lundi 23 février 2015

L'instant Kiwi : la coupe du monde de cricket


Si tu es un grand passionné de sport, tu es peut-être au courant qu’en ce moment c’est la coupe du monde de cricket.

Si tu es quelqu’un de normal, probablement que t’étais pas au courant.

Mais je suis là pour corriger tes torts, parce qu’en Nouvelle-Zélande, le cricket, c’est sérieux.

(Presque aussi sérieux que le rugby.)

(Mais quand même pas autant.)

(RIEN AU MONDE n’est plus important que le rugby.)

(Pas même les fish&chips, pas même les burgers à la betterave, pas même les barbecues ou les bières au bord de la plage ou encore la question épineuse du drapeau – je reviendrai sur celle-là un autre jour, ca mérite qu’on s’y attarde.)

Bref.

Le cricket, donc, est probablement le deuxième sport préféré des Kiwis (ou troisième - je ne sais pas bien où se place le netball dans l’histoire), et là en ce moment c’est la Coupe du Monde de cricket et laisse-moi te dire qu’ils sont CHAUD PATATE, pour deux raisons.

D’abord parce que l’équipe de Nouvelle-Zélande est en compétition dans cette Coupe du Monde, et là désolée mais je vais devoir commencer les critiques très tôt en rappelant que c’est une grosse blague d’appeler cet événement « Coupe du Monde » alors que, sans déconner les gars, y’a genre trois pays au monde qui jouent encore au cricket.

De fait, il y a en tout et pour tout 14 nations qui participent à cette Coupe, dont les 10 nations membres de l’ICC (International Cricket Council), qui sont automatiquement qualifiées, et qui sont les seules qui ont une chance de gagner puisque les 4 autres participants sont plus ou moins des équipes de poussins de seconde ligue qu’on a rameutées parce qu’il fallait du monde.

On a donc une dream team composée de l’Angleterre (forcément) et de toutes ses anciennes colonies (forcément) (quel pays ferait du cricket son sport national sans y avoir été  contraint et forcé ?) : ce qui nous donne l’Afrique du Sud, le Zimbabwe, l’Inde, le Pakistan, le Sri Lanka, le Bangladesh, les Indes Occidentales (ouais ouais, ils ont gardé l’ancien nom de la colonie et tout), l’Australie, et bien sur la Nouvelle-Zélande.

Et les Kiwis sont donc dans les starting-blocks parce que, non seulement ils participent à la Coupe du Monde (comme à chaque Coupe du Monde, vu qu’il y a pas de qualifs) (mais chut, ça leur fait plaisir) mais en plus, cette année, la Coupe du Monde est en Nouvelle-Zélande !

Et en Australie, mais c’est pas grave.

Et en fait la finale sera en Australie, mais chut.

Et en fait n’importe quel match important se passera en Australie, parce que les Kiwis ils sont bien mignons, mais leurs stades sont pas prévus pour accueillir plus de 20 personnes à la fois.

(En vrai, le stade le plus grand du pays peut contenir 50 000 personnes, mais bon, même pour la Coupe du Monde de cricket, faut bien avouer que ça casse pas trois pattes à un canard.)

Donc en fait la Nouvelle-Zélande dans cet événement est un peu comme le petit frère relou qui veut absolument aider sa grande sœur à préparer un gâteau, et comme il est choupinou mais quand même complètement incapable, on lui laisse mettre les paillettes en sucre sur le haut du gâteau pour lui faire croire qu’il participe.

Donc les Kiwis se retrouvent relégués a accueillir les matchs Zimbabwe-Bangladesh, mais tu crois que ça les arrêterait dans leur élan deux minutes ?

Mais c’est bien mal les connaître, ça, ma petite dame !

Parce que les Kiwis, ils étaient déjà à fond quand on leur a dit qu’ils participeront à la Coupe (oui je sais, c’était décidé d’office, mais on dirait qu’ils sont surpris à chaque fois), et là en plus on les laisse accueillir des matchs dans leur microscopiques stades, mais faites tourner les serviettes les gars c’est trop la fête !

(Sans déconner, y’a des matchs qui sont prévus à Nelson, une ville de cinquante mille habitants et qui a un stade à capacité de 5000 personnes.)

(CINQ MILLE PERSONNES.)

(Même à la Médiathèque de Kaysersberg y’a plus de place que ça.)

Et donc vas-y que je te mette des comptes à rebours huit mille ans avant la date de l’événement :


Et vas-y que je te retransmette les matchs sur des écrans au centre-ville où tout le monde vient s’agglutiner :


(Non mais regardez-moi cette foule ! Y’a genre douze personnes, du jamais vu !)

Bref, j’ai pas vu une ambiance aussi dingue depuis la visite de la famille royale.

Tout ça c’est bien beau, mais on n’a pas encore parlé du fer de lance de cet événement, donc je me lance :

Le cricket, c’est quoi ?

Le cricket, c’est un jeu qui peut faire penser au base-ball dans la forme, parce qu’il a des balles et des battes et qu’on se fait chier presque autant en y jouant qu’en le regardant.

Récapitulons : pour jouer au cricket, il faut un gus avec une batte :



(On l'appelle le "Batsman".)

(Dommage, il était à une lettre d'avoir l'air cool.)

Et un gus qui lance des balles, et qu'on appelle le "Bowler" (même si en fait c'est con parce qu'il fait pas du tout de bowling) :



(Et il fait plein de mouvements chelou.)

Je crois qu'il y a des points qu'on gagne si les mouvements sont bien chelou.

En tout cas c'est la seule explication que j'ai trouvée pour justifier des trucs de ce genre:


(Champion du monde de QWOP.)

Et puis il faut un gars qui reste accroupi toute la partie derrière le batsman, histoire de récupérer la balle si l'autre glandu arrive pas à taper dedans:



(Nan mais ils ont raison, c'est chiant de devoir aller récupérer la balle à l'autre bout du terrain à tout bout de champ.)

Et enfin n'oublions pas qu'il faut ajouter plein de gus qui courent dans tous les sens.



(Une image des gus prêts à courir au cas où il se mettrait soudainement à se passer quelque chose dans le jeu.)

(Bon courage, les mecs.)

Les règles du jeu sont incroyablement compliquées, ambiance « si la balle touche le bout de la batte mais pas la partie centrale, et que le joueur sur le banc mange un sandwich au jambon, alors il y a faute, mais seulement s’il pleut ».

Mais en gros, ce que j’ai compris des règles, c’est ça :

Au début du match, les équipes tirent à pile ou face, et l’équipe gagnante choisit si elle veut batter en premier ou lancer les balles en premier. Ensuite, une équipe lance les balles, et l’autre équipe doit les taper avec la batte. (Y’a aussi des petits bâtons plantés dans le sol et la balle ne doit surtout pas les toucher – j’ai pas bien compris pourquoi, mais vu les têtes des gens quand ça arrive, je pense que ça implique une malédiction ancestrale et des pluies de sauterelles.) Plus la balle va loin, mieux c’est, parce que plus elle va loin, plus les autres gus ont le droit de courir. À la fin du match, ceux qui ont le plus couru gagnent.

(Tu me diras qu’on aurait pu juste les faire courir sans s’amuser avec les battes et les balles et le jambon, mais n’oublie pas que c’est un jeu inventé par les Anglais, et que chez les Anglais, la simplicité, c’est pour les prolos.)

Et là tu te dis probablement « Ouah, Tindomerel est tellement calée en cricket, quelle connaissance sidérante, je suis époustouflé par tant de savoir. » (Je te prête les mots, hein, mais il me semble que ça retranscrit bien ton état d’esprit.) Et donc tu te demandes probablement d’où me vient cette érudition.

Eh bien elle vient de mon sang, de mes larmes et de ma sueur.

Autrement dit : j’ai tenté de regarder un match de cricket à la télé.

Chose à laquelle je me suis prêtée avec un enthousiasme tiède (quand on connait mon amour des sports télévisés – et des sports en général – c’est facile à comprendre) (je ne sais toujours pas ce que c’est qu’un penalty), mais somme toute j’étais quand même assez confiante.

Sauf qu’on avait omis de me donner le détail suivant:

LE CRICKET EST LE JEU LE PLUS ABYSSALEMENT CHIANT DE L’HISTOIRE DE L’HUMANITE.

Sérieusement, si l’envie te prend de regarder un match de cricket (Dieu te garde), fais n’importe quelle activité au monde à la place, et ça sera plus intéressant que regarder le match. Honnêtement. Regarde la pluie tomber, regarde l’herbe pousser, compte jusqu’à mille, récite l’alphabet à l’envers : toutes ces choses-là seront plus intéressantes que de regarder ne serait-ce que cinq minutes d’un match de cricket.


(Toujours plus chouette qu'un match de cricket.)

Déjà parce que cinq minutes de cricket ne sont pas véritablement cinq minutes, mais plutôt mille minutes. (Il y a clairement de la distorsion du continuum espace-temps dans ce bazar.)

Car, sache-le, le défaut principal du cricket, c’est que c’est long.

MAIS LONG !

Mais long genre t’as le temps de vivre et mourir pendant le match, sans mentir.

Par exemple, l’autre jour au boulot, on discutait de cricket, et il y avait deux camps distincts : d’un côté, les Kiwis et les Indiens qui avaient grandi avec le cricket enfoncé dans la gorge et avaient développé un Syndrome de Stockholm (la seule explication), et de l’autre côté les gens normaux qui aiment la vie.

Mon collègue Russe disait donc qu’il n’aimait pas le cricket, et disait en rigolant « J’aime pas les parties qui durent cinq jours ». Ce à quoi un collègue Kiwi a répliqué très poliment :

- Cinq jours c’est rare quand même. En moyenne, la majorité des matchs durent deux jours.


OUI OUI.

UN MATCH DE CRICKET DURE EN MOYENNE DEUX JOURS.

UN MATCH.

DEUX JOURS.

Et c’est tout à fait possible que les matchs soient prolongés jusqu’à trois, quatre ou même CINQ jours.

(Pour le même match.)

(Nan mais je sais que j’insiste mais c’est important.)

(Pendant ces cinq jours, tu ne verras QU’UN SEUL match.)

(Y’a que moi que ça choque, vraiment ?)

Et comme si le jeu n’était pas suffisamment long et chiant comme ça, les actions sont tellement lentes et mettent tellement de temps à s’enchaîner que, dans les matchs retransmis à la télé, chaque coup de batte est montré sous huit angles différents, avec vitesses alternées et tout le toutim.

(Imagine le même traitement qu’un but au foot, sauf qu’on montrerait chaque coup de pied dans le ballon comme ça.)

Du coup, chaque action est décortiquée pendant cinq bonnes minutes avant de passer à la suivante.

Et si tu crois que j’exagère, mate un peu cet extrait de la Coupe du Monde, match Angleterre-Ecosse :

Pour remettre cet extrait dans son contexte: le batteur vient de rater son coup de batte. Il est censé taper la balle avec la batte, mais là il s'est viandé comme un gland, et donc, il se passe rien.

EH BEN MÊME QUAND IL SE PASSE RIEN, ILS TE MONTRENT CA DEUX FOIS AU RALENTI!



C'est du RIEN! Du rien au ralenti et sous deux angles différents!

(Du coup c'est facile de comprendre pourquoi les matchs durent deux jours.)

Donc le cricket, tu l'auras compris, est incroyablement chiant.

Mais pour les Kiwis, qui ont eu une seule chaîne de télé jusque dans les années 1990, et dont le joyau du prime time était jusqu'à il n'y a pas si longtemps une émission intitulée "A Dog's Show" (clique sur le lien juré tu vas kiffer) et qui était littéralement une heure d'épreuves de rangement de moutons par des chiens de berger, il faut bien replacer les choses dans leur contexte pour comprendre que le concept de "fun" en Zélandie est un peu différent de celui des gens normaux des autres gens.

Ce qui explique la capacité incroyable des Kiwis à regarder des matchs de cricket sur deux jours et à considérer ça comme le summum d'un week-end de rêve.

(Encore mieux qu'un week-end à la pêche, voire encore mieux qu'un week-end au bach.)

Mais parfois, cet enthousiasme fait des dommages collatéraux.

J'en veux pour preuve la conversation qu'on a eu l'autre jour avec les colocs, qui nous demandaient si on pouvait garder leur chien le week-end du 14 mars, et, quand je leur ai demandé où ils seraient, Richard m'a répondu avec des étoiles dans les yeux:

- On va voir le match de cricket à Hamilton! On a deux places pour trois jours entier, c'est pas génial?

Pendant que Maria, derrière lui, me regardait en faisant:



Et c'est pour ça que je voudrais finir cet article sur une minute de silence. En hommage à tous les conjoints de Kiwis de par le globe obligés de se taper les matchs de la Coupe du Monde.

Et toi, petit Européen qui me lit, mesure bien l'ampleur de ta chance.

Parce que tu dois peut-être te farcir PSG-Lens, les championnats du monde d'athlétisme, les JO d'hiver ou la finale de Danse avec les Stars pour faire plaisir à ton conjoint, mais au moins, tu pourras te consoler en te disant que ça pourrait être pire: tu pourrais être en train de regarder le cricket.

(Alors, qui est motivé pour un petit marathon Coupe du Monde?

mercredi 18 février 2015

La revanche de Ploc


Pour ceux et celles qui se demandaient, Ploc le nouvel employé est en pleine forme en ce moment.

- Voilà le prochain menu à mettre en ligne, tu peux  le trouver sur le site Internet du fournisseur.
- Charlotte ? J’ai un problème.

(Déconne.)

- Je vais sur leur site mais il est tout en russe.
- C’est parce qu’il faut cliquer sur le petit drapeau anglais qui dit « English version ».
- Ah oui !

(Sainte Marie, mère de Dieu)

Trois minutes plus tard :

- Charlotte ? J’ai une question. La carte n’a qu’une seule catégorie, c’est normal ?
- Pardon ?
- Y’a que les entrées. C’est normal ?
- Non, c’est pas normal. C’est parce que tu dois cliquer sur le menu. Tu sais, cette colonne sur la gauche qui prend la moitié de l’écran et qui dit « Salades », « Boissons », « Desserts » ?
- Aaaaaaaah ! Je me disais, c’est bizarre un menu avec que des entrées !



(Priez pour moi, pauvre pécheur.)

Non mais sinon c’est cool, j’adore bosser avec des gens qui ont deux de tension et dix-huit de QI, c’est parfait.

Enfin heureusement, je bosse pas avec lui tous les jours, vu qu’en ce moment, il prend deux jours de congés maladie par semaine.

(Pas plus de deux jours, parce qu’à partir de trois jours, l’employeur est en droit d’exiger un certificat médical.)

Ça fait trois semaines que ça dure (mais les patrons s’en foutent un peu vu que c’est des congés non payés). Moi au début j’étais bien contente, ça me faisait des vacances, mais quand même, au bout d’un moment, je m’inquiétais. Genre je veux pas être la connasse qui lui casse du sucre sur le dos alors que si ça se trouve il a vraiment un problème de santé sérieux.

J’ai donc demandé à Ploc si tout allait bien.

Et tu sais pas ce qu’il m’a répondu ?

Il m’a dit que oui oui, tout va bien, c’est juste qu’il a besoin de repos parce que ce travail est trop fatigant.

CE. TRAVAIL. EST. TROP. FATIGANT.

Ce travail de bureau où on est assis devant un PC huit heures par jour est TROP FATIGANT.

J’ai quand même pas pu m’empêcher de pointer du doigt l’ironie de la chose à Ploc, ce à quoi il m’a répondu :

- Non mais pas fatigant physiquement, c’est une fatigue mentale.

(Ah ben ouais, là tout de suite c’est plus plausible.)

C’est vrai que garder son cerveau en état de marche huit heures par jour, c’est COLOSSAL comme tâche.

C’est vrai que faire du copier-coller dans des cases, faire du suivi de commandes, et répondre à des emails, c’est de la PHYSIQUE NUCLÉAIRE.

(Non mais ce mec me tue.)

Donc le gars m’explique sans rougir qu’il prend deux jours de congé par semaine parce qu’il est trop fatigué de bosser les trois jours de la semaine qui restent, et ensuite il me sort :

- Franchement je sais pas comment vous faites, toi et les autres Seniors. Mais bon vous êtes là depuis longtemps, vous devez avoir pris l’habitude.

Mais pris l’habitude de quoi, pine d’huître ?

Pris l’habitude de travailler comme des gens normaux et pas comme des gros glands ?

- Ploc, comment ça se fait que les variations ne sont pas enregistrées dans ton dernier menu ?
- Ah oui alors ça j’avais remarqué, je crois qu’il y a un bug dans le catalogue des menus.

Alors déjà : trop super d’attendre que je te fasse la remarque pour me le signaler, ça nous aide vachement.

Et puis non. Juste non.

- Je ne pense pas que ce soit un bug, Ploc, parce que je bossais sur un menu hier en même temps que toi et tout a bien été sauvegardé.
- Alors ça doit être un bug juste avec mon menu.

(Comme par hasard.)

- Montre-moi comment tu fais pour ajouter une variation.
- Nan mais c’est bon je sais quand même faire ça, c’est basique.
- Hahaha, ouais mais nan montre-moi quand même. 

Ploc s’exécute (ne rêve pas, c’est une image) et, surprise, surprise :

- T’as oublié de sélectionner le code, Ploc. Du coup c’est normal que ça ne sauvegarde pas tes changements.
- Ah oui tiens ! Oh là là tu connais ce système comme ta poche, dis donc !

NON TÊTE DE COUILLE, C’EST JUSTE QUE COMPARÉ À TOI, MÊME LES CH’TIS À IBIZA ONT L’AIR DE STEPHEN HAWKING!

Sérieusement, chaque journée passée avec Ploc fait remonter mon estime du reste du monde.

Par exemple, avant de le connaître, je trouvais que mes capacités de logique étaient proches du néant. Parce qu’ayant été élevée par un papa matheux, j’ai soupé des jeux PC éducatifs, entre « Les Zoombinis : à la découverte de la logique » et autres épreuves de tri habilement déguisées en jeux cools (oui, « Star Wars Droides Mécanos », c’est à toi que je parle, enfant de Satan).

Mais ça n’a pas aidé, parce que je continue à désespérer Professeur Flaxou au quotidien par mon inaptitude à choisir le bon Tupperware pour stocker la bouffe (il est toujours trop petit ou trop grand) et mon incapacité à optimiser le rendement des courses au supermarché (je reviens toujours dans les rayons déjà visités, parce que je suis la liste objet par objet au lieu d’élaborer un plan mental afin de passer le moins de temps possible dans le supermarché) (faut dire aussi que, contrairement à Flaxou, je ne suis pas une grosse asociale et que la perspective de passer plus de quinze minutes dans le même endroit que d’autres personnes ne me remplit pas de dégoût et d’épouvante.) 

(Bref.)

Mais depuis que je connais Ploc, mais mec je me sens trop le génie de la logique, l’as du raisonnement, le Benedict Cumberbatch de la déduction!

Ça peut paraître drôle venant d’une meuf qui ne voit jamais venir la fin des films même quand tout le monde l’a flairée au kilomètre (coucou Les Promesses de l’Ombre), mais je te jure que, niveau raisonnement, tu me mets à côté de Ploc et je suis René Descartes.

Par exemple : l’autre jour, je demande à Ploc de mettre un menu de restaurant en ligne. Certains des plats marquaient « servi très chaud ». Chose que Ploc, en bon petit teu-bé, a bien évidemment recopié, alors même qu’il sait pertinemment que tous les plats à emporter sont livrés FROIDS.

En repassant derrière lui, je lui indique donc :

- Ploc, s’il te plait, enlève toutes les mentions « servi très chaud ». Ça n’a pas de sens de les garder, parce que ces plats ne seront pas servis dans le restaurant.
- D’accord !

S’est-il donc exclamé joyeusement.

Et tu sais ce qu’il m’a fait, ce hachis parmentier sur pattes ?

Il a effacé tous les plats chauds de la base de données !

- Mais Ploc ? Mais je ? Mais…enfin…Mais !!??

Lui ai-je donc bredouillé avec stupeur quand j’ai découvert la chose.

Ce à quoi il m’a regardé avec des yeux vides de poisson mort, avant de répondre :

- Mais c’est toi, tu m’as dit d’enlever les plats qui étaient servis chauds. Pourquoi, il fallait pas ?


(Okay, ça suffit)

Non mais là, mais j’abandonne.

Je ne sais pas comment m’exprimer de manière à ce que ce poulpe humain me comprenne.

(Nan mais heureusement qu’il ne travaille que trois jours dans la semaine, parce que là, clairement, on frise la surchauffe.)

Du coup, maintenant, j'ai adopté la technique dite "Benito Mussolini": je ne fais plus semblant d'être aimable et je déporte des gens et je fais des exécutions de masse. (Bon okay, peut-être pas Mussolini à la lettre.)

- Charlotte? Y'a un client qui nous dit que sa dernière commande était mauvaise, je lui réponds quoi?
- Tu lui dis d'aller se faire enculer.
- Heu....T'es sûre?



(Je ne sais pas si c'est Dieu ou Satan qui me tend une perche, mais je pense que je vais la prendre.)


Et toi, ton boulot, c'est le temple du savoir, ou bien tu te sens comme Gulliver au pays des neuneus?

vendredi 6 février 2015

Brève maritale


Au cas où tu l’aurais oublié, j’ai le mari le plus génial de l’univers.

(Au cas où tu l’aurais pas oublié, je te le rappelle quand même.)

J’en tiens pour preuve ce qui s’est passé ce jour où il est allé au New World (le supermarché des riches) pour faire nos courses de riches.

Explication rapide : puisque le prix de la vie est MEGA CHER en Nouvelle-Zélande, on fait généralement nos courses au Pak’N’Save (un genre d’Aldi Kiwi). Seulement, comme c’est un supermarché discount, ils ont une sélection de produits quelque peu limitée.

Ou, plutôt, ils ont une variété incroyable sur genre dix trucs, et tout le reste c’est introuvable.

Donc comme on ne vit pas uniquement de chips, de pain de mie, de crackers et de sauce barbecue (un rayon entier pour chaque au Pak’N’Save) (ceci n’est pas une blague) (UN RAYON de sauce barbecue), eh ben de temps en temps, on va faire une halte au New World le supermarché des nantis, et on s’achète nos trucs d’aristo.

Flaxou était donc parti acheter ses cornichons et sa sauce béarnaise, et je lui avais donné ma liste avec mes trucs de bourgeois, c’est-à-dire le sirop de citron, la tisane à l’abricot et le bon chocolat (comprendre : du chocolat qui a plus de 15% de cacao et moins de 75% de matières grasses) (la Nouvelle-Zélande, AKA le seul pays au monde où le chocolat noir et le chocolat au lait ont la même valeur calorique) (parce qu’ils se disent « Han le chocolat noir c’est trop dégueu, viens on rajoute HUIT MILLE TONNES DE SUCRE et QUARANTE MILLE TONNES DE BEURRE).

Bref bref.

J’entends donc Flaxou rentrer des courses et me demander de venir l’aider à décharger la voiture. Je mets Skyrim en pause et je me dirige vers la porte en grommelant un truc du genre « En plein combat contre un mage de glace et un Dremora, non mais franchement pas foutu de porter les courses tout seul, j’te jure des fois j’aimerais mieux pas être féministe ».

ET LA.

Je me prends une balle en mousse en plein thorax, et je vois Professeur Flaxou en train de courir partout dans le jardin avec un Nerf Gun en criant « Bataille de mousse ! Bataille de mousse ! »

(Bonjour, cet homme a vingt-neuf ans.)

Et, tu me croiras ou non, mais c'est dans ce genre de moments que je me dis que, le jour où j'ai dit "oui" à ce gars, j'ai pris la meilleure décision de ma vie.

Parce que quand t'es en couple depuis longtemps, tu tombes toujours un peu dans une routine. L'amour est toujours là, mais c'est pas le même amour éclatant et débordant qu'aux premiers jours. C'est plus une sorte d'amour pépère et ronronnant. On sait qu'il est là, donc on ne sent pas le besoin de le crier sur tous les toits.

Mais de temps en temps, y'a des moments de grâce qui suffiraient à eux seuls à me faire retomber amoureuse de Flaxou, si c'était pas déjà le cas.

Ça peut être les matins où je me réveille et où il me dit « Dis donc rectum de poulpe, vise un peu l’haleine de chacal » et où il me fait un bisou quand même. (Alors que franchement, même moi je sens les relents d’égouts de l’intérieur de ma bouche.)

Ça peut être les soirs où je rentre d’une journée de merde et qu’il m’a gardé une compilation de tous les trucs rigolos et mignons qu’il a vu sur Internet.

- Ca va ma chérie ?
- Nan. Tout le monde est con. Tout le monde m’emmerde.
- J’ai mis une vidéo sur ton PC.
- J’emmerde le PC.
- C’est des pandas roux dans la neige.
- Ooooooooh !




(Remontage de moral instantané.)

Ça peut être tout simplement les fois où je suis en pyjama devant l’ordi, ou en train de manger une mangue, ou en train de me brosser les dents, et qu’il entre dans la pièce et me dit « T’es belle ».

Ou bien ça peut être les fois où il part faire des courses alimentaires et qu’il revient avec un pistolet en plastique à 27 dollars et se met à me canarder dans tous les sens.

Alors oui, c'est vrai que des fois c'est saoulant quand ton époux part acheter de la viande et qu'il revient avec deux kilos de bonbons.

(Car oui, les bouchers néo-zélandais vendent de la viande ET des bonbons.)

(Logique toujours.)

Mais c’est finalement peu cher payé pour me rappeler que j’ai le mari le plus cool de l’histoire du monde.


- Il était en solde, au moins, ton joujou ?
- Oui.
- Vraiment ?
- Non.

(Bon, on ne peut pas tout avoir.)


Épilogue 

Le seul inconvénient à avoir sept ans d’âge mental à nous deux, c'est que c'est pas tip top au niveau intégration sociale:


- Charlotte, qu’est-ce que tu as sur la gorge ?
- Oh c’est rien c’est mon mari, il m’a tiré dessus à bout portant avec un flingue en plastique plein de projectiles en mousse.


- Mais….pourquoi ?

(Parce qu’on est des gens FUN Marie-Thérèse !)