lundi 7 juillet 2014

Sélection culturelle sur le thème "Nouvelle-Zélande", tome II

Je suis de retour pour vous jouer un mauvais tour vous faire découvrir les merveilles culturelles de la Nouvelle-Zélande une fois de plus.

Par contre, la sélection d'aujourd'hui va se concentrer sur les livres et la musique, parce que bon faut pas se leurrer, c'est pas tous les jours qu'on fait des films ou des séries en Nouvelle-Zélande (laissez Peter Jackson et Jane Campion prendre des vacances, ce sont des gens comme les autres).

Alors chausse tes lunettes, c'est le moment de bouquiner!

The Bone People, Keri Hulme, 1983


La première chose qui m'a motivée à lire cet énorme pavé (outre le fait qu'il venait de Nouvelle-Zélande), c'est que The Bone People a reçu le très prestigieux et très prout-prout Man Booker Prize Award en 1985.

Le Booker Prize récompense les romans écrits sous trois conditions :
1. en anglais
2. par un auteur vivant
3. par un auteur citoyen du Commonwealth, de l'Irlande ou du Zimbabwe.

Et autant en France, t'en as probablement jamais entendu parler, autant dans les pays anglophones, c'est la folie furieuse au moment d'annoncer le vainqueur (un peu comme le Goncourt en France). D'ailleurs, c'est déjà considéré comme un grand honneur (et un magnifique coup de pub) de faire partie de finalistes, et on trouve donc pas mal de bouquins plus ou moins obscurs en librairie arborant fièrement un macaron "Booker Prize shortlister".

(Ce qui est quand même l'équivalent de dire sur la couverture de son livre "Bon okay j'étais pas assez bon pour gagner le prix, mais regarde! J'ai été nominé!", rappelons-le.)

The Bone People a ceci de particulier que, dans toute l'histoire du Booker Prize, c'est le seul livre néo-zélandais à avoir gagné (sauf si on compte The Luminaries de Eleanor Catton, qui a gagné cette année, mais techniquement elle est Canadienne-Kiwie, donc je sais pas dans quelle catégorie la ranger).

L'auteur, Keri Hulme, est une ermite qui vit sans téléphone ou Internet dans un coin paumé de l'Ile du Sud et refuse presque toutes les demandes d'interview. Elle se définit comme asociale et asexuelle aromantique (ce qui signifie ne pas éprouver d'attirance sexuelle ou romantique envers qui que ce soit - une particularité que partage son héroïne dans The Bone People) et n'a écrit qu'un seul roman. (Mais il a gagné le Goncourt des Anglais, moi je dis : bien ouèj.)

Tout ça c'est bien joli, mais le livre, au final, il parle de quoi?

Eh bien c'est très compliqué à expliquer.

Le livre se met en marche très lentement (faut dire qu'il fait plus de 500 pages, alors il prend son temps) et suit les histoires parallèles de trois personnages (vécus de leurs points de vue). L'héroïne, Kerewin Holmes (un nom qui ne fait pas du tout référence à l'auteur Keri Hulme, non, alors ça jamais de la vie) est une femme Maorie-Pakeha, forte et solitaire, qui vit recluse dans un coin de l'Ile du Sud. Ancienne artiste de génie, elle a perdu son talent, et passe ses journées à essayer de le retrouver, quand elle tombe sur Simon, un garçon de 6 ans mutique et étrange, qui se prend d'affection pour elle. Kerewin rencontre ensuite Joe, le père adoptif de Simon, et il s'ensuit beaucoup de mystères, de secret et de douleur, et tout le monde picole tout le temps.

Ça fait presque 6 mois que j'ai fini ce livre, et je n'arrive toujours pas à dire si je l'ai apprécié ou pas.

D'un côté, l'histoire est intéressante, et évidemment le sujet (axé sur la vie sociale Maorie) me plaît beaucoup. Le style, en revanche, je n'ai pas accroché du tout. Il est très soigné mais aussi très pompeux et grandiloquent, l'auteur perd constamment le fil de son sujet pour partir dans des métaphores interminables, et, même si j'ai beaucoup aimé l'usage du Te Reo Maori, le choix de traduire les termes dans un lexique à la fin du livre plutôt que dans des notes de bas de page t'oblige tout le temps à faire des allers-retours et à couper le fil de la lecture (d'autant que les termes ne sont traduits que la première fois qu'ils apparaissent, alors bonne chance pour te souvenir page 255 de l'expression que tu avais lue page 17).

J'ai aussi de très très gros doutes quant à la morale de l'histoire et à la vision de l'éducation en général. Dans le livre, l'auteur estime en effet que Joe est un bon père car il aime Simon, même s'il le bat. Car après tout, qui aime bien châtie bien, et puis personne ne devrait se mêler de ce qui ne les regarde pas, et chacun a sa vision différente de l'éducation.

Et, autant je ne suis pas anti-fessée, autant j'admets aussi que chaque enfant est différent, que chaque parent a ses méthodes, qu'il n'y a pas une seule bonne manière d'élever ses enfants, et que oui, l'éducation d'un enfant, ça regarde principalement ses parents, autant pardon, mais quand un gamin est roué de coups, j'estime que c'est quand même du devoir public de faire quelque chose!

Et c'est une gêne que j'ai éprouvé tout au long du livre, que l'auteur admette les fautes du père, mais tente péniblement de le racheter en expliquant que bon, c'est un enfant difficile aussi, donc il mérite des tartes, et les pouvoirs publiques sont aveugles et ne voient pas l'amour que Joe porte à son fils, ils ne voient que le traumatisme crânien et les os cassés....

AH BAH OUI PARDON MAIS QUAND MÊME ENCORE HEUREUX QU'Il Y AIT DES GENS QUI FASSENT LEUR BOULOT DANS CE BOUQUIN, MERDE.

(Idem pour le fait que Kerewin et Joe, en alcooliques notoires, fassent participer le gamin à leurs beuveries en ne voyant pas où est le problème. Je sais bien que c'est une oeuvre de fiction, mais c'est un constat qui me gêne.)

Quand on a des vues aussi différentes de l'auteur, c'est du coup plus difficile d'apprécier son oeuvre.

D'autant que la fin du livre m'a laissé sur ma faim (reine de la vanne), vu que beaucoup de questions sont laissées en suspens, et que j'étais du coup super frustrée, ayant tenu les longueurs du livre dans le seul but d'avoir des réponses à la question cruciale du bouquin (selon moi), à savoir: d'où vient Simon, et quelle est la raison de son mutisme?

(Donc, pour les gens comme moi, je vous épargne la peine de lire le livre: on sait pas.)

Mais malgré tout, je recommande quand même ce livre, ne serait-ce que pour la découverte du style d'écriture de Keri Hulme, qui ne ressemble à rien de ce que j'ai pu lire auparavant. Et c'est très déconcertant, mais après tant d'années à lire des livres Ctrl+C Ctrl+V (oui oui, Amélie Nothomb, c'est de toi que je parle) ça fait plaisir de goûter à quelque chose de différent.

Donc, pour résumer, Keri Hulme est à mon sens le feijoa de la littérature: j'aime pas le goût, mais au moins c'est différent de tout ce que j'ai essayé avant.

Le livre est très facile à trouver en anglais, vu le prix qu'il a gagné, mais il est assez difficile à trouver en langue française. Il existe une très vieille version traduite est disponible chez Flammarion, et je crois que c'est à peu près tout.

Disponible ici en anglais et ici en français (mais il est très très cher, alors je serais toi j'irais plutôt le commander directement chez ton libraire.)


Smith's Dream, C.K. Stead, 1971


Un grand classique de la littérature néo-zélandaise, Smith's Dream est au programme de beaucoup de cours d'anglais des lycées kiwis. Son auteur, C.K. Stead, est un romancier, poète et critique littéraire qui va fêter ses 82 ans cette année, ce qui fait de lui un monsieur plus vieux que ma mamie, et donc très très vieux.

Smith's Dream a été adapté en film en 1977 (intitulé "Sleeping Dogs"), et le rôle de Smith est joué par un tout jeune Sam Neill (que tu connais mieux sous le nom de Docteur Alan Grant dans Jurassic Park). Et pour la petite histoire, ce film a marqué d'une pierre blanche le cinéma néo-zélandais pour deux raisons:

1. Il est le premier long-métrage de 35 mm entièrement produit en Nouvelle-Zélande (sérieusement? En 1977?)
2. Il est le premier film néo-zélandais a être distribué aux Etats-Unis (Sérieusement? En MILLE NEUF CENT SOIXANTE-DIX-SEPT?)

(C'est là qu'on se rend compte que le cinéma néo-zélandais avant Jane Campion, c'était ni plus ni moins que deux gus avec une caméra Super 8.)

Allez, trêves de bavardages, parlons du livre!

Smith's Dream est un tout petit roman racontant l’ascension d’un dictateur totalitaire en Nouvelle-Zélande.

Ce qui est intéressant, c’est que cette ascension est vue par les yeux du héros, Smith, qui, bah, en fait, ne voit rien du tout.

Au tout début de l’histoire, qui coïncide avec la montée en puissance de Volkner (le méchant totalitaire, je précise au cas où son nom n’était pas suffisamment lourdaud) Smith se fait larguer par sa femme et, sur un coup de tête, décide en bon Kiwi d’aller s’exiler sur une île dans la péninsule de Coromandel et de vivre seul dans la nature avec les poules d’eau.

Sauf qu’un beau jour, Smith se rend dans la petite ville la plus proche pour acheter du sel ou des clopes ou des Pringles ou je ne sais plus quoi qu’il ne peut pas se procurer tout seul sur son île, mais il trouve la ville bardée de miliciens et ses « amis » disparus. Puis Smith se fait lui-même arrêter et emprisonner, car la milice le croit lié au mouvement de guérilla qui sévit dans la région.

Suite à une série de mésaventures, Smith devient malgré lui l’ennemi public numéro 1, et s’enfuit dans le bush pour sauver sa peau, à la recherche de ce mouvement de résistance qui semble plus tenir du mythe que de la réalité.

J’ai trouvé ce livre très intéressant sur certains points, malgré ses gros sabots et ses grosses ficelles que je trouve assez pénibles (on dirait que C.K. Stead se reprend constamment dans son écriture en se disant « Nan, je dois forcer le trait, sinon le public ne va pas comprendre, ha ha quelle bande de blaireaux »).

Petit point noir : j’ai absolument ZÉRO empathie pour le héros et je ne sais pas vraiment si c’était voulu par l’auteur ou non, mais mon dieu Smith est un connard fini. Toute son histoire est basée sur son égoïsme (bouh bouh ma femme m’a quitté, moi qui suis pourtant un être parfait de lumière divine) et son ego démesuré (je vais joindre la résistance car je suis tellement génial, ils seront trop heureux de m’avoir). C’est très énervant à lire pour moi parce que je lis par immersion, donc si je ne ressens rien pour le héros, je me lasse vite (heureusement pour moi,ce livre est très court, donc j'ai pas vraiment eu le temps de détester Smith).

Pour ce qui est du thème, si l’idée d’un régime totalitaire en Nouvelle-Zélande (qui est l’incarnation terrestre la plus proche du nuage des Bisounours, rappelons-le) peut faire sourire, rappelons que dans les années 70, le totalitarisme était un régime encore présent dans beaucoup de nations, et faisait notamment rage en Amérique du Sud (le livre y fait d’ailleurs référence à de nombreuses reprises). Le spectre de cette menace était alors, du moins palpable, sinon plausible.

Mon passage préféré est d’ailleurs le récit des beaux-parents de Smith (chez qui il s’abrite dans sa fuite) et qui lui racontent l’ascension de Volkner, en expliquant qu’en réalité, personne n’avait jamais vraiment soutenu les idées de Volkner à 100% (et que du coup tout le monde était bien emmerdé maintenant qu’il était au pouvoir et qu’il faisait n’importe quoi), mais que le peuple était dégoûté des anciens partis et candidats qui traînaient tous des scandales et une mauvaise image, et que le vote pour Volkner avait été un simple moyen de contestation, accompagné d’un espoir tiède que son nouveau parti fasse un peu bouger les choses.

(Toute ressemblance avec la stratégie politique de l’extrême-droite en Europe n’est absolument pas fortuite.)

A ma connaissance, le livre n'a pas été traduit en français. Il est disponible ici en anglais (et sinon, il est aussi disponible chez la magnifique et géniale collection Penguin Books, que l'on trouve dans toutes les bonnes librairies anglophones).



Hokitika Town, Charlotte Randall, 2011


Un livre tout récent, mais qui nous plonge dans la Nouvelle-Zélande de l’époque victorienne. Et attention, pas la Nouvelle-Zélande classe et distinguée de l’Ile du Nord (LOL) (C’est une blague, c’est la Nouvelle-Zélande, personne n’est jamais classe et distingué dans ce pays même en 2014). Non, là, c’est Hokitika Town, pilier de la ruée vers l’or qui a frappé l’Ile du Sud dans les années 1860.

Pour la petite histoire, la Nouvelle-Zélande possède plusieurs petits gisements d’or, certains dans l’Ile du Nord près de la péninsule de Coromandel (où se déroule l’action de Smith’s Dream, si t'as bien suivi), et d’autres gisements plus massifs, le plus grand se situant dans la région de l’Otago sur l’Ile du Sud, qui est soit dit en passant la région la plus géniale de tout le pays, c’est super joli c’est les paysages du Seigneur des Anneaux et ils font du ski et ils ont du vin et des millions d'étoiles, que demande le peuple, franchement, gros gros love sur l’Otago.


(Un jour je finirai mes jours là-bas, ivre de vin et d’air pur) (et peut-être avec un chat si Professeur Flaxou est d’accord) (et si Professeur Flaxou est déjà mort, alors douze chats).

Bref bref Brejnev.

Revenons à nos moutons (ah est-ce que je t’ai dit qu’en Otago il y a aussi des moutons ?) (rajoute un pull en laine à mon fantasme de vieille dame aux chats, steuplaît) et parlons un peu de la ruée vers l’or.

Donc, en 1861, un prospecteur Australien découvre de l’or dans le lit d’une rivière en Otago, et la région attire très vite une foule de chercheurs d’or venus des mines d’Australie ou des gisements de Californie (qui commencent à saturer).

Le livre, donc, nous raconte l’histoire de Halfie, un enfant Maori-Pakeha qui vit dans la petite ville foisonnante de Hokitika, sur la côte Ouest de l’Ile du Sud. À travers ses yeux d’enfant, on découvre la vie quotidienne de la ville et de ses principaux habitants : mineurs, entrepreneurs, prostituées et autres alcooliques et psychopathes.

Ce qui est marrant, c’est qu’avec une description pareille, tu t’attendrais a un bouquin « bonjour tristesse et balle dans l’slip », alors qu’en fait, pas du tout ! Le livre étant entièrement raconté du point de vue d’un enfant, il est plein de naïveté touchante et d’optimisme débonnaire.

La version anglaise peut être difficile à comprendre, car Halfie s’exprime avec moult fautes d’orthographe, et les mots sont écrits comme ils se prononcent avec l’accent Kiwi, ce qui peut être compliqué pour les non-initiés.

(Pour info, Professeur Flaxou a lu les trois premières pages du bouquin, perdu dans un grand moment de tristesse et de désespoir (on était en vacances et y’avait pas le Wi-Fi) avant de jeter le livre sur le canapé et de commenter « c’est la prise de tête ton bouquin, j’ai rien compris, je vais jouer à Skyrim ».)

Un autre souci de compréhension peut aussi naître du fait que le narrateur utilise quelquefois des mots en Te Reo Maori, et que ces derniers ne sont pas traduits dans le texte (heureusement pour moi,  j’avais déjà appris plein de vocabulaire en lisant « The Bone People ».)

En conclusion, Hokitika Town est un livre avec un style très novateur mais accessible, intelligemment écrit, captivant, drôle, bref, il est bien bien chouette.

Et je ne dis pas ça uniquement parce que l’auteur s’appelle Charlotte comme moi (solidarité, sister) mais « Hokitika Town » reste mon coup de cœur dans la catégorie « auteurs Kiwis ».

Le livre n'est pas disponible en français, mais tu peux le trouver en anglais ici (encore une fois super cher, désolée).


Et c'est l'heure de la musique!


Goodshirt - "Sophie"


Contrairement à ce que ce clip pourrait laisser entendre, Goodshirt n'est pas un groupe des années 90, mais bien un groupe moderne. Ils sont totalement inconnus en dehors du pays, et même ici c'est pas Jimi Hendrix, mais CETTE CHANSON BON DIEU CETTE CHANSON ON L'ENTEND PARTOUT TOUT LE TEMPS C'EST QUOI LE DEAL LES GARS?

Sérieux, depuis que je suis en Nouvelle-Zélande, j'ai bien dû entendre cette chanson une centaine de fois à la radio (et sur différentes stations!) Alors je sais pas si c'est parce que le groupe a un beau-frère qui bosse à la radio, ou si c'est juste parce que les Kiwis ont entendu une chanson de Goodshirt et ont dit:

- C'est bon merci on prendra celle-là.
- On a d'autres chansons si vous voul...
- Non, juste celle-ci, c'est bien. 

C'est un mystère, quoi qu'il en soit, il semblerait que Goodshirt n'ait fait qu'une seule chanson (c'est un peu les Cookie Dingler de la Nouvelle-Zélande).


Darcy Clay - "Jesus I was evil"


Darcy Clay a connu un succès gigantesque en Nouvelle-Zélande en 1997 en sortant la chanson "Jesus I was Evil" (ci-dessus), entièrement enregistrée dans sa chambre sur un enregistreur à 4 pistes. Son style a été décrit comme du country punk rock, ce qui est plutôt intéressant.

Malheureusement, sa discographie se confine plus ou moins dans cet unique morceau, puisque Darcy Clay s'est suicidé à l'âge de 26 ans en mars 1998, ce qui est non seulement au tout début de sa carrière commerciale, mais en plus (ça ne s'invente pas) trois semaines avant son concert au Levi's Life Festival... un événement de prévention contre le suicide.

(Punk jusqu'au bout.)


Streets of Laredo - Hey Rose


Un petit groupe plus hipster tu meurs de Kiwis basés à Brooklyn (les traîtres), Streets of Laredo fait néanmoins pas mal dans la catégorie indie-folk-moustache-lunettes-mocassins-shorts en velours côtelé. 

C'est sympa et léger comme un verre de rosé pamplemousse à une soirée vernissage et théâtre contemporain de l'absurde, c'est trop in, c'est trop now, c'est trop décalé et ironique, mais malgré tout ça, c'est franchement pas mal.

Bonjah - Honey


Bonjah est un groupe d'alternative rock Kiwi basé à Melbourne (les traîtres bis).

Contrairement aux groupes ci-dessus, Bonjah est légèrement plus connu et, même si c'est pas encore AC/DC, ils font partie intégrante de la scène australienne et ont participé à quelques tournées à l'international.

(Ils ont même leur page Wikipédia, c'est dire si ce sont des gens respectables.)


Jesse Sheehan - I Need to Get My Fire Back


Jesse Sheehan a fort heureusement des meilleurs goûts en matière de musique qu'en matière de coiffure.

J'ai découvert sa musique grâce à une émission de radio locale et du coup je le mets sur mon blog pour lancer sa carrière à l'international, parce que je suis comme ça, j'ai le cœur sur la main.

Et un dernier pour la route:


U2, One Tree Hill


Alors je te vois venir.

"Quoi mais Charlotte t'as craqué!" te vois-je t'exclamer avec indignation. "Enfin U2 c'est le groupe le plus irlandais de l'univers, tout le monde sait ça! Qu'est-ce que tu fous à le mettre chez les Kiwis?".

Eh bien cher lecteur, d'abord calme ton slip, et puis la chanson "One Tree Hill" mérite sa place au panthéon des chansons kiwies de part son histoire.

One Tree Hill, avant d'être le nom en VO d'une série médiocre pour adolescentes en fleur ("les Frères Scott" en français) (et fais pas genre tu connais pas, j'ai vu les agendas des copines de seconde remplis de photos de Chad Michael Murray, je sais de quoi je parle), One Tree Hill donc, c'es surtout une colline d'Auckland, que voici:


L'arbre qui a donné son nom à la colline n'existe plus, car il a été abattu par les colons Anglais pour en faire du bois de chauffage en 1852. Pris de remords quelques années plus tard (l'arbre et la colline étaient sacrés chez les Maoris), ils plantèrent un pin au même endroit en 1870 pour se racheter. L'arbre est resté plusieurs décennies à cet endroit, avant d'être lui aussi abattu en 2000 par un activiste Maori.

(Du coup maintenant, One Tree Hill est simplement "la colline de l'énorme symbole phallique", ce qui en jette un peu moins tu l'avoueras, donc on a quand même gardé le vieux nom.)

One Tree Hill a la particularité d'être l'un des meilleurs endroits pour avoir une vue panoramique d'Auckland:


(Là, par exemple, on voit très bien cet autre énorme symbole phallique qu'est la Sky Tower.)

Et puis aussi c'est cool parce qu'il y a des moutons.


Okay, tout ça c'est bien beau, mais la colline, les moutons, les phallus, qu'est-ce que tout ça à en rapport avec U2?

Eh bien tout simplement, la chanson "One Tree Hill" est un hommage à Greg Carroll, un membre de l'équipe technique du groupe, originaire de Nouvelle-Zélande et tragiquement décédé dans un accident en 1986. La chanson a été écrite en l'honneur de Carroll, et fait référence à sa première rencontre avec U2, lorsqu'il a emmené le groupe (alors en tournée à Auckland) au sommet de One Tree Hill.

Mais toi petit Européen, quand tu penses "LA chanson de U2", tu penses à "Bloody Sunday" ou "With or Without You", pas vrai?

ERREUR! En Nouvelle-Zélande, tu penses "One Tree Hill", parce qu'on la passe PARTOUT, TOUT LE TEMPS. 

La chanson est moins connue dans le reste du monde, car U2 ne la joue en live que pour les occasions spéciales (la dernière fois en date, c'était en 2011, pour commémorer les 25 ans de la mort de Carroll), mais en Nouvelle-Zélande, c'est une véritable source de fierté nationale.

C'est la fin de cette sélection, et je terminerai juste cet article culturel avec une petite suggestion filmique pour un bijou tout neuf qui vient de sortir:

What We Do In The Shadows, 2014


Le petit dernier du réalisateur néo-zélandais Taika Waititi, en collaboration avec Jemaine Clement, l'une des moitiés du duo comique Flight of the Conchords.

(Oui, je sais, encore Flight of the Conchords, mais je te jure je le fais pas exprès, y'a genre douze artistes dans tout le pays, donc forcément c'est toujours les mêmes têtes partout.)

"What We Do In the Shadows" est un génial documenteur (ou "mockumentary" dans la langue de Shakespeare) (sauf qu'en fait non, du temps de Shakespeare on connaissait même pas les vrais documentaires, alors tu penses bien), bref un faux documentaire qui suit la vie quotidienne de quatre colocataires vampires vivant à Wellington.

Le film a été visionné pour la première fois au célèbre festival de Sundance aux Etats-Unis (mais n'était pas en compétition, parce que les Américains sont des gros nazes), ce qui n'a pas empêché la presse Kiwie de rayonner de joie et de fierté en pondant des tonnes d'articles expliquant que c'était trop la classe d'être visionné hors compétition à Sundance parce que potentiellement on pouvait avoir presque CINQUANTE MILLE spectateurs! Wouhou! C'est la fête!

(Dis ça à Peter Jackson et à ses un millard de dollars au box-office.)

(Et c'est un milliard UNIQUEMENT pour Le Retour du Roi!)

Bref bref.

"What We Do In the Shadows" est un bijou d'humour noir et loufoque. On y trouve des vampires jeunes et vieux, des loups-garous, des zombies, et des humains que tout le monde veut bouffer. C'est bidonnant du début à la fin, y'a du sang, des chauves-souris, et des accents Kiwis, c'est le bonheur total, franchement s'il sort pas dans ton pays je te plains parce que tu loupes le meilleur film du monde.

(Bon, peut-être pas le meilleur film du monde.)

(Le meilleur faux documentaire parodique du monde.)

(Ça c'est vrai.)

Je te laisse avec la bande-annonce pour te mettre l'eau à la bouche, et en espérant que le film ait bientôt une date de sortie française pour le plaisir de tes zygomatiques:


("Werewolves, not swearwolves". J'en rigole encore.)

Sur ce, je te dis bon dimanche et bon été, moi je vais aller bouquiner devant ma cheminée.

A tôt-bien dans le train!

2 commentaires:

  1. Merci Sigmund pour avoir mis des symboles phalliques partout dans nos têtes. Le monde se porte beaucoup mieux maintenant.

    Faudrait que je lise cette apologie des violences familiales, je pourrais en ressortir quelques citations dans nos débats de socionomes sur l'intégration du multiculturalisme dans nos méthodes de travail, genre "mais, les Maoris, ça les gêne pas eux, comptez-vous les juger et condamner leurs méthodes d'éducations ?" On va se marrer :-p

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  2. D'après ce que m'avait répondu la personne qui gère la page Facebook de WWDITS, il n'y a pas de date de sortie prévue en France. A mon grand désarroi!

    Toutefois , le film va être présenté dans un festival du cinéma en Allemagne ainsi qu'en Grande-Bretagne. Je ne désespère donc pas de le trouver un jour sur le net!

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