lundi 30 juin 2014

Brève automnale



Et donc c'est l'automne en Nouvelle-Zélande.

Techniquement c'est l'hiver, mais je me refuse à appeler une saison "hiver" si elle ne comporte ni neige, ni verglas, ni températures en-dessous de zéro.

De la même manière, je me refuse à appeler une saison "été" s'il fait trop froid pour sortir dehors en débardeur, sandales ou robe à bretelles.

Tu constateras donc que les saisons à Auckland sur l'échelle Tindomerelienne sont les suivantes:

- Automne : mars à septembre
- Hiver : y'en a pas
- Printemps : octobre à janvier
- Été : deux-trois semaines en février (si on a de la chance)

Mais, même si au niveau des températures c'est jamais bien folichon, dans la région d'Auckland, on a quand même du soleil la majorité de l'année.

Sauf durant la triade juin-juillet-août, renommée par mes soins "la Sainte Trinité de la déprime totale", parce que sans mentir, c'est trois mois de pluie non-stop.

Alors, que faire en Nouvelle-Zélande, pays roi des activités en extérieur, quand il fait trop moche pour sortir?

Eh ben, on s'occupe comme on peut.

Voici donc à quoi je passe mes longues journées pluvieuses :

Je me visse devant la cheminée avec un bouquin et je lis cinq pages par heure parce que toutes les trois secondes je pose le livre et je reste hypnotisée devant les flammes.




(Sérieusement, je me demande comment ils avaient le temps pour les peintures rupestres, les Cro-Magnon, parce que perso, à leur place, j'aurais rien fait d'autre que regarder le feu pendant ma vie entière.)

Je range ma garde-robe d’été avec des sanglots dans la gorge et je sors la panoplie d'hiver, qui consiste en:

- Mes chemises de boulot
- Cinq jupes noires
- Plein de gros collants épais
- Deux jeans
- Un pull noir et un pull gris (pour le boulot)
- Une avalanche de pulls douillets avec des poches et des capuches (pour la maison)
- Un jogging qui a été acheté il y a plus d'un an et n'a encore jamais vu une séance de jogging de sa vie (sauf si on compte courir sous la pluie après avoir rentré les poubelles).

Et la grosse artillerie d'hiver, à savoir:

Mon gilet Boba Fett, pour les jours où on sort et où on croise des gens (cette catégorie inclut faire les courses, aller à la Poste, ou une séance de cinéma).

Parce que non seulement c'est un gilet qui a la classe internationale (si) porté comme un vêtement lambda, MAIS en plus il a la capuche la plus cool de l’univers. Démonstration :



(Ici en combo avec le jogging sus-cité, parce que c’était dimanche et je comptais pas sortir. Ou me laver.)

Et pour les jours où ça déconne plus avec les températures polaires, je sors mon gilet à moumoute des grands froids:



Et je m’en fous de passer pour la dernière des Kawaii Neko de la Japan Expo (de toute façon je sors pas avec),
parce que mettre ce gilet, c’est l’équivalent de te faire tacler par un Bisounours qui t’immergerait violemment dans un océan de nuages, de bulles de savon, de barbe à papa et de chatons.

(Oui, c’est tellement doux que c’en est presque agressif.)


Ce gilet c’est l’incarnation du cocooning. C’est le fauteuil moelleux, c’est le chat qui ronronne sur tes genoux, c’est le feu de cheminée, c’est le thé de Noel et les petits gâteaux.


(Et merde, la capuche a des oreilles, c’est quand même beaucoup trop mignon, ça !)





Donc, certes, je suis pas au summum de la sexytude avec mes fripes d'hiver, mais je suis confortable, je suis au chaud, je suis free du slip.


Et des fois, je fais des combos involontaitres,
c.f. le fou rire de Professeur Flaxou du samedi matin, quand il m'a vu arborer une culotte Batman en même temps qu'un gilet Batman:




(Tu noteras la présence du jogging sus-cité - ah mais quand je te dis que je mets tous les jours, c'est pas une blague.)

(Pour info, le combo n'est pas si hasardeux, vu que j'ai un gilet Batman, un pull Batman, et pas moins de quatre culottes Batman différentes)


(Oui j'aime bien Batman, et alors, fais-moi un procès.) 


Donc, comme ma garde-robe d'hiver est triste à pleurer, je me rattrape avec les coiffures, puisque de un mes cheveux sont enfin assez longs pour les attacher (ci-mer les coiffeurs à cent boules la coupe) et de deux, je l'ai pas encore mentionné, mais l'automne néo-zélandais n'est rien s'il n'est pas VENTEUX.

(J'en suis à mon quatrième parapluie de la saison.)

Donc tous les jours je regarde des tutos coiffure avec le son coupé (parce que je veux bien être girly deux minutes, mais entendre des monologues type "Salut les giiiiiirls, j'espère que vous allez bien hihihihi! Alooooors, aujourd'hui je vais vous apprendre comment réaliser une tresse en épi! C'est la coiffure préféré de mon amoureux, hihihihihihi!", je dis NON) et tous les jours je pleure de frustration.

Qu'on se le dise, les tutos coiffure sont une grosse arnaque.

- Alors moi j'ai les cheveux plutôt longs mais ça marche aussi sur les cheveux mi-longs!



NON. SALE MENTEUSE DE MERDE AVEC TES CHEVEUX SUBLIMES QUI TOMBENT JUSQUE PAR TERRE. NON.

(Cette réaction marche aussi sur "C'est une coiffure toute simple, ça prend deux minutes".)

(NON. SALE MENTEUSE DE MERDE AVEC TES DOIGTS HABILES DE PRESTIDIGITATEUR. NON.)

(J'ai des doigts plutôt comme des Knacki Balls, tu vois le souci ou pas?)

Du coup, pour calmer ma frustration, j'essaye plus rien de ce qu'Internet me propose (fuck le système) et j'invente des coiffures toute seule en me basant sur ma charte maison :

1. Est-ce que ça tient?
2. Est-ce que ça prend moins de cinq minutes à réaliser?
3. Est-ce que ça cache le fait que je me suis lavé les cheveux hier et qu'ils commencent à être gras?

Je te présente donc mes créations inventives et contemporaines:


Figure 1, dite "la laitière"


Figure 2, dite "la RPG"


Figure 3, dite "tresses tresses tresses j'aime les tresses"


Figure 4, dite "putain chuis à la bourre fuck fuck"



(Je viens de réaliser que je passe littéralement mes longues journées d'hiver à me tresser les cheveux.)

(Vis ma vie en l'an de grâce 1206.)

Et le reste du temps, je guette le moindre brin de soleil pour faire le plein de vitamine D, et en profiter pour faire des câlins à Garfield (je sais pas son vrai nom alors je l'appelle Garfield parce qu'il est orange et qu'il a toujours faim), le chat des voisins qui vient squatter chez nous en permanence.



(Peut-être que c'est parce que dès que je le vois je lui fonds dessus pour le gaver de câlins, peut-être aussi que c'est parce que je lui donne à manger, l'histoire ne le dit pas.)



(Je m'en fous, il a le pelage le plus doux du monde et des fois il me laisse lui faire des gratouilles sur le ventre, NIRVANA.)



Le reste du temps, je regarde des séries en jouant à Pokémon Rouge (j'ai appelé mon rival "Bâtard" et je rigole comme une gamine quand je parle à la mère du perso et qu'elle me dit "Tu n'as pas vu mon petit Bâtard?") (sérieux c'est trop drôle).

Je m'emmitoufle dans des trucs doux et je regarde la pluie tomber.

Je vais sur Facebook et je maudis tous les gens qui vont en vacances ou font des barbecues (tout le monde, en gros).

Je m’arrête sur le bord des chemins pour respirer les roses tardives.



(Mais en fait elles sentent rien, elles sentent juste la pluie.)

Et tous les vendredis matins, en allant à l'arrêt de bus, j'essaye de prendre une photo artistique de Vénus qui brille de mille feux au-dessus du Mont Wellington, mais à chaque fois, ça merde. Voici mes essais des trois dernières semaines:

Tentative 1: (Vénus est le miniscule point brillant qu'on peut voir très vite fait)



Tentative 2: j'ai changé d'angle de vue, mais du coup on ne voit plus ni Vénus, ni le Mont Wellington (championne du monde) mais on voit les palmiers du Wendy's et franchement la vérité c'est pas un petit peu cool de vivre dans un pays où y'a des palmiers?



Tentative 3: il pleuvait donc j'ai pas de photo.

Et puis, surtout, j'occupe mes journées pluvieuses à lire des bouquins et regarder des films, donc je te dis à bientôt pour une sélection culturelle Kiwie pas piquée des hannetons.

D'ici là, profite de ton été et reste bien hydraté.



(C'était vraiment juste un excuse pour te montrer que tu peux pas test la coolitude de ma vaisselle.)

mercredi 25 juin 2014

Brève maritale


(Ma vie. Tous les jours.)

Professeur Flaxou et moi, on est mariés depuis presque deux ans, et ensemble depuis huit ans.

(J'ai dû recompter tellement je trouvais ça énorme comme chiffre.)

(Non, je ne peux pas être en couple depuis huit ans, dans ma tête je viens toujours de finir le lycée.) (Dans ma tête, on est toujours en 2008.) (D'ailleurs je vous laisse, demain matin j'ai un partiel de linguistique.)

Et je suis toujours très heureuse d'être mariée, même si, par moments, je me pose des questions: est-ce que mon époux a 29 ans, ou 9 ans?

J'en tiens pour preuve la fois où Flaxou est revenu des courses avec des sacs du boucher, sauf que dedans, au lieu de viande, il y avait trois kilos de bonbons.

- Mais ils étaient en promo! Un dollar le paquet de Haribo, j'allais pas laisser une occasion pareille!

(Non, mais pas de problème. Au menu ce soir, rôti de Dragibus.)

J'en tiens également pour preuve son engouement pour les tâches ménagères:

- Ben Flaxou! T'as pas passé l'aspirateur dans la chambre, comme je t'avais demandé?
- Ah non, j'ai pas eu le temps.

TIENS DONC.

- T'es rentré du boulot à 17 heures, maintenant il est 23 heures, et t'as pas eu le temps?
- Ben non. J'avais un raid.
- Pendant six heures?
- Baaaah non mais faut aussi que je mange, hein!

BIEN ENTENDU.

- Et ça prend six heures de cuisiner?
- Non, mais comme t'avais pas fait à manger, j'ai dû commander du thaï, et ça m'a pris quinze minutes rien que d'aller le chercher!



(Le fardeau de l'homme moderne.)

- Et sinon t'as pas un peu l'impression de te foutre de ma gueule?
- Non, ça va.

(Bon ben tout va bien alors.)

Et puis, le lendemain:

- Oh Fla t'abuses, tu m'avais dit que tu passerais l'aspirateur aujourd'hui!
- Mais si, je l'ai fait!
- Tu te fous de moi? Y'a de la poussière partout!
- Ah oui mais ça c'est pas de ma faute! 



(J'ai hâte de voir où ça mène.)

- C'est l'aspirateur, il était tout pourri! Il aspirait rien du tout.
- Il était sûrement plein, c'est tout.
- Non, j'ai vérifié le sac.
- Et t'as regardé le filtre, aussi?
- Le quoi?


- Mais faut nettoyer le filtre à poussière au moins une fois par semaine sinon l'aspirateur marche pas, tout le monde dans cette maison sait ça!
- Ah non ben j'étais pas au courant. Moi j'aspirais et je me disais "C'est bizarre; quand Charlotte le fait, c'est vachement plus propre".

SANS DÉCONNER.

(Mais bon, faut le comprendre, ça fait seulement un an et demi qu'on a emménagé. Là il est encore en phase d'orientation.)

Et je ne parle même pas de tous les matins où je retrouve son bol de céréales vide posé sur mon bureau parce que "j'ai pas eu le temps de le laver mais tu peux le faire pour moi, pas vrai?" et de sa manie exaspérante de jeter ses chaussettes, non pas DANS le panier à linge sale, mais JUSTE A COTE du panier à linge sale.

J'en parle pas parce que oui, c'est vrai que j'utilise sa serviette pour essuyer mes traces de mascara sans lui dire, et il ne comprend pas d'où viennent les traînées noires.

C'est vrai aussi que je pique tout le temps ses T-Shirts pour dormir et ses slips quand j'en ai plus des propres, et après il se retrouve toujours en rade de fringues avant moi.

Et même quand il est super à la bourre le lundi matin, il n'oublie jamais de me faire mon bisou avant de partir. Et quand je colle mon nez froid contre son dos quand je viens me coucher, il ne râle que modérément.

Et ce matin en me levant, j'ai trouvé des morceaux de papier alu de la veille quand on a mangé des pizzas (oui on mange dans notre chambre, ça va, on n'est pas trop asociaux) et au début j'ai râlé parce qu'il avait oublié de le jeter.

Mais ensuite j'ai vu qu'il l'avait plié en forme de cœur, alors ça va.



PS: J'assume parfaitement la culculsité de cet article. Je t'ai même pas tout dit.

(Par exemple, je t'ai pas dit que des fois, je pars de la maison en criant "Fais la vaisselle, trouduc!" mais ensuite je suis obligée de faire demi-tour pour venir lui dire "Je t'aime" parce qu'après je me dis, imagine je meurs sur le chemin du boulot et mon dernier mot à mon mari c'était "trouduc"?)

(Bon, maintenant je te l'ai dit.)

(Mais j'en ai d'autres en stock, je t'assure.)

vendredi 20 juin 2014

Tawhaki le brave - une légende Maorie




La légende de Maui est sans conteste la plus connue de Nouvelle-Zélande, mais beaucoup d'autres héros peuplent la mythologie Maorie. L'un de ces héros est Tawhaki le valeureux, et voici son histoire.

Tawhaki était le meilleur pêcheur et chasseur du village. Ses beaux-frères, jaloux de son succès, décidèrent alors de le buter.


ENCORE?




Je pensais que c'était juste Maui le demi-dieu avec son caractère de merde, mais là, pardon, vous avez clairement un problème d'ego, les mecs.

(Quand est-ce que les gens vont comprendre que la vie, c'est pas un concours de zigounette?)

(Un problème qui ne sera jamais réglé tant qu'il existera un marché pour les 4X4 avec des grosses jantes.)





(Après, vaut mieux ça que de tuer sa famille étendue sur une histoire de pêche à la langouste.)


Tawhaki, donc, laissé pour mort, est trouvé sur la plage par sa femme, alarmée de voir que ses frères rentraient seuls de la pêche. Grièvement blessé, il est sur le point de se faire avaler par la marée montante, quand sa femme implore les dieux de l'aider à sauver son mari. Les dieux compatissants lui prêtent donc leur force, et la femme de Tawhaki porte son mari sur son dos jusqu'au village, où il sera soigné.

(Bon ensuite y'a toute une longue histoire sur la vie et les exploits de Tawhaki, mais je voulais juste dire que je trouve ça cool que ce soit sa femme qui lui sauve la vie.)

Tawhaki, inconscient, est soigné par sa femme, et lorsqu'il ouvre les yeux le lendemain matin, il lui sourit faiblement et dit:

- Tes frères sont aussi mauvais au combat qu'à la pêche. Ils croyaient m'avoir tué!

Et "merci", ça t'arracherait la gueule, connard?

Et puis le coup de "han tes frères trop des boloss, même pas ils arrivent à me tuer", euh pardon mec mais si j'étais toi je ramènerais pas ma mouille, parce que si ta femme était pas venue te ramener par le fond du sloup, tu serais en train de te faire bouffer par les poissons, donc respect.

Bref bref, Tawhaki se rendort sans dire ni merci ni bonsoir, et se réveille brusquement le lendemain en demandant à sa femme:

- Y a-t-il un grand arbre près du whare? 


(Le whare, c'est la maison.)

Sa femme lui dit que oui, et il lui ordonne donc de couper l'arbre, de le ramener dans la maison et de placer l'arbre entier dans le feu, sans le débiter.



Alors là pardon, mais j'ai grandi dans la montagne avec le chauffage au bois donc je sais un petit peu de quoi je parle, et laisse-moi te dire que si tu fous un arbre entier encore vert dans un feu ouvert à l'intérieur d'une maison, vous allez tous mourir asphyxiés par la fumée en 2-2, donc bravo champion, ça valait bien le coup que ta femme te sauve le cul si c'est pour crever d'un bête accident domestique.


Mais on est dans une légende (et peut-être que l'arbre était mort et sec, on va dire ça) et donc le bois prend feu, et Tawhaki prophétise:

- Tout comme le feu mange le bois, ainsi mes enfants mangeront les enfants de tes frères.





(Oooooookay.)


(Super idée, laissons les règlements de compte à nos enfants qui n'ont rien à voir dans l'histoire, comme ça on n'a pas besoin de faire la bagarre nous-mêmes.)

(Allez va faire la guerre en mon honneur mon fils. Moi je vais rester ici avec ta mère et on va boire des Mojitos sur la plage, tranquille Emile.)

Mais Tawhaki n'en a visiblement pas fini avec les idées de merde, puisqu'il annonce ensuite:

- Quand notre fils viendra au monde, il sera nommé Wahieroa, "longue-bûche-de-bois-pour-le-feu", pour qu'il se rappelle de la volonté de son père.




QUOI?

Alors déjà je trouve ça super méchant d'appeler son enfant "longue-bûche-de-bois-pour-le-feu" (pourquoi pas "bouilloire-pour-le-thé" ou "couteau-à-sushi", tant qu'on y est?), et puis en plus, si tu veux appeler ton fils d'un nom qui lui rappelle la volonté de son père, y'avait pas moins cryptique que "bûche-de-bois-pour-le-feu"? 

Chais pas moi, appelle-le "vengeance" ou "tue-tes-cousins" ou un truc du genre!


Bref, donc Tawhaki rassemble ses proches et ils décident de s'en aller construire leur propre pa (village fortifié) plus haut sur la montagne (ce qui ne m'étonne pas tellement, moi non plus je serais pas trop chaude à l'idée de rester vivre avec les gens qui ont tenté de me tuer parce que je pêchais plus de poissons qu'eux).

Les mois passent, le fils de Tawhaki naît et est appelé Wahieroa comme prévu. Tawhaki, regardant son fils, décide qu'il ne lui laissera pas prendre sa revanche à sa place (ah, quand même!) et déclare qu'il est temps de contre-attaquer.

Tawhaki se rend sur le plus haut sommet de la plus haute montagne, et invoque les dieux, ses ancêtres, de provoquer un déluge.

Donc en fait Tawhaki c'est un genre de Noé, ou comment ça se passe?


Sérieusement, est-ce que n'importe quel Maori peut invoquer les dieux comme ça, entre la poire et le fromage? Nan parce que jusqu'ici, on ne nous a rien dit sur les pouvoirs de Tawhaki (hormis qu'il était bon pêcheur, mais bon, s'il faut être demi-dieu pour ça, alors je vais commencer à me poser des questions sur mon tonton).

Quoi qu'il en soit, les dieux écoutent la prière de Tawhaki, la mer s'enfle, le ciel s'ouvre dans un déluge d'eau, et en une nuit seulement, l'inondation emporte le village des ennemis de Tawhaki.

Quelque temps plus tard, Tawhaki pense à ses parents qui ont été kidnappés des années auparavant par les Ponaturi, et décide d'aller les sauver.

(Ça va, t'as mis le temps, gros.)

Les Ponaturi sont des esprits de l'eau qui ressemblent à des humains, mais qui ont des cheveux d'algue, des longues griffes, et la peau verte ou bleue. Ils passent la majorité de leur temps sous l'eau, mais font surface la nuit et dorment sur terre. Cependant, comme ils craignent le soleil, ils doivent absolument retourner à l'eau avant le lever du jour. 

(C'est un peu comme des vampires, sauf qu'au lieu de manger les humains, ils les réduisent en esclavage.) 

(Ce qui est un petit peu mieux, mais pas beaucoup.)

Tawhaki se met en route avec son jeune frère Kahiri, et ils voyagent par monts et par vaux à la recherche de la maison des Ponaturi. Un beau jour, ils arrivent sur une plage où se dresse un whare solitaire et immense, dont le toit dépasse la cime des arbres. Ils savent alors qu'ils ont trouvé la demeure des Ponaturi, car ces derniers sont des milliers, et seule cette maison est assez grande pour les contenir tous.

Tawhaki et Kahiri s'avancent vers la maison sans crainte, car c'est le milieu de la journée, et ils savent que les Ponaturi sont absents. En approchant, Tawhaki chante une vieille chanson de leur tribu, et il entend en réponse un bruit d'os qui s'entrechoquent. Il dit alors à son frère:

- Tu entends? Ce sont les os de notre père. Ils chantent de joie, car ils savent que la vengeance est proche. 




(Oooookay.)

(Donc on va juste faire semblant que c'est normal de reconnaître ses ancêtres au bruit que font leur os?)

(D'accord.)

Les frères approchent de la maison, et rencontrent une vieille femme accroupie à l'entrée. Et comme ils ont du bol et qu'on est dans un conte, C'EST LEUR MÈRE! 

(Qu'est-ce que la vie est bien faite, des fois.)

La vieille femme accueille ses fils avec des pleurs et des cris de joie, mais les enjoint à s'enfuir, car les Ponaturi sont trop nombreux et trop forts pour deux guerriers. Mais Tawhaki a un plan. 

Tawhaki, son frère et sa mère rassemblent de la terre et de la mousse, et bloquent tous les interstices dans les murs et le toit de la grande maison. Le soir venu, les deux frères se cachent dans le chaume du toit et attendent la venue des créatures.

La nuit tombée, les Ponaturi sortent de l'eau et vont tous se coucher dans la maison, tandis que la vieille femme veille sur le seuil de la maison. Seulement, le whanau est si bien plongé dans le noir que les Ponaturi ne voient pas venir le lever du soleil, et continuent à dormir bien après l'aube. 

Une fois le soleil haut dans le ciel, les Ponaturi se réveillent paniqués, sentant qu'ils ont trop dormi. Ils crient à la vieille femme:

- Tatau, Tatau! Fait-il jour?

A ces mots, la vielle femme arrache la porte, tandis que ses fils détruisent le toit du whanau. Les Ponaturi, frappés par le soleil, sont instantanément vaporisés. Puis les frères victorieux mettent le feu à la maison, emballent les os de leur père, et ramènent leur mère dans leur foyer.

(Par contre, était-ce bien nécessaire de cramer la maison?)

(Chais pas moi, vous vivez dans une civilisation pas super développée au niveau des infrastructures, ça vous rendrait pas hyper service de garder un édifice de ce genre?)

(Enfin moi je dis ça, je dis rien.)

Bref.

Les années passent, la mère et la femme de Tawhaki meurent, et son fils prend une épouse et s'en va fonder son propre village. Tawhaki est un guerrier fort et vigoureux dans la fleur de l'âge, mais il se sent seul.

Heureusement pour lui, une fille des dieux a entendu parler de ses prouesses, et, le regardant de sa demeure céleste, se dit que hmmmm pas mal cette petite tranche de mortel.

Donc elle descend du ciel pour le draguer, après la suite j'te fais pas un dessin, toujours est-il qu'il la prend pour femme et ils ont une fille qui est mi-humaine mi-déesse.

Seulement, un beau jour, Tawhaki gâche tout en faisant une remarque déplaisante à sa fille (le livre ne va pas dans le détail, mais bon, vu que c'est son père, j'imagine un classique du genre "Tu  vas pas sortir comme ça, t'as l'air d'une pute" ou le culte "Plutôt crever que de te laisser sortir avec ce petit connard de Kévin Michel").

La femme de Tawhaki, Hapai, est blessée par la remarque, prend sa fille dans ses bras, et s'élève vers le ciel.

(La version légendaire de "T'es qu'un con et je retourne chez ma mère".)

Tawhaki, réalisant les conséquences de ses mots, grimpe sur le toit du whare après sa femme et s'excuse, mais cette dernière continue de s'élever dans les cieux et lui annonce qu'elle ne reviendra jamais.

(Ben dis donc, une petite remarque et elle se barre pour toujours? Je voudrais pas connaître le taux de divorce de l'époque.)

Tawhaki, accablé de chagrin, crie alors à sa femme de lui donner un dernier message en souvenir. Sa femme reste silencieuse un moment, puis lui dit:

- Tu viendras nous chercher, Tawhaki, je le sais. Mon message pour toi est le suivant : prends garde à la liane qui oscille au vent. Choisis la plante profondément enracinée dans la terre. Adieu.





(Ah ouais, OK, et sinon tu peux pas faire plus mystérieux, pour voir?)


Tawhaki et son frère Karihi se mettent donc en route pour chercher les filins presque invisibles qui montent jusqu'au ciel (et qui étaient des toiles d'araignée dans une autre version, mais ici sont des lianes). Une fois arrivés à destination, ils rencontrent la gardienne des plantes, Matakerepo, qui est leur grand-mère (le monde est petit).

Tawhaki s'approche, mais Matakerepo, qui est aveugle, sent venir un intrus par les vibrations du sol, attrape son arme, et se met à donner des puissants coups de lance tout autour d'elle. Tawhaki tombe alors au sol et rampe silencieusement jusqu'à être au niveau de la vieille femme, puis la frappe sur les yeux, et Matakerepo retrouve immédiatement la vue.

Alors là, OK, ça finit vachement bien, mais est-ce que Tawhaki savait en avance qu'il fallait frapper sa grand-mère sur les yeux pour qu'elle retrouve la vue? 

Non parce que sinon, bonjour Jean-Michel Connard.: "Salut mamie, je pourrais juste dire "c'est moi ton petit-fils", mais à la place je vais te mettre des tartes dans la mouille", bravo le respect.

Bref, Matakerepo est contente d'avoir retrouvé la vue et accueille ses petits-fils avec joie. Tawhaki lui explique son plan pour retrouver sa femme et sa fille, et Matakerepo lui dit:

- Prends la route céleste, mon petit-fils, mais prends garde aux lianes qui oscillent dans la brise.

(Ça va, on l'aura compris.)

Mais Kahiri avait commencé l'ascension sans écouter sa grand-mère, et avait attrapé un mauvais bout de liane: il se retrouve donc balancé d'un côté et de l'autre de la voûte céleste, de plus en plus haut et de plus en plus vite, jusqu'à ce que Tawhaki lui crie de lâcher prise et qu'il vienne s'écraser au sol aux côtés de son frère.

Tawhaki réalise alors que l'ascension est dangereuse, et ordonne à son frère de rejoindre son peuple et de protéger le pa en son absence. Puis il commence à grimper seul jusqu'aux cieux. Il fatigue, il a froid, et manque plusieurs fois de tomber, mais la voix lointaine de sa grand-mère l'encourage, et il se retrouve bien vite perdu au milieu des nuages.

Et puis, alors qu'il désespère de trouver le monde céleste, Tawhaki se retrouve soudain au milieu des fougères et des arbustes du bush, et pose enfin pied sur la terre d'en haut. Il entend soudain le bruit de haches sur du bois et décide de se rendre dans cette direction, mais se change d'abord en vieillard pour éviter d'être reconnu.

PARDON?

T'es en train de me dire que Tawhaki peut non seulement commander des déluges par la Poste des Dieux, mais peut aussi changer son apparence à volonté? 

Mais enfin chais pas moi, ce genre de choses, faut pas me les sortir comme si c'était le truc le plus normal du monde! Tawhaki c'est quoi, au juste? Un sorcier? Un demi-dieu? On est quand même d'accord que c'est pas un humain normal!

(Ou alors tous les Maoris sont des X-Men, je ne vois pas d'autre explication.)

Tawhaki, sous son déguisement, arrive alors dans une clairière où travaillent plusieurs hommes, qui sont en train de fabriquer une pirogue en évidant un tronc d'arbre à la hache. Voyant le vieil homme approcher, l'un d'eux s'écrie:

- Mes frères! Nous avons suffisamment travaillé aujourd'hui! Rentrons au village! Ce vieillard transportera nos outils.


OK, SYMPA, SUPER, JE VOIS QU'ON A UNE BONNE AMBIANCE AU PARADIS.


Les hommes se préparent donc à rentrer, et l'un d'eux dit à Tawhaki:

- Esclave! Ramasse les haches et suis-nous aussi rapidement que tu le peux.

DE MIEUX EN MIEUX.



(C'est le paradis ou bien c'est l'île des connards? Nan parce que là je me pose sérieusement la question.)

Tawhaki, sans un mot, ramasse les outils et suit les hommes en boitant, jusqu'à ce que ces derniers disparaissent dans la forêt. Il fait alors demi-tour lestement, retourne dans la clairière, et se met au travail avec une telle agilité que la pirogue est bientôt terminée.

Puis Tawhaki revêt à nouveau son apparence de vieillard et se hâte jusqu'au village. Une fois arrivé, il croise deux femmes portant du bois, qui, le voyant, s'exclament:

- Voilà ce nouvel esclave dont nous ont parlé les hommes! Pourquoi nous éreinter à porter ce bois quand il y a un esclave pour le faire à notre place? Vieillard, viens par ici!

Et les deux femmes placent leur fardeau sur le dos de Tawhaki, qui entre dans le village courbé sous la charge et déshonoré. En voyant cet homme pitoyable, les habitants du village se moquent de lui tandis qu'il traverse le marae.

(Okay, donc c'est l'île des connards, plus de doute.)

(Ah, et puis: y'a un inconnu qui débarque au milieu de votre monde céleste, et les gars, sans lui dire ni bonjour ni bonsoir, hop, ils le cataloguent "esclave", comme ça, sans se poser de questions?)

(Quelle bande de trous du cul.)

Tawhaki aperçoit sa femme et sa fille assises près du feu, et vient s'asseoir à leurs côtés, malgré les imprécations des villageois (puisque les esclaves n'ont pas le droit de s'approcher des aristocrates, au risque de se rendre tapu). Ignorant les autres, il regarde longuement sa famille à travers les flammes, mais ne dévoile pas sa véritable identité. 

(Super plan, gros.)

Le lendemain, Tawhaki est réveillé par les frères de sa femme, qui lui font transporter les outils jusqu'à la clairière. Tawhaki les suit, un sourire aux lèvres, et constate leur surprise lorsqu'ils trouvent la pirogue terminée. Les frères font demi-tour et regagnent le village, mais Tawhaki reste dans la clairière et apporte les touches finales à son oeuvre. 

Pendant ce temps, les hommes, agacés par l'absence de leur nouvel esclave, reviennent à la clairière, mais se cachent parmi les buissons pour observer ce qui se passent. Ils voient alors Tawhaki sous sa vraie forme, devinent qu'il doit être le mari de leur soeur, et se hâtent au village pour lui annoncer la nouvelle.

Quand Tawhaki revient au village sous sa forme de vieillard, Hapai l'attend à l'entrée et le regarde intensément:

- Qui es-tu? Lui dit-elle.

(Ah ben ouais, ce serait peut-être le moment de commencer à poser des questions.)

Tawhaki ne répond pas et continue à marcher.

- Dis-moi: es-tu Tawhaki? Demande encore Hapai.

Tawhaki ne répond toujours pas et continue à marcher, jusqu'à ce qu'il trouve sa fille. Il se dirige alors vers elle et la soulève dans ses bras, et, ce faisant, rajeunit jusqu'à retrouver sa véritable apparence. Tout le monde est heureux et acclame le héros.

Heu, pardon? Cette fin n'a aucun sens!

La femme de Tawhaki lui pardonne parce qu'il est monté jusqu'au ciel pour la retrouver, on est d'accord? Alors pourquoi s'emmerder avec toute cette histoire de pirogue et de vieillard? Est-ce qu'il n'aurait pas pu tout simplement marcher cash vers le village et dire "Hapai, c'est moi ton mari, je suis monté à pied jusqu'au ciel pour venir te retrouver, steuplaît arrête de faire la gueule"?

(Si tu veux mon avis, c'est beaucoup d'intrigue secondaire pour rien.)

(On se croirait dans le deuxième volet du Hobbit.)

Et donc la légende finit comme ça: le fier guerrier retrouve sa famille et demeure dans les cieux où il règne en maître. 

Et, quand le tonnerre gronde, les hommes sur terre disent "C'est Tawhaki qui marche dans le ciel".

(Tawhiki, tu t'entendrais à merveille avec ma voisine du dessus.)

FIN.

vendredi 6 juin 2014

L'Instant Kiwi: La famille royale


On le sait, la Nouvelle-Zélande est une ancienne colonie Britannique et un membre actuel du Commonwealth.

Mais au fait Jamy, c’est quoi le Commonwealth ?


(Cette émission est la meilleure du monde, 15 ans après je la regarde encore tellement je kiffe les maquettes de Jamy.)

(J'ai poutré du slip mes partiels de droit international en Master entièrement grâce à l'épisode "la Justice Pénale Internationale". Merci pour rien, mes profs de fac.)

Le Commonwealth of Nations est une coopération intergouvernementale regroupant le Royaume-Uni et la majorité de ses anciennes colonies (53 Etats souverains au total). C’est une alliance d’Etats qui a ceci de particulier que leur union est à la fois très forte (la couronne britannique reste dans beaucoup de cas le chef d’Etat officiel) mais aussi très relax (si l’un des pays du Commonwealth entre en guerre, par exemple, les autres membres ne sont pas tenus de le soutenir).

Concrètement, ça veut dire que la Nouvelle-Zélande reste attachée au Royaume-Uni par des liens non pas seulement culturels et historiques, mais aussi par des attaches politiques et économiques bien réelles.

Par exemple, la Nouvelle-Zélande n’est pas une République mais une monarchie constitutionnelle, à la tête de laquelle on trouve notre bonne reine Elizabeth II. Evidemment, le titre est vraiment là juste pour l’image, parce que bon, déjà qu’en Angleterre elle fait rien d’autre que couper des rubans, t’imagines bien la rigolade que ce serait de gouverner un pays entier à dix-huit mille kilomètres de distance.

On notera quand même que les Kiwis ne sont pas les derniers pour le décorum, puisqu’ils ont non pas un, mais DEUX chefs d’Etat inutiles : la reine d’Angleterre donc, mais également le Gouverneur Général de Nouvelle-Zélande, un pantin nommé par le souverain Britannique pour occuper ses fonctions à sa place (rapport au fait que c’est galère de gouverner quand on est à dix-huit mille kilomètres) et qu’on a gardé après la décolonisation pour faire joli.

(Tout le monde en a tellement rien à foutre de sa gueule que j’ai dû aller chercher son nom sur Wikipédia, c’est dire.)

Quand on a une cérémonie officielle en Nouvelle-Zélande, c’est donc monsieur le Lieutenant General Sir Jerry Mateparae qui vient couper le ruban et serrer la main du Premier Ministre (l’alien reptilien, pour ceux qui suivent) pour la photo souvenir.

(À noter quand même le détail génial que, des fois, pour les cérémonies vachement importantes, on place un tableau de la Reine sur les lieux pour qu’elle veille sur les colons de sa présence bienveillante.)


(Ah oui nan mais ils font pas les choses à moitié, je t’avais prévenu.)

Avec le Commonwealth viennent tout un tas d’avantages commerciaux (libre circulation des biens) et sociaux (les Britanniques peuvent voyager sans Visa vers la Nouvelle-Zélande et vice versa, et la procédure d’immigration est grandement facilitée dans les deux sens).

Mais surtout, la Nouvelle-Zélande est un pays qui KIFFE SA RACE LA MONARCHIE.

Et franchement, après un an passé en Angleterre (le pays où tous les journaux, du Times au Sun, mentionnent la famille royale au moins une fois par jour), ça ne devrait plus vraiment m’étonner.

Mais bon, ayant été élevée dans un pays où nos relations avec les monarques sont plutôt du domaine « tête sur un pieu », ça surprend toujours de vivre dans un État moderne qui reconnaît publiquement que sa monarchie ne sert plus à rien, mais l’adule tout de même.

Et quand je dis « aduler », crois-moi que c’est pas une hyperbole.

Déjà, comme en Angleterre, tous les journaux et magazines sont farcis d’articles intéressants au plus haut point, dans le genre « La cérémonie d’ouverture d’un théâtre quelque part à Londres ou sa Majesté a coupé un ruban » (une page + photo couleur), « La partie de chasse annuelle du prince Charles » (véridique), ou encore « La première dent de Baby George » (tristement véridique).

Et puis alors, quand les Royals sont venus faire une visite en Nouvelle-Zélande, c’était LA FOLIE FURIEUSE.

Déjà, avalanche d’articles extrêmement intéressants dans les journaux, du style :

Un article sur la nounou de Baby George:


(Je pleure pour le journaliste qui s'est retrouve assigné à écrire un torchon pareil.)

A peu près un million d'articles sur les habits de Kate:


(Pour le kiff, un lien sur un article avec pas moins de QUARANTE ET UNE PHOTOS des habits de Kate.)

Et puis une foultitude d'articles sur les roturiers trop heureux d'être bénis de la présence grandiose et radieuse du couple royal:


(Oh oui, la chance d'une main royale touchant ma peau de manant!)


(Le rêve le plus fou du Lumpenproletariat de génération en génération.)

(Seul sous son saule pleureur, Karl Marx pleure.)


(C’est moi ou ce bébé a une sacrée tête de connard ?)

(Avec des parents aussi beaux, c’est quand même malheureux.)

Et donc, c’était l'avalanche d’adoration et d’hystérie collective de la part de tous les Kiwis situés dans un rayon de deux kilomètres de chaque visite officielle.

Par exemple, de mon bureau, j’étais très bien placée pour voir tous les Néo-Zélandais de ma boîte se gluer aux fenêtres en trépignant d’impatience pour voir « la course de bateaux ».

Comment, tu sais pas de quoi je parle ? Attends, tiens, j’ai 4 articles de presse différents qui ont couvert l’événement :

Un article avec TRENTE HUIT PHOTOS du couple royal en k-way Emirates:


Deux articles tellement paresseux qu'ils recyclent la même photo à un jour d'intervalle:



Et une vidéo immortalisant le moment.

(Et c'est rien que pour le New Zealand Herald!)

(New Zealand Herald qui est, rappelons-le, un peu "Le Monde" néo-zélandais. Si un journal réputé sérieux passe en mode fan 2 à ce point, je pense que tu peux imaginer un peu la gueule des magazines de greluche et autres puits à potins.)

En gros Kate et William sont allés faire une visite dans les quartiers riches d’Auckland et ont piqué des voiliers qui traînaient dans le port pour faire la course, tels des vulgaires racailles du Neuhof devant une 250 CC.

En exclusivité mondiale (non), les magnifiques photos de la course telle qu’on l’apercevait du bureau :



(Si on regarde bien, on peut presque distinguer les silhouettes des flûtes de champagne et des colliers de perles.)

Et donc il faut t'imaginer avoir ces images sous les yeux (deux bateaux flous dans le lointain, donc) et TOUS les Kiwis de la boîte en train de faire:

- Haaaan mais c'est trop géniaaaal!On a tellement de chance d'assister à un événement pareil!

(Sans ironie ni exagération.)

Résumons: les journaux étaient au taquet, les Kiwis étaient au taquet, les ventes de souvenirs à thème "famille royale" (ça existe) ont pété l’échelle, et tout le monde s'est retrouvé plongé bon gré mal gré dans cette énorme tambouille d’hystérie collective.

J'ai donc bien malgré moi eu vent d'affaires incontournables, comme cette rumeur de grossesse qui a failli faire péter une veine du front à tout le pays:



(Des rumeurs qui viennent d'un commentaire du prince William disant à une femme qui offre un cadeau à Baby George: "Vous aurez peut-être besoin d'en refaire un bientôt, haha!")



(Les reporters Kiwis sont des vrais inspecteurs Derrick.)


Avant que la rumeur ne soit démentie deux jours plus tard:


(Ah ben dis donc heureusement qu'on a l'AFP pour nous fournir des photos pour les reportages de fond de ce type.)

(Cocorico.)

Donc Kate a bu du vin, y'a pas de second bébé.

(Par chez moi ça ne veut rien dire, mais après c'est peut-être pas le meilleur exemple.)

Et puis Kate, William et Baby George, après avoir été gavés de vin et d'agneau, sont repartis faire briller leur lumière princière sur d'autres pays chanceux.

OK, calmez-vous les gars, c'est fini. Ils sont partis.

On respire. On desserre ses petits poings. On arrête de hurler en ultrasons.

(Nan mais sérieusement, tu peux pas test le degré d'excitation qu'il y a eu dans le pays pendant une semaine.)

(Heureusement qu'ils sont partis, trois jours de plus et c’était l'apoplexie massive.)

C'est donc couverts de cadeaux en laine de mérino que les Royals sont partis pour l'Australie, histoire de se faire couvrir de cadeaux en peau de croco, pour changer.

(Oui d'accord, mais imaginez-vous un peu tous les barbecues qu'ils ont dû se farcir pendant un mois!)

(C'est pas la rigolade tous les jours, la vie de prince.)

Et maintenant, on peut enfin respirer à nouveau.

(Enfin pas trop longtemps, c'est bientôt la Coupe du Monde.)

(Priez pour mon salut.)

mercredi 4 juin 2014

Brève mécanique

Comme tu le sais peut-être déjà si tu retiens bien ce que je te raconte, en Nouvelle-Zélande, avoir une voiture, c’est une nécessité. Même si on aime l’environnement (comme moi) ou qu’on est une bille en conduite (comme moi), il faut se résigner, parce que les transports publics ou les pieds, dans ce pays, c’est pas une option.

Donc Professeur Flaxou et moi, on se partage notre vieille Bessie (une Ford Mondeo de 1998) depuis maintenant un an et demi.

Et cette voiture, déjà qu’elle était pas top top au départ tu t’en doutes, on l’a faite sacrément morfler au fil du temps.

On a roulé avec sur des chemins de gravier, dans le sable, dans l’eau, dans les cailloux.

On a malmené ses freins et son accélérateur les premiers mois, quand on se mettait constamment en danger de mort sur la route parce qu’on confondait le clignotant et les essuie-glaces.

Et, surtout, on l’a cognée dans tous les sens. 

D’une parce que notre place de parking nous force à faire des manœuvres de ouf tous les petits matins de tête dans le pâté, et de deux parce que cette voiture est un véritable paquebot et que j’ai jamais rien conduit d’autre qu’une Twingo, une Clio et une C3, alors tu t’imagines un peu.



(Illustration de mes tentatives de créneau avec la Ford.)

Donc le crochet de caravane nous a sauvé le cul pas mal de fois, mais ça n’empêche pas notre vieille Bessie d’arborer fièrement une cicatrice de guerre sur l’avant droit (souvenir de la fois ou je me suis garée au boulot méga à la bourre et où j’ai défoncé le poteau du parking en arrivant), et à avoir tout le pare-chocs arrière qui tient juste avec quatre rilsans (tu peux pas test le level de prolo de ma caisse) grâce à Professeur Flaxou qui est sorti de chez nous un beau jour en oubliant qu’il y avait une barrière derrière l’allée de la maison. 

(Enfin c’est ce qu’il dit ; moi je pense qu’il essayait d’écraser le chat qui vient roupiller sur le porche tous les deux jours parce que c’est là qu’on étend le linge frais, et après il met des poils partout mais il est super mignon et il me laisse lui gratouiller le ventre alors je m’en fous pas mal.)

Seulement, dans ce pays, ils ont beau être cools, on te laisse pas rouler avec un engin de mort non plus. Et donc, tous les six mois, il faut passer le WOF.

Le WOF (Warrant of Fitness) c’est un certificat obligatoire qui indique que ta voiture est bien en état de marche, et ne risque pas d’exploser spontanément dans les dix minutes qui suivent l’entrée sur l’autoroute.

Par contre, comme on est quand même au pays des gens cools, c’est loin d’être aussi poussé qu’un contrôle technique en France. En gros, les techniciens du WOF se contentent de vérifier la checklist suivante :

- Est-ce que toutes les lumières fonctionnent ?
- Est-ce que tous les rétroviseurs sont là ?
- La voiture est-elle munie d’un pot d’échappement ?  
- Est-ce que les 4 pneus sont bien présents ?
- Pas de fumée noire ou de flammes sortant du capot ?

OK, super, à dans six mois !


Donc, même avec notre voiture de gitans, on était plutôt confiants au moment d’aller passer le WOF samedi.

Sauf que samedi matin, alors que je tentais de récupérer de ma semaine de boulot de 6 jours (pas de pont pour nous, bande de glandeurs) j’ai été réveillée par un Professeur Flaxou hagard et couvert de graisse, qui me dit :

- J’ai besoin de ton aide, je deviens fou !

Et de m’expliquer que l’ampoule du feu de croisement gauche est claquée, et il faut donc la remplacer. Seulement, pour savoir quelle ampoule acheter, Professeur Flaxou devait sortir la vieille ampoule de la voiture. Mais le mécanisme qui permettait d’y accéder était grippé, parce qu’on a une voiture de 1998 et qu’apparemment y’avait pas eu besoin de changer les lumières depuis la finale France-Brésil.

Donc on a essayé de forcer à deux, mais ça marchait pas. 

Et puis, pour avoir plus de marge de manœuvre, Professeur Flaxou a décidé de démonter la batterie. Puis le pare-chocs. Puis il s'est dit qu'il allait démonter carrément le phare et l’emmener dans la cuisine. Puis il s'est mis à trifouiller dans le système avec un couteau pointu pendant une-demi-heure en fumant des oreilles.


Pendant tout ce temps, moi je le regardais faire en mode:



Parce que je sais bien que Professeur Flaxou, autant en biologie, il est calé, autant en mécanique, c'est pas tout à fait le même niveau.

- Heu mais sinon tu penses pas qu'il faudrait peut-être l'emmener au garage...
- NAN !
- Pourquoi?
- LES GARAGISTES C’EST DES VOLEURS ET DES ESCROCS ET JE PEUX ENCORE REPARER MA VOITURE TOUT SEUL, MERCI BIEN.
- Vraiment? Parce que c'est pas pour faire ma connasse mais on dirait pas, là.



- Okay okay, je me casse.

S’en est suivie une autre demi-heure a écouter les imprécations de Flaxou, seul sur son phare, en train de jurer sur tous les dieux de l’Olympe et d’Yggdrasil. 

- Alors Flaxou, t’arrives toujours pas à décoincer ton bitoniau ?
- Non.
- Et si t’essayais de soulever le couvercle en plastique, là ?
- Quel couvercle ?

Et c’est ainsi que Professeur Flaxou a réalisé que le mécanisme sur lequel il s’acharnait depuis plus d’une heure, c’était en fait l’accès aux circuits imprimés. Pas aux ampoules.


Voilà voilà.



Et donc Professeur Flaxou a changé l'ampoule, puis il a remis en place le pare-chocs et la batterie, et il est parti au garage fier et victorieux.

Pour revenir dix minutes plus tard en m'annonçant:

- Y'a un problème avec la voiture.
- Quoi?
- Quand on freine, elle cale.

TIENS DONC.

- Et ça n'a aucun lien avec le fait que tu viennes de passer deux heures à démonter et remonter tout l'intérieur de la bagnole?
- Non, je pense que c'est juste une coïncidence.

BEN VOYONS.

Donc, pour résumer, c'est l'histoire de Professeur Flaxou qui pète la batterie de la voiture en changeant une ampoule.



(Mesdames et Messieurs, j'ai épousé cet homme.)

Epilogue:

- Hé, tu veux pas qu'on se remette au lit et tu vois ce que je veux dire?

- Non merci.
- C'est parce que j'ai cassé la voiture?
- Non, je pense que c'est juste une coïncidence.

(Et toc! Remonte ton slibard, Lothard.)

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PS: Oh c'est la grève des commentaires ou bien tu t'es cru chez ta mère?

(Non, mais c'est pas grave, hein. Moi à la base, j'ai décidé de tenir un blog en mode "cher journal". C'est sûr que si on fait un blog, c'est pas pour l'interaction sociale, hein, ah ça non.)

Qu'est-ce qu'il faut que je fasse, ma petite madame? Des techniques d'extorsion dignes des temps ancestraux skybloguiens?

(C'est pas une question rhétorique hein, s'il faut le faire, je le fais.)

(1 commmm'zzz lâchéèêé = 3 COOMM''ZZZZ CHAY TOÏÏÏÏÏ)

(SËËRÏÏEUXXX SE VRAY)