dimanche 26 avril 2015

Brève immobilière



(Mon idée de "faire les cartons")

Et donc nos colocs attendent un heureux événement.

(Ça veut dire "un bébé".)


(Apparemment, quand tu as passé 30 ans, avoir un bébé est un truc qu'on félicite, et "Haaan ça craint!" n'est plus une réponse acceptable à la nouvelle.)


(Prenez note.)


Donc on a décidé de partir, parce qu'on pressent un sacré bouleversement dans le rythme de vie de la maisonnée. Ce qui est normal, en soi, puisqu'un qu'un bébé, ça change tout.


Sauf que le changement, tu le supportes beaucoup plus facilement quand c'est TON gamin.

Et en discutant avec Maria, j'ai vite compris que ce ne serait pas possible de rester longtemps. Surtout au moment où j'ai entendu le mot "couches lavables":


- Mais pourquoi les couches lavables, au fait?
- Parce que l'être humain naît avec un dégoût naturel de la saleté. Seulement, avec les couches en plastique, les bébés marinent dans leur pipi et leur caca, et ils s'habituent. Du coup, après, c'est plus difficile de leur apprendre à être propres.
- Admettons, mais en quoi les couches lavables vont changer ça?
- Parce que je ne vais pas utiliser des couches. Je vais utiliser des langes en tissu.
- Ah. A l'ancienne, quoi.
- C'est ça. Du coup, dès que le bébé fera pipi, le lange va fuir.

OOOOKAY.


- Mais c'est pas très pratique, non?
- Ben justement, ça va nous motiver à changer le bébé tout de suite, comme ça il ne restera jamais mouillé.

C'est une idée.

(Je sais pas pour toi, mais moi je leur donne deux semaines.)


Et avant d’aller plus loin, je tiens à préciser: je m'en fous de comment les autres gens élèvent leurs gamins. Ça ne regarde qu'eux et c'est leur prérogative en tant que parents.


Seulement, c'est plus difficile d'être détaché des décisions éducatives desdits parents quand tu dois partager une maison avec eux.


Alors, quand j'ai entendu que Richard et Maria avaient décidé de vivre sans babyphone (parce que c'est pas naturel, donc ils laisseront la porte de la chambre ouverte en permanence), que le bébé aurait un lit sans barreaux (parce que ça le traumatiserait trop de vivre dans une prison) et qu'ils avaient pris la décision de caler leur rythme de vie sur celui du nouveau-né (aller se coucher dès qu'il dort, rester éveillé tant qu'il est éveillé), je me suis dit: ouais mais non mais là ça va pas le faire, les gars.


Donc, comme on n'avait pas super envie de vivre dans une maison avec des couches qui sèchent partout, des fuites de pipi sur la moquette, et où tout le monde va se coucher à dix-huit heures trente, on a décidé de trouver un appart juste pour nous deux, où on pourra encore faire des grasses matinées sans être réveillés par des pleurs, et regarder des films non éducatifs à la télé.

(De toute façon, d'ici à ce que le bébé soit né, dans la maison, il n'y aura plus de télé. Ni de micro-ondes. Ni de couteaux. Et tous les coins seront matelassés.)


(Maria a déjà fait déménager l’ordi de Richard dans le salon, parce qu’elle est persuadée que les câbles USB sont dangereux pour le fœtus.)


(Véridique.)


Et puis, déjà que je dois me contrôler pour ne pas faire de commentaires à Richard et Maria sur l'éducation de leur chien, je pense qu'il vaut mieux pour ma santé mentale (et notre amitié) qu'on se casse avant qu'ils aient le temps de mettre leurs méthodes d'éducation enfantine en application.


- Tu sais, ici en Nouvelle-Zélande, les gens ont une mentalité très anglaise. Ils disent toujours "il faut éduquer", "il faut faire obéir les enfants". Alors qu'il n'y a pas besoin!
- Pas besoin de quoi? D'éduquer ses enfants?
- Non, il suffit de les aimer.


(ALERTE BABA COOL)

- Tu sais, les enfants terribles, ils désobéissent parce qu'ils sont malheureux. Si les parents imposent trop de choses, les enfants sont mal dans leur peau, et c'est pour ça qu'ils sont difficiles. Tandis que si on aime ses enfants, si on les laisse s'épanouir et être heureux, alors ils seront obéissants d'eux-mêmes, puisqu'ils n'auront pas de raison de se rebeller.

Effectivement, c'est un raisonnement qui tombe sous le sens.


En plus c'est bien connu que tous les enfants sont des êtres de logique pure et abstraite, donc je ne vois pas comment ça pourrait mal tourner.


(Oui, parce qu'avec un raisonnement pareil, on peut dire n'importe quoi. Y'a plein de choses dans le monde qui fonctionneraient super bien si tout le monde y mettait du sien.)


(Tu me donnes deux heures avec une humanité pleine de bon sens et de logique, on éradique la pollution et la guerre et on fait marcher le communisme, à ce moment-là.)


Du coup, malgré mon inexpérience totale en la matière, je sens quand même un peu venir la couille dans le potage:


- Donc, ton enfant, tu ne vas rien lui interdire?
- Ah si, quand même. Mais rien qui nuise à son épanouissement. Toutes ces choses qu'on impose aux enfants, comme rester assis à table....
(Ouais, pourquoi pas)
- Ou les forcer à manger ce qu'ils n'aiment pas....
(Mouais, enfin bon...)
- Ou leur imposer une heure pour aller se coucher....
(Attends, quoi?)
- C'est ridicule! Tu n'imposerais jamais ça à un adulte!

Non, effectivement, je n'imposerais jamais ça à un adulte.


Principalement parce qu'il est déjà passé par le stade où on lui imposait des trucs, puisque que c'est ça la différence entre un enfant et un adulte.


Bref bref.


Tu vois que je commence déjà à me chauffer alors que cet enfant n'est même pas né, donc je pense vraiment qu'il faut qu'on s'en aille avant que Richard et Maria ne deviennent des parents slash esclaves et se retrouvent emmurés dans leur maison à manger du jambon et de la purée au ketchup.


Bref bref Brejnev.


Du coup, on cherche un appartement à louer pour juste nous deux.


Enfin, techniquement, on cherche une petite maison à louer pour juste nous deux, rapport au fait que les appartements, à Auckland, existent peu ou prou, puisque les Kiwis sont terrifiés à la seule idée de vivre dans moins de soixante mètres carrés d'espace vital par personne.

(Ces gens sont des paysans.)


Cela fait donc quelques semaines que l'on goûte aux joies de l'immobilier à Auckland, un calvaire auquel on avait échappé quand on est arrivés dans le pays, puisqu'on avait cherché une coloc, et que dans les colocs, tu avises directement avec les locataires (et éventuellement les propriétaires).


AVERTISSEMENT : Contrairement à la majorité de mes billets, la suite de cet article ne va pas du tout te vendre du rêve sur la Nouvelle-Zélande. Te voilà prévenu.


(On a beau vivre chez les Bisounours, c’est quand même pas la terre de lait et de miel, hein.)


Faut savoir en premier lieu qu’Auckland est clairement un marché de demande et pas d’offre, du coup, les gars, ils se font bien plaisir. Déjà au niveau des prix des locations, qui sont UN PEU RAIDES.

Comprends par ça que, pour un appartement (ou une petite maison jumelée) avec une chambre double, une chambre simple et un salon, il faut compter entre 350 dollars (ça c’est pour les taudis dans les quartiers moches et éloignés, aux murs suintant le moisi, à la moquette qui pue et aux fenêtres qui ne ferment pas) et 600 dollars (pour les trucs rénovés dans les quartiers chicos). Et après, ça va encore plus haut, genre 650 dollars si on veut être au centre-ville, ou 700 dollars si on veut une vue sur la mer.


Et si tu te dis « bah ça va c’est pas cher », dis-toi que c’est le loyer pur et simple, sans charges, eau ni électricité.


Ah ouais et peut-être que je l’ai pas précisé mais les montants ci-dessus, c’est le prix du loyer PAR SEMAINE.

(Ah ouais, tout de suite ça rafraîchit, hein ?)


Donc, pour te mettre ça dans le contexte, nous, on cherche une petite maison en location dans un quartier pourri (parce que les quartiers pourris à Auckland ne sont pas craignos, juste moches, et on s’en fout de vivre dans un endroit moche vu qu’on sort jamais sauf pour aller en forêt) et on voudrait un truc pas trop moisi, mais après si c’est pas tout neuf on s’en balek, on a tous les deux vécu dans des trous à rats par le passé, donc on a l’expérience.


(Big up à mon studio de Strasbourg aux fenêtres qui ne fermaient pas, et à l’appart de Flaxou aux murs couverts de graisse et qui sentait la pisse de chat – alors qu’il n’y avait pas de chat.)


Eh ben, avec ce genre de souhaits, on doit taper dans les 400 dollars par semaine en moyenne, ce qui fait 1272 Euros par mois de loyer.


MILLE DEUX CENT SOIXANTE DOUZE EUROS.

(Et là, si tu te dis « Ouah mais les salaires doivent être super élevés à Auckland, du coup ! », sache que la réponse est « LOL ».)


Mais bon, après tout c’est vrai qu’on vit dans la capitale économique du pays, donc c’est peut-être triste, mais c’est quand même compréhensible que le prix de l’immobilier soit très cher.


Le problème principal auquel on est confronté, c’est qu’à Auckland, les propriétaires ne prennent presque jamais les locations en charge eux-mêmes.


Ça veut dire qu’on a affaire à des AGENCES.


(Tremble, vil manant.)


Et les agences sont redoutablement efficaces. Tellement efficaces qu’une fois sur deux, quand je les appelle, ça donne ceci :


- Oui bonjour, j’appelle pour arranger une visite sur la maison en location listée hier.
- Ah non mais ça c’est déjà loué.
- Ah. Est-ce que vous avez d’autres maisons du même type dans le coin ?
- Oui, il y en a une similaire en bas de la rue, elle est libre à partir du mois prochain. 
- Super ! On peut la visiter ?
- Oui, c’est possible, demain mercredi, entre 14 heures et 14 heures 15.
- Ah…Et il y a d’autres horaires de visite ?
- Non. Au revoir !


(Ceci n’est pas une exagération.)


Eh oui, puisque, comme les maisons partent comme des petits pains, les agences réservent les horaires de visite des endroits bien à des heures complètement impossibles, histoire de s’assurer que seuls les gens hyper motivés viennent visiter.


(Ceux qui prennent la peine de poser un congé, en gros.)


Et pour les plébéiens comme Flaxou et moi, il reste les logements qu’on fait visiter les samedis, à savoir : les taudis.

Mais malgré la compétition féroce, Flaxou et moi disposons d’un avantage considérable sur le reste de la population d’Auckland : on est blancs. Et sur ce marché, il semblerait que ça joue malheureusement un grand rôle.

J’en tiens pour preuve le commentaire que j’ai reçu d’un agent lors d’une visite où on était les seuls Européens parmi les potentiels locataires, et où, au moment d’aller chercher ma fiche de demande, l’agent m’a fait signe d’attendre, a regardé autour de lui, puis, au lieu de me donner un feuillet rose comme aux autres, a pioché un feuillet vert de derrière sa chemise en carton, et me l’a tendu avec un clin d’œil en disant :


- Attendez. A vous, je vous donne le VRAI formulaire. 

Donc moi j'étais en mode ARE YOU DECONNING:


(Charmant.)


(Décidément, je vends du rêve avec cet article.)

(« Venez vivre à Auckland ! C’est cher, mais le racisme est gratuit ! »)


Mais rassure-toi, j'ai fait une sortie fracassante de la maison des connards, et je m'en suis allée comme un prince:


(GIF jeu de mots!)

Bref.


Ce qui est quand même assez fun, c’est que comme toutes les propriétés se vendent ou se louent en une minute et qu’en plus on est en Nouvelle-Zélande, AKA la terre des gens honnêtes, les agents se foulent pas trop en compliments dithyrambiques quand ils te détaillent les merveilles du truc qu’ils veulent vendre :

- Alors, vous êtes intéressés ?
- Oui, pourquoi pas. Mais je voudrais savoir, la porte d’entrée ne semble pas bien fermer….
- Ah oui, ça c’est parce que l’hiver approche, donc avec l’humidité, le bois gonfle. C’est très courant par ici, comme problème.
- Donc vous êtes en train de me dire qu’elle ne fermera pas de tout l’hiver ?
- Oui, c’est ça.
- ….
- Mais en été, elle ferme très bien !

Ah ben trop merci Jean-Georges, heureusement que t’as pris des cours de vente dis donc.

Et je passe les agents qui ont cessé tout effort :


- Vous voulez le formulaire de demande ?
Ça dépend. Les murs sont sales et pleins de moisi, est-ce qu’il sera possible de repeindre avant de s’installer ?
- Non.
- Même si c’est à nos frais ?
- Oui. Tout doit rester dans l’état. D’autres questions ?
- La moquette est pleine de taches, est-ce qu’il sera possible de négocier avec le propriétaire pour la faire nettoyer ?
- Non. 
- Même si c’est à nos frais ?
- Oui, parce qu’en fait la moquette n’adhère presque plus au sol, donc si vous voulez la nettoyer avec un appareil professionnel, tout va se déchirer.
- ….
- Bon, vous voulez le formulaire ou pas ?

(Je ne sais pas ce qui est le pire dans cette histoire : le fait qu’on ait posé une candidature quand même, ou le fait qu’on ait été refoulés.)


(Ça s'annonce bien, les petits gars.)

Allez, souhaite-nous bonne chance, on a jusqu’à septembre pour trouver un chez-nous.


(Et dans le pire des cas, j’ai fait un stock de boules Quiès.)


(Une dans chaque oreille, une dans chaque narine, et je suis parée pour la venue de bébé.)


(Ramène tes couches lavables, tu peux pas me test.)


samedi 11 avril 2015

L'Instant Kiwi: le drapeau


Comme tu le sais sans doute, en Nouvelle-Zélande, on a un drapeau.

(Ça va, jusqu’ici c’est pas trop compliqué à suivre, je pense.)

La chose que tu ne sais peut-être pas, c’est que c’est un drapeau très controversé.

Quand je suis arrivée dans ce pays, ça faisait déjà grosso modo vingt ans qu’environ une fois par an, un gus du Parlement venait remettre la question du drapeau sur le tapis, et quasiment vingt ans que tout le monde répondait « Rha mais ta gueule Richard on s’en fout de ton drapeau moisi, on a des trucs important à voter, y’a des quotas de pêche à trafiquer éhontément pour pas se manger Greenpeace sur le dos, alors tu vas la boucler deux minutes, t’es gentil ».

Et donc la question était reléguée à plus tard, et le gouvernement pouvait continuer ses activités cruciales, comme par exemple pêcher tous les poissons empereurs de l’océan:

- Haaaan mais on avait pas vu qu’ils se reproduisaient si lentement, ces cons! Bah ouais mais vous êtes marrants, ils vivent tout profond, nous on voit pas comment ils se reproduisent, c’est tout noir là en bas. Nous on remonte tout dans les chaluts et on pose pas de questions. Ouais mais sinon comme ça se vend super bien, on peut continuer à les pêcher quand même ? 
Okay, on va dire que vous pouvez continuer à pêcher mille deux cent tonnes par an. Ça devrait suffire pour rapporter du pognon une dizaine d’années avant que toute l’espèce ne soit éteinte.
- Super ! Trop sympa !
- De rien !
- Allez, salut, et le bonjour chez vous !
- Bisous bisous !

(Tout ceci est vrai, d’ailleurs.)

(Probablement même le truc des bisous aussi.)

(Et pour les curieux qui se demandent ce que c’est que le poisson empereur et si c’est vraiment bon, la réponse est : il paraît que oui, mais comme il est tout bourré de mercure, si t’en manges un filet de trop tu t’empoisonnes, et après ta peau part en lambeaux comme Gollum.)

(Miam, donc.)

Bref, je m’égare.

Le drapeau.

En entendant qu’il y avait une controverse entourant le drapeau Néo-Zélandais, j’ai tout naturellement pensé qu’il s’agissait de la présence de l’Union Jack (le drapeau britannique) dans le coin gauche. Parce qu’en bonne Française, j’ai tout de suite présumé que le problème, c’était la présence de l’ancien pouvoir colonial dans le drapeau d’une nation indépendante de la couronne depuis bien longtemps.

Oui, mais ça, c’était avant que je ne découvre que les Kiwis sont des super fans de la monarchie anglaise, et que d’ailleurs ils n’ont pas de date d’indépendance à proprement parler, parce qu’en fait ils n’ont jamais vraiment cessé d’être une colonie anglaise.

Non, vraiment.

En 1901, ils sont passés de colonie à « dominion », soit la même chose qu’une colonie, mais où on te laisse faire des trucs dans ton coin pour te faire plaisir. (En gros, tu peux gérer les affaires internes tout seul comme un grand dans ton pays de sauvages, mais pour ce qui est des affaires étrangères, pousse-toi de là gamin, c’est Maman qui s’en occupe.) Et puis en 1931, le Royaume-Uni a signé un papier pour dire qu’il arrêtera de mettre son nez dans les affaires des dominions, mais la Nouvelle-Zélande était tellement pas pressée d’être indépendante qu’elle a attendu jusqu’en 1947 pour ratifier le traité. 

(Sérieusement, les gars.)

Et puis depuis, eh ben, ils sont techniquement indépendants, mais bon, tous les gens nés avant 1978 ont la double nationalité Néo-Zélandaise et Britannique, les Kiwis ont droit de résidence permanente au Royaume-Uni, et la Reine Elizabeth est toujours souveraine officielle de la Nouvelle-Zélande, alors si ça c’est pas une colonie je sais pas ce que c’est.

(Vous faites saigner mon petit cœur de républicaine.)

Bref bref.

Le drapeau.

Ce qui embête les Kiwis avec le drapeau néo-zélandais, si c’est pas l’Union Jack, alors c’est quoi ?

Eh bien comme une petite image vaut mieux qu’on long discours, laisse-moi te présenter la chose visuellement : voici le drapeau de l’Australie :


Et maintenant, voici le drapeau de la Nouvelle-Zélande :



Est-ce que tu vois l’énorme couille dans le potage ?

(C’est comme le jeu des 7 erreurs le plus nul du monde.)

Donc les Kiwis, ces génies du bocal, au moment de créer leur drapeau, je crois que ça s’est passé un peu comme ça :

- Mais t’as carrément copié mon drapeau !!
- Même pas vrai, eh l’aut’.
- Si, t’as carrément copié !
- Mais non hein, mes étoiles elles sont rouges, steuplaît, rien à voir quoi.

Et là, on rigole, on rigole, mais ça fait des dizaines d’années que ces teu-bé ont le même drapeau que l’Australie, et puis hein faut pas déconner, toi et moi on sait très bien que c’est pas l’Australie qui va risquer qu’on la confonde avec la Nouvelle-Zélande, donc c’est pas elle qui va s’emmerder à changer son design.

Cette similitude donne donc lieu à des confusions gênantes depuis des années, et donc monsieur le Premier Ministre John Key, après une énième réunion de l’ONU où on l’avait assis à côté d’un petit drapeau Australien, a décidé que quand y’en avait marre y’avait Malabar et que hein, les conneries ça va bien deux minutes mais maintenant c’est plus rigolo.

Du coup il s’est fâché tout rouge et il a dit :

- Maintenant ça suffit, on va changer de drapeau une bonne fois pour toutes, hop je te colle un référendum vite fait bien fait et le monde arrêtera enfin de se foutre de notre gueule.

Ce qui pourrait être une bonne idée, si le coût du projet n’était pas de VINGT-SIX MILLIONS DE DOLLARS.




(C'est quand même pas rien.)

Pourquoi si cher ? Parce que John Key a décidé de payer un panel de professionnels pour sélectionner les visuels, puis de faire un référendum en deux tours. Donc forcément, ça revient cher.

Le projet a été vivement critiqué, et certains parlementaires ont même accusé John Key d’utiliser le sujet du drapeau pour distraire l’opinion publique des problèmes de logement et de transports dans le pays.

(Ils sont mignons, ils s’indignent encore pour des trucs de ce genre.)

(C’est pas comme si c’était le plus vieux tour de passe-passe de l’histoire de la politique.)

Bref, parlons un peu des visuels parmi lesquels nous allons choisir.

L’une des premières suggestions a été celle de la Silver Fern :


 Classique, simple, élégant, reconnaissable, déjà utilisé comme symbole de la Nouvelle-Zélande par les administrations officielles, et en plus le fond noir ça fait un peu pirate sérieux ça pète la classe on est d’accord ?

Eh ben non.

Figure-toi que ces mous du gland de Kiwis, alors qu’on leur présentait le visuel, ont tous agrippé leurs colliers de perles et leur monocle en hurlant :

- Naaaaaan mais où est l’Union Jaaaaaack ?
- Comment le monde va-t-il savoir qu’on fait partie de la Couronne Britanniiiiiique ?
- Mais que va dire Sa Majestéééééé ?

Et donc, pour calmer les crises d’apoplexie, un génie du graphisme nous a pondu la merveille suivante:


(On dirait l'UMP pour les végétariens.)

(Arrache-moi les yeux tout de suite.)

D’autres propositions sont en considération en ce moment, et sont toutes plus ou moins à base de fougères :


(Fougère réaliste)


(Fougère un peu stylisée)


(Fougère un peu plus stylisée)


(Fougère qu'on peut distinguer si on a beaucoup d'imagination)

Et puis on a aussi eu droit à notre dose de blagounettes, parce qu’un gus a aussi proposé le drapeau Maori.

Oui, les Maoris ont leur drapeau - il s'appelle Tino rangatiratanga, ce qui se traduit en gros par "souveraineté absolue", et c'est une référence à la manière dont les Maoris se sont fait enfler par les colons au moment de la signature du Traité de Waitangi.

Le Traité de Waitangi, pour rappel, est le document fondateur de la Nouvelle-Zélande, et marque la fin de la guerre entre les Maoris et les colons. Le problème, c'est que certains éléments du traité sont différents en anglais et en maori - et notamment un point qui coince toujours aujourd'hui, celui de la souveraineté.

En gros, le Traité dit (en maori) que les tribus maories conserveront souveraineté absolue sur leurs terres, alors que la version anglaise dit que les Maoris céderont leur souveraineté à la couronne anglaise. C'est encore une question épineuse et longuement débattue aujourd'hui, car les Maoris pensent que l'utilisation du terme était volontaire (pour amener les autochtones à signer plus facilement), et les Pakehas jurent que c'était un problème de traduction uniquement.

(Perso, je conçois tout à fait que la traduction de concepts purement Européens dans une culture radicalement différente, c'était pas du gâteau - surtout qu'il fallait utiliser des termes facilement compréhensibles par toutes les tribus - mais quand même, ça me semble être une erreur beaucoup trop avantageuse pour les Anglais pour ne pas la prendre avec des pincettes.)

Bref.

Le drapeau Maori, donc, c'est celui-ci:



Il a été créé en 1990, en plein mouvement de revendication de la culture Maorie, et son design symbolise le mythe fondateur de la terre (avec Rangi et Papa, la terre et le ciel). Il est un symbole de ralliement pour les Maoris, et on peut le voir régulièrement flotter dans les jardins Kiwis (ou, beaucoup plus communément, dans les champs de patates douces).

Le Premier Ministre, en geste symbolique, a fait placer le drapeau Maori à côté du drapeau de la Nouvelle-Zélande au-dessus du Parlement, lors de la commémoration de Waitangi Day en 2010. (Deux peuples unis, amitié, tout ça.) Mais cette seule action a été tellement décriée par les Kiwis qu'elle ne s'est plus jamais reproduite, et aujourd'hui, dans les lieux officiels (y compris à Waitangi), c'est uniquement le drapeau Kiwi que l'on voit flotter.

Et si tu trouves que ça c'est choquant, franchement t'as encore rien vu.

Parce que récemment, donc, un gus a proposé qu'on utilise Tino rangatiratanga comme nouveau visuel pour toute la Nouvelle-Zélande.

Suite à quoi tous les Pakeha de Nouvelle-Zélande ont bien rigolé pendant une petite minute, et puis lui ont gentiment dit d’aller se faire foutre, lui et sa tribu de sauvages, non mais et puis quoi encore, mettre des symboles des premiers habitants de ce pays sur NOTRE drapeau, sérieusement ils se croient trop chez eux ces parasites, allez mate, c’était bien marrant, mais maintenant retourne toucher tes allocs et battre tes douze mômes, et laisse les gens de bien s’occuper des choses sérieuses.

(C’est triste, mais franchement, c’est à peine exagéré.)

(Non mais sincèrement, la violence des propos des Pakeha contre les Maoris me choquera toujours - surtout quand on la compare à leur coolitude pour toutes les autres facettes de la vie.)

Bref bref Brejnev.

Flaxou et moi, on va donc bientôt voter pour le nouveau drapeau (dans ce qui sera notre première élection en Nouvelle-Zélande). Et laisse-moi te conter le processus de référendum, tu vas voir que c’est pas de la pavlova :

En gros, y’a un comité sélectionné par le Premier Ministre, formé de "respected New Zealanders" - des hommes d'affaire, des académiciens, un écrivain, un militaire, une athlète professionnelle, une productrice de télé-réalité (ooookay), un ancien maire, un Maori pour les quotas, et comme on est en Nouvelle-Zélande, forcément, l'ancien coach des All Blacks.

(La crème de la crème, donc.)

Tout ce beau monde va sélectionner plusieurs visuels. Puis on aura un premier référendum fin 2015, qui nous fera choisir entre ces visuels.

Une fois le premier référendum passé, il y en aura un second, en 2016, où on devra choisir entre le visuel original retenu et…. Le drapeau existant.

Non.

Mais non.

Mais bande de mous du bulbe, si vous voulez changer votre drapeau, ne donnez pas aux gens l’option de garder l’ancien !

Ou alors, donnez l'option de garder l'ancien drapeau dans le PREMIER référendum, histoire qu'on n'ait pas à dépenser trop de sous!

Surtout que TOUS les sondages montrent que les Kiwis sont massivement contre l’idée de changer le drapeau, alors pardon mais là c’est vraiment tendre le bâton pour se faire battre.

(Tu vas voir que ces tanches vont tous voter pour garder le drapeau existant, et on pourra se carrer vingt-six millions dans le fondement.)

Bref, pour le moment les visuels n’ont pas été officiellement sélectionnés, donc rendez-vous en fin d’année pour voir comment le schmilblick va se passer.

En attendant, je te laisse avec l’excellent John Oliver, qui se fout un peu de la gueule des Kiwis mais bon, au moins il ne les confond pas avec l’Australie.



(Merci John.)

mercredi 8 avril 2015

Brève maritale

Dans la catégorie "cet homme m'étonnera toujours", Professeur Flaxou se pose là.

Même si ça fait neuf ans qu'on est ensemble, j'apprends régulièrement des choses sur lui.

Par exemple, l'autre jour, je revenais du boulot, et je trouve ça sur le bureau:




Et quand je dis à Flaxou "Ouah, quel beau bouquet, mais en quel honneur?", il me répond:

- Ah, il te plaît? C'est moi qui l'ai fait.

OKAY.

Car effectivement, il s'avère que:

- Mon collègue a un grand jardin et il a ces fleurs qui poussent de partout, alors il les a toutes coupées pour faire de la place et les a amenées au boulot. Du coup j'ai fait des bouquets pour tout le monde au travail.

Bon.

Bon bon bon.

On va laisser de côté le fait que le collègue a des putains de fleurs exotiques qui poussent dans son jardin dans tous les sens et qu'il choisit de les couper comme des mauvaises herbes parce que "ça ne fait pas soigné".

(La culture Britannique, j'te jure.)

On va laisser ça de côté, donc, et se poser deux minutes pour absorber la nouvelle que MON MARI EST UN GÉNIE DE L'ARRANGEMENT FLORAL.

Et là, je te vois venir : Han Charlotte t’es trop réac, c’est bon on est au vingt-et-unième siècle, les hommes ont le droit d’aimer les fleurs.

Et je suis d’accord.

Ce qui me choque, c’est que Flaxou n’aime PAS les fleurs !

C’est la personne la plus prosaïque de l’univers, et il déteste tout ce qui n’a pas une utilité bien définie. Même pour le PC, l’amour de sa vie (j’aimerais dire « le second amour de sa vie », mais ne nous voilons pas la face), il favorise les appareils compétents mais pas flashy.

(Ça veut dire « pas de néons sur l’unité centrale ».)

(Dieu merci.)

Donc j’ai du mal à comprendre comment quelqu’un qui n’aime pas les fleurs puisse créer des compositions d’un goût exquis comme si de rien n’était :

- Mais t’as dû y passer des heures si t’as fait des bouquets pour tout le monde !
- Oh non, ça m’a pris, quoi, une-demi-heure.
- Pour faire huit bouquets ?
- Neuf.
- Neuf ?
- Y’en avait un en rab, alors je l’ai mis dans la cuisine. Je me suis dit que ça ferait plaisir à Maria, elle aime bien les conneries de ce genre.

(Cet homme est un mystère.)

Et puis deux jours après, Flaxou et moi, on parlait avec sa maman sur Skype, et je lui montrais le bouquet en mode « Non mais on est d’accord que ton fils a complètement raté sa vocation ? », et elle me dit :

- Ah oui, les fleurs, je sais, c’est un don chez lui. Depuis tout petit. J’aimais bien avoir des fleurs à la maison, et dès que je ramenais un bouquet, il me faisait un arrangement.
- Sérieusement ? Fla, sérieusement ?
- Ouais, j’aime bien. Ça me détend.

(Décidément, c’est un être plein de surprises.)

Et sa maman de continuer :

- Tu sais, entre les compositions florales et son goût inné pour choisir les bijoux, je t’avouerais que j’étais un peu surprise quand il t’a ramenée à la maison, parce que pour tout dire, je m’attendais à un mec.

Ah oui, parce que le truc des bijoux, parlons-en.

Car non seulement Professeur Flaxou est prosaïque, mais en plus, c’est un scientifique. Or, qui dit « science » dit « pas de bijoux sur sa personne » (à cause des risques de contamination et tout le schmilblick). Du coup, il n’en porte jamais.

C’est d’ailleurs un combat de tous les instants pour lui faire porter son alliance, alors que ça fait quand même deux ans et demi qu’on est mariés :

- Mais elle me serre !
- Rigole pas, y’a plein de place.
- Mais je la sens sur mon doigt et ça me gêne, c’est horrible !
- Okay, si vraiment c’est si terrible, tu peux l’enlever….
- Youhou !
- …Mais seulement à condition de la porter sur une chaîne autour du cou.
- ….
- Et si je me faisais tatouer une alliance ?

Mais, paradoxalement, il est hyper doué pour choisir des bijoux pour les autres gens.

Depuis le début de notre relation, j’ai reçu une bague de fiançailles, un collier, deux bracelets, et trois paires de boucles d’oreilles, il a toujours tout choisi lui-même, et c’était toujours dans le mille Émile

Les parures parfaites, de la part du mec qui déteste les bijoux, on est d’accord que c’est un peu chelou quand même ?

(Et puis toujours des trucs d’un goût ravissant, alors qu’on parle d’un mec qui fait du shopping une fois tous les trois ans.) 

(Et que son idée du shopping consiste à aller chez Décathlon et à acheter dix T-Shirts noirs et six paires de chaussettes.)

Je finirai cette analyse par le fait que Flaxou fait les emballages cadeaux les plus charmants du monde (et que depuis que je le sais, je l’exploite allègrement à chaque Noël, parce qu’il a la technique pour replier le papier en origami et faire le p’tit nœud avec le p’tit ruban) (sérieusement, des chefs-d’œuvre).

Donc maintenant, il ne reste plus qu’à tester ses techniques de repassage et de couture, et si on était dans les années 50 j’aurais eu la femme parfaite.

(Même si bon, pour le ménage, on repassera.)

(Mais on ne peut pas tout avoir dans la vie, et en attendant j’ai des belles fleurs à la maison.)

PS culcul : Histoire de te convaincre que j'ai vraiment le meilleur mari de l'univers, voici une petite anecdote sirupeuse (accroche-toi, c'est du lourd):

La semaine dernière, je textais à Flaxou la liste des courses, et comme j'ai toujours cette angoisse que l'un de nous deux meure à n'importe quel instant, je fais bien attention de ne jamais finir mes messages sur un truc genre "achète du jambon" parce que laisse tomber comment ce serait les pires dernières paroles de tous les temps.

(Bref.)

Je texte donc la liste des courses, et pour rigoler, je finis par "et ramène des bisous, s'il en reste".

Eh ben en rentrant du boulot, j'ai trouvé ça sur mon bureau:



(Épouser ce mec: meilleure décision du monde.)

jeudi 2 avril 2015

L'Instant Kiwi: les journaux


Je te l’avais déjà dit, les journaux Kiwis sont assez fun.

Pas foncièrement fun dans leur langage ou leurs articles (ça c’est plutôt pour les pubs, j’en reparlerai une autre fois) mais surtout dans leur conception de ce qui constitue des nouvelles.

On va le rappeler parce que ça ne fait pas de mal, mais on a affaire à un pays qui compte 4 millions et demi d’habitants. Soit très exactement la population de la Bretagne, répartie sur une aire un poil plus grande que le Royaume-Uni.

(Et quand je dis « exactement », c’est « au Breton près » : 4,471 millions contre 4,475).

(Donc en fait y’a techniquement plus de gens en Bretagne que dans toute la Nouvelle-Zélande.)

(Un chiffre à méditer.)

Ajoute à ça qu’on vit dans un pays du Premier Monde, et qui plus est un pays de gros Bisounours, et donc tu comprendras qu’en matière de nouvelles, on traite n’importe quelle info comme un truc très croustillant.

Rien de bien choquant, me diras-tu.

Ouais, sauf que ça atteint des sommets assez inimaginables en termes de traitement des sujets.

Car le journaliste Kiwi, semble-t-il, ne se pose jamais la question de « Est-ce que ça mérite un article d’une page entière ? ».

(Ou alors il se la pose, et la réponse est toujours « OUAIS CARRÉMENT ET MÊME DEUX PAGES PEUT-ETRE !! »)

Du moins, c’est la seule explication que j’aie trouvée en voyant les gros titres du journal local de cette semaine :



Bon, j'ai vu le titre, et je me suis dit "Okay, donc il a dû y avoir un prisonnier qui s'est échappé de Mount Eden et vient d'être recapturé", mais ça me semblait un peu incroyable qu'un gars s'échappe de prison à Auckland et que j'en entende parler que maintenant.

Et j'avais raison de me méfier, parce que voici la photo qui accompagnait l'article:


(Swag)

Non, c'est pas une blague, le journal a vraiment fait sa une sur un perroquet qui s'était échappé de sa cage et qui a été retrouvé.



(Ah mais quand je dis qu'il se passe pas grand-chose dans ce pays, c'est pas de la blague, hein.)

L'article conte donc l'aventure fabuleuse de Cherie, une perruche qui s'était échappée du jardin de ses vieux (car oui, en Nouvelle-Zélande comme en France, avoir des perruches est vraiment un truc de vieux). Les deux petits vieux ont donc passé des jours à la chercher éperdument, mais Cherie a finalement été retrouvée par une classe de CM2, a plus de six kilomètres de sa maison.

Alors pardon mais je trouve que c'est un peu pourri pour un oiseau de mettre des semaines à faire six kilomètres. Même moi avec mes jambes molles je peux facilement faire six kilomètres en moins d'une journée, et Cherie c'est pas pour enfoncer le couteau mais T'AS DES AILES!

Mais bon, mon passage préféré de l'article reste quand même l'histoire de George, le compagnon de Cherie, puisque sache-le, les perroquets se mettent en couple pour la vie (comme les Catholiques).

Eh ben George, d'après ses vieux gâteux, était "traumatisé" en apprenant la disparition de Cherie. Sauf qu'on dirait qu'il a pas mis trop de temps à se remettre, puisqu'au retour de sa dulcinée, il était pas ravi-ravi:


Quelque chose me dit que George n'était pas si "inconsolable" que ça au final.


(George, tu te sens bien?)

Bon, du coup je sais pas toi, mais perso je suis bien déprimée par cette histoire. Genre on entend partout des anecdotes sur les perroquets inséparables qui meurent en même temps et tout, et là carrément pas, Cherie fait ses bagages et George fait la fête, et quand elle revient il lui fait la gueule.

(Paye ton amour éternel quoi.)

Bref, des nouvelles passionnantes, comme tu peux le voir.

Et bon, je te vois venir.

Tu vas me dire « Attends Charlotte t’es de mauvaise foi, tout le monde sait que les journaux locaux traitent les informations les plus ridiculement minuscules, si t’épluches l’Alsace tu trouves les mêmes histoires. »

Et bon, soit, pour un journal régional, ça peut sembler normal.

Mais alors va quand même falloir qu’on m’explique que le New Zealand Herald, le journal NATIONAL, titre ses éditions avec des nouvelles de ce genre :



Son lapin en PELUCHE.


(Parfaitement.)

Donc c’est six paragraphes sur l’histoire de la gamine qui a perdu son doudou, et la maman qui a fait tourner une petite annonce sur le net pour le retrouver, et puis une dame l’a retrouvé, et c’est la fin.

(Tant de palpitations, c’est inouï.)

En gros, le truc le plus informatif dans l'article, c'est que j'ai appris que Darcey pouvait être un nom féminin (et pas juste un nom méga moche).

J’adore quand même comme la journaliste te glisse des morceaux de suspense dans l’article, genre à un moment la maman va chercher le doudou égaré, mais en fait on sait pas trop si c’est bien lui (alors qu’en fait si, on sait vu que c’est dans le titre) (chuuut) et puis elle donne le doudou à sa fille pour inspection et après moult et moult dubitations, il s’avère que c’est bien lui.



(Tu peux te remettre à respirer.)

Alors je sais pas toi, mais perso je sens l’arnaque à plein nez, parce que la gamine a trois ans et demi, et au cas où tu connais pas trop d’enfants de trois ans et demi, laisse-moi t’expliquer : c’est pas les ampoules les plus brillantes du lustre, si tu saisis c’que j’veux dire.

(C’est des teu-bé.)

Donc je flaire quand même le coup des parents qui filent un vieux doudou de la Croix Rouge en loucedé à la gamine en lui disant :

- Oh regarde, Bunny est revenu ! Oui, il est beige au lieu de gris maintenant, mais c’est… parce qu’il a vécu plein d’aventures !

Parce que ce genre de conneries, les mômes, ils les gobent toutes crues.

Saluons au passage l’information CAPITALE de fin d’article qui nous indique que Bunny va devoir passer à la machine, mais il faudra le faire en secret, parce que la petite fille ne veut pas qu’on lave son doudou.

(Je te lui mettrais une tarte derrière l’oreille, à cette petite crado, ce serait vite vu.)

Bref, un nouveau jour glorieux au pays des nouvelles cruciales.

Bientôt, on parlera du référendum sur le drapeau, tu vas voir ça va être grandiose en termes de nouvelles cruciales.

A plus dans le bus!