en mettant son nom dans un autre blog, et qu'elle s'est donc faite "taguer" (ou "tagger" pour les blogueuses avec francophonie option LV3).

La blogueuse en profitera au passage pour dire qu'elle a fait poireauter ce tag depuis des millénaires, parce qu'elle était SO BUSY oh my god t'imagines même pas, mais qu'elle va enfin rattraper ses torts - donnant ainsi l'illusion de ne pas faire un article de feignasse, mais de le faire par respect pour la personne qui l'a taguée et qui se morfond de rester sans nouvelles.


(Illustration de la blogueuse sans réponse à son article "tag")

C'est là que ça se corse : la blogueuse doit faire une liste de 11 choses sur elle que ses lecteurs ne savent pas déjà. Le but est de permettre aux lecteurs de découvrir la face cachée de la blogueuse et d'en apprendre plus sur sa personnalité profonde (le tout en moins de 11 phrases - lolilol). 

D'autant que, souvent, la blogueuse doit rivaliser d'inventivité pour raconter des trucs qui sont à la fois :

- assez personnels pour qu'on voie qu'elle a le sens du partage.
- assez anodins pour qu'elle soit à l'aise de les raconter sur le Web entier. 

(Après, selon la personnalité de la blogueuse, ça peut aller de "je suis allergique aux abricots" à "j'ai testé le fist-fucking et franchement c'est cool").

S'ensuit ensuite un questionnaire barbant de 11 questions-réponses inventées par la première blogueuse, celle qui a "taguée" les autres - questions relevant le plus souvent d'investigation pure et dure ("Plutôt goyave ou fruit de la passion?" Bravo, on t'engage chez Mediapart!).

Puis la blogueuse créé elle-même 11 questions qu'elle a envie de connaître de la part des gens qu'elle va taguer (encore une fois, des trucs incisifs et originaux - exemple : "quel objet emporterais-tu avec toi sur une île déserte?"), et désigne enfin 11 personnes à qui passer cette infernale chaîne.

(C'est allé tellement loin qu'on ne sait plus trop qui a commencé cette tradition détestable - perso, je penche pour Belzébuth.)

Je vais donc de ce pas me plier à ce bizutage bloguesque qu'est le tag, et répondre dans les règles de l'art :


11 choses que vous ne savez pas sur moi :

1) Je ne fais pas de tags.


dimanche 14 octobre 2012

brève capillaire


Et sinon j'ai décidé de me teindre en blonde.

Cette décision est en partie motivée par le fait que je change de couleur de cheveux tous les 2 ou 3 ans et que ça fait super longtemps que j'ai ma couleur naturelle, et d'autre part par le fait que le blond est la seule couleur que je n'ai encore jamais testée.

(Enfin, la seule couleur "naturelle", quoi.)

(J'ai déjà été châtain, brune, rousse, et "je m'en fous si c'est pas naturel je veux des cheveux rouges".)

Et aussi, j'ai retrouvé des vidéos de moi quand j'avais un an et demi, et je trouve que le blond ça m'allait bien. Même si c'est un peu difficile à juger, vu que :

1. La caméra n'est pas de super bonne qualité.
2. Je suis toujours filmée à contre-jour ou dans l'ombre ou à moitié dans le cadre, et on voit très rarement mon visage, puisque la plupart du temps où je suis dans la maison, je suis assise dans un coin, face au mur, occupée à déchiqueter des bouts de viande en grognant. (Une enfance sans télé passée à courir en slip dans les bois, ça laisse des marques).

La preuve en images :


(C'est aussi en regardant ces vidéos que j'ai réalisé que mon rapport co-dépendant avec la nourriture ne datait pas d'hier, puisqu'apparemment, dès l'âge d'un an et demi, j'étais prête à tuer père et mère pour une tranche de jambon.)

(Je pense que mes chances de conversion à l'islam sont quelque peu limitées.)


Quelles seront les suites de cette décision capillaire capitale? 


Les gens vont-ils instantanément se mettre à me parler comme à une neuneu?

Professeur Flaxou va-t-il kiffer le changement de couleur parce qu'il aura l'impression de se taper une autre nana mais sans me tromper?

(C'est pas vraiment un cliffhanger, cette question-là. Je connais déjà la réponse et je pense que toi aussi.)

Vais-je régresser au stade de mon enfance dorée comme les blés et me remettre à hurler à la pleine lune et à me repaître de sang d'écureuil?


La suite au prochain épisode.



PS : En vrai j'ai eu une enfance normale, hein. (Pas la peine d'appeler les services sociaux, c'est bon, les yeux au beurre noir c'était de ma faute.)

mercredi 10 octobre 2012

Mariage : le débrief


Parce que je suis trop sûre que tu veux tout savoir (petit voyeur) et aussi que ça semble être dans l'air du temps de parler de mariage (cf. les millions de téléspectateurs qui suivent une émission de télé-réalité à base de "Ouais mais sa déco elle était trop moche, je mets 8/20 et je la descends devant la France entière, ahahaha") (en même temps, l'humiliation publique, c'est un peu la base de toutes les émissions "réalité") (et maintenant tu sais pourquoi j'ai pas la télé chez moi).

Donc, un mois après le mariage, j'ai enfin démêlé les histoires confuses des divers incidents qui ont émaillé la fin de la soirée, à savoir :

- les deux cousins bourrés qui veulent rentrer en voiture avec leur bébé sur le siège arrière,
- la course-poursuite façon Benny Hill entre la belle-mère et ladite cousine au milieu des tables,
- les crises d'hystérie diverses et variées sur le parking,
- le tonton qui met un coup de poing dans une vitre (heureusement c'était du double vitrage),
- et le point d'orgue : le tonton Patrice qui met un coup de boule au beau-père de Fla (qui s'appelle aussi Patrice, hein, forcément, sinon c'est trop facile à démêler).

(Il manquait plus que quelqu'un se fasse poignarder et j'aurais eu un vrai mariage de gitans.)

Il y a deux points communs à tous ces incidents :

1. Tous les gens concernés avaient ingurgité de copieuses quantités d'alcool (et de toute évidence, c'étaient pas des bourrés joyeux).
2. Tous les gens concernés font partie de la famille de Professeur Flaxou.

Depuis le mariage, j'ai donc fait le voeu solennel de ne plus jamais, jamais me plaindre de ma famille. Parce qu'ils ont beau avoir des défauts, au moins c'est pas des alcooliques égocentriques qui savent pas se tenir en public et se comportent comme des Néandertaliens dès qu'ils ont dépassé les trois verres. 

(Ça se sent que je suis encore un peu remontée?)

Du coup, Professeur Flaxou et moi, on est bien contents de partir en Nouvelle-Zélande, ça nous fait une bonne occasion de se débarrasser des éléments les plus toxiques de sa famille de malades mentaux.

Sinon, le reste du mariage s'est super bien passé. Il a fait beau et chaud, tout le monde est allé danser (même mon papy est allé groover sur le dancefloor, c'est pour dire), on a mangé plein de toasts et de chips et tout le monde a bu plein de crémant et de vin blanc (mariage Alsacien, hein).

Et c'est quand même une sensation géniale de regarder autour de soi et de se dire : tous les gens que j'aime sont dans la même pièce.

(A part deux ou trois qui ont pas pu venir, mais ils avaient des bonnes excuses, genre "j'habite en Finlande et je me prépare activement pour l'apocalypse de zombies".) (Tu peux pas réfuter la validité d'une excuse pareille.)

Je terminerai avec le Top des choses que TOUT LE MONDE sans exception m'a dites après le mariage :

1) "Oh là là ta mère, mais comme elle a trop mis le feu au dance floor, c'était de la folie!" 


(Ma mère quand le DJ a coupé la musique : "Oh mais il est que quatre heures du mat' là, hé, c'est la fête ou merde?")


2) "C'est qui les métisses, là? Ils sont de ta famille? Putain mais tu les cachais où?"


(Mes cousins font chavirer les coeurs.)

En bref : Professeur Flaxou et moi, on a des familles un peu spéciales. Et maintenant qu'on a la nôtre, on va la rendre meilleure que toutes les autres réunies.

C'est un peu le point de départ pour une nouvelle version.

Famille Chacho et Flaxou, 2.0.



Petit bonus : té-ma la carte de remerciements la plus cool du monde :



(Oui, on est une famille qui assume.) 

dimanche 7 octobre 2012

La minute culturelle pour les gens de l'intérieur


Depuis que je voyage hors d'Alsace (c'est toujours déchirant) je rencontre plein de Français qui sont pas d'Alsace (contrairement aux 19 premières années de ma vie, où les seuls non-Alsaciens que je croisais, c'étaient des Suisses (ou des Allemands)).

Et ça a été super chelou.

D'abord parce que je me suis rendue compte qu'il y avait plein de choses que je pensais partager avec mes voisins "de l'intérieur", mais en fait non. Toutes ces choses qui rendent la vie géniale (les mannalas, les bredalas, fêter la Saint Nicolas, pas travailler le Vendredi Saint) n'existent soit que dans les régions proches et sous des noms différents (JEAN-BONHOMME? Non mais sérieusement), soit PAS DU TOUT! 

(C'est ça qui fait le plus mal. Que le reste de la France ne connaisse pas le plaisir de tremper la tête de son mannala dans le chocolat chaud, ou d'aller à la piscine de Laguna (celle avec les vagues) le Vendredi Saint, ou de se nourrir plus ou moins exclusivement de trucs à la cannelle pendant tout le mois de décembre. Les pauvres!)

Et puis, surtout, il y a la barrière du langage (que j'avais déjà brièvement mentionnée ici il y a quelque temps).

J'ai donc décidé de faire un mini-lexique pour expliquer au reste de la France les mots qu'on va vous sortir spontanément avant de se rappeler que vous êtes "de l'intérieur", et aussi pour expliquer aux Alsaciens que nan, mais j'te jure, ils l'ont pas ce mot chez eux! (Trop bizarre ces gens.)

Note : beaucoup de mots se finissent en -ala. C'est parce que ce suffixe sert à désigner quelque chose de petit ou de mignon. Exemples : "maidala" (une petite fille), "Schàtzala" (mon petit trésor), etc. Le suffixe -ala s'utilise également pour les prénoms des enfants : Joseph sera alors Sepala, Charles deviendra Charala, Michel devient Mechala, ect. 

(On reconnaît donc facilement ceux qui vous ont connu enfant, parce qu'ils vous appelleront encore comme ça quand vous aurez 35 ans. Pour mes grands-parents, je suis restée Charlottala jusqu'à leur mort.)

Allez, c'est parti!



Attendre sur : 

Ce suffixe vient de l’allemand (warten auf). L’expression est souvent utilisée par des Alsaciens qui ne parlent pas très bien français (ou qui ont grandi entourés d’Alsaciens ne parlant pas bien français).

Exemple d’utilisation : « On a tous attendu sur ma sœur pendant 20 minutes, c’était super chiant ! ».


Beignet de carnaval (variante : boule de carnaval) : 

Un beignet rond fourré à la confiture de framboise, qu’on mange à Carnaval, parce que c’est à la période du Mardi Gras, et que ces beignets font à peu près un million de calories pièce. Ils sont saupoudrés de sucre et de l’omniprésente cannelle qui accompagne tout ce qui se mange entre novembre et mars.


Bredala (Bredele si vous êtes Bas-Rhinois) : n.m. 

Les petits gâteaux traditionnels qui se mangent autour de Noël. Ils sont faits avec 50% d’amour et 50% de beurre, c’est trop le festival dans ta bouche.


Bubbala (pronconcer « poupala », avé l’accent) : n.m. 

Petit bébé. Un mot Yiddish à la base, il est aujourd’hui entré dans le vocabulaire alsacien (de même que d’autres spécialités juives, comme la carpe frite, si tu vas dans le Sundgau c’est un peu le seul truc intéressant à faire là-bas). Il s’utilise pour désigner les bébés, mais également comme un petit nom gentil. Exemple : 

- Mon patron m’a engueulé alors que c’était même pas ma faute ! 
- Yeuh, pauvre bubbala !


Ça tire : 

Sans doute l’expression qui déroute le plus les Français de l’intérieur. Ça tire ? Ça tire quoi ? Des balles ? Doit-on se mettre à couvert ? Doux Jésus, suis-je arrivé dans le ghetto alsacien ? En fait, non, l’expression signifie simplement qu’il y a un courant d’air. 

Exemple d’utilisation : « J’ouvre la fenêtre, mais dis-moi si ça tire trop ».


Finette : n.f. 

La finette est un sous-vêtement. C’est une sorte de débardeur blanc qu’on porte à même la peau. 

La raison du port de la finette est un grand mystère : on ne comprend pas très bien pourquoi nos mamans s’obstinent à nous les faire porter « pour te tenir chaud », alors que bon, c’est un débardeur de un millimètre d’épaisseur, il tient rien du tout, il fait juste chier. (C’est la raison pour laquelle environ 99% des gens arrêtent de porter des finettes à l’âge adulte (ou alors comme pyjama).)


Foehn (se prononce « feune ») : n.m. 

Le nom d’un doux vent du Sud qui traverse l’Alsace par la trouée de Belfort, et accessoirement, c’est comme ça qu’on appelle un sèche-cheveux. « Foehn », c’est LE mot de la discorde. Je t’explique si t’es de l’intérieur : c’est un peu inconcevable pour un Alsacien que ce mot ne soit pas utilisé ailleurs, tellement il est naturel chez nous. En plus c’est un mot français, quoi ! 

Exemple d’utilisation : « T’as pas vu le foehn ? »

(Note : contrairement aux Suisses, qui ont aussi le foehn, on utilise rarement en Alsace le verbe « foehner », où on lui préférera « sécher les cheveux ».)


Français de l’intérieur : 

Se dit de tout Français qui n’est pas Alsacien. Souvent utilisé par des Alsaciens bien de souche, il a souvent une connotation péjorative. (Sous-entendu : il est de l’intérieur, gottferdàmmi il est pas comme nous alors !) 

Aparté historique : cette appellation de "l'intérieur" vient du fait que, pendant l'annexion de l'Alsace-Moselle par les Allemands après 1871, le gouvernement français nous désignait comme la "France de l'extérieur" (il aurait théoriquement dû nous appeler "l'Allemagne", mais bon, le gouvernement est mauvais joueur). 

Exemple d’utilisation : 

- Yeuh Josiane tu sauras chamais la nouvelle ! Ma fille va marier un étranger ! 
- Non ! Ma pauvre ! Mais quel genre d’étranger ? 

(A ce stade, on attend de savoir si c’est « la bonne sorte » d’étranger : dans l’Alsace bien profonde, la bonne sorte d’étrangers se compose de quatre nationalités (dans l’ordre : Suisse, Allemand, Luxembourgeois, Belge) MAIS faut pas qu’ils soient basanés, sinon ça gâche tout.) 

- Yoh non, c’est un de l’intérieur ! 

(A noter : ici, la catastrophe n’est que moindre, puisque le Français de l’intérieur, s’il reste un étranger, est toujours meilleur à prendre qu’un véritable étranger. Sauf un Suisse. Le Suisse reste le choix n°3, après l'Alsacien du bon département, et l'Alsacien de l'autre département.) 

(Oui, y'a aussi des guerres intestines entre Bas-Rhin et Haut-Rhin, mais si je pars là-dedans on n'est pas sortis.)

La suite normale des événements est qu’ici, après avoir soupiré de soulagement, Josiane, dans un sursaut d’inquiétude, va tout de même s’enquérir si dis-mois voir ce serait pas un Arabe des fois quand même ? 

La véritable nationalité du fiancé ne sera jamais vraiment discutée, sauf s’il vient d’une région proche : s’il est Comtois ou Belfortain, ça jouera en sa faveur, mais pas s’il est Lorrain (cf. l’affrontement immémorial entre Alsace et Lorraine), et SURTOUT pas s’il est Vosgien. 

(La honte sur la famille qui épouse les Vosgiens ne s’efface jamais : ma mamie a épousé un Vosgien en 53, et, à ce jour, plus un seul membre de sa famille ne lui adresse la parole.) (Le pire c’est que je ne déconne pas.)


Ils veulent : 

Expression purement alsacienne, qui s’utilise pour les prédictions météo. Exemple d’utilisation : « Aujourd’hui il fait beau, mais demain ils veulent de la pluie ». 

Qui sont donc ces mystérieuses entités capables de faire changer le temps selon leur bon plaisir ? Nul ne le sait, et on n’a pas intérêt à poser la question.


Krumm (prononcer « kroum ») : adj. 

Tordu, de travers. Exemple d’utilisation : « J’étais pressée ce matin, j’me suis garée un peu krumm » ou encore « Cette église va s’effondrer, regarde le clocher, il est tout krumm ! ». 


Lammala (re-belote, changez les A en E si vous êtes Bas-Rhinois) : n.m. 

En alsacien « petit agneau » : une brioche en forme d’agneau que l’on mange pour Pâques. Si le paradis avait un goût, ce serait celui-là.


Lavette : n.f. 

Ce n’est pas une insulte, c’est un gant de toilette.


Mannala (ou Mannele si vous êtes Bas-Rhinois, ou Jean-Bonhomme si vous êtes ridicule) : en alsacien « petit bonhomme » : n.m. 

Une sorte de brioche qu’on mange à la Saint-Nicolas. Ils existent nature ou aux pépites, et ils sont particulièrement délicieux quand on les trempe dans le chocolat chaud.

(Note : on peut s’amuser à le tremper la tête la première et à jouer à 24h chrono : "Alors, tu vas parler, ordure ? Hahaha !")


Recevoir 

Ce verbe pourtant français a une interprétation quelque peu libre en Alsace, puisqu’on traduit littéralement des expressions formées avec l’allemand « bekommen ». On pourra ainsi entendre « recevoir un travail » (même si on l’a décroché nous-mêmes) ou encore « recevoir un bébé » (eh, c’est le pays de la cigogne ici, hein !).


Rutscher (prononcer « routcher ») : v. 

Glisser, déraper. Ce verbe se conjugue à la française. Il s’utilise particulièrement en cas de verglas. 

Exemple d’utilisation : « Wouh, j’ai fait Strasbourg-Haguenau ce matin, la déneigeuse était pas encore passée, ça rutschait sacrément ! ».


Schluck (prononcer « chlouk ») : n.m. 

Une gorgée. Exemple d’utilisation : « Tu me files un schluck de ton Coca ? ». Ou encore : 

- Je partage pas ma bière. 
- Allleeeez, juste un schluck !


Spack (Speck pour les Bas-Rhinois) : n.m. (se prononce "chpak")

Le lard (équivalent de la vie). On peut donc mettre une bonne tranche de Spack sur son pain, mais on peut aussi dire qu'on a du Spack (en se tâtant le bide d'un air morose). Notons aussi  l'adjectif "spacky", qui désigne quelqu'un d'un peu rondouillard (s'utilise surtout quand on parle d'un bébé bien gras, et c'est un compliment!).


Voilà, j'en ai sans doute encore oublié genre trois millions, mais t'as le vocabulaire principal ici. 

Bonne chance, les Knäckes!

lundi 1 octobre 2012

brève éducative


Et sinon j'adore mes nouveaux élèves, ils sont tout mignons, je pourrais les bouffer.

Je sais, c'est des étudiants de fac, ils ont 18 ans, c'est pas des enfants, mais quand même. J'ai envie de faire "Boudiboudibou" à tout ce qu'ils me disent.

(L'autre jour y'en a une qui m'a demandé si elle pouvait aller aux toilettes. Trop chou!)

La dernière fois je leur ai demandé de faire leur "bucket list" (une liste des choses qu'on veut absolument avoir faites avant de mourir), et ils m'ont répondu que des choses toutes mignonnes, genre "Avoir des bonnes notes", "Finir Pokémon", "Voyager dans un autre pays", "Coucher avec une fille" ou "Devenir champion de Starcraft en Corée"

(Oui, les deux dernières sont du même gars, et oui, ce sont des souhaits un peu antinomiques.) 

(Je crois que c'est mon élève préféré.)

(Oui, j'ai le droit d'avoir des préférés, ça va hein, je suis pas prof à temps plein.)

J'en ai aussi un autre qui avait visiblement envie de dire des trucs pas trop mignons, à en juger par la manière très discrète dont lui et son voisin se taisaient dès que je passais dans les rangs pour se mettre à chuchoter dès que j'étais à un mètre de distance.

News flash : quand je suis à un rang devant, j'entends quand même les chuchotements. C'est comme ça que j'ai capté des bribes de :

- Nan mais attends tu vas pas mettre ça, elle va te démonter.
- Tu crois?

Là, j'imaginais qu'il avait pensé à mettre une connerie du style "devenir acteur porno", quand soudain :

- Nan mais c'est vraiment ton fantasme de te taper une prof?
- Mais pas forcément me taper, mais genre flirter, tout ça, tu vois...
- Ouais mais tu peux pas le mettre.
- Ouais, t'as raison.

Alors là, j'étais sur le cul. 

Plus tard, j'en ai parlé à Professeur Flaxou, et il s'avère que :

- Bah si, le fantasme de se taper la prof, carrément!
- Sérieusement? Une PROF? C'est les fringues de la Camif qui t'excitent, ou bien?
- Nan mais je parle pas des vieilles profs de cinquante balais, non plus. Mais ouais, je comprends le fantasme. Y'a le côté interdit, déjà. Et puis c'est une femme plus expérimentée, une femme mûre...
- Comment ça une femme MÛRE??! 

Moi qui pensais que je devais instaurer une sorte de distance artificielle pour que mes élèves me voient comme plus âgée que ce que je suis réellement, il s'avère qu'en fait, mon vrai âge suffit. Pour eux, je suis déjà vieille.

Quand je leur ai fait étudier un article sur la cryogénisation, je leur disais :

- Oui, vous voyez, cette idée est présente dans de nombreux films. Le plus connu reste encore...
- "Captain America"!
- Ah oui, certes, mais je pensais à un film un peu plus vieux. Une idée?
- ....
- "Demolition Man"!

Silence total.

- Non? "Demolition Man" ? Sylvester Stallone?
- Madame? Vous parlez de "Expendables"?

Et là, ça m'a frappé.

Ces enfants n'ont pas connu Stallone jeune! 

Ils n'ont pas connu DKTV sur France 2 le samedi matin et la série des Chair de Poule! Ils n'ont pas connu la grosse Game Boy grise avec les quatre piles AA! Ils ne comprennent pas la blague "3615 ma vie"! Ils n'ont jamais eu à démêler une cassette audio dont la bande s'était coincée dans le Walkman! Ils n'ont jamais utilisé de disquette pour stocker 5 photos d'Orlando Bloom torse nu à passer aux copines!

Quand Jurassic Park est sorti au ciné, ces gosses n'étaient même pas encore nés.

Je te jure, ça m'a fait un coup de vieux. Pire que quand j'ai découvert que le mec mignon de Game of Thrones avait presque le même âge que moi.

Du coup, pendant un moment, je les ai vachement moins aimé, mes petits élèves.

Mais ensuite, j'ai vu que le cahier de la fille du premier rang avait une petite étiquette avec son nom dessus, et j'ai pas pu résister. 


Épilogue :

- Tu sais, t'es sexy quand tu t'habilles en tailleur.
- Ah ouais?
- Grr... Madame la Professeur... 
- T'es sérieux, là?

Faut croire que c'est un fantasme qui agit à tout âge.