samedi 30 mai 2015

Vis ma vis nouvelle avec plein de nouveautés


Et sinon j'ai changé de boulot.

(Ah ouais mais chez nous quand on fait dans le changement, on fait pas les choses à moitié.)

Du coup nouveau job, nouvelle maison, je suis à ça de me trouver un nouveau mari pour compléter le tableau.

(Nan je déconne.)

(À la place je me suis coupé les cheveux, ça compte aussi comme du changement.)

(En plus c'était la première fois que je me les coupais toute seule, alors v’là le compteur du changeuromètre)

(Ci-mer les coiffeurs à huit mille boules et notre compte en banque qui nous dit merde.)

Donc l’ancien boulot, c’est fini. 

Finis les horaires de malade, fini de bosser les week-ends et les jours fériés, fini d’alterner les shifts du soir avec les shifts du matin (ce qui faisait de moi la dernière personne à partir du bureau à 23 heures et la première a arriver à 8 heures du mat) (PIRE TRUC DU MONDE), et, surtout, plus de clients de jets privés à gérer.

Non parce que je sais pas si tu réalises, mais j’ai été élevée par des anticapitalistes, moi. Donc le coup de me plier en quatre pour satisfaire les caprices des un pour cent, ça me grattait furieusement au plus profond de ma fibre révolutionnaire.

Du coup, tous mes échanges avec les clients, ça ressemblait à ça :

- On a bien reçu votre commande, alors je ne vous cache pas que ça a été un peu charrette de trouver un restaurant VIP ouvert à vingt-trois heures un jeudi soir à Astana, et qui accepte de préparer votre commande pour demain matin, mais c’est fait !
- Super ! Je vous adore.
- Bon, par contre, il ne peut pas fournir le homard.
- QUOIIIIII ? Mais c’est une catastrophe ! Le passager a demandé lui-même qu’on lui serve du homard !

(PUTAIN MAIS T’ES AU KAZAKHSTAN ESPÈCE DE TROU DU CUL, QU’EST-CE QUE TU VIENS NOUS CHIER UNE PENDULE AVEC TON HOMARD)


-  Je comprends bien, mais le fournisseur n’en avait pas en stock, il aurait fallu passer commande au moins vingt-quatre heures à l’avance.
- Je sais, mais on a reçu les instructions de vol il y a douze heures seulement ! Le passager a décidé d’aller à Los Angeles en dernière minute pour voir un match des Lakers.

(BORDEL DE PORC CAPITALISTE DE MES COUILLES QUI BRÛLE TOUTES NOS ENERGIES FOSSILES POUR SON BON PLAISIR)



- Et vous ne pouvez pas lui expliquer que, comme c’est en dernière minute, il n’y a pas de homard ?
- Mais vous ne comprenez pas ! Il lui faut du homard à chaque fois qu’il prend l’avion ! Il ne comprendra pas s’il n’y en a pas ! Je vais me faire virer !

(MAIS SALE FILS DE PUTE POURRI-Gâté, BOUFFE DONC DU CAVIAR, Y’EN A TOUT LE TOUR DU VENTRE AU KAZAKHSTAN, ALORS ÉTOUFFE-TOI AVEC ET FOUS-NOUS LA PAIX)


- Bon, alors voilà ce qu’on va faire : moi je vais appeler tous les agents disponibles, et vous qui êtes sur place, vous allez faire le tour des supermarchés. Si on peut se procurer du homard frais, le chef pourra le cuisiner.
- D’accord, je vous tiens au courant.

(J’ESPERE QUE TON AVION VA SE CRASHER ET QUE TOUT ÉQUIPAGE SAUTERA EN PARACHUTE SAUF TOI PARCE QUE TON GROS CUL EN COSTARD NE PASSERA PAS LA PORTE ET JE SOUHAITE QUE TU CRÈVES DANS UN DÉLUGE DE SANG ET DE FLAMMES)



- Allez, bonne chance, hein.

Donc, je ne te le cache pas, ce job était dur pour mes petits nerfs de gauchiste.

Par contre, là où c’était cool, c’était les dernières semaines après avoir donné mon préavis, où, bizarrement, je me prenais vachement moins la tête :

- Bonjour Claudine, alors on a bien reçu votre mise à jour, mais le fournisseur ne peut pas se procurer les orchidées en dernière minute ; il propose des roses ou des lys.
- Quoi ? Mais mon client ne tolère que les orchidées !



- Ah oui, j’imagine bien, mais bon c’est ballot, des orchidées y’en a plus. C’est ce qui arrive quand on commande des trucs sur mesure en dernière minute.
- Mais enfin faites quelque chose, je ne sais pas moi, trouvez un autre fournisseur !
- Ouais, sauf que comment vous dire, là il est deux heures du matin à Genève, donc pour vous trouver un fleuriste qui acceptera de vous livrer des orchidées à l’aéroport à six heures du matin, chais pas vous mais moi j’le sens mal.
- …..
- On dit des lys, alors ?
- Oui.
- J’ai pas entendu !
- OUI !
- Voila. Vous êtes bien brave.

(C’était un peu ma revanche de prolo sur le grand capital.)

(Tiens, bouffe ta composition florale moche, j’espère que ça te fait bien chier !)

(Y’a pas de petite victoire.)

Donc du coup, même si c’était super triste de dire au revoir a tous mes super collègues, c’était quand même l’éclate totale de démissionner.

Et là j’en vois venir dans le fond qui lèvent la main en disant « Maîtresse » (oui, c’est comme ça que je vous imagine m’appeler) « Maîtresse, mais et Ploc, alors, ça te faisait pas trop plaisir d’être enfin débarrassée de Ploc, la limace des enfers ? »

Eh ben je t’aurais bien dit « oui », sauf qu’il m’a privé de cette joie en démissionnant deux semaines avant moi.

(Boulet jusqu’au bout.)

Et la raison de sa démission, je te la donne dans le mille : il était trop fatigué pour continuer à travailler.

(Non, vraiment.)

Du coup, là il est parti, mais il va pas chercher du travail, il va juste se reposer et vivre aux crochets de sa partenaire pendant quelque mois, histoire de se remettre de l’effort surhumain d’avoir un travail de bureau.



(Ça ne s’invente pas.)

D’ailleurs, pour la petite anecdote, Plic a démissionné quatre semaines après Ploc (et deux semaines après moi) pour aller bosser avec une entreprise plus grande. Et les deux employées qui avaient été embauchées pour nous remplacer ont elles aussi démissionné au bout de la première semaine de formation.

Et ce moment – quand les trois quart de tes opérations démissionnent en même temps, et que les gens censés les remplacer décident au bout d’une semaine qu’ils préféreraient encore être au chômage - c’est le moment où une entreprise normale se dirait qu’il y a une couille dans le potage. 

Mais pas ici, ah ça non, car la réaction du boss à l’annonce de la nouvelle a été « Han c’est trop difficile de trouver des gens motivés de nos jours, quelle génération de feignants ces Y dis donc ».

(Ouais, t’as raison Jean-Mi, c’est ça.)

(C’est pas le fait que tu traites tous tes employés comme des gros faisans en les payant trois fois moins que la moyenne nationale.)

(Nan, c’est parce qu’on est paresseux, t’as tout compris.)

Surtout que, juste après avoir dit ça, il s'est tourné vers moi et m'a dit:

- Au fait Charlotte, ça te dérange pas de bosser les week-ends jusqu'à ce que tu partes?



(C'TE BLAGUE)

C’est donc avec joie que j’ai quitté l’ancien boulot comme un prince (première démission de ma vie, quand même, ça se fête) et que je me suis plongé tête la première dans le nouveau job.

Et bon, là du coup ça va te paraître un peu nul, mais j’ai aucun rebondissement palpitant à te raconter, parce que ce job est SUPER DUPER.

(Han, la lose.)

Maintenant j’organise la com et l’événementiel pour une association à but non lucratif, niveau grand écart on ne pouvait pas mieux faire, et je suis RA-VIE. 

Ça fait du bien de retourner s’acoquiner avec les roturiers :

- Pour le buffet, y’aura des sandwiches, mais assure-toi qu’on aura suffisamment de roulés à la saucisse, parce que les gens adorent.

(Aaha trop mignon, des roulés à la saucisse!)

(Pas de caviar ni de Veuve Clicquot, ni de tard-bâ qui réclament de la tête de moine en Equateur!)

(Des gens qui sont CONTENTS d'avoir des sandwiches au poulet!)

(LE. PIED.)

Et comme on est en Nouvelle-Zélande, alias le pays le moins protocolaire du monde, ça va parfois très loin dans le relax:

- Alors pour la réunion avec le comité des PME, j’ai commandé des bières, mais par contre je ne sais pas quels verres utiliser, comme on n’a pas de verres à bière... je pensais prendre les verres à eau ? C’est pas terrible, mais…
- Ah ah mais non, qu’est-ce que tu t’emmerdes ? Nan, ils boiront à la bouteille.
- Vraiment? Mais j'veux dire c'est quand même des chefs d'entreprise, chais pas....
- Non, à la bouteille, parfait. Par contre, pense bien à prendre des chips goût bacon, c'est les préférés du chef de comité.



(C'est si beau.)

Bon sur ce je te laisse, j'ai un petit-déjeuner avec une équipe de basket à organiser et je dois vérifier qu'il y aura suffisamment de haricots à la sauce tomate pour tout le monde.

(LE. PIED!)

A bientôt pour de nouvelles aventures!

dimanche 17 mai 2015

Le déménagement


(Une illustration de notre déménagement - ci-mer les portes de deux centimètres de large.)

Et donc Professeur Flaxou et moi on a trouvé une maison.

Après moult candidatures sans succès, et moult demi-tours toute à la vue des taudis qu’on nous présentait.

Et "taudis" n'est franchement pas une exagération, au vu des trucs qu'il m'a été donné de voir.

Genre une fois y’avait une maison, je suis entrée, et la première chose que j’ai vue, c’était un cafard géant dans l’évier de la cuisine.

(Et il était bien vivant, en pleine forme et tout.)

(Il devait faire bombance sur les murs luisants de dix ans de vieille graisse.)

(Ah ouais c’était vraiment un appart de compète.)

D’ailleurs, la deuxième chose que j’ai vue (durant mon demi-tour) c’était un aperçu de la salle de bains par une porte ouverte. Y’avait des morceaux de plafond dans la baignoire, et tellement de rouille et de crasse partout qu’on aurait dit le plateau d’un des films SAW.


(Oh chéri, ça semble être l’endroit parfait pour élever nos enfants !)

(J’aimerais dire que je viens d’inventer cette histoire, mais ce serait mentir.)

(J’aimerais aussi dire que l’agent immobilier ne m’a pas regardé dans les yeux avant d’annoncer sérieusement que ce trou était à louer pour 380 dollars par semaine, mais malheureusement, ça aussi, ça serait mentir.)

Bref, juste quand on commençait à se résigner à l’idée de vivre quelque part sous un pont, d’avoir de la mousse qui nous pousserait sur le corps, puis de devenir des mutants amphibiens et de fonder le peuple des marais, juste là, on a trouvé l’endroit parfait.

Une adorable petite « unit » (c’est comme une maison jumelée, sauf que tu construis une longue maison comme une saucisse, et tu la coupes en petits bouts) (en gros c’est comme un appartement, sauf que t’as pas de voisins au-dessus ni en dessous). Une petite « unit » toute mignonne, donc, dans une rue tranquille de Panmure, avec un bureau pour mettre les ordis, notre propre place de parking, et DEUX petits jardins (un à l’avant de la maison, un à l’arrière), franchement que demande le peuple ?

(Bon, le peuple demanderait bien un peu moins de fourmis sur sa terrasse, mais le peuple se rappelle de l’appart avec les cafards et du coup le peuple est content quand même.)

Du coup on est très très heureux pour deux raisons : la première, c’est parce qu’on a réussi à trouver un truc à prix franchement correct pour Auckland, ceci parce que les Kiwis sont persuadés que Panmure est un coin craignos (LOLILOL).

(Ils sont mignons.)

Parce que oui, alors attention, faut voir la zone, quoi :



(Bienvenue dans la té-ci.)

Les Aucklandais, donc, sont persuadés que Panmure égale les favelas de Rio, pour des raisons qui m’échappent totalement parce que bah t’as vu la gueule du truc quoi, ça crie pas vraiment « putes et dealers », on est d’accord.

(Faudrait emmener les Kiwis dans le 9-3 et les regarder flipper leur maman.)

Et, quand je demandais aux gens de clarifier ce qui caractérisait précisément le côté craignos du quartier, on ne me répondait qu’en termes très vagues, type « Ben, ça craint, quoi ».

(Trop utile, Émile.)

Jusqu’à ce qu’un ami de Richard moins scrupuleux que les autres balance ce que tout le monde se retenait apparemment de dire :

- Ben, quand même, Panmure…. Y’a beaucoup de Maoris, quoi.


(Jackpot raciste !)

Donc là, je ne me suis pas gênée, j’ai pris mon air de jeune ingénue venue des contrées lointaines, et j’ai dit:

- Ah bon ? Mais je ne comprends pas, en quoi ça fait que le quartier est moins bien ?
- Beeenn…
- Je connais pas bien ce pays, moi. Donne-moi des exemples. Qu’est-ce que les Maoris font ?
- Comment ça ?
- Qu’est-ce qu’ils font, en tant que peuple, que les autres populations ne font pas ?
- Ben…je….


(Pendant ce temps-là, dans l'esprit de Jean-Mi)

Pour les curieux, la réponse que Jean-Michel Connard aurait du me donner était :

"En fait j'en sais vraiment rien, parce que j'ai jamais côtoyé un seul Maori de près ou de loin pendant toute ma vie, mais comme je suis un Kiwi bien péquenot j'ai grandi avec l’idée fixe que tout ce qui n'est pas Britannique est dangereux, et comme tous les gens dans mon cercle de connaissances sont pareils, personne ne m'a jamais contredit, tout comme personne n'a jamais pointé du doigt l'ironie mordante du fait qu'au lieu d'essayer de tisser des liens avec les gens avec qui l'on partage ce pays depuis des siècles, à la place on choisisse d’idolâtrer le fantôme d'un système colonial complètement périmé, qui, même dans ses heures les plus grandioses, n'en a jamais rien eu à carrer de notre pomme".

Sauf que là, à la place, il a cherché des exemples pendant environ dix minutes, avant de bafouiller une platitude du style:

- Alors en fait je connais pas vraiment Panmure mais on m'a dit que c’était moyen comme quartier parce qu'il y avait des Maoris, mais je saurais pas vraiment te dire quel est le lien, pour ma part je trouve que ce sont des gens charmants et je suis pas du tout raciste, ha ha alors qui veut un jus de pomme?

Et bon, perso, je jubilais intérieurement de lui avoir mis le nez dans son caca, et j'avais bien envie de lui crier HA T'AS VU COMMENT T'ES QU'UN PAUVRE CON, mais comme je suis bien élevée, je me suis contentée de lui lancer un regard de mépris total, que j’ai peaufiné durant de nombreuses années passées au sein d’une famille de snobs.

(« Han, l’autre, il lit même pas Télérama. Et ça se dit cultivé ! Tu m’dégoûtes ») (Citation : ma mère, tous les jours, à tout le monde.)

Bref.

J’étais bien énervée pendant un moment, et puis je me suis dit, tu sais quoi ? Qu’ils aillent tous se faire foutre.

(C’est mon réflexe de base, dans la vie.)

(Je fonctionne au « fuck it ».)

Si vous trouvez que Panmure c’est craignos, tant pis pour votre mouille, vous ne savez pas ce que vous ratez. Nous on est contents, on a un bel appart dans un joli quartier, et s’il y a des Maoris tant mieux, on ira faire des barbecues avec eux et on se foutra tous de vos gueules, voilà.

Et maintenant, quand je dis que je vis à Panmure et que quelqu’un me sort un commentaire style « Han mais c’est dangereux », je réponds juste :

- Ouais Gisèle, mais tu sais quoi ? À Panmure, le danger, c’est moi.


Bref bref.

Et donc, la seconde raison pour laquelle Professeur Flaxou et moi on est très heureux, c’est parce que PLUS DE COLOCS HAAAN ON VIT ENFIN TOUT SEULS VAS-Y ON FAIT PIPI LA PORTE OUVERTE RIEN A FOUUUUTRE !


(C’est formidable.)

Et même si les colocs sont moins jouasse que nous (rapport au fait qu’ils doivent maintenant payer deux fois plus de loyer), même eux sont un peu soulagés aussi, d’autant que Maria est en plein mode « nidification » et voudrait commencer à préparer la chambre du bébé (AKA notre ancienne chambre) le plus vite possible avant l’arrivée de la petite princesse.

Oui, ils vont avoir une fille. On le sait parce qu’ils sont revenus de chez l’obstétricien en disant :

- Penny va avoir une petite sœur !

Oui oui. Penny. LE CHIEN.

Ce bébé va être l’égal du CHIEN.


(J’aimerais dire que je viens d’inventer cette phrase, mais ce serait mentir.)

(J’aimerais aussi dire qu’ils n’ont pas passé le reste de la soirée à expliquer à Penny qu’il fallait qu’elle soit raisonnable et mature maintenant qu’elle allait être grande sœur, mais malheureusement, ça aussi, ça serait mentir.)

Bref, avec des histoires de ce genre, je t’avouerais qu’on n’aurait pas pu être plus heureux de se casser de cette baraque de MALADES MENTAUX, parce que là, chaque jour qui passait, je frisais l’ulcère duodénal.

(Je vous ai raconté que Maria voulait apprendre au bébé nouveau-né à aller sur le pot ?)

(Oui oui, le nourrisson qui ne peut pas tenir sa tête debout. Elle veut lui apprendre à aller sur le pot.)

(Ceci implique donc de tenir le bébé au-dessus d’un pot toutes les demi-heures et d’attendre que quelque chose se passe.)

(À répéter tous les jours pendant un an et demi.)

(C’est cool parce que, quand on est parent d’un enfant en bas âge, s’il y a une chose dont on ne manque jamais, c’est bien de temps.)

(Aïe, mon ulcère.)

Bref, c’est donc avec joie qu’on a commencé à faire nos cartons, et avec stupéfaction qu’on a commencé à faire les magasins de meubles pour voir que attends quoi une table basse ça coûte MILLE QUATRE CENT DOLLARS ?


(Ah ben oui, à ce prix-la, je comprends mieux l’utilité d'un paiement sur 36 mois.)

Ah et puis c'est pas genre un exemple aléatoire, hein. TOUS les meubles coûtent la peau des couilles.

Hop, une table basse pas cher, soldée à mille boules, on n'est pas des bêtes:


Et c'est pas des trucs en bois précieux type Roche Bobois, fabriqués par des artisans locaux avec des matériaux équitables, hein.

Nan, c'est des trucs made in China avec les tiroirs qui ferment mal.

Tout pareil que chez nous, mais HYPER CHERS.

Putain, même la table basse en contreplaqué tout droit sortie d'un catalogue IKEA, elle est à SEPT CENT DOLLARS! Et ça c'est en SOLDE!


(Vive la joie d'habiter un petit pays au milieu de nulle part et d'avoir toutes les entreprises de distribution qui te font un gros doigt.)

Après avoir fait plusieurs magasins et hésité entre le rire et les larmes, pour finalement choisir le rire :

- Fla ! Viens voir ici ! Quatre mille dollars le canapé avec les fleurs de vieille mamie !
- Attends, j’ai mieux. Regarde pas l’étiquette : cette commode, sur une échelle de zéro à n’imp’, tu l’estimes à combien ?

(La réponse était : n’imp’ mille dollars.)

Après une bonne dose de rigolade, on a donc vite détalé des magasins de meubles neufs, et on est repartis sur des bases saines en achetant tout ce dont on avait besoin sur TradeMe, le seul site dont tu aies besoin en Nouvelle-Zélande.

(Imagine EBay, Le Bon Coin, Amazon, et Pôle Emploi, regroupés en un seul site.)

Et c’était parti pour une semaine de shopping, vu qu'on avait une maison entière à meubler et qu’on devait par conséquent acheter tous les objets de toute la vie entière.

(En tout cas, au vu des tickets de caisse, c’est ce qu’on a fait.)

(Ça allait d’un canapé à un presse-citron, en passant par des chaises et des chaussures.)

(Bon, les chaussures, c’est juste parce que c’était les soldes.)

Et puis, pleins de dollars plus tard, c'était enfin le jour du déménagement/pick-up des trois cent meubles qu'on avait achetés sur TradeMe et qu'on devait récupérer aux quatre coins d'Auckland le même jour, vu qu'on avait loué une remorque pour un seul jour.

En gros, on a un peu eu l'impression de vivre un épisode de Fort Boyard:

- Tourne ici! Dans Belair Drive!
- Je vois pas le numéro!
- 48, c'est là!
- Sors, sors! Y'a plus le temps!
- Plus vite!
- La clepsydre!

(Bon, OK, pas la clepsydre.)

(Mais le reste était pareil, juré.)

Et ce fut enfin le moment des adieux déchirants aux colocs, qui nous regardaient partir un peu comme ça:


(Faut s'imaginer un chien dans leur bras à la place d'un bébé.)

Mais bon, nous, de notre côté, on était un peu plus genre:

- NOTRE MAISON! NOTRE MAISON!
- Pas de poils de chien partout!
- Pas de file d'attente pour aller pisser!
- Eh Cha, tu sais quand est-ce que je peux prendre une douche?
- Quand ça?
- QUAND JE VEUUUUX!
- WOUUUUUH!
- NOTRE MAISON! NOTRE MAISON!


(Danse de la joie dans le jardin!)

Bref, sur ce, je te laisse, j'ai pas encore fini mon kif.

(En vrai j'ai aussi genre trente cartons à déballer, mais d'abord faut que j'aille dans la cuisine mettre de la musique et bootyshaker devant mon frigo.)

(Parce qu'il faut avoir le sens des priorités dans la vie.)

samedi 2 mai 2015

Le Hobbit - The Battle of the Five Armies




Partie 1 ici.

Partie 2 ici.


On finit enfin cette trilogie de la daube qu’est Le Hobbit avec le troisième et (dieu merci) dernier volet du plus gros gonflage aux hormones de l’histoire du cinéma.

Car oui, c’est devenu la norme à Hollywood de séparer le dernier tome de chaque série de romans en deux films histoire de faire le plus de thunes possible heum pardon, de « rendre hommage comme il se doit a la complexité du livre ». (C’TE BLAGUE)

(Dis ça à Harry Potter et les Reliques de la Mort volume 1, où tout le monde fait que glander dans la forêt)

(Bref je m’arrête là sinon je vais déjà m’énerver alors qu’on a même pas entamé le Hobbit).

Je disais donc, c’est devenu normal d’essorer les films à succès jusqu’à la dernière goutte, mais faut pas déconner, un livre de 300 pages sur neuf heures de film, voilà quoi.

Avait-on vraiment besoin de scènes étirées jusqu’à l’os de visites chez les gobelins et de tournages aquatiques dans des tonneaux façon Parc Astérix ?  Était-ce bien nécessaire de rajouter un million de personnages inventés de toutes pièces à l’intrigue (Tauriel, Orc Moche numéro 1, Orc Moche numéro 2, l’assistant du Bourgmestre et j’en passe), en plus d’avoir déjà ajouté plein d’autres personnages du Seigneur des Anneaux (Legolas, Frodon, Galadriel, Elrond, Saroumane) juste pour faire genre on te vend du bon film ?

NON.

Rien de tout cela n’était nécessaire. Rien de tout cela n’était utile.


Tout ce processus sent le racle-piécettes à plein nez, assorti d’une ambition dantesque de vouloir faire une seconde trilogie « Seigneur des Anneaux ».

Mais le problème, avec Le Hobbit, c’est que, même si le livre est du même auteur et se passe dans le même univers, il n’a strictement rien à voir avec le Seigneur des Anneaux. Parce que le Hobbit est un livre pour enfants.

Dans le Seigneur des Anneaux, on a une profondeur et une noirceur qui manquent totalement dans le Hobbit. Le Seigneur des Anneaux a une dimension épique, des personnages fouillés, des intrigues complexes. Le Hobbit, c’est plus ou moins juste une comptine sur un mec qui va chercher un trésor avec des Nains et un magicien, il lui arrive des aventures, et pis il rentre à la maison bien content. 

À côté du Seigneur des Anneaux, le Hobbit, c’est Dora l’Exploratrice, disons-le tout de suite.

Le problème, c’est que Jackson et compagnie sont partis du principe qu’ils pouvaient adapter le Hobbit exactement de la même manière que le Seigneur des Anneaux, et ça, c’est une idée qui pue franchement la merde. C’est exactement comme de dire :

- On va adapter Winnie l’Ourson au cinéma. Ce sera un film noir et viscéral, y’aura des grandes batailles avec des Uzi, des flics, des putes, du sang et des larmes.
- Et l’histoire, on la change aussi ?
- Non, on garde la trame originale : « Winnie a perdu son pot de miel et il va le chercher dans la vallée enchantée, puis il rentre à la maison très heureux et satisfait ».
- ….
- Mais on va mettre des affrontements avec des punks et des néo-nazis entre sa maison et la vallée enchantée.
- Ça va être ÉNORME !

Bref, trêve de digressions, revenons au vif du sujet et reprenons où on s’était arrêtés :

D’abord, en tant que spectateurs Néo-Zélandais, on a quand même eu droit à un petit prologue spécial juste pour nous au cinéma, dans lequel Peter Jackson nous a tous remerciés d’être les meilleurs gens du monde :



(Pour les gens que ça intéresse, la vidéo est ici.)

Bref, c’est le moment de disséquer le film :

On reprend donc à la coupure la moins naturelle de l’histoire du cinéma, alias l’attaque de Smaug sur Laketown, qui dure en tout et pour tout dix minutes et puis Smaug meurt.

(Ça valait trop le coup.)

Mais rassure-toi, dix minutes, même dans un film poussif de deux heures et demie, ça nous laisse le temps de faire plein de n’imp.

Rappelons tout d’abord ce qui se passe dans le livre : Smaug, énervé par les Nains, décide d’aller cramer Laketown parce qu’on sait pas, c’est un peu un bâtard. Il brûle la ville malgré les efforts des villageois, et notamment de Bard, le chef des archers. Il est sur le point d'abandonner tout espoir, quand un passereau vient se poser à côté de lui et commence à lui causer.

(Ah ouais mais c'est un conte pour enfants, hein, donc oiseaux qui parlent et tout, y'a pas de malaise.)

L'oiseau indique à Bard le point faible de Smaug, et Bard utilise sa dernière flèche : la flèche noire, la meilleure, celle qu'il retrouve toujours, celle qui ne l'a jamais déçu, qu'il tient de son père et de son père avant lui, et qui avait été forgée sous la Montagne. Il la tire pile dans le point faible, et Smaug tombe dans le lac et meurt.

Après, ça, Bard envoie des messagers à Thranduil, et les Elfes viennent aider les Hommes à rebâtir leur ville (car ils sont comme cul et chemise, rapport au commerce florissant entre les deux royaumes). Pendant que les Hommes font des plans pour bâtir une nouvelle ville, Bard, des Hommes et des Elfes partent à Erebor, car ils sont persuadés que Thorin et Compagnie sont morts, et donc que le trésor est ouvert à tout le monde.

Pendant ce temps, Thorin et les Nains apprennent la mort de Smaug grâce à un corbeau qui vient leur raconter (décidément c'est une manie de parler aux animaux) (vous vous croyez chez Blanche-Neige les mecs?). Quand Bard approche pour demander une partie du butin, Thorin l'envoie péter en disant que les Hommes du Lac ont, certes, droit à une compensation matérielle pour avoir apporté leur aide aux Nains, mais que les Elfes n'ont rien à faire dans l'histoire. Il leur tient à peu près ce langage:

- Dégagez cette racaille végétalienne de devant ma porte, et on reparlera de paiement quand vous reviendrez seuls et sans armée.

Sauf que Bard est moyen d'accord de demander à Thranduil de tailler la route, vu que c'est Thranduil qui lui a prêté main-forte après la destruction de sa ville. Les Elfes et les Nains déclarent alors qu'Erebor est en état de siège: ils n'attaqueront pas directement, mais ne laisseront pas Thorin ou les Nains sortir de leur Montagne tant qu'ils ne seront pas résolus à leur donner une part du trésor. Throrin appelle alors son cousin Dain des Collines de Fer pour leur prêter assistance en brisant le siège.

Bilbo est bien emmerdé par tout ceci, déjà parce qu'il craint beaucoup de morts pour rien, mais aussi parce que c'est un Hobbit et qu'il a déjà loupé genre cinq petit-déjeuners, et il apporte donc l'Arkenstone aux Elfes, en utilisant l'Anneau pour se faufiler jusqu'au camp de Thranduil sans être vu.

Quand Bard vient négocier le lendemain avec l'Arkenstone, Thorin jette Bilbo hors de la Montagne et refuse toute négociation. Dain et son armée arrive, prêts à en découdre, et, dans le même moment, arrivent en force une armée d'Orcs menée par Bolg (le fils d'Azog) (puisqu'Azog est mort il y a plusieurs années, tué par Dain, justement). Et c'est le début de la Bataille des Cinq Armées.

Maintenant, revenons au film:

Le film s’ouvre sur le bourgmestre véreux qui s’échappe avec tout son or, tandis que les villageois désespérés entassent des trucs dans des paniers et que Tauriel fait des trucs d’Elfes, comme regarder dans le vague avec un air pensif :


(D’ordinaire une prérogative de Legolas – tu te rappelleras de magnifiques tirades sur un soleil rouge qui se lève et des étoiles voilées, j’en suis sûre.)

Puis elle vient dire aux Nains et aux enfants de Bard qu’il faut partir tout de suite parce qu’il n’y a pas de temps (c’est marrant, pourtant t’avais plein de temps pour ton air pensif y’a deux minutes, mais passons), et tout ce beau monde se prépare pour l’évacuation.

Pendant ce temps, Bard est dans le pétrin, car il est enfermé dans une prison qui ressemble vachement au cachot de Pirates des Caraïbes (ce qui est assez rigolo puisque l’acteur qui joue Bard ressemble tellement à Orlando Bloom que même Orlando Bloom a moins l’air d’Orlando Bloom.)

(Tu suis toujours ?)

Sauf que, comme dans ce film-là, il n’y a pas de chien avec un trousseau de clefs, Bard doit faire avec les moyens du bord, à savoir : faire péter les barreaux de sa prison avec un plan pas piqué des vers : il tresse une corde avec sa couverture (qui avait l’air King Size, à en juger par la taille de la corde finale).


(Et je pense qu’on ne mentionnera pas le fait que Bard ait réussi à tresser une corde de six mètres de long en moins de deux minutes montre en main.)

(Car n’importe quel clampin peut se battre, mais faire des tresses : ça c’est un truc pour les vrais bonhommes.)

Bref, il balance sa corde pile sur le bourgmestre qui passait justement par là sur sa barque, en mode Titanic (« Hop cassez-vous les gueux, vous faites couler mon or »).

(Ouais, parce que c’était pas un personnage assez caricatural avant.)

La pression exercée par la barque du bourgmestre suffit donc à arracher un pan entier du mur de la geôle (qui gagne dès aujourd’hui le titre de geôle la plus pourrie du monde) et Bard rentre chez lui prendre son arc et ses flèches, et sort en pétant le toit (décidément c’est pas solide les maisons par ici), pour aviser son perchoir : un beffroi qui est miraculeusement épargné par les flammes.


Alors bon, je ne vais pas m’attarder sur le fait que cette tour est mystérieusement ignifugée alors qu’elle est manifestement en bois et que tout est manifestement en feu tout autour, mais je voudrais prendre deux minutes pour dire ET LA BALISTE, BORDEL ?

Sérieusement, personne ne se rappelle de la baliste ? Celle qu’on avait bien vue dans le deuxième film et qui avait été construite spécifiquement pour lancer les grosses flèches noires anti-dragons ? 



(Non ? Personne?)

Parce que moi, j’aurais accepté que le film me dise « Ah c’est con, la tour avec la baliste a cramé, donc Bard va devoir se débrouiller avec son arc », et dans ce cas-là t’aurais pu faire un plan de deux secondes sur la tour qui s’effondre, pour qu’on comprenne.

Mais là, c’est genre chuuuut, cela n’a jamais existé, on n’en parle pas.

(C’est ironiquement ma phrase fétiche quand je mentionne toute cette trilogie.)

Bref, Bard se dirige vers le beffroi en sautant de toit en toit tel un Spider-Man en très mauvaises images de synthèse, et son fils vient le rejoindre, parce que ce gosse est le seul type pas trop consanguin dans ce village et que c’est le seul pékin qui s’est rappelé de la flèche noire anti-dragons.

(Alors que Bard, dans le film précédent, nous avait fait un monologue de dix minutes en disant « Nous avant à Laketown on avait des flèches spéciales pour les dragons, même que mon ancêtre il en avait tiré tout plein sur Smaug, et même qu’il nous en reste une à la maison, dis donc ! »)

(ET T’AS PAS PENSÉ A LA CHOPER QUAND T'ÉTAIS CHEZ TOI, ESPÈCE DE TÊTE DE CHIBRE ?)

Bref, prépare-toi, c’est le moment du dialogue le plus pénible de cette trilogie, puisque Smaug rentre en mode full « Méchant de James Bond » et décide de parler à Bard pendant un million de minutes au lieu de le cramer :

- Aha, tu es fait comme un rat, humain !
- Atta, je chope mon arc…
- Tu vas mourir !
- Ah zut il est cassé. Deux minutes…
- Ton fils va mourir !
- Alooors, je plante un bout d’arc iciiii….
- Je vais semer la mort et la désolation !
- Et un bout d’arc lààà…..
- Je vais réduire ton pays en cendres !
- Fiston, mets-toi là, je vais poser la flèche sur ton épaule et ça te décapiterait probablement si on était dans un film réaliste….
- Je suis foooort ! Je suis graaannnd ! Je vais te tueeer très bientooooot !
- Deux secondes, tu peux me laisser le temps de viser steuplait ?
- Ah mais oui bien sûr pas de lézard mon coco.
- Merci. Hop, c’est bon, je suis prêt à tirer !
- D’accord, tu veux que je mette mon point faible en avant, comme ça ?
- Parfait !

Et c’est la mort de Smaug.


(Oui, ça valait TOTALEMENT le coup de garder ça pour le troisième film, franchement.)

Une fois le jour levé, on retrouve les villageois de Laketown rescapés, en train de compter leurs morts, et évidemment l’assistant du bourgmestre, le Jar-Jar Binks de cette trilogie, a survécu.

Sérieusement, chaque apparition de ce gars m’énerve. Chaque parole qui sort de sa bouche est une offense à l’intelligence la plus basique, et son jeu d’acteur se résume à un cabotinage tellement grotesque qu’il aurait sa place d’honneur chez Nanarland.

En somme, tout ce personnage sent la tentative ratée de faire rire un public enfantin. En présupposant que les enfants sont tous des gros débiles.

(C’est littéralement Jar-Jar Binks.)

Bref, Bard devient le leader des hommes du lac parce que le Bourgmestre est mort écrasé par Smaug, et il empêche la foule en colère de lyncher Jar-Jar parce qu’il est noble et pur.

(Franchement, quand on voit la suite du film, ils auraient mieux fait de le buter tout de suite.)

Bard décide alors d’aller s’établir dans les ruines de Dale, l’ancienne ville humaine en face d’Erebor, et compte bien réclamer l’argent que Thorin leur a promis pour reconstruire leurs maisons.

Pendant ce temps, les Nains qui restaient à Laketown (Fili, Kili, et deux autres, on s’en fout) regagnent Erebor, et on a juste le temps pour une scène d’adieux entre Tauriel et Kili qui brise mon petit cœur d’artichaut.



(Je l’avais déjà dit et je le redis, je suis Team Kiliel, et même si cette romance n’a rien à faire dans l’histoire, je ne dirai rien de méchant dessus, parce que vive l’amour. Voilà.)

Tauriel apprend à ce moment qu’elle a été bannie du royaume de Thranduil pour avoir désobéi aux ordres (alors que Legolas non, han le piston quoi). Legolas, écœuré par tant de népotisme, décide alors de fuguer loin de l’autorité paternelle (car il n’est jamais trop tard chez les Elfes pour faire sa crise d’adolescence), et part avec Tauriel enquêter à Gundabad, ou ils découvrent une armée d’Orcs et de Chauves-Souris géantes en marche vers Erebor, et ont des dialogues profonds :

- Ces Chauves-Souris ont été créées dans un seul but.
- Lequel ?
- ……
- ……
- LA GUERRE !

(Bah oui la guerre, ducon.)

(T’élèves pas des chauves-souris géantes pour enfiler des perles.)

Pendant ce temps, Fili et Kili arrivent à Erebor pour trouver que Thorin est devenu roi de la montagne, et est aussi devenu COMPLÈTEMENT FRAPPADINGUE.

Il a attrapé la fièvre de l’or et devient complètement parano au sujet de l’Arkenstone, le joyau légendaire qui ressemble à un des joyaux magiques de la Princesse Starla :


(Par le pouvoir du filtre Photoshop !)

Donc Thorin se confie à Bilbo en mode « Haan tout le monde est après moi et tout le monde veut garder l’Arkenstone pour eux tout seuls », et annonce qu’il ne fait confiance qu’à Bilbo.

Ce qui est très con, parce que quand même au départ il l’a engagé comme cambrioleur, et puis surtout parce que c’est Bilbo qui a l’Arkenstone. 

Et ça, je le sais parce que le film a fait de gros efforts pour me le rappeler, non seulement à grands coups de flash-backs du film précédent (comme si j’avais envie de revivre ce moment), mais en plus en faisant dégainer le joyau par Bilbo en plein jour au milieu de la forteresse des Nains, en mode « YOUHOU C’EST MOI QUI AI L’ARKENSTONE LE PUBLIC T’AS COMPRIS ? ».


(Saoûlant)

Pendant ce temps, Gandalf et Radagast sont prisonniers de Sauron à Dol Guldur, et se font libérer par tout le casting du Seigneur des Anneaux qui veut son cachet pour les trois films : Elrond et Saroumane se pointent donc pour tataner du Nazgul (on notera que l’épée d’Elrond peut transpercer des fantômes – la puissance des lames elfiques, c’est ouf quand même), pendant que Galadriel fait des ondes de choc et de la lumière.

(Et puis elle soigne Gandalf avec un bisou magique, aussi.)

(Oui oui, comme on fait avec les enfants de trois ans, parfaitement.)


(« Hop, bisou qui soigne ! Et ensuite je souffle sur le bobo et il s’envole ! »)

Et puis l’œil de Sauron se pointe de nulle part et Galadriel fait son numéro où elle devient toute verte comme dans la Communauté de l’Anneau, et elle bannit Sauron.

Et là, tu vas pas me croire, mais je n’ai rien de méchant à dire contre ce passage, parce qu’en fait c’est l’un des rares moments du film qui est  fidèle à Tolkien. Certes, ce n’était pas dans le Hobbit, mais dans la chronologie de la Terre du Milieu, il y a bien une attaque sur Dol Guldur par le Concile Blanc. Et cette attaque a bien lieu pile au moment de l’arrivée des Nains à Erebor, car Gandalf voulait s’assurer que Sauron et Smaug ne se prêteraient pas main-forte entre eux. Et c’est à ce moment que Sauron est forcé de fuir sa forteresse et prend refuge au Mordor, d’où il lancera ses assauts quelques années plus tard, au moment du Seigneur des Anneaux.

Donc là, non, franchement, dans l’esprit c’est une bonne idée, allez, un bon point pour toi Peter.

Revenons à nos moutons : Bard et les survivants de Laketown arrivent à Dale et se rendent compte que les Nains ont survécu, et ATTENTION MIRACLE, c’est le seul moment du film où Jar-Jar va dire un truc intelligent :

- Vous voulez dire qu’il y a un tas de Nains enterrés dans la montagne avec tout cet or ? Eh ben mon vieux on est bien marrons.

Mais Bard lui rétorque :

- Han vas-y Jar-Jar comment t’es trop raciste ! Alors ça y est, parce que c’est des Nains, forcément, ils sont avares, non mais le ringard quoi.

(Et Bard n’a pas tort, mais bon de toute évidence il ne connait pas bien les Nains.)

(Les Nains de Tolkien hein, pas les personnes de petite taille.)

(Si j’avais voulu faire des blagues désobligeantes et vaseuses, j’aurais fait un calembour antisémite.)

Bref, Bard se réveille le lendemain matin et se rend compte qu’une armée d’Elfes est entrée dans la ville durant la nuit, et s’est mise en rangs d’oignon et au garde-à-vous en attendant que quelqu’un se pointe dehors.


(Ben dis donc, les gars, vous auriez pas pu envoyer un pékin dans le bâtiment au lieu de rester plantés dehors dans la neige comme des poireaux ?)

(Les Elfes sont des Shadocks – ils ne font jamais simple quand ils peuvent faire compliqué.)

C’est donc Thranduil qui vient faire un petit coucou sur son RENNE GÉANT – attends, quoi ?


(Ah mais décidément ils avaient vraiment fumé la moquette quand il s’agissait de choisir les modes de transport pour ce film.)

Bref, Thranduil vient voir Bard et se la pète grave, bon rien de neuf, c’est un Elfe :

- Salut le gueux. Il parait que toi et tes manants vous crevez la dalle, ben t’sais quoi, tellement chuis sympa, je vous ramène à grailler, allez, c’est cadeau, profitez bien, y’a des légumes et de l’hydromel et puis encore des légumes, faites-vous plaiz.

Sérieusement, vas-y les connards d’Elfes qui viennent sauver des gens qui meurent de faim et leur apportent des BLETTES.

(A ce compte-là autant mourir tout de suite, hein.)

Parce que oui, Terre du Milieu ou pas Terre du Milieu, ça, là :


C’est des blettes :


AKA le légume le plus dégueulasse de l’histoire que tellement il est dégueulasse même son nom donne pas envie de le manger.

(« Potimarron », ça donne envie ça ! « Tomate », « Chou », tout ça ça sonne bien, et puis au milieu tu as « Blette ». Un légume nommé d’après le bruit d’une personne en train de vomir.)

(Au moins c’est très réaliste.)


(« Oh oui, donne-moi encore plus de blettes ! » SAID NO ONE EVER.)

Mais en fait, dans le film, Thranduil n’est pas là juste parce qu’il avait des légumes dégueu en rab. 

Non, pas d'altruisme et de gentillesse dans ce film, ici Thranduil est là uniquement parce qu’il veut récupérer sa tiare de Miss Périgord TA 2941 coincée dans la montagne, et si tu crois que j’exagère mate un peu la gueule de l’engin :


(Même Thorin semble dire « Ha ha les Elfes, quelle bande de précieuses ».)

(Et ça, c’est de la part du gars qui cherche le joyau de Princesse Starla.)

Et Thranduil est prêt à faire la guerre pour récupérer son diadème parce qu’on dirait qu’il a sérieusement rien de mieux à foutre, mais Bard le convainc de patienter un peu et montre à nouveau sa méconnaissance totale des Nains en se disant qu’il va tenter de les raisonner.

(Je répète : il veut raisonner avec des Nains pour qu’ils lui donnent de la thune.)

(HA HA.)

Bien évidemment, Thorin envoie péter tout le monde (on s’en doutait) et s’emmure dans la Montagne, et tout le monde se prépare pour la Bataille des Cinq Armées.

Et là, c’est normalement le moment où tu comptes les armées et où tu fais « Hu ? ». Parce que les Nains, les Hommes, les Elfes, et les Orcs, ça fait quatre. Si on compte les autres participants à la Bataille (les Aigles, les Wargs, les Chauve-Souris, et Beorn) ça fait huit.


En fait, c’est parce que Tolkien avait dit que la cinquième armée était celle des Aigles, et que les Wargs et les Chauve-Souris comptaient comme des Orcs, mais excuse-moi, si une chauve-souris ça compte comme un Orc, alors un aigle ça peut bien compter comme un Elfe.

(Bref, je pinaille.)

Pendant que tout le monde se prépare à la grosse bataille, Thorin part complètement en couille et fait plein de ralentis très relous (ah pardon, ça c’est juste le réalisateur). Alarmé, Bilbo décide alors de trahir Thorin et amène l’Arkenstone aux Elfes.  

Lorsque Thranduil et Bard montrent à Thorin qu’ils ont l’Arkenstone, bon, on s’en doute, il est bien vénère, et Bilbo se casse bien vite avant d’être jeté du rempart. Mais on n’a pas trop le temps de digérer tout ce drama, puisque voici qu’arrivent les renforts Nains, avec à leur tête Dain Ironfoot sur son COCHON GÉANT WHAT THE FUCK ???!!!


(Mais là les gars, mais vous êtes partis trop loin, plus personne ne peut vous suivre.)

Mais avant que la bataille s’engage, un grondement se fait entendre : ce sont les Orcs avec LES VERS DE DUNE OH PUTAIN MAIS SÉRIEUX MAIS QUOI ???!!!!


(Han mais les mecs, mais naaaaan.)

Alors parlons un peu des vers de Dune were-worms (et essayons d’oublier le fait que ces créatures sont mythiques dans le monde même de la Terre du Milieu et que donc elles N’EXISTENT PAS) et concentrons-nous sur le plan des Orcs :

Le plan des Orcs, c’est d’avoir des énormes vers géants comme alliés pour creuser des tunnels pour faire passer leurs armées et….c’est tout.

Sérieux, mec ? T’as réussi à convaincre les were-worms de venir participer à ta bataille, mais pas de creuser juste sous tes ennemis, par exemple ?

(Là, je dis non.)

Bref.

Et c’est le début de la bataille en CGI la plus moche du monde après Le Roi Scorpion. 

(Et ceux qui ont vu le Roi Scorpion savent de quelle échelle de mocheté on parle.)

Et vraiment, ça me fait mal au cœur, parce que le Seigneur des Anneaux est quand même une trilogie réputée dans le monde entier pour ses effets spéciaux hors normes et ses techniques révolutionnaires (évoquons simplement Gollum, alias le premier vrai bon résultat de la motion capture).

Et là, mais qu’est-ce qui s’est passé Peter ? T’avais tout ce qu’il fallait ! T’avais le budget, t’avais la fine équipe, alors qu’est-ce qui t’a pris ? Quel Grima Wormtongue a empoisonné ton esprit en te murmurant à l’oreille :

- Tu sais ce qui serait chouette ? Un filtre Photoshop dégueulasse sur TOUTES LES IMAGES !

Parce que c’est la seule explication que j’ai trouvée à cette sorte de patine chelou qui recouvre toute la péloche d’un genre de film brillant.






(Et puis alors le ciel, je pense qu’on n’a même pas besoin d’en parler.)

Et puis merde, Peter, t’avais la Nouvelle-Zélande, c’est un pays qui est magnifique sans efforts ! Dans le Seigneur des Anneaux, tu l’avais bien compris ! Un hélicoptère, une caméra, des acteurs, et en voiture Simone !

Mais là, même la Comté a été passée au filtre à rayons gamma fluo :



(Oh oh oh oh oh, I’m radioactive, radioactive….)

Franchement, tu trouves pas ça malheureux que mes photos de Hobbiton prises avec mon appareil Nikon de 2009 rendent mieux qu’un film à plusieurs millions de dollars de budget?


(Moi je trouve ça triste.)

Et le pire dans cette bataille, c’est que c’est pas seulement les décors qui ont l’air moche : non, c’est que tous les combats ont clairement l’air super fake. Et ça aussi ça me fait mal, parce qu’encore une fois, le Seigneur des Anneaux (DIX ANS PLUS TÔT) avait également été acclamé pour ses scènes de bataille réalistes.

(Genre ils avaient un logiciel pour générer des chevaux qui ne couraient pas au même rythme, pour éviter l’impression « copier/coller ».)

Et là, dès qu’on s’éloigne des gros plans, on dirait un projet de fin d’année d’un étudiant en modélisme.



(Mon cœur saigne.)

(Et avant que tu viennes me dire « Ouais mais c’est les Elfes, c’est normal qu’ils avancent tous en même temps, c’est parce qu’ils sont disciplinés », okay, mais est-ce que c’est normal qu’ils aient TOUS EXACTEMENT LA MÊME TAILLE ?)

Bref, la bataille s’engage, mais tu te doutes bien que Peter Jackson n’allait pas s’en tenir au bouquin. Et d’ailleurs, dans un sens, on ne peut pas le blâmer, puisque de 1 les scènes de bataille c’est le dada de Jackson, et de 2 les scènes de bataille c’est la grande hantise de Tolkien.

D’ailleurs, voici comment se déroule la bataille dans le livre (attention, ça va vite) :

Tous les gentils se rallient contre les méchants: les Elfes prennent position au Sud, les Hommes et les Nains à l'Est. (Les Orcs viennent de Gundabad, au Nord.) Les Elfes chargent en premier, et, juste quand les Orcs se remettent de la première vague, les Nains et les Hommes chargent et les massacrent. Les Orcs se replient tant qu'ils peuvent et lancent une seconde offensive, avec cette fois-ci les Wargs et les Chauve-Souris. Au milieu de la mêlée, Thorin se joint à la bataille, et tous les Nains se rallient à lui et se battent avec une ardeur renouvelée. Mais les hordes d'ennemis sont trop nombreuses, et ils sont peu à peu acculés par les Gobelins.

Bilbo regarde tout le spectacle en mode invisible (il a mis l'Anneau dès le début de la bataille) et commence à se dire que tout le monde va mourir, quand soudain, il voit les Aigles arriver à la rescousse! Puis une pierre lui tombe sur la tête et il s'évanouit, et quand il se réveille, la bataille est finie, Fili et Kili sont morts, et Thorin a juste le temps de lui demander pardon avant de mourir lui aussi.

Bilbo apprendra plus tard que, même avec les Aigles, la bataille était perdue, et que c'était finalement Beorn qui avait sauvé le cul à tout le monde en entrant dans la bataille comme un énorme Berserker et en tuant quasiment tous les Gobelins à lui tout seul.



(Badass.)

Bref, dans le film, c’était donc normal d’étoffer la bagarre un peu.

Un peu.

On a dit « un peu », Peter.

Comment ça, les Orcs décident d’attaquer Dale ? Attends, y’a deux batailles maintenant ? Avec des civils? Mais….

Comment ça, ils ont des Trolls ? Mais ça suffisait pas les Wargs et les Chauve-Souris ? Je….

Comment ça, plus de scènes avec Jar-Jar Binks ?


Bon, ben voilà, on aurait pu avoir une bataille de vingt minutes bien rythmée (même si très moche), mais non, maintenant on doit se farcir presque une heure de va-et-vient entre la vraie bataille et l’attaque sur Dale. Et d’ailleurs laisse-moi te conter l’attaque sur Dale, tu verras que niveau scénar, c’est du lourd.

En gros, Bard retourne à  Dale chercher ses enfants (tu te rappelleras que, dans le livre, tous les civils sont super loin de la bataille) (d'ailleurs on sait même pas si Bard a des gosses ou pas) (en fait on s'en fout).

Bref, Bard est informé par les passants les plus utiles du monde que petit 1 ses enfants sont au marché et que petit 2 les Orcs ont envahi le marché. Il vole donc à leur rescousse et les aperçoit au bout de la rue juste quand un Troll leur fonce dessus. Il saute alors dans une charrette et dévale la rue pour les rejoindre.

Et là, le troll qui vient tuer les enfants de Bard décide de Smauger pendant quarante minutes pour ABSOLUMENT AUCUNE RAISON si ce n’est l’envie explicite que Bard vienne le buter.

(Deux fois dans un seul film, ça commence à faire lourd.)

En effet, quand Bard grimpe dans la charrette, les enfants et le troll sont à l’autre bout de la rue :



(Et on voit clairement que le troll est déjà sur eux.)

Puis le troll lève sa massue, et s’arrête pour regarder Bard :


Alors que Bard est encore SUPER LOIN !


(T’avais le temps de les tuer trois fois et il te restait encore le temps  de te pousser du chemin tranquillement, gros.)

Mais non, à la place, il reste juste planté là comme une asperge et il attend de se faire tuer sagement.

(Oye oye oye.)

Puis Bard confie ses enfants à Jar-Jar alors qu’il sait très bien que c’est un lâche et un couard (médaille d’or du meilleur des papas) et Jar-Jar abandonne évidemment les enfants et pousse les vieux pour aller se réfugier, et là tu te dirais qu’on a eu droit à tous les clichés possibles et imaginables sur ce mec, mais ensuite on le retrouve déguisé en femme avec des faux nichons qui sont en fait des pièces d’or et PARDON MAIS EST-CE QUE PETER JACKSON VIENT DE PLAGIER ROBIN DES BOIS ?



(Ah ouais, dis donc, pfiou.)

Enfin bon, pendant ce temps, la bataille fait rage et Thorin fait le fifou tout seul au milieu de son trésor et il voit des dragons nager dans l’or liquide :


(Fais tourner l’adresse de ton dealer, Oakenshield.)

Et puis après un petit bad trip, il décide d’aller se tataner quand même, et, après force ralentis pour avoir l’air épique, il monte une expédition pour aller tuer Azog, avec Fili et Kili (et un autre Nain, franchement me demande pas son nom).

Ils enfourchent donc tous des bouquetins QUOI MAIS QUOI MAIS ATTENDS WHAT THE FUCKING FUCK ?


Alors on ne va même pas commencer à parler de montures ridicules, parce que bon voilà, visiblement c’était le but de ce film de faire n’importe quoi avec les modes de transport de la Terre du Milieu.

Par contre, j’aimerais bien savoir d’où sortent ces bouquetins.

Nan parce que là, dans le film, Thorin fait « On va tuer leur meneur », et hop il saute sur un bouquetin qui était là, au milieu du champ de bataille, sellé et tout. Sauf qu’avant, on a vu l’armée de Dain avancer, et excusez-moi du peu mais, à part Dain et son cochon, TOUT LE MONDE ÉTAIT A PIED !


(Tu vois des bouquetins, là ?)

(Moi je vois un cochon et ce qui semble être deux poneys.)

(Et même en admettant que ce sont des bouquetins, ça fait un total de deux, pas quatre.)

Et bon d’accord, c’est un détail, mais franchement, est-ce que ça aurait été si difficile de caser quatre bouquetins en images de synthèse dans un ou deux plans d’ensemble, au début de la bataille ?

Là, non, on dirait que tout le monde s’en fout.

- Et la, Thorin et les trois autres Nains enfourchent des bouquetins !
- Super ? Ils viennent d’où ?
- ON S’EN BRANLE !
- Okay, génial ! Un autre rail de coke ?


Bref, tout ce petit monde part à l’assaut d’Azog, mais forcément c’est un piège tendu par l'Orc. Bilbo décide d’aller les prévenir avant qu’il ne soit trop tard, et tombe au milieu de plein d’ennemis, mais fort heureusement pour lui, il semblerait que les adversaires dans les films du Hobbit soient étalonnés avec le level du personnage, du coup, il a de la chance, il tombe que sur des gobelins  lvl 1 qu’il tue avec des pierres.

Si si.

Il TUE des GUERRIERS GOBELINS avec des CAILLOUX.


(Alors que franchement, même dans les RPG level 1, on te file au moins une épée en bois.)

Mais bon, il finit quand même par se faire assommer par un des guerriers (qui aurait parfaitement pu utiliser sa lame, mais décide d’utiliser le manche de son arme, car il est très respectueux des personnages principaux), et Bilbo tombe gentiment dans les vapes.

Pendant ce temps, Legolas et Tauriel se ramènent dans la partie et décident d’aller aider Thorin et compagnie, et c’est parti pour le festival des Legolades :

On a d’abord cette scène SUBLIME où Legolas s’accroche à une chauve-souris géante pour rejoindre le lieu de la bataille, ce qui nous fait ajouter un animal de plus dans la très longue liste de modes de transports improbables :


(Les ascenseurs chauve-souris, les ascenseurs du futur !)

Puis s’ensuit une bagarre très pénible entre Legolas et Orc Moche Numéro Deux, où, comme dans le second volet, il n’y a aucune tension, puisqu’on sait très bien que c’est Legolas qui va gagner et qu’il va s’en sortir indemne.

(La seule bonne idée de cette scène étant de montrer Legolas à court de flèches – ça, j’avoue, c’était pas mal.)

D’ailleurs, je ne mentionnerais même pas la bagarre si elle n’avait pas été prétexte à la scène la plus tragiquement mémorable de ce film, à savoir celle de Legolas faisant un gros doigt aux lois de Newton.


(It's time to try, Defying gravityyyy. I think I'll try, Defying gravityyyyy…)

Et là, on aura beau me parler de la qualité des Elfes qui peuvent marcher sur la neige sans s’enfoncer dedans et tout le toutim, pardon, mais quand je vois cette scène, ça me fait penser à un jeu Mario. Toute la bataille a d’ailleurs furieusement des allures de jeu vidéo, type duel entre le personnage principal et le boss de fin de niveau sur un pont suspendu :



(Round 1, FIGHT !)

Bref, il tue le méchant, tu t’en doutais.

Et sinon, Azog chope Fili dans son piège et l’exécute en mode « Mafioso » devant Thorin, qui, enragé, se lance dans un duel avec l’Orc sur un lac gelé. Pendant ce temps, Tauriel vole au secours de Kili, mais bon voilà, tout ça ça dure des plombes, alors je vais te l’abréger : bagarre, bagarre, Kili meurt, Tauriel pleure.

Entre-temps, c’est l'affrontement acharné entre Azog et Thorin, et finalement ce dernier arrive à piéger l’Orc sous la glace.

Et là on pourrait croire qu’Azog est mort, mais non ! Non non non ! Il entre en mode full « Souviens-toi l’été dernier » et revient après cinq minutes en apnée sous la glace pour pourfendre Thorin :


(« Surpriiiiise ! »)

Bon bref, je vais pas te faire un dessin, chacun plante l’autre, tout le monde meurt.

(On dirait le résumé d'un épisode de Game of Thrones.)

A ce moment, Bilbo se réveille et se rend compte que la bataille est en train d’être gagnée, puisque comme dans tout bon Tolkien, les Aigles sont venus tout arranger

(Par contre, presque aucune mention de Beorn, je suis super déçue.)

(Le budget CGI avait dû être bouffé par les filtres Intagram sur les levers de soleil.)

Bilbo retrouve Thorin mourant et ils ont une jolie discussion sur le foyer, les arbres, et le pouvoir de l’amitié, puis Thorin meurt.

C’est la fin du film, et c’est le moment des conclusions pour tous les personnages. 

Dans le livre, Bilbo prend congé des Nains et repart vers la Comté avec Gandalf, non sans s'arrêter au passage chez Elrond le temps de réciter vingt-huit pages de poèmes.

(Ah ben ça, ça reste du Tolkien.)

Le livre s'achève sur une visite de Gandalf et Balin quelques années plus tard (Balin est alors seigneur de la Moria), et ce dernier apprend à Bilbo que la nouvelle ville des Hommes est prospère et que tout le monde est heureux, et c'est la fin.

Dans le film, on a quelques additions à cette trame, notamment Legolas qui reçoit des avis lourdingues de son père :

- Va vers le Nord et trouve les Dunedain. Il y a un jeune rôdeur parmi eux (WINK WINK), le fils d’Arathorn (NUDGE NUDGE), qu’on appelle Grand-Pas (WINK WINK). Quelqu’un qui va devenir très important (NUDGE NUDGE).
- Et comment s’appelle-t-il ?
- Ben c’est AragaoAH PARDON, hm…. Tu devras découvrir son nom par toi-même, clin d’œil, clin d’œil.


(Oh putain que c’est pénible.)

Les Nains prennent chacun leur chemin, Bilbo rentre chez lui, et Gandalf part enquêter, parce qu’il est persuadé que Bilbo a récupéré un anneau de pouvoir lors du voyage.

(Et Tauriel ? Rien, elle pleure, c’est tout.)

Le film s’achève sur Bilbo vieux (joué par Ian Holm, comme dans le Seigneur des Anneaux), enfermé chez lui juste avant sa grande fête d’anniversaire, quand Gandalf toque à la porte. La boucle est bouclée.

Générique.

(Fiou.)

Alors, en rétrospective, qu’y-a-t-il donc à tirer de cette Trilogie du Hobbit ?

Les trois chansons des trois génériques, qui sont franchement toutes très cool (la musique de la Trilogie en général est aussi très bien), et la performance magistrale de Martin Freeman qui excuse beaucoup de choses dans ce film.



(Gros gros love sur Martin Freeman)

Et à part ça ?

RIEN.

Ces trois films n’étaient pas justifiés et ne méritent pas d’exister.

Je propose qu’on les mette dans le trou noir où on a jeté Star Wars : La Menace Fantôme et qu’on n’en parle plus jamais.

Et je vote pour qu’on dise tous à nos enfants que le Seigneur des Anneaux est une Trilogie, point barre.

Deal?

Deal.

(De toute façon on va déjà leur mentir pour le Père Noel et le lapin de Pâques, on n’est plus à ça prêt.)