jeudi 30 juillet 2015

La loi des séries


Et donc c’est l’hiver et je suis incroyablement en retard sur mes séries.

Quelques explications sur l’hiver Kiwi, pour commencer : quand je suis passée de l’hémisphère Nord à l’hémisphère Sud, je ne pensais pas que ça ferait une grande différence au niveau des saisons, puisqu’après tout je suis grosso modo à la même latitude, mais juste dans l’autre sens.

Et, en deux ans et demi, j’ai quand même bien réussi à m’adapter à ce nouveau climat (okay, y’a 90% d’humidité dans l’air en permanence, mais en contrepartie il fait moins froid l’hiver et moins chaud l’été, mes os de petite mamie se réjouissent).

Par contre, les saisons inversées, c’est la misère.

Et là, tu te dis peut-être « Bon d’accord, t’as l’hiver en juillet-août, mais en contrepartie, c’est l’été en janvier-février, donc au final c’est la même chose, non ? »

NON.

CENT FOIS NON.

Parce que le truc qui te fait tenir un hiver alsacien, c’est Noël.

Et je savais déjà que fêter Noël en été ce serait une abomination totale (et j’avais complètement raison) (c’est une hérésie), mais j’avais carrément pas vu venir le contre-coup, AKA : les longs mois d’hiver pluvieux entre juin et septembre, pendant lesquels tu ne peux rien faire de cool parce que toutes les activités fun de ce pays se font en extérieur, et où, coup de grâce, t’as même pas Noël pour te faire tenir la distance !

(Non, à la place on a un pauvre jour férié début juin, où on n’a rien à faire de cool parce QU’IL PLEUT.)

Bref, je sais pas si ça se sent, mais pendant l’hiver néo-zélandais, je suis un poil à cran.

Parce que l’été en Nouvelle-Zélande, c’est une myriades d’activités cools qui te tendent les bras :

aller à la plage ;
faire des randonnées ;
aller se baigner sous les cascades dans le bush ;
aller cueillir des fraises ;
faire des barbecues ;
être invités à des barbecues ;
aller à la pêche ;
faire un nouveau barbecue avec les poissons qu’on a pêchés ;
partir en week-end canyoning ;
se faire une balade en kayak ;
faire une partie de bumper ball ;
faire du snorkeling ;
sortir de l’eau en hurlant parce qu’on a vu un poisson de plus d’un centimètre de long ;
passer l’après-midi à lire un bouquin sur la plage et à se tartiner de protection 50 pendant que Flaxou barbote dans l’eau jusqu’à être tout fripé parce qu’un autre plongeur lui a dit qu’il avait vu un poulpe et que du coup il a décidé que lui aussi il voulait voir le poulpe sauf qu’entre-temps le poulpe était parti alors bon du coup ça fait deux heures qu’il retourne tous les cailloux pour trouver le poulpe;

Bref, l’été néo-zélandais, c’est le bonheur sur une tranche de kiwi.











(Preuves à l'appui.)

(Et encore, là, j’ai parlé que des trucs qu’on fait nous. Mais j’aurais aussi pu lister le VTT, le parapente, le saut à l’élastique, le zorb, le camping, le surf, la planche à voile, et plein d’autre trucs cools qu’on est pas assez cools pour faire.)

Et en contrepartie, la liste d’activités qu’on peut faire l’hiver dans ce pays est quelque peu plus courte :

Aller au cinéma (pile à temps pour la sortie des blockbusters de l’été hollywoodiens et RIEN D’AUTRE) (mange tes sequels, tes prequels, tes remakes et tes reboots) ;
Aller au restaurant (et frissonner dans les courants d’air) ;
Faire les soldes (dans l’un des 5 magasins de la ville) ;
Aller au musée (au singulier - y’en a qu’un) ;
Aller au théâtre (au singulier, cf. ci-dessus) voir la pièce (la programmation change à peu près tous les trois mois) ;
Aller à l’un des divers festivals qui animent Auckland toute l’année (et se faire rincer par une pluie glacée, parce que les gens ont pas compris que c’était une mauvaise idée d’organiser des événements en extérieur en plein cœur de l’hiver) (mais en même temps, qu’est-ce que tu veux attendre de la part d’un peuple qui met des chaussures que trois mois dans l’année) (ces gens sont fous) ;
Rester à la maison parce qu’on est fauchés et que toutes les activités ci-dessus sont payantes ;
Se morfondre dans le ronronnement du déshumidificateur en pensant à tous les plats à base de fromage qu’on pourrait manger pour se réconforter, sauf qu’on peut pas - à moins de tout remplacer par du cheddar, et pardon mais la tartiflette au cheddar laisse tomber le sacrilège.

Et toutes les activités en extérieur, à Auckland, tu peux oublier, puisqu’il pleut tellement que, même les beaux jours, on peut pas aller faire une balade sans se noyer dans des torrents de boue.

(C’est le moment dans l’année où on envie les veinards de l’Ile du Sud, qui ont des montagnes enneigées et qui peuvent faire du ski.)

(Les bâtards.)

Le diaporama de mes activités d'hiver en Nouvelle-Zélande se résume donc à ça:


(Youhou)

(Tu noteras la petite couverture pour pas geler d'un bloc sur ma chaise.)

Du coup, comme je suis consignée à la maison à chaque week-end, je me suis dit « foutue pour foutue » et j’ai demandé à ma copine Sarah de me conseiller des séries à regarder. Double avantage puisque de 1 Sarah, c’est LA référence en matière de sériephile, elle a facile mille séries sous le capot (et pour une fois ce n’est pas une hyperbole) et de 2 Comme elle me connait bien, elle sait exactement ce qui va me plaire ou non.

J’ai donc commencé mon hiver rassérénée, avec une liste Betaseries longue comme le bras, en me disant « Cool bananas, j’ai de quoi m’occuper jusqu’à la rentrée en septembre » (et peut-être même de quoi m’occuper jusqu’à la prochaine saison de Sherlock) (vers 2023).

Sauf qu’entre-temps, Professeur Flaxou a ruiné ma vie une seconde fois :

- Tu joues plus a Falllout New Vegas ?
- Nan. C’est un bon jeu, mais il est moins bien que Skyrim, alors je me lasse plus vite.
- Et Skyrim, t’y joues plus ?
- Ben non, j’ai fait toutes les quêtes.
- Tu sais que si tu vas sur le workshop, tu peux télécharger des quêtes additionnelles gratuitement ?


Bravo, Flaxou.

Non, vraiment, champion du monde.

J’avais tout juste réussi à décrocher, et le gars, il me replonge le nez dans la poudreuse.

Du coup laisse tomber la neige comment je vais jamais réussir à terminer une seule des séries de ma liste, parce que là, c’est reparti pour 400 heures de jeu.

(Ci-mer les tarés de la vie qui décident de coder pendant deux mille heures juste pour le kif d’offrir au monde entier des quêtes additionnelles, avec des nouveaux personnages, des nouveaux items, des fois même des putains de MONDES ENTIERS avec des villages, des donjons, des fleurs, des vaches, la totale.) (Et tout ça gratos, juste parce qu’ils t’aiment bien.)

(Ça fait plaisir de voir qu’il y a des gens plus obsessionnels que moi sur ce jeu.)

Bref, je voudrais, si tu le veux bien, profiter de cet article pour accorder une minute de silence à ces séries que je ne finirai jamais :

« Hannibal » pour commencer, qui était pourtant bien partie, j’avais presque fini la saison 1.(C’était une série qui me donnait paradoxalement faim, parce que le mec, okay, il cuisine de l’humain, mais sans deconner je suis la seule à trouver que ses plats ont l’air super bons ?)

(Non ?)

(Juste moi ?)

(Ah bon.)

« True Detective » dont la saison 2 a commencé depuis des semaines et j’ai toujours pas regardé un seul épisode. (Pourtant j’avais beaucoup aimé la saison 1, et là en plus j’ai vu la bande-annonce et y’a Colin Farrell avec une moustache, comment pourrait-on vouloir rater ça ?)

« How to Get Away with Murder » alias la série que je vais clairement jamais finir, parce que j’ai regardé 3 épisodes avant de me rendre compte que c’était Docteur House avec des avocats. 

LITTÉRALEMENT.

Y’a le professeur irascible mais brillant que tout le monde admire et craint et qui enseigne de manière peu orthodoxe (House/Keating), y’a l’étudiante toute mimi et gentille et première de la classe (Dr Cameron/Laurel), y’a le beau gosse charmeur (Dr Chase/Connor), y’a la meuf super compétitive et prête à tout pour réussir (Amber "Cut-throat Bitch"/Michaela) , et y’a le type qui sort du moule mais qui est bien gentil (Dr Foreman/Wes).

Et non seulement la série a les mêmes personnages que dans Docteur House, mais en plus chaque épisode suit le même déroulement paresseux (« Han mais comment on va innocenter ce mec ? », puis enquête, révisions, « j’ai trouvé un truc mais c’est pas terrible », « tant pis on n’a plus le temps faisons comme ça », puis dix minutes avant la fin, BOUM RÉVÉLATION et twist final.)

(Comme du papier à musique.)

Donc laisse tomber, je préfère encore regarder des vieux épisodes de House et crier à mon écran « Mais bien sûr que non c’est pas une sclérose en plaques ! Vous en êtes qu’a vingt minutes d’épisode ! »

Y’a aussi « Orphan Black » dont je n’ai pour le moment vu que le pilote, et pourtant dieu sait combien le monde entier me rebat les oreilles sur la génialitude de cette série (mes amis, les amis de mes amis, et tous les gens sur tous les Tumblr de Tumblr).

« Bloodline » pareil, j’ai vu que le pilote, et j’étais à la fois intriguée et larguée (mais attends, les gars ils ont tué leur frère ? Mais d’abord y’a combien de mômes dans cette famille, trois ou quatre ? En comptant celui qu’ils ont tué ? Ou bien est-ce qu’il est mort autrement et ils se débarrassent du corps ? Mais pourquoi ? Et le frère parfait, là, il est pas flic ?)

(C’est à n’y rien comprendre, mais bon, comme c’est la Floride, j’imagine qu’il y a une histoire de methamphétamine quelque part.)

Aux oubliettes aussi, « Younger », dont je n’ai vu que le pilote et qui était tellement furieusement girly qu’il m’a fallu genre trois jours pour le digérer. (En plus, putain, une série avec Hillary Duff, c’est quand même un peu la série de la honte.)

(Et je m’y connais en séries de la honte.)

(Je regarde encore Downton Abbey.)

Parlant de séries anglaises, j’en profite pour dire toodle-oo à « Utopia », que j’avais téléchargée dans ma phase « les séries British sont les meilleures de l’univers » et que j’en avais marre de me rediffuser Black Books, the IT Crowd et Sherlock en boucle. Du coup, quelque part entre Broadchurch, Misfits, A Young Doctor’s Notebook, Peaky Blinders et Downton Abbey The Office, j’avais téléchargé Utopia, qu’un pote m’avait conseillée parce que j’avais dit que j’aimais beaucoup Black Mirror.

Sauf que j’avais omis de dire que j’étais une pire chochotte et qu’il me fallait en général six mois pour me remettre de chaque épisode de Black Mirror (big up à l’épisode avec le cochon - ça fait un an et je l’ai toujours pas digéré).

Du coup j’ai commencé Utopia pleine de bonne volonté, en me disant que ce serait une chouette série un peu fantastique (le pitch : une bande de fanboys du roman graphique « Utopia » qui ne se connaissent que via Internet sont pris en chasse par une mystérieuse organisation lorsque l’un d’entre eux met la main sur le manuscrit du tome 2 d’ « Utopia », qui n’a jamais été publié car l’auteur est mort, et qui, selon la rumeur, pourrait prédire l’avenir) (tam tam taaaam).

Sauf que cash dans l’épisode 1, on assiste à un meurtre d’enfant avant même le générique.


(LA JOIE)

Puis on arrive à une scène de torture, et le méchant qui a ligoté le gentil lui tient un dialogue que j’ai bien vu venir malgré moi :

- En matière de torture, chacun a sa zone du corps préférée….
- Pas les yeux, pas les yeux, pas les yeux…
- Les parties génitales…
- Pas les yeux pas les yeux pas les yeux…
- Les dents….
- Paslesyeuxpaslesyeuxpaslesyeux…
- Pour ma part, je préfère les yeux.
- Putain de merde.

(Et donc, vas-y que je te frotte du sel, puis du piment, puis de la javel dans les yeux, et puis bon après j’ai vu arriver une petite cuillère alors j’ai coupé la télé parce qu’il faut pas trop m’en demander.)

Et tant qu’on est dans l’international, citons aussi la série que je dois finir depuis neuf ans, c’est-à-dire « Cowboy Bebop », que Flaxou a enfin réussi à me faire visionner après douze mille ans de ça :

- Tu devrais voir Cowboy Bebop.
- J’aime pas les animés japonais.
- Celui-ci tu vas l’aimer.
- J’aime pas les animés japonais.

Et c’est qu’il est tenace, l’asticot :

- Ha c’est trop bien Firefly.
- Tu sais ce qui est presque pareil ? Cowboy Bebop.

- Hmmm, il est délicieux ce chocolat !
- Tu sais ce qui est délicieux aussi ? Cowboy Bebop.


Et puis un jour, je parlais à mon pote Stan qui aime beaucoup les animés, et il m’a dit :

- Mais en fait, Cowboy Bebop, on peut l’apprécier même si on n’aime pas les animés. C’est un peu comme on peut apprécier « Gattaca » même si on n’aime pas la science-fiction.

Et ça m’a fait réfléchir, parce que je me suis souvenue que ma mère a aimé Gattaca.

Ma MÈRE.

(AKA la personne qui ne voulait pas aller voir Gravity parce que « Je t’ai déjà dit que je détestais Star Wars ».)

(Oui, pour ma mère, tout ce qui se passe dans l’espace, c’est Star Wars.)

(Cherche pas.)

Du coup je me suis dit que si ma mère avait pu être assez ouverte d’esprit pour apprécier Gattaca, je pouvais bien faire preuve de la même tolérance. Donc je suis rentrée à la maison ce jour-là et j’ai dit à Fla :

- OK, viens, on regarde Cowboy Bebop.

(Je l’ai rarement vu aussi heureux.)

(C’était à peu près du même niveau que quand il rentre d’une longue journée de merde et que j’ai acheté des bonbons.)

Donc on s'est installés devant la télé avec Flaxou en mode :

- On regarde Cowboy Bebop, on regarde COWBOY BEBOP WOOT WOOT WOOT.

Autant te dire que je redoutais un peu le truc.


(Allez vas-y, montre-moi ton truc avant que t'hyperventiles.)

Et ça me fait mal de le dire, mais : Cowboy Bebop, c’est bien. Flaxou avait raison et j’avais tort.

(J’espère qu’il ne va pas s’habituer, parce que j’ai bien l’intention que ça ne se reproduise plus jamais.)

Seulement je peux pas regarder Cowboy Bebop en mangeant parce que c’est en VO et que je dois lire les sous-titres, et comme dès que j’ai fini de manger je retourne jouer à Skyrim, bah du coup j’ai vu genre 5 épisodes.

Et en parlant de choses qu’on peut pas regarder pendant qu’on mange, bisous à « The Strain » mais déso, comme Capri, c’est fini.

(De toute façon, la fin de la saison 1 commençait déjà à me gonfler un peu.)

(Une preuve de plus qu’une œuvre de fiction avec des vampires finit toujours par puer du cul.)

(Même si c’est des vampires dégueulasses et plein de gros vers.)

J’ai même arrêté « Marco Polo », alias la série qui avait tout pour me plaire (de l’histoire, des voyages, des beaux gosses – ça aurait pu devenir mon deuxième « Vikings ») (team Rollo) - Sauf que je me suis fait super chier et que du coup j’ai même pas vu la moitié de la saison 1.

(Alors que « Vikings », il m’a suffi de la bande-annonce de la saison 4 pour faire des bonds de joie dans tous les sens pendant huit jours.)

(Sauf quand on voyait la princesse Gisla de mes fesses, parce que je m’énerve toute seule rien qu’en me rappelant de son accent qui pue l’anglais LV3.)

(BEEOLD ZI ORIFLAMME, ZI OLY BANNEUR, non mais ça va calme-toi deux minutes Edith Piaf, t’es censée venir du peuple des Francs, pas du peuple des Français, nom de nom ! C’est un accent allemand qu’il faudrait te coller au palais, pas cet espèce de parodie de méchant de James Bond.)

(“You si, aye ame not verry conveenced zis ise Frenche eenof. Peuraps jeuste euh beet maure?”)

(NON.)

Bref.

Et encore ces séries-là, je les ai au moins entamées un peu. Mais dans les bas-fonds de mon compte BetaSeries, j’ai aussi une liste longue comme le bras de trucs que j’ai même pas commencé.

Pour les curieux, la liste inclut « Battle Creek » (parce que Vince Gilligan forever), « The Man in the High Castle » (parce que j’ai lu le livre y’a genre mille ans et dans mes souvenirs il était bien) « The Americans » (parce que j’ai lu « guerre froide » dans le pitch et laisse tomber c’est trop ma guerre préférée), « Rectify » (parce qu’il y a pas un seul pékin sur Facebook qui arrive à la fermer deux minutes à propos de cette série alors je me suis dit qu’il fallait bien que je teste) (vis ma vie de mouton), et « Empire » dont honnêtement je connais même pas le synopsis, mais Sarah m’a dit « Regarde Empire » et je suis quelqu’un d’obéissant.

Du coup, j’ai encore deux mois de libre pour terminer tout ce schmilblick.

Juste deux mois parce qu’après c’est septembre, et que les trois mille autres séries que je suis avec ardeur et dévotion vont recommencer.


(Sauf Game of Thrones – allez, plus que neuf mois.)

(Et Sherlock – allez, plus que huit ans.)

Et comme je me sens un peu addict au vu des quatre-vingt références que je t’ai balancé, je fais un sondage de fin d’article pour me rassurer que je suis pas la seule tarée – et toi, sur quelles séries est-ce que tu es super en retard ?

Allez, bisous les p’tits loups, profitez bien de votre été !

On se retrouve quand j’ai de nouveau des choses qui se passent dans ma vie IRL.

(Sinon je peux te faire un article sur mes quêtes dans Skyrim.) (Mais c’est à peu près tout.)

jeudi 9 juillet 2015

Professeur Flaxou, ce mélomane incongru


Professeur Flaxou a des goûts musicaux fort étranges.

Il ne connait rien à la musique populaire, qu’elle soit ancienne ou moderne. Et quand je dis « rien », c’est pas style je fais mon intolérante, nan ! C’est « rien » genre « je suis né sous un caillou », rien !

Du moins, c’est la seule explication que j’aie trouvée, au vu des conversations ahurissantes qu’on a eues ces dernières années :

- Ce gars c’est trop un psychopathe, je suis sûre que pour se bercer la nuit, il écoute du Wagner.
- Du quoi ?


Bon, alors là, j’ai pas tiqué. C’est vrai que c’est une référence relativement pointue si on n’est pas trop fan de musique classique.

Soit.

Six mois plus tard :

- J’adore ce pull, ils est trop confortable… même s’il fait un peu « Kurt Cobain du pauvre ».
- Qui ça ?


Non, enfin j’veux bien que tu sois pas fan de rock, Flaxou, mais quand même, presque tout le monde se souvient de Kurt Cobain !

Mais bon, admettons que tu n’aies pas la mémoire des noms.

Passons.

Deux mois plus tard :

- Ma mère elle a peur que je me fasse assassiner par un de mes lecteurs, genre elle croit que je suis John Lennon.
- Qui ça ?


NON.

ALORS LA, NON.

JOHN LENNON!

TU CHIES DANS LA COLLE, FLAXOU!

Et Dieu sait que je suis loin d’être une fan des Beatles (je change pas de station quand ça passe à la radio, mais je m’écouterais pas un album entier) parce que je les trouve trop yé-yé, et que je ricane toujours dans ma barbe quand je tombe sur des débats « les Beatles ou Elvis «  parce que ma réponse personnelle, c’est les Stones, toujours les Stones, un million de fois les Stones.

Mais là, sans parler de goûts personnels, JOHN LENNON quoi ! Connaitre le nom de John Lennon, c’est même plus de la culture musicale, c’est de la culture GENERALE !

- Mais enfin Fla, ne pas savoir qui est John Lennon, c’est comme… ne pas savoir qui est John Kennedy !
- Qui ça ?
- ….
- Nan j’te charrie.
- Ouf.
- C’est le type qui est allé sur la lune, c’est ça ?


(C’est vrai que, des fois, j’oublie à qui je m’adresse.)

Donc oui, Professeur Flaxou peut te réciter tous les noms latins de touts les procaryotes existants, et te dessiner de tête un arbre de classification de tous les sous-genres de bacilles, mais il ne sait pas qui a marché sur la lune, parce que, je cite, « Je garde ma mémoire disponible pour les choses importantes, comme les méduses ou les bactéries », et je cite toujours, « Qu’est-ce qu’on s’en bat les couilles du gars qui a marché sur la lune ».

(Le pauvre monsieur Armstrong se retourne dans sa tombe.)

Du coup, j’ai inventé un jeu de voiture rigolo pour les voyages à travers Auckland avec Professeur Flaxou : je mets la radio et, dès qu’un morceau classique passe, je le quizze:

- Et cette chanson, Fla ? Tu la connais !
- Ouais, je l’ai déjà entendue.
- Elle est de qui ?
- Heu…. Les Beatles?
- Mais Fla! C’est “Californication”!
- Ah pardon… Les Rolling Stones!

Et c’est comme ça pour tous les artistes et tous les groupes connus.

(La dernière fois, il a confondu Linkin Park avec les Beatles, quand même.)

(Et l’autre jour, quand c’était vraiment les Beatles, il croyait que c’était Bruno Mars.)

(Voilà voilà.)

Le jazz, le rap, le rock, la pop : tous ces genres ne sont qu’une même soupe tiède aux oreilles de notre bon Flaxou.

Parce que Flaxou, il aime le METAL.


Et c’est là que son oreille est étonnante. Parce que, le mec qui ne sait pas différencier Nirvana et les Black Eyed Peas, il sait faire la différence entre un hurlement sur fond de basse et un hurlement légèrement plus grave sur fond de basse.

(Ça me dépasse.)

Car oui, si Flaxou et moi aimons tous les deux le metal, il est clair qu’on n’aime pas le même genre.

Moi, comme je reste quelqu’un d’assez mainstream, je privilégie les genres de metal où l’on chante plus qu’on ne gueule. Du coup, je suis particulièrement sensible aux charmes du Power Metal et du Folk Metal.

(Si ça parle de dragons, de pirates ou de Vikings, je suis à bord.)

(Et s’il y a des instruments excentriques dans le tas, tu m’as conquise.)

Et puis, comme je suis une petite mamie du rock, évidemment, je remue prestement ma crinière quand j’entends du Black Sabbath, du Metallica ou du Led Zeppelin.

Mais Flaxou, lui, il aime les trucs brutaux. Le Black Metal. Le Death Metal. Le Viking Metal (qui est comme du Folk Metal, mais en plus brutal). Et le Hardcore. Et le Grindcore (qui est apparemment un type de Hardcore où on hurle encore plus fort.)

(Perso j’ai pas entendu la différence, mais bon en même temps je saignais des oreilles.)

Et, là où je privilégie les thèmes « JRR Tolkien foreva », Flaxou privilégie les thèmes tels que « ON VA TOUS CREVER ALORS JE VAIS METTRE LE FEU PARTOUT POUR LA GLOIRE DE SATAN AHAHAHAH ».

Exemple : voici un extrait de mon groupe de metal moderne préféré :


Et maintenant, voici une chanson du groupe préféré de Fla :


(C’est pas tout à fait le même délire.)



Du coup, quand on discute metal, c’est plutôt moi qui suis larguée, parce que j’ai un peu du mal à m’y retrouver dans les sous-genres (pour ceux que ça intéresserait, voici une carte interactive fort instructive).


Bref, Professeur Flaxou est un savant du metal, mais il déteste unanimement tous les autres genre de musique.

Un seul artiste, un seul, fait exception à la règle.

Et c’est Pink.

Oui oui.


Pink.


La chanteuse pop Pink.

Tout à fait.

Mon époux le gros bourrin de la musique, qui est incapable de différencier Bob Marley et Bruce Springsteen, il te reconnaît cash n’importe quelle chanson de Pink qui passe à la radio – et malheur à toi si tu changes de station.

(Les effets secondaires incluent du chantonnage à tue-tête, et quelquefois des chorégraphies impromptues.)

Et quand je lui ai fait la remarque que c’était un peu étrange pour quelqu’un qui détestait la musique pop de kiffer Pink, l’intéressé m’a répondu :

- Nan mais c’est pas de la musique commerciale avec Pink. Tu sens qu’elle aime ce qu’elle fait, qu’elle chante avec son cœur. C’est une ARTISTE !
- C’est une artiste au même titre que Cannibal Corpse, c’est ça que tu veux dire ?
- Exactement !


(Cet homme ne cessera jamais de m’étonner.)

Du coup j’ai fait des petites expériences :

- C’est quoi ton CD ?
- C’est Billie Holiday. Dans le genre « chanter avec son âme » je pense qu’on fait pas mieux.
- C’est nul. Remets The Rock, ils passaient du Marilyn Manson.

Donc, franchement, je ne sais pas.

Je ne sais pas comment Pink a pu conquérir le cœur de ce métalleux pur et dur, c’est un mystère qui ne sera jamais élucidé.

(Même si perso, j’aurais préféré qu’il jette son dévolu sur Ed Sheeran, ça nous aurait fait au moins un artiste en commun.)

(J’en ai marre d’aller en concert toute seule parce que j’aime que des musiques de petits vieux.)

(Casse-dédi au concert de Bruce Springsteen où j’étais la seule personne présente sans prothèse de la hanche.)

(Et ça incluait Bruce Springsteen.)

(Mais c’était quand même de la bombe.)

(Pink peut aller se rhabiller.)

PS : Question pour mes lecteurs en couple : êtes-vous en harmonie musicale parfaite avec votre conjoint(e), ou bien est-ce que c’est la guerre à chaque road trip ?

(Flaxou et moi, on a trouvé la solution : comme la radio nous lâche dès qu’on quitte Auckland, on coupe tout, et à la place, on chante le générique de Game of Thrones en boucle pendant des heures.) (Quand on était dans l’Ile du Sud, on a passé les Alpes rien qu’en chantant la version chat.)

mercredi 1 juillet 2015

L'instant Kiwi: Le New Zenglish



(Wikipedia n'est pas le dernier pour la déconne.)



Comme tu le sais, en Nouvelle-Zélande, on parle anglais.

(La géographie pour les neuneus, bonjour.)

Comme tu le sais aussi si tu me lis régulièrement, c’est un anglais un peu spécial : il est plein d’exclamations bizarres (cf. les "eh ?" qu’on entend à chaque fin de phrase), de termes exotiques (tels que "She’ll be right mate", qui signifie « ça va aller » - QUI est ce "she" ??), sans oublier l’accent qui te donne des envies de suicide aux premiers jours de ton arrivée.

(Sérieusement, quand les orthophonistes font des cauchemars, c’est l’accent Kiwi qui occupe la place d’honneur.)

Bref.

Niveau lexique, les Kiwis se rangent plutôt aux côtés de leur idole, le Royaume-Uni, quand il s’agit de se situer sur le clivage anglais britannique VS anglais américain  – mais ils sont quand même beaucoup plus cools que les Anglais quand il s’agit d’emprunter du vocabulaire américain.

(Et je dis ça en connaissance de cause, ayant passé un an à me faire corriger par tous les Anglais d’Angleterre dès que j’utilisais des mots américains par réflexe.)

("Oh, you mean the lift, dear", bah oui William Shakespeare mais moi j’ai été élevée avec des séries américaines, et aux dernières nouvelles c’est pas non plus un crime de dire "elevator".)

Bref.

Mais ce que je trouve le plus intéressant chez les Kiwis au niveau lexical, ce sont les mots qui n’existent qu’ici.

Par exemple, une expression locale commune est "Up the boohai", qui s'utilise pour dire que quelqu'un est perdu ou loin de la civilisation (exemple: "I can't reach her on the phone, she's somewhere up the boohai"). C'est l’équivalent Kiwi de notre Perpète-les-Oies, si tu veux. Et le mot "boohai" est en fait une déformation phonétique du mot "Puhoi", qui est le nom d'une rivière située loin au Nord de l’Île du Nord. 

"Up the Puhoi", littéralement « en amont de la rivière Puhoi », a donc évolué au fil du temps pour désigner un endroit loin de tout.

C'est un exemple typique tiré de la toponymie locale, mais bizarrement, il n'y a pas tellement d'expressions de ce type. Un truc beaucoup plus courant en Nouvelle-Zélande, c'est les versions kiwies de mots anglais existants.

Par exemple, la glacière (élément clé de tout été néo-zélandais qui se respecte) se dit en américain "cooler", donc littéralement « rafraîchisseur » - simple, efficace, concret, en plus y’a le mot « cool » dedans et chacun sait que les Américains adorent ça. Logique. 

En britannique, on dit "icebox", soit « boite à glace », et là aussi c’est logique car on se rapproche du terme français – un mot moins technologique que cooler, et qui désigne très simplement une caisse pleine de glace, à l’ancienne. Et en kiwi ?

En kiwi, on dit (tiens-toi bien) "chilly bin".

Soit littéralement « poubelle super froide ».

Voilà voilà.

(Après on s’étonne qu’à l’étranger ils passent pour des simplets.)

Dans le genre « simplicitay », on peut aussi noter le mot kiwi pour désigner l'épicerie du coin: là ou un Anglais dira "corner shop" et un Américain "convenience store", le Kiwi utilisera simplement le terme "dairy". Qui veut dire « produit laitiers ».

Et, pour ceux qui essayent désespérément de tirer un sens à tout ça, je vais briser vos derniers espoirs en disant que non, ils n'ont pas un autre terme pour les produits laitiers.

Les produits laitiers, c'est "dairy". Et l'épicerie, c'est "dairy" aussi.



Et puis bon, ensuite, y'a les mots qui sortent on ne sait d'où, du trou du cul d'un mouton peut-être, mais là on touche aux frontières du 'port nawak.

On peut citer parmi l’un des exemples les plus mémorables les "jandals", qui en Nouvelle-Zélande désignent les tongs. Et d’où ce mot vient, alors là je te jure c’est un mystère, on dirait un peu une déformation de "sandals" mais à part ça je n’ai aucune piste. Les Américains, eux, disent "thongs" – au pluriel (à ne pas confondre avec le singulier sous peine de résultats Google Images radicalement différents). Et les Anglais utilisent le terme très musical "flip-flop" (mais au moins on sait pourquoi).

Pareil pour le maillot de bain (on reste dans un vocabulaire orienté très plage) (en même temps, on est sur une île): les Anglais disent "swimsuit", les Américains "bathing suit", mais les deux mots veulent dire la même chose : « costume de bain ». Simple, logique, efficace.

Et là, roulez tambour, les Néo-Zélandais disent....

"Togs".

Togs?

Togs.



(Pourquoi?)

J’veux dire, “swimsuit” ou ”bathing suit”, on part sur une idée logique. C’est pareil en français avec « maillot de bain », en allemand avec « Badehose » (littéralement « pantalon de bain »), même en russe avec « купа́льный костю́м » ou en polonais avec « kostium kąpielowy », qui signifient encore une fois, tu l’as deviné, « costume de bain ».

Et là j’ai fait toutes les langues que je connais, mais je suis prête à parier mon chapeau que tu peux te pointer dans presque n’importe quel pays du monde, et que le mot pour « maillot de bain » sera une combinaison de « vêtement » et de « bain ».

Sauf en Nouvelle-Zélande, où apparemment on est un pays de gros punks et où on invente des mots qui ne veulent absolument rien dire.

Faut arrêter le massacre, les gens. Une langue, c’est un art, raffiné par des siècles d’évolutions, d’emprunts, de réflexions, de culture.

C’est pas « Eh viens à partir de maintenant on dit que tous les mots s’appellent cacahuète ! » Bande de dégénérés !

(Mon seul réconfort est de savoir que les Australiens disent aussi "togs" - du coup on n’est pas les seuls à avoir l’air débile.)

Et puis on arrive au mot Kiwi qui m’a donné le plus de fil à retordre, et pour cela, il est nécessaire de faire une petite mise en situation.

Quand je suis arrivée en Nouvelle-Zélande, je parlais déjà bien anglais, encore heureux (après une licence d’anglais, un an en Angleterre et un master trilingue, ce serait moche). Les seuls gros trous dans mon vocabulaire étaient le champ lexical des arbres, des poissons, et du matériel de bureau.

Alors, les arbres et les poissons, c’est pas trop étonnant, c’est pas du vocabulaire que tu utilises tous les jours (à moins d’être poissonnier ou garde forestier). Mais pour le matériel de bureau, je me suis rendu compte de mes lacunes en arrivant au boulot et en réalisant que, mis à part « crayon » et « stylo », je ne connaissais le nom de rien.

Du coup, ça a donné quelques échanges sympas :

- Hé, tu peux me passer le…. Euh… le truc ? Le truc qui est comme un stylo, mais avec des couleurs ?
- Un stylo rouge ?
- Non, un… rha ! Le truc ! Comme un stylo, mais avec des couleurs ? Et on le passe sur les mots… pour les voir mieux ?
- Un surligneur ?
- Oui ! C’est ça !
- ….
- Donc, comme je le disais précédemment, sans l’intervention du Conseil de Sécurité, la situation au Moyen-Orient ne peut que péricliter.
- ….
- Et sinon, tu sais pas où est la…. La machine qui fait des trous dans les feuilles ?

(Merci mon Master en relations internationales – je sais dire « OTAN » et « FMI » en anglais, mais je ne sais pas dire « perforateur ».)

Donc bon, c’était un peu la galère les premiers jours, mais j’ai vite rattrapé mon retard dans ce champ lexical.

Là où j’ai eu des soucis, c’est quand j’ai réalisé que les fournitures de bureau avaient, elles aussi, leurs propres noms en Zélandie. 

Et donc, après m’être ridiculisée une première fois auprès de mes collègues étrangers pour ne pas connaître des mots comme "hole puncher" ou "highlighter", je me suis ridiculisée une seconde fois auprès de mes collègues Kiwis pour ne pas connaître des mots comme "Blu-Tack" (bah oui mais chez moi on dit « patafix », pardon).

Sans compter que les Néo-Zélandais, en bons anglophones, sont complètement nuls quand il s’agit d’interagir avec des étrangers - à savoir que, quand ils sont confrontés à quelqu’un qui ne comprend pas ce qu’ils disent, ils répètent juste la même chose vingt fois d’affilée (sans changer de vocabulaire, d’intonation, ou d’accent).

Alors ci-mer les explications trop utiles :

- Charlotte, do you have any Twink?
- Any what?
- Twink.
- What’s that?
- Twink.
- Yeah, okay, but what is it?
- Twink!



NON MAIS C’EST BON JEAN-GEORGES JE SUIS PAS SOURDE, T’AS PAS BESOIN DE ME RÉPÉTER TWINK TWINK TWINK COMME UNE SONNETTE DE VESTIBULE !

Et le pire, le pire, c’est que je connaissais ce mot ! 

Parce qu’après avoir enfin tiré les vers du nez de mon collègue, il s’avère qu’il me demandait du Tipp-Ex (du « correcteur liquide » si tu es l’Académie Française), et que je connaissais ce mot en anglais ! En anglais, on dit "white-out" ! Quand on est des gens normaux et pas des tarés du vocabulaire, on dit “white-out”! On n’invente pas des mots pour des termes qui existent déjà juste parce qu’on trouve le son rigolo !

(J’te jure, quand j’entends le lexique Kiwi, je m’imagine qu’il a été inventé par un mec défoncé en train de courir à poil dans la forêt en criant "TWINK TWINK TOGS".)

(Je ne peux pas le prouver, mais je pense sincèrement que c’est comme ça que ça s’est passé.)

Bon, en vrai, je fais ma mauvaise langue : Twink est en fait une marque de correcteur (comme Tipp-Ex), et le nom de la marque a fini par désigner le nom du produit. C’est un procédé très courant et qui arrive dans le monde entier.

(Par contre, pour "togs", aucune excuse.)

Je vais finir cet article sur les expressions purement kiwies, qui sont une source de rigolade de tous les instants.

Car, à vrai dire, en arrivant dans ce pays, je m’attendais à trouver des expressions et proverbes du style « ça ne se trouve pas sous la patte d’un mouton » ou bien « ça ne vaut pas une crotte de kiwi », t’sais, des trucs locaux, quoi.

Mais en fait, c’est beaucoup plus fun que ça.

Car les expressions Kiwies vont de « complétement n’imp » a « radicalement n’imp »,  j’en veux pour preuve la perle "Bob’s your uncle" (littéralement « Bob est ton oncle ») qui s’utilise a peu près comme le français « tout est bien qui finit bien », et qu’on entend souvent à la fin d’une série d’instructions. Exemple : "Chuck it in the oven and Bob’s your uncle" - des instructions de cuisson que j’ai trouvées au dos d’une tourte.

Une autre expression que je trouve suprêmement magnifique est "Box of birds" (littéralement « une boîte d’oiseaux ») et qui signifie « super » ou « génial ».

(Ce pays n’a aucune explication.)

Et si tu peux imaginer ma stupeur la première fois que j’ai eu cette conversation :

- Hi, how are you?
- Box of birds!


(Sérieusement?)

Alors tu peux t’imaginer avec quelle surprise j’ai accueilli les variantes de cette expression, car oui, les Kiwis ne se contentent pas uniquement de “Box of birds”, mais peuvent également te dégainer à tout moment dans une conversation un nonchalant "BOX OF FLUFFY DUCKS", soit littéralement « une boîte de canards duveteux » - quelquefois abrégé en "Box of fluffies".


(CE PAYS ENTIER EST N’IMPORTE QUOI.)

Mais, plus sérieusement, je suis de l’avis qu’on apprend beaucoup d’une culture à travers le prisme de sa langue. La vieille histoire des cinquante mots eskimo pour dire « neige » a beau être fausse, l’étendue de vocabulaire d’une langue sur certains termes n’est pas anodine.

(C’est pas pour rien que les Anglais ont au moins vingt termes différents pour designer la pluie.) (Avec des différences aussi pointues que "shower" (une averse courte) et "downpour" (une averse un peu plus longue, mais relativement courte quand même.))

Et, pareillement, je pense que c’est assez révélateur que la majorité des expressions Kiwies soient des choses qui traduisent la bonne humeur.

De "Bob’s your uncle" à "Box of fluffies", en passant par le mythique "Sweet as" (que je ne présente plus), les expressions Kiwies semblent toutes s’entendre sur le fait que tout va super bien et qu’on est trop heureux dans la vie, vive l’amour et les chatons.

(Ajoute à ça le fait que tous les Kiwis de moins de 40 ans t’appellent "Mate" et que tous les Kiwis de plus de 50 ans t’appellent "Love", et tu comprendras pourquoi j'ai l'impression de vivre chez les Bisounours.)

Je terminerai cet article par mon expression Kiwie préférée de tous les temps (et qui veut elle aussi dire « super, cool, la vie est belle »). Et comme elle est si merveilleuse, je vais te la dévoiler dans le contexte exact où je l’ai entendue pour la première fois :

Acte I, Scène 1 : Intérieur, bureau du patron.

- Hi boss, do you mind if I leave a little early today?
- Not at all.
- Thanks!
- Cool bananas!

COOL BANANAS.


(Meilleure expression du MONDE.)

PS: Et comme les expressions et les proverbes c’est l’une de mes grandes passions (avec la mythologie, les accents, et les différentes saveurs de chips), je te mets à contribution, lecteur/lectrice : pose tes jolis doigts sur ton clavier et dis-moi quelle est ton expression locale préférée (ca peut être de France ou de Navarre ou de Finlande, peu me chaut). Et si c’est aussi génial que "Cool Bananas", je t’envoie une carte postale. (Et même si tu veux je mettrai un timbre avec un kiwi dessus.)

(Mais je pense qu’il va falloir y aller pour trouver un truc aussi sublime que "Cool Bananas".)

À vos touchpads, les gars !

EDIT MERCI à tous de m'avoir fait découvrir des merveilles telles que "damn right Skippy", "das ist mir Wurst egal" ou encore le SUBLIME "Pipifax". Comme je n'arrivais pas à vous départager, j'ai décidé que tout le monde aurait sa carte postale! Envoyez-moi votre adresse postale à tindomerel@hotmail.fr, avec, si vous le souhaitez, des préférences pour le thème de la carte (mouton, kiwi, montagne, plage, j'ai de tout!)


Bisous bisous, et encore merci de votre participation!