samedi 25 mai 2013

Vis ma vie de survivante de l'enfer


(Une illustration de ce que les gens dans ce pays considèrent "fun".)

Donc, comme tu sais déjà, j'ai un super travail.

Ce que tu sais peut-être pas, c'est que j'ai aussi un super patron.

Patron qui a décidé, pour le fun, d'inscrire tout le bureau à une course d'obstacles de 5 kilomètres qui avait lieu samedi dernier dans le Sud d'Auckland.

J'étais pas très enthousiaste, moi qui n'ai plus fait de sport depuis ce semestre de fac où j'avais pris boxe anglaise parce que j'avais vu Million Dollar Baby (et aussi parce que ça rassurait ma mère vu que je vivais seule à la Robertsau et qu'elle avait peur que je me fasse violer tous les soirs en rentrant chez moi.)

(Parce que, c'est bien connu, les violeurs sévissent souvent en face du Parlement Européen, dans l'avenue la plus bourrée de flics de tout Strasbourg.)

(Et puis, c'est bien connu, je pourrais carrément mettre un homme adulte hors d'état de nuire après un semestre de cours de boxe, avec la force de  mes poings minuscules et mes muscles en yaourt.)

Bref.

Du coup, pour une course d'obstacles, j'étais chaude comme la braise, tu t'en doutes.

- Alors les gars, je vous inscris pour la course? Charlotte?



- Heu c'est-à-dire que la dernière fois que j'ai participé à une course, c'était en 2005, quand on avait dû courir 3 km autour du Colmar Stadium en Première, je m'en souviens parce que c'était en novembre et je m'étais pelé les miches.
- Je vois.
- Et même là, j'étais déjà morte à la fin.
- Mh hm.
- Alors que je faisais, genre, 15 kilos de moins.
- D'accord.
- En plus là je viens d'avoir des triplés dans les Sims... c'est un sacré boulot à gérer, hein. Donc samedi, bof, ça va être difficile pour moi.

Et puis, mon patron a dit le mot magique :

- Oui mais là on court contre des zombies.
- Faut signer où?

Et c'est comme ça que, samedi aux aurores (bon d'accord, midi, mais ça va je bosse de nuit, j'ai plus l'habitude!), je me suis retrouvée chez Spookers en tenue de sport, prête à faire leur fête aux zombies.

Par la même occasion, j'en ai profité pour étrenner pour la première fois le pantalon de jogging que j'avais acheté y'a 6 mois, me débarrassant ainsi de tous les scrupules liés au fait que je l'utilise exclusivement pour aller chercher le courrier (parce qu'en pyjama ça fait négligé, mais un jogging, ça fait sport) (si, chut).

Le but de la course, c'était de finir les 5 kilomètres avec au moins une vie restante. (Parce que ouais, comme dans les jeux vidéo, on avait des vies, sous la forme de 4 fanions accrochés autour de la taille.) Les zombies (des employés de chez Spookers qu'on avait pas le droit de taper) (je trouve ça vachement traître, parce que toute mon éducation cinématographique et vidéoludique me hurle le contraire) étaient disposés à des endroits stratégiques de la course, et leur but était de choper tes fanions jusqu'à ce que t'aies plus de vies et que tu sois éliminé de la course.

Autant te dire que j'avais aucun espoir de réussir à finir la course, étant donné que j'arriverais même pas à finir une course de 5 kilomètres sans zombies et sans obstacles (déjà, quand je cours 500 mètres pour choper mon bus, je souffle comme un boeuf pendant 15 minutes) (une fois, un mec dans le bus m'a même proposé sa ventoline, je te laisse imaginer).

Donc là, je m'étais donné comme but de faire au moins la moitié du parcours avant de me faire virer, histoire de partir la tête haute.

Et finalement, miracle parmi les miracles, J'AI FINI LA COURSE.

Ce qui m'a sauvé, c'est que j'étais pas obligée de courir tout le long des 5 kilomètres. En fait, je pensais que les zombies allaient nous courir après, et que du coup il faudrait être en mode jogging tout le temps (et encore, ça c'était dans un scnéario "zombies lents à la Romero". Je pense que j'aurais même pas tenu 10 secondes si on avait eu droit à des zombies infectés, type 28 Jours Plus Tard).



(Les nains n'aiment pas les marathons.)

En réalité, les zombies étaient disposés à intervalles réguliers le long du parcours, et ils bougeaient pas trop. (Après tout, c'est des gens comme toi et moi, ils se fatiguent aussi). Du coup ils te couraient un peu après quand tu passais à côté d'eux, mais ils avaient un "territoire" relativement restreint.

Quand j'ai réalisé ça, tu t'imagines bien que la "course", c'était plutôt de la marche, et quand y'avait un zombie, je faisais des petits sprints.

Par exemple, j'ai commencé la course en courant à petites foulées au milieu de mes collègues, puis au bout de 5 secondes y'a un zombie qui a surgi au milieu de la foule. Alors j'ai sprinté comme une malade et je me suis retrouvée tout devant. Puis y'a eu le premier obstacle (escalader des meules de foin) et, du coup, je me suis retrouvée tout derrière.

(C'est pas de ma faute, y'avait des zombies en haut des meules de foin, j'ai dû attendre qu'une vague de survivants se fassent choper pour passer en loucedé.)

Puis j'ai continué à courir à petites foulées, je suis passée dans un champ de boue et dans un champ de pneus dégonflés, et là, j'ai vu le panneau qui indiquait que j'avais déjà fait UN KILOMÈTRE.

Un kilomètre et j'avais encore tous mes fanions!



J'étais tellement fière de moi que j'ai pas vu arriver la CONNASSE de meuf zombie derrière moi, qui m'a chopé TROIS fanions d'un seul coup.

(Je suis même pas sûre que c'était légal.)

Et puis, alors que j'étais en train de mi-courir, mi-me retourner pour hurler des injures en français à la connasse de meuf zombie ("Connasse! Bouffonne! Face de pet!"), j'ai failli rentrer dans mon collègue Daniel, qui s'était arrêté parce qu'il avait perdu sa chaussure dans la boue.

(Le mec il va faire une course contre les zombies et il met les lacets dans ses baskets au lieu de les nouer. Franchement.)

Mais j'étais contente, parce que j'étais plus toute seule (et surtout parce que j'étais plus la dernière), donc j'ai fait le reste de la course avec lui et sa copine. Et je peux te dire qu'on a galéré, parce que les obstacles de cette course ont visiblement été conçus par un génie du mal.

J'en tiens pour preuve le champ de fils électrifiés qu'on a dû traverser, et où, alors que j'esquivais un zombie en utilisant ma technique de repousse fort avancée :



C'est ce moment qu'a choisi un fil électrifié pour s'enrouler autour de mon cou, ce qui, non seulement a failli m'étrangler, mais m'a en plus fourni une jolie brûlure sur la gorge :

Maintenant on sait qu'en cas d'apocalypse de zombies, il y aura les survivants, ceux qui se font manger, et celle qui s'étrangle toute seule avec un fil qui pend du plafond.

(J'espérais au moins avoir une cicatrice de badass, mais en fait ça a déjà guéri.)

(Maudit soit mon métabolisme supraluminique.)

Le reste des obstacles étaient sympas dans le même genre. Y'en avait un où il fallait ramper sous des fils, façon entraînement des Marines dans tous les films de guerre, et les zombies étaient sous les fils avec toi (j'ai cru que j'allais mourir). 

(Mais au moins je me suis pas fait mal toute seule, ce coup-ci.)

Et puis on a dû courir à travers une forêt couverte des trophées de la course de l'an dernier (principalement des chaussures boueuses) et puis on s'est perdus dans un labyrinthe de maïs, et juste quand on avait retrouvé le chemin, on est tombé sur ça :






Donc moi j'ai sprinté, normal, et puis j'ai entendu des cris de panique alors j'ai couru encore plus vite (parce que bon, déjà dans Left 4 Dead je reviens pas en arrière pour sauver mes potes, et pourtant j'ai un fusil à pompe, alors t'imagines bien que je vais pas risquer ma vie pour mes collègues de bureau, même si des fois ils m'offrent des bonbons).

Une fois arrivée à une distance sûre, j'ai ralenti, et la copine de mon collègue m'a rejointe et a dit :

- Daniel est pas là, il faudrait l'attendre, tu crois pas?

Alors je l'ai chopée par le bras et j'ai couru plus vite.




(Elle me remerciera le jour où les zombies arrivent vraiment.)

Ensuite il a fallu traverser une rivière à gué (on est en Mai, je le rappelle, c'est comme Novembre dans l'hémisphère Nord), autant te dire que je me suis bien pelé les meules.

Et là, tu te dis "iih une rivière, t'as dû être toute dégueu et pleine de boue, c'est nul".

Et là, laisse-moi te répondre : HA HA.

Parce que de la boue, j'en ai vu mon petit gars, c'était un peu le thème récurrent de cette course :



(Nan mais c'est chouette, ça fait thalasso gratuite. Y'a des gens qui vont à Rotorua et qui payent des sous exprès pour ça!)

Et puis faut avouer qu'on était pas les plus à plaindre :



Même si cette épreuve de la tranchée pleine de boue a été assez traumatisante quand je suis tombée de ma poutre et que je me suis enfoncée dans la boue, et puis toute la boue est rentrée dans mon débardeur et j'en avais plein le soutif.

Après, je devrais pas me plaindre, puisque c'est à ce moment où je me disais "ma vie est nulle et j'ai de la boue dans la culotte, pourquoi oh pourquoi" que j'ai entendu mon collègue Daniel derrière moi s'exclamer dans tous les jurons de la langue anglaise, parce qu'il était tombé dans la boue et qu'il venait de réaliser qu'il avait laissé son portefeuille dans la poche de son jean.

(Le plus drôle, c'est qu'à la fin de la course, il a trouvé une clef USB dans l'autre poche.)

(Maintenant tu comprends pourquoi, au bureau, les gens me trouvent intelligente.)

(Alors que je m'étrangle toute seule avec des fils électriques.)

Mais bon, en soi, la boue, ça me dérangeait pas trop. Au contraire, ça faisait comme une petite madeleine de Proust. Ça me rappelait mon enfance, quand, avec mon cousin Bryan (oui j'ai un cousin qui s'appelle Bryan, c'est bon, arrête de juger ma famille) on faisait des batailles de boue, au printemps, dans la forêt, parce qu'il y avait plus de neige mais qu'on aimait bien faire des batailles quand même.

(Quand on vit sans Internet, on s'amuse avec ce qu'on peut.)

Ce qui me dérangeait plus, c'était surtout qu'à chaque coin de piste, je tombais sur ma collègue Oxana, qui était venue en tant que soutien moral, mais surtout en tant que paparazzi officiel, et qui me regardait en faisant :




("Celle-ci, elle va direct dans la newsletter!")

Mais, en règle générale, c'était fun, j'avoue.

J'ai fini la course morte de froid et de fatigue, mais avec un fanion (victoire suprême) et deux ou trois égratignures cool. 

J'ai eu droit à une "douche" (ce qui signifie que les pompiers m'ont arrosé avec une lance à incendie pour enlever le gros de la boue), j'ai eu des courbatures toute la journée du lendemain, et ma voiture a senti le vieux marécage pendant trois jours. 

Et j'ai dû jeter ma culotte et c'était la bien, celle qui me remontait jamais dans les fesses.

C'était génial.

vendredi 17 mai 2013

Brève saisonnière



Comme tu sais, en Nouvelle-Zélande, les saisons sont inversées.

Ça veut dire qu'il y a pas mal de choses qui déroutent le Kiwi moyen quand aux références externes : par exemple, l'autre jour, j'ai bien rigolé en entendant les DJ de The Rock (la seule radio qui passe du Pink Floyd et pas du Katy Perry, MERCI) s'interroger sur la chanson qui venait de passer, à savoir "November Rain" des Guns N'Roses :

- Mais c'est marrant comme titre, parce qu'en novembre il fait beau! "June Rain", par exemple, ça aurait été plus logique.
- Ouais mais c'est des artistes, ils font de la licence poétique.
- Sans doute, sans doute.

(Il a fallu qu'un autre DJ vienne au micro leur expliquer que, dans l'hémisphère Nord, novembre = mai, ce qui a été suivi d'un chœur de AAAAAAAAAH révélateurs.)

Les gars, comment ils doivent galérer quand ils regardent des films américains. "Hein? De la neige en décembre? C'est à n'y rien comprendre!". "Quoi? Il fait chaud en juillet? Mais c'est impossible!". (Comme les journalistes de TF1.)

(Mais d'un côté, ce n'est que justice. Moi j'ai mis 4 ans à comprendre pourquoi dans Hartley Coeurs à Vif c'était les grandes vacances à Noël et tout le monde allait faire du surf. (En même temps, dans Hartley Coeurs à Vif, ils allaient faire du surf à chaque épisode, donc bon.))

Concrètement, ça veut surtout dire qu'à Nouvel An, je pouvais te narguer en allant à la plage, mais que maintenant, c'est la France qui rigole bien qui rira le dernier.

Parce qu'ici, on arrive au début de la saison hivernale, qui à Auckland se traduit par CINQ MOIS DE PLUIE.

(Vivement novembre.)

Du coup, chez moi, il pleut non-stop (ou presque) depuis une semaine.

Chose qui ne me dérangerait pas tellement (après tout j'ai grandi en Alsace) si ma maison, et les maisons néo-zélandaises en général, n'étaient pas ULTRA MAL ISOLÉES.

Parce qu'en Alsace, on se pèle peut-être les meules huit mois sur douze, mais au moins on fait les choses bien et on construit pas des maisons à la Pirouette Cacahuète!

Là, c'est grave, quand même. 

Il fait tellement humide que mes chaussures dans l'entrée sont humides quand je les mets. Ma serviette est en train de moisir sur le porte-serviette. J'ai fait une lessive LA SEMAINE DERNIÈRE et le linge sur l'étendoir est toujours aussi humide que quand je l'ai sorti de la machine!

Et puis l'état de mes cheveux, je t'en parle même pas, parce que ça fait trop mal.


(Ça résume assez bien ma situation capillaire du moment.)

(Comment j'ai trop des problèmes de fille, des fois.)

Et donc c'est la misère parce que je dois laver mon uniforme du boulot, MAIS mon linge refuse de sécher, et on n'a pas de sèche-linge, juste un lave-linge Nord-Coréen, appelé ainsi par Professeur Flaxou parce qu'il te joue une petite musique coco quand ta lessive est finie.


(La lessive est finie! Va l'étendre dans la joie pour la gloire du Leader Suprême!)

Et, cerise sur le gâteau : dans notre maison, il n'y a pas de radiateurs.

Nulle part! Dans aucune pièce de la maison!

Pas de système de chauffage du tout, en fait! Juste des murs et des portes, et tu peux coller tes meubles contre les murs, parce que Y'A PAS DE RADIATEURS.

J'ai jamais vu ça de ma vie. 

Et pourtant, notre maison, c'est loin d'un trou à rats. (Et dieu sait que j'ai vécu dans des sacrés trous à rats, et il y avait quand même des radiateurs dedans.) Mais comme l'hiver à Auckland est assez doux (en général, tu descends jamais en-dessous de dix degrés), les gens ils se disent tant pis, on vit comme des hippies et on met des pulls.

Moi je veux bien.

MAIS ALORS FAUT ISOLER VOS MAISONS, LES GARS!

(Je veux bien que ce soit le pays des moutons, mais faut pas déconner, les humains, eux, ils ont pas d'isolant naturel.)

(Collez de la laine le long des murs, je sais pas moi.)

vendredi 3 mai 2013

L'instant Kiwi!


On profite que j'aie des choses à dire, c'est le moment de l'instant Kiwi!


Instant Kiwi n°7 : la santé

Laisse-moi te dire que les médecins en Nouvelle-Zélande, ils doivent pas être bien fortunés.

En effet, les Kiwis ne vont chez le docteur que dans les cas vraiment extrêmes (gangrène de la jambe, hémorragie interne, ou alors au moins un p'tit cancer). Pour toutes les maladies communes et saisonnières (grippe, gastro, angine, pharyngite, laryngite, trachingite (là je sais plus, j'invente)), les Kiwis se contentent de sécher le boulot, de boire beaucoup de tisane, et de rester au lit avec une bouillotte. 


(Tout comme en Grande-Bretagne, la bouillotte est un élément indispensable au processus de guérison. Entre ça et la tisane, c'est dire la confiance qu'ils placent dans l'eau chaude.)


Cette réticence à aller chez le médecin s'explique de deux manières : d'abord, culturellement. N'oublions pas qu'on est sur une terre de pionniers. La Nouvelle-Zélande a vu ses premiers colons s'installer un peu partout sur le territoire au début du XIXè siècle, mais il a fallu attendre les années 1860 pour que des villes commencent à apparaître dans le pays (et encore, Auckland faisait 10 000 habitants, c'était pas vraiment Métropolis). Aujourd'hui encore, l'île du Sud (particulièrement la côte Ouest) est très rurale, et c'est pas la foire aux hôpitaux et aux médecins de proximité. 





(Les Kiwis au quotidien)

Donc, mentalité de pionnier : quand on a un bobo, on serre les dents et on attend que ça passe.


L'autre raison pour laquelle les Kiwis ne vont pas chez le médecin pour les petites maladies (et la raison principale, si tu veux mon avis) est beaucoup plus prosaïque : c'est parce que c'est PUTAIN DE CHER et que c'est pas remboursé.


(Ma Sécu me manque plus que mon chat.)


Un autre paradoxe qui me fait m'interroger fréquemment, c'est que les Kiwis sont des gens qui prennent en général soin de leur santé. 


Je te jure, j'ai jamais vu autant de joggeurs de ma vie depuis que je suis ici. Quand je vais prendre mon bus à 7 heures du matin, je vois des joggeurs. Quand je commence à 18h, je vois des joggeurs. L'autre jour je suis sortie du boulot à 2h du matin, les rues étaient désertes, et j'ai quand même réussi à croiser une meuf qui faisait son jogging!

Ajoute à ça que tu trouves des bars à salade un peu partout, et qu'on peut jamais te servir un sandwich sans le fourrer à l'avocat (à cause des Oméga 3 ou chais pas quel truc), et tu t'imagines que cette nation est constituée à 99% de gens sains (le 1% restant c'est Flaxou et moi). 

Mais alors, mais alors!

Comment est-ce que tu expliques le fait qu'on trouve beaucoup plus de chaînes de fast-food ici qu'en France ? (Un fast-food est généralement situé à moins de 500 mètres de chez toi, c'est statistique.) Comment tu expliques le fait que 90% des take-away te proposent invariablement des burgers et à peu près
15 espèces de différents poissons frits, servis avec des frites et de la mayo? 

(Oui, même les take-away asiatiques ont une option "menu européen" qui propose burgers et fish&chips. Alors que tu peux avoir du Pad Thai pour le même prix. Du coup, je me pose la question : QUI choisit le menu européen?)


L'autre truc que je trouve chelou, c'est que je peux pas allumer la télé sans tomber sur des pubs EN BOUCLE pour Burger King (probablement la plus grosse chaîne de fast-food ici), mais aussi pour Mac Do, Wendy's, Subway (qui nous vante ses sandwiches "sains" parce que, attention, ouh là là, on a mis de l'avocat dedans) (c'est QUOI le deal avec l'avocat, les mecs?), Nando's, KFC, et autres Burger Fuel (le fast-food des riches).


(Burger Fuel, c'est le grand dilemme de ma vie : c'est bon, mais c'est cher. Mais c'est bon!)


Donc je n'ai toujours pas réussi à régler ce paradoxe.


Peut-être que les Kiwis font beaucoup de sport et du coup ils peuvent se permettre d'aller au fast-food tout le temps, ou peut-être que les chaînes de fast-food font tellement de pub parce qu'elles sont désespérées de pas avoir de clients (mais ça m'étonnerait, vu la queue qu'on se tape dès qu'on veut se farcir un Whopper).


Ou peut-être que ce sont les immigrés comme Fla et moi qui maintenons l'industrie vivante.


(Bah ouais, mais si je teste pas tous les burgers de la ville, comment je saurais lequel est le meilleur?)


(Pour ceux que ça intéresse : c'est Burger Fuel. Mais c'est cher. Mais bon. Mais cher.)



Instant Kiwi n°8 : les expressions


En Nouvelle-Zélande, on parle anglais, mais un anglais un peu spécial. On a déjà évoqué cet accent qui me donne des envies de suicide quand je suis assignée au téléphone dans ma boîte :

- Hello, this is Charlotte speaking, how may i help you?
- Hello, this is Xpqrdg from Tghflux, could I speak to Richard please?



(Oh putain.)

- I'm sorry, I didn't quite catch your name.
- Oh. My name is Xpqrdg.



(Oh putaiiin.)

- Could you please spell this for me?
- Sure, it's X-U-E-F...



(Oui, avec toutes ces conneries de prononciation, va faire la différence au téléphone entre un E et un I, un O et un U, un F et un X, et j'en passe.)

Du coup, bien souvent, ça se termine comme ça :

- Richard, y'a une dame au téléphone pour vous.
- Qui ça?
- JE SAIS PAS, OKAY?

Mais, en dehors de l'accent, il y a aussi des expressions typiques pour nous montrer qu'on est bien en Kiwiland.

La plus connue est incontestablement "Sweet as", une expression signifiant peu ou prou "cool" ou "super", et qui n'a pas manqué de m'interloquer quand je l'ai entendu la première fois :

- So yeah, we've juste moved here, but we really like it.
- Sweet as!
- Sweet as what?

En fait, cette expression n'a pas de fin. (C'est très perturbant.)


(En vrai, la seule chose qui suit "sweet as", c'est "bro".)

Notons au passage qu'on peut également substituer "sweet" avec à peu près n'importe quel autre mot. On peut donc dire de notre pote plein aux as qu'il est "rich as", de notre estomac gargouillant qu'il est "hungry as", ou encore d'une baleine échouée qu'elle est "beached as". (Un petit clip créé par des Australiens, et qui, je l'avoue,reproduit à merveille l'accent Kiwi.)

On entend également d'autres expressions tout aussi insondables, telles que "she'll be right" ("ça va aller") (mais qui est "she"?), "far out" ("sérieux?" ou "naaan tu déconnes!"), "you rickin?" (c'est comme "you reckon?" mais avé l'accent), et, bien entendu, la tendance déconcertante à ajouter "eh?" à la fin de chaque phrase.

Sérieux, je comprends pas la logique de cette expression. Des fois on l'utilise à la fin d'une question, et ça me semble logique :

- So your computer's not working, eh?

Me dit mon collègue informaticien. Et ça ne me choque pas.

Mais ensuite, je croise mon patron, et il me dit :

- We've got some biscuits in the lunch room, eh!


POURQUOI?


Instant Kiwi n°9 : les stars.

On croirait pas, mais il y a plein de Kiwis célèbres!

Malheureusement, comme beaucoup d'autres membres du Commonwealth, ils sont souvent pris (à tort) pour des Britanniques ou des Américains.

Alors, bien sûr, tout le monde connaît Sir Peter Jackson (et c'est pas moi qui ai rajouté le Sir, hein, c'est la Reine d'Angleterre), le mec le plus Kiwi de l'histoire des fruits poilus.

Mais est-ce que tu savais que certains des grands noms de l'histoire, comme Sir Edmund Hillary (le premier homme à avoir gravi l'Everest), Ernest Rutherford (père de la physique nucléaire), ou encore Maurice Wilkins (qui a découvert la structure de l'ADN) sont tous Néo-Zélandais?

Bon, après, dans l'histoire contemporaine, on retiendra surtout les acteurs Kiwis, vu que ce sont eux qui s'exportent le mieux à l'étranger (les sportifs, musiciens, écrivains et autres personnalités restent assez cantonnés aux limites de la mer de Tasman).

On retrouvera donc au Panthéon des acteurs Kiwis l'excellent Sam Neill (alias Docteur Alan Grant) 


(qui joue sans l'accent)

Mais aussi Temuera Morrison, que l'on connaît surtout à l'international pour être celui qui incarne Jango Fett dans les plus récents Star Wars :



(Qui joue avec un petit peu plus l'accent)

(Attention, faut sauter environ quinze scènes culcul avec l'horripilante tête de con de Hayden Christensen pour trouver Jango Fett.)

On retrouve aussi des gens un peu plus étonnants, comme Lucy Lawless, que son nom te dit peut-être rien, mais je t'assure que tu la connais :




(Eh ouais! Ça t'en bouche un coin.)

Et également Anna Paquin, plus connue sous le nom de Malicia dans X-Men, ou encore de "cette greluche dans True Blood" (série également plus connue sous le nom de "on a voulu faire Twilight avec du cul mais crois-moi c'est tout aussi chiant).



("OK Anna, et là, prends une tête à claques. Parfait!")

(Et NON, je ne citerai pas Russell Crowe comme un acteur Kiwi, parce qu'il a beau être né en Nouvelle-Zélande, il a vécu la majorité de sa vie en Australie et a pris la nationalité Australienne.) (le traître).

Je finirai par mes trois acteurs Kiwis préférés : Jemaine Clement, Bret McKenzie et Rhys Darby, qui forment l'irrésistible trio de la non moins irrésistible série Flight of the Conchords.




(Bret, je suis à toi.)

Pour finir, je tiens quand même à indiquer quelques-unes des inventions les plus marquantes de Nouvelle-Zélande, des choses qui ont profondément changé la face du monde :

- une technique améliorée de tonte des moutons;
- la clôture électrifiée;
- le saut à l'élastique;
- la scie sauteuse portable;
- la seringue jetable;
- les balles de paintball;
- le Zorb.

Voilà, voilà.

(Mon pays a inventé la photographie, le cinéma, et l'aspirine. Mais le Zorb, c'est bien aussi, hein.)

mercredi 1 mai 2013

30 millions d'amis



(Si seulement y'en avait des comme ça chez moi.)

Depuis que j'habite en banlieue, dans une maison de plain-pied avec un jardin, je croise tous les jours des petites créatures sympatoches qui s'égarent chez moi.


Des fois elles sont vraiment juste égarées, comme les adorables petits lézards qui se chauffent au soleil sur le porche, et des fois, on sait pas pourquoi, on les retrouve dans la salle de bains qui est à l'autre bout de la maison, et ils ont pas l'air très contents d'être là.

(Moi je m'en fous, je les aime, ils mangent les araignées.)

Des araignées, y'en a aussi, d'ailleurs. Heureusement pour ma santé mentale, les araignées moches, velues et noires préfèrent squatter dans les trous de la palissade du jardin ou dans le réduit sous la maison où on ne va jamais (j'envoie juste Professeur Flaxou en-dessous de temps en temps, quand on a un câble qui se débranche). Dans la maison, on trouve juste plein de faucheux de taille et de monstruosité variable (ça va de "pff mais alors tu me fais même pas frissonner" à "nan là ça va pas être possible de rester dans la pièce  très très longtemps") et qui font leur vie assez tranquillement, vu qu'ils ne se baladent que la nuit (par miséricorde pour mon petit cœur) et que, la journée, ils se contentent de glandouiller au plafond sans bouger une patte.

Tout ça, les lézards, les faucheux, c'est des insectes qui existent aussi en Alsace, donc j'étais pas trop dépaysée (sauf que les lézards ici sont gris-bleu, et en Alsace ils sont verts). 

Par contre, là où j'ai été bien dépaysée, pour le coup, c'est quand, un soir, en parlant à ma mère sur Skype, j'ai tapé une crise de panique quand un PUTAIN DE CAFARD GÉANT est venu squatter à côté de ma multiprise.


Juste quand j'essayais de rassurer ma mère, en plus.

(Oui, ma mère pense que j'ai déménagé dans un pays du tiers-monde. Quand on a eu une adresse fixe, la mère de Fla nous a envoyé un colis avec du foie gras et des bredalas. Ma mère m'a envoyé un colis avec des serviettes de bain.)

Du coup, la conversation s'est déroulée à peu près comme ça :

- ... Et puis comme je savais pas quoi mettre d'autre dans le colis, j'ai mis un gros cœur en plastique, ça fait un élément de déco. T'es contente?
- Oui oui, maman... mais... je t'avais demandé de m'envoyer mon album photo...
- Ah oui je voulais, mais avec les serviettes ça faisait trop lourd, donc j'ai préféré t'envoyer quelque chose d'utile, vu que tes photos, tu peux les trouver sur Internet.
- Ouais, nan mais t'as raison. Des putain de serviettes de bain, ça c'est une rareté.
- Hein?
- Nan rien. Tu m'as envoyé une enveloppe vide, aussi, c'était fait exprès?
- Ben oui! C'est le faire-part du mariage de ta cousine!
- Mais c'est juste l'enveloppe...
- Oui, ta sœur voulait garder la carte. Alors je me suis dit, je t'envoie l'enveloppe!

Et là, juste là, j'entends un petit bruit. Un petit bruit de grattage de petites pattes sur le parquet. 

Je regarde près de ma multiprise, et je vois ça :


(Hé, qu'est-ce que s'up?)

Du coup, la conversation s'est terminée à peu près comme ça :

- Mais tout va bien? Ça se passe bien avec vos colocs? Ils ont pas encore essayé de vous assassiner et de voler votre argent?

(La vision des colocataires selon ma mère.)

- Non maman, tout se passe vachement bien, je t'assure! Nos colocs sont géniaux, la maison est très bien située, en plus on a un jardin et AAAAAAAAH! 
- Quoi?
- AAAAAAH! Fla fais quelque chose! C'est horrible! Maman je dois te laisser, c'est horrible!
- Mais qu'est-ce...
- AAAAAAAAAAAH!
*clic*

Donc voilà, j'ai découvert ce jour-là que j'avais peur des cafards (on en apprend tous les jours).

(Tu rigoles, mais t'étais pas là quand j'étais déjà en panique devant le cafard de l'enfer, et que ce machin a ouvert des PUTAINS D'AILES et s'est mis à VOLER à travers la chambre.)

(Tu le savais, toi, qu'il y avait des espèces de cafards qui pouvaient voler?)

(Moi non. C'était une surprise sympa.)

Finalement, en l'espace d'une semaine, on a rétamé papa cafard, maman cafard et bébé cafard,et depuis, plus rien. (J'espère juste qu'il y a pas un grand frère qui se cache quelque part, dans un coin sombre, en préparant sa revanche.)

Et, depuis hier, le dernier arrivé dans notre liste d'invités, c'est une petite souris (aperçue d'abord par Flaxou dans la cuisine, puis par Maria dans la cheminée).

(Ouais, j'ai une cheminée. Tu peux pas test la coolitude de ma maison.)

Du coup, Flaxou est allé acheter un piège à souris, mais comme c'est un ami des bêtes, il a pris un piège de gentil, qui empêche juste la souris de sortir, mais ne lui fait pas de mal. Comme ça, après, on peut aller la relâcher dans le jardin (des voisins).

(On est des amis des bêtes, mais faut pas nous appeler Jambon, non plus.)

Sauf qu'on a pas encore attrapé la souris, parce que Flaxou est pas vraiment un fils des âges farouches :

- T'as pris quoi comme appât?
- Bah, un bout de pain.
- Ha ha!
- Ben quoi?

Un bout de pain? Sérieusement?

- Non mais Fla, tout le monde sait que les souris, ça s'attrape avec du fromage, hein. 

Quand je pense que j'ai épousé cet homme. 

- T'as jamais vu Tom et Jerry ou quoi?


(La suite au prochain épisode.)