dimanche 10 juillet 2016

L'instant Kiwi: les expressions cheloues, volume II


Salut les p'tits loups!

On est repartis pour un tour dans les expressions complètement WTF de la Nouvelle-Zélande.

(Si jamais tu veux te rafraîchir la mémoire, tu peux trouver une première sélection pas piquée des hannetons par ici.)

Car oui, au pays des fush'n'chups, on a des expressions pour le moins étranges – et ça n'a rien à voir avec la langue anglaise, mais bien avec le pays lui-même. Je vais d'ailleurs volontairement laisser de côté des expressions cheloues comme "cool cucumber" (que je trouve soit dit en passant magnifaïk) parce qu'on la trouve aussi en Angleterre ou aux Etats-Unis.

Hop, un petit top 5 de mes préférées:

5. SMOKO


Pour comprendre celle-ci, il faut t'imaginer la tête de Flaxou lors de son premier jour au turbin, quand on était tout fraîchement débarqués de l'avion et qu'il avait trouvé un boulot à la chaîne dans une usine de lait en poudre.

(Parce que oui, Flaxou a Bac+5 en microbiologie, mais si tu crois qu'en arrivant dans un nouveau pays tu peux cash bosser dans ta branche... ben reste chez toi, ça vaut mieux.)

Du coup, il fait connaissance avec ses collègues, et commence instantanément à galérer, parce que tous ses collègues sont des Maoris ou des Polynésiens, et qu'ils ont un accent différent de celui des autres Néo-Zélandais (qui n'est de base pas une partie de rigolade).

Alors il tente comme il peut de faire bonne figure en rigolant en même temps que les autres et en hochant la tête d'un air pénétré quand on lui parle (les deux bottes secrètes de tout étranger en terre inconnue), mais soudain, c'est le drame, quand un de ses collègues lui balance:

- Time for a smoko!




Là, il est bien obligé de se fendre d'un "excuse me, what?", ce à quoi ses collègues lui répliquent:

- We're going for a smoko! You want to have a smoko with us?




De plus en plus désemparé, Flaxou finit par hocher la tête et les suivre, en se disant qu'on verra bien.

Et heureusement pour lui, "smoko" est un terme néo-zélandais qui signifie simplement "prendre une pause".


(Je dis "heureusement pour lui" parce que le gars, il y est allé à l'aveuglette.)

(Pour ce qu'il en savait, "going for a smoko" ça pouvait vouloir dire "aller fumer du crack".)

Le terme vient du verbe "smoke" parce qu'il désignait originellement la pause-clope, mais s'est depuis élargi pour signifier n'importe quelle pause qu'on prend au boulot, maintenant que quasiment plus personne ne fume dans le pays (ci-mer les paquets de clopes à 25 boules) (tu peux manger deux fois chez Macca's à ce prix-là). Le "smoko" est donc à la fois ta pause clope, ta pause café, ta pause goûter, ta pause pipi, et j'en passe.


4. MINT


Alors là, tu te dis peut-être que c'est pas vraiment la peine que je ma la pète, parce que franchement, on n'a pas besoin d'être aussi majestueusement bilingues que les gens des pubs Wall Street English pour comprendre le mot "mint".

Sauf qu'en Nouvelle-Zélande, terre de magie et d'illusions, AUCUN MOT N'EST CE QU'IL SEMBLE ETRE.


Je te laisse juger par toi-même au vu du dialogue suivant entre moi et un de mes collègues, par un frais lundi matin de Septembre:

- Hey! How was your weekend in Fiji?

- Oh, it was mint!



Car oui, en Zélandie, "mint" veut dire "cool", "chouette", "super", "chan-mé" (raye l'expression que t'as plus entendue depuis 2002).

On peut aussi la substituer par l'expression "Choice" (comme dans "Choice, bro!"), qui veut bien évidemment dire "choix" et qui du coup a encore moins de sens que "mint", ah non mais vraiment bravo les gars, logique impeccable.

Imagine si on faisait des conneries de ce genre avec la langue française, et qu'on se mettait subitement à dire des mots complètement aléatoires pour exprimer notre joie?

- Y'avait plus que cette minuscule place en créneau, et j'étais hyper à la bourre, mais là bim! Je l'ai réussi du premier coup!

- CACAHUÈTE!
- Pardon?
- Nan, je voulais dire, c'est cool! Porte-manteau! Grenadine!
- Heu, en fait faut que j'y aille là, j'entends qu'on m'appelle...
- Pas de soucis! Fourmilier!

(Eh ben l'Académie Française aurait vite fait de nous interner, c'est moi qui te le dis.)


3. EGG


Oui, je sais, encore une expression qui a zéro rapport avec son mot d'origine.


En argot néo-zélandais, un "egg" c'est un crétin, un abruti. Par exemple: "Oi, stop being an egg!" ou encore "Shut up, you egg!" C'est une manière polie de traiter quelqu'un de débile (une personne s'offensera moins si on la traite de "egg" que de "dick" ou de "dumbass").

Une autre variante est "turkey" (littéralement "dinde"), que j'ai beaucoup entendu appliqué à soi-même, genre "Oh, I left my phone at home, I'm such a turkey!". 



(Et puis, évidemment, c'est l'insulte préférée de Murray dans Flight of the Conchords.)

Et sinon, niveau raisonnement, je pense qu'on a définitivement franchi la frontière du "on s'en bat les couilles", on est tous d'accord?




2. THE WOP WOPS

On connaissait déjà "Up the boohai" qui est typique de la région d'Auckland, maintenant découvrez "the wop wops", qui est une expression universellement connue (la définition d'"universel" en Nouvelle-Zélande = "qui inclut l'Ile du Sud"). 

Je l'ai entendue pour la première fois il y a quelque mois en parlant à ma nouvelle collègue:

- Do you live far?

- Not at all, I'm in Panmure. What about you?
- Oh, I live in the wop wops.



Ce par quoi elle voulait dire qu'elle habitait au fin fond de la cambrousse, mais comme moi c'était la première fois que j'entendais cette expression, je pensais qu'elle voulait dire qu'elle habitait dans un endroit qui s'appelait "Wop Wops".

(Ce qui honnêtement ne serait pas impossible, quand on voit les toponymes qu'on se coltine par ici.)

Du coup maintenant j'explique à tout le monde, comme ça y'a qu'une seule Française qui a besoin de se ridiculiser. (3615 philanthropie)


1. WHO ATE ALL THE PIES?


Incontestablement ma préférée.

"Who ate all the pies?", littéralement "Qui a mangé toutes les tourtes?", est une expression tellement sublimement Kiwie pour deux raisons.

Déjà, elle fait référence à la pie, alias LE plat du coin (avec les fish'n'chips).

(Et non, ce n'est pas une coïncidence si ces deux plats sont également typiques de la Grande-Bretagne.)

Les pies, pour ceux qui ne connaîtraient pas, sont des genres de petites tourtes à la pâte feuilletée ou sablée. Elles sont traditionnellement fourrées au fromage, au boeuf et à la sauce au jus de viande, mais on en trouve de nos jours sous plein de formes (au poulet, au poisson, végétariennes, à l'Indienne, façon Thaï, etc.)




(La gastronomie Kiwie dans toute sa splendeur.)

Et quand je dis que c'est facile de trouver des pies, faut le voir pour le croire.


Parce que, non content d'en trouver dans les restaurants, dans les bars, dans les cafés, dans les pubs, dans les stations-services, dans les fast-foods, dans les épiceries, et dans à peu près tous les lieux où se rassemblent des gens (marché, gare, aéroport, etc.), on trouve bien évidemment des pies au supermarché, mais tellement les gars ils sont à donf, t'en trouves dans pas moins de TROIS sections du supermarché:

1. Au rayon surgelés.

2. Au rayon boulangerie (où on te vend les trucs qui sont cuits sur place.)



3. Au rayon "pies", car oui, il y a UN RAYON ENTIER POUR LES PIES.



(Les gens dans ce pays sont franchement hardcore.)

Alors bon, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit: les pies, malgré leur apparence dégueulasse, c'est franchement pas mauvais. J'en mangerais pas tous les jours, mais ça cale bien.

(En même temps, y'a de quoi – le truc doit faire bien trois millions de calories par centimètre cube.)

Et c'est là qu'on arrive à la signification de l'expression "Who ate all the pies?".

En fait, les Kiwis, avec le sens du tact inouï qu'on leur connaît, utilisent cette expression pour dire à une personne qu'elle a pris du poids.


Je te fais une petite mise en situation: mettons que tu es Néo-Zélandais(e) et que tu croises une vieille connaissance que tu n'avais pas vue depuis un moment. Tu remarques que ladite connaissance a pris un peu de mou, et tu la gratifies donc d'un magnifique:

- Hey mate! Long time no see! Woah, who ate all the pies, eh?




(Si on connaît bien la personne, la remarque peut s'accompagner d'une tape sur le bide et d'un rire gras.)

Le plus fou, c'est que, quand j'ai entendu cette expression pour la première fois, j'étais scandalisée. Je pensais que c'était hyper blessant et indélicat de faire ce genre de commentaire à quelqu'un. 

Mais les Kiwis, en fait, ils s'en pètent totalement, ça les fait marrer.


D'ailleurs, la réponse typique à "Who ate all the pies?" est en général "Ha ha, c'est moi, lolilol je suis gros!"

(Ces gens sont incassables.)

(C'est un peuple de doux lutins sur lequel la vie n'a pas d'emprise.) 

(Pour eux, tout est joie et champ de fleurs.)

(C'est un peu les anti-Français.)

Voilà, tu es maintenant équipé pour aller taper la discute aux Néo-Zélandais comme un champion.

(Je me doute que si t'es en France, c'est pas très utile, mais je peux pas t'apprendre l'argot français.)

(Sauf si c'est le genre d'argot qu'on entend dans les chansons de Renaud)

(Là je suis balaise, mon frérot.)

1 commentaire:

  1. Il est probable que « Choice ! » est une version raccourcie de « Good choice ! ».

    Pour Mint, ça doit être pour le côté rafraichissant. J'ai entendu des étudiants en France dire que « c'était frais » pour exprimer un sentiment positif sur quelque chose, alors bon...

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