mardi 23 octobre 2012

Vis ma vie palpitante de prof d'anglais




Récemment, j'ai passé mon premier "test" de la vraie prof :

J'ai fait passer un examen.

Je l'avais bien préparé avec amour et dévotion, en prenant en compte les forces et faiblesses de mes petits oisillons (tout en gardant à l'esprit les choses qui leur seraient demandées plus tard dans la vie) et en divisant amoureusement la labeur en plusieurs sections (vocabulaire, grammaire, compréhension de texte etc.) pour que chacun y trouve son compte.

C'était parfait.

Bon, la suite s'est moins bien passée.

D'abord, il a fallu que j'affronte à nouveau le redouté Christophe, alias "mon élève neuneu".

Christophe est à la fac, mais honnêtement je sais pas comment il a fait pour y arriver. J'ai l'impression qu'il n'a jamais été à l'école de toute sa vie.

(Ou alors il s'est cogné la tête contre un poteau et il a perdu la mémoire juste avant la rentrée universitaire - une sorte de Jason Bourne chiant.)

Parce qu'à chaque fois - A CHAQUE FOIS - qu'on fait un exercice en cours, ça ne loupe pas, c'est le même ballet :

1) J'explique l'énoncé en anglais. La moitié de la classe hoche la tête, l'autre moitié me regarde genre "Hein?".

2) J'explique l'énoncé en français. Tout le monde hoche la tête, un des petits malins du fond pose une question de petit malin ("Euh Madame, hé Madame, euh, on a droit au dictionnaire ou quoi ou bien?").

3) Christophe me regarde genre :



Et murmure :

- J'ai pas compris.

S'ensuit en général ce type de dialogue.

- Qu'est-ce que vous n'avez pas compris?
- Euh... Le texte que vous nous avez donné... Il est... il est pas complet.
- Oui, c'est un texte à trous, c'est le principe.
- Je... je?
- C'est à vous de le compléter.
- Mais... mais je... comment on va savoir les mots?
- Eh ben c'est une écoute, comme je l'ai expliqué à l'instant. Vous allez entendre un dialogue et compléter le texte à partir du document audio.
- Je...Mais... On va entendre quoi? On va entendre le texte qu'il y a, là? (brandissant la feuille)
- Ben oui!
- Mais... comment on va trouver les mots qui manquent?

Et évidemment, au contrôle continu, ça n'a pas loupé. Une heure après le début de l'examen, Christophe lève la main et me dit :

- Je comprends pas la question numéro 5.

(Ben voyons.)

- Eh bien c'est une rédaction, Christophe. 
- On doit... quoi? On doit écrire?

(SÉRIEUSEMENT?)

- Oui, c'est cela. Ecrivez une rédaction de 100 mots sur ce sujet.
- Mais... comment on sait si on a 100 mots?
- ?
- On doit... on doit les compter? C'est ça?

(Je n'exagère PAS. C'est MOT POUR MOT ce qu'il m'a sorti.)

(Et non (j'anticipe ta question tavu) il ne souffre pas d'un handicap mental ou d'un trouble de l'apprentissage, sinon il aurait eu droit à un tiers temps. Malheureusement pour lui, on dirait bien qu'il est juste très, très neuneu.)

A part ça, l'examen s'est bien passé.

Mais ensuite, je suis rentrée chez moi, et j'ai dû faire face à un nouvel élément de ma vie de prof :

LA CORRECTION DES COPIES.



Je tempère un peu : c'est juste mon groupe de "faibles" qui m'a fait me sentir comme ça. Mon groupe de bons, comme d'habitude, a été une après-midi au soleil, un sourire de bébé, un petit câlin de chaton tellement ils sont adorables.

(Y'en a quand même un qui m'a dit que son but dans la vie était de trouver la dernière décimale de Pi. TROP. MIGNON!)

Mais ensuite, j'ai moins rigolé, quand, au détour d'une correction, je suis tombée sur la rédaction d'une élève qui, dans son sujet "donnez votre opinion sur la nouvelle Robot Dreams" (qu'on avait vue en cours, oui je leur fais lire du Isaac Asimov, tu peux pas test mon level de coolitude), m'a sorti une phrase à la grammaire et au vocabulaire tellement parfaits qu'à bien y regarder, si si, c'était EXACTEMENT le contenu de la page Wikipedia.



(En plus, copier les résultats de la première page. C'est vraiment du trichage de branquignol.) 

Donc, après mûre réflexion, j'ai mis zéro, je m'en bats la race je fais ce que je veux et j'ai décidé de montrer l'exemple. 

Par contre, j'ai eu un peu plus de mal quand j'ai été confrontée à un cas de tricherie dite "à l'ancienne" (c'est-à-dire avant l'invention des téléphones qui captent Internet) : du bon vieux zieutage de copie.
Je m'en suis rendue compte quand j'ai remarqué que trois copies à la suite avaient EXACTEMENT les mêmes réponses pour la compréhension orale....



... mais que c'étaient pas les bonnes réponses.



Moralité pour mes élèves : la triche, c'est mal.

Moralité pour moi : au prochain contrôle, je vais rôder entre les tables, et je vais mettre à profit mes compétences de sniper durement acquises entre parties de laser game et assauts sur Left 4 Dead (ça va, je suis pas une campeuse mais je me débrouille).

(Si tu n'as pas compris la phrase précédente, félicitations, tu as une vie sociale.)

3 commentaires:

  1. Ton blog me fait tellement rire
    (commentaire gratuit)

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  2. Zut j'aurais dû faire prof d'anglais après tout...rien que pour la lecture des copies (je me demande quand même, il y a des moment ou on ne doit pas vraiment savoir comment réagir face à certains élèves ^^)

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  3. Salut !
    Simplement pour te faire part de l'hilarité provoquée par la lecture de cet article (quoi, je suis une probable future prof, alors forcément...) ! Un magnifique moment, qui m'a poussée à aller voir le reste de ton blog que j'ai beaucoup appréciée : fou rire sur fou rire, c'était magnifique ! Bon, moins pour mes révisions, mais enfin ! :D

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