dimanche 21 juin 2015

Brève immobilière


Récemment, Professeur Flaxou et moi, on a eu notre première inspection d’appartement.

En effet, quand tu loues un logement en Nouvelle-Zélande, c’est normal que le propriétaire fasse des visites d’inspection régulièrement, pour vérifier que sa propriété est bien entretenue. Et quand je dis « régulièrement », tu vas voir que c’est pas juste une façon de parler.

La loi stipule en effet que les propriétaires sont tenus d’espacer leurs visites d’au moins quatre semaines. Ce qui est quand même franchement raide, parce que ça veut dire que tu peux te taper jusqu’à une inspection par mois.

(Autant dire que, si t’as un proprio paranoïaque, t’es jamais tranquille.)

Si le propriétaire estime pendant la visite que le locataire est en rupture de contrat sur un ou plusieurs points, il lui donne un document officiel lui demandant de régler toutes les infractions constatées sous 14 jours. Au bout des 14 jours, il revient, et si rien n’a été fait, il a le droit de demander l’expulsion du locataire.

Alors évidemment, le propriétaire ne peut pas se pointer comme ça ; il doit donner un préavis écrit de 48 heures, cachet de la poste faisant foi.

Le truc qui m’a vraiment choqué, c’est que le locataire n’a pas à être présent pendant la visite d’inspection.

Par exemple, nous, on a reçu ce courrier dans la boite aux lettres (déposé le vendredi soir pour nous alerter d’une inspection le lundi – heureusement qu’on n’était pas partis pour le week-end, dis donc), qui nous disait :


« L’inspection se fera le 15/06/2015 entre 9 heures et 17 heures. »

Donc en fait les gars choisissent exprès les horaires où 90% des gens employés seront au taf, et en plus te préviennent le vendredi soir pour le lundi matin, de sorte que t’as même pas le temps de poser un congé.

(Chais pas toi, mais moi ça me paraît louche.)

Et, au niveau légal, c’est très flou : on dit juste que le propriétaire a le droit d’entrer dans la maison et de faire son inspection, mais rien d’autre n’est spécifié. Du coup, le gars peut ouvrir les placards, fouiller dans tes petites culottes, la totale. (En plus t’en sauras jamais rien, vu que t’es pas là au moment de l’inspection.)

Et ce serait un truc qui m’aurait beaucoup plus emmerdé il y a quelques années, mais depuis que je vis en Nouvelle-Zélande, je suis devenue experte dans l’art d’en avoir rien à foutre.

(Du moment qu’on ne touche pas à mon chocolat, tout va bien.)

J’ai quand même bien rigolé en lisant le reste de la missive, qui nous expliquait qu’avant une inspection, on devait faire le grand ménage de ouf, et une description en-dessous qui listait « passer l’aspirateur, nettoyer les toilettes et le comptoir de la cuisine, et passer une éponge sur les surfaces ».

Ça, pour les Kiwis, c’est donc le grand ménage de printemps.

Eh ben ça va, ils mettent pas la barre trop haut.

A ce stade c’est plus un concours de limbo qu’autre chose.

(Viens en Alsace juste avant Pâques, je vais t’en montrer, moi, du vrai ménage de printemps.)

Donc on a fait notre ménage normal hebdomadaire, qui était plus complet que les recommandations de l’agence parce qu’on ne vit pas comme des SAUVAGES merci bien, et le lundi soir, je suis rentrée pour trouver un petit mot sur ma cuisinière disant :

- Salut ! Votre logement a été inspecté. Si jamais on a constaté des infractions, on vous tiendra au courant. Bonne journée et vive l’amour ! Bisous bisous !

(J’ai ajouté les bisous.)

(Mais le ton y était.)

Je suis quand même allée vérifier si y’avait pas des tiroirs entrouverts, mais je n’ai constaté qu’une seule trace du passage du proprio : y’avait des traces de doigts sur mon épée.


(La grande, pas la petite.)

Alors comme ça on est fan de Game of Thrones, Jean-Mi ?

Mais je lui pardonne, parce que tout le monde n’a pas une épée chez soi (même si tout le monde devrait en avoir), alors c’est bien normal de vouloir la prendre en main et se sentir épique pour deux minutes.

(En plus maintenant il sait qu’on est non seulement des gens propres, mais aussi des gens COOLS.)

Bref, avec tout ça, je comprends mieux pourquoi les Aucklandais cherchent tous désespérément à acheter leur propre maison au lieu de louer: entre les interdictions diverses (si t'es fumeur ou amis des animaux, t'es baisé d'avance, disons-le) et les inspections tous les mois, et LE FUMIER QUI A TONDU MA MENTHE COMME UNE ALLEMANDE A LA LIBÉRATION (une menthe que j'avais achetée trois dollars et planté avec amour dans mon coin de jardin, et qui a été sauvagement ratiboisée par le mec qui vient tondre les pelouses de tout le bloc), y'a de quoi rêver d'être propriétaire.

Et "rêver" est le terme approprié, puisqu'une maison à Auckland coûte en moyenne un million de dollars.

(Ouais, je pense qu'on va encore louer un petit bout de temps.)

(Tant pis pour les proprios qui touchent à mon épée.)

A bientôt pour du sang, des larmes et de la sueur (je me suis inscrite à la gym).

A tôt-bien dans le train!

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