mercredi 28 juin 2017

Le retour des rois


(WOOUH FAIS PETER LA FERME AUBERGE FERNAND)

Ah là là, les enfants, par où commencer par vous narrer le périple de notre grand retour sur le vieux continent?

Peut-être par le putain de coup de stress qu'on s'est mangés dans la face trois jours avant de partir.

- Air New Zealand, bonjour!
- Oui bonjour, j'appelle pour avoir des renseignements sur les dimensions des bagages en soute. Ma femme et moi, on part dans trois jours avec 4 bagages, et dans les bagages il faut qu'on case une épée d'un mètre vingt...
- Pardon monsieur, vous avez dit 4 bagages en soute?
- Oui, en fait l'épée c'est un bagage à part du coup – c'était un cadeau d'anniversaire pour ma femme, ça avait l'air d'une bonne idée à l'époque....
- Non mais en fait vous n'avez droit qu'à deux bagages en soute.
- KEUWA??




Flash-back: février 2017, au guichet d'Air New Zealand:

- On cherche la compagnie aérienne qui nous permettrait de prendre le plus gros volume de bagages avec nous. Qatar et Emirates autorisent 30 kilos par valise, donc on pensait aller chez eux, mais on nous a dit qu'il y avait une option pour prendre des bagages supplémentaires avec Air New Zealand?
- Tout à fait. Vous avez droit à un bagage en soute de 23 kilos chacun, ça c'est compris dans le prix du billet. Et puis, si vous souhaitez, vous pouvez ajouter un bagage supplémentaire chacun, pour un supplément de 200 dollars pièce.
- Donc, si on paye 400 dollars de plus, on peut embarquer 4 valises de 23 kilos?
- Exactement!
- Est-ce qu'il faut qu'on les réserve en avance?
- Pas du tout, vous venez le jour de l'embarquement, vous signalez les bagages supplémentaires, et vous payez à ce moment-là.
- Et c'est garanti qu'on nous les prenne?
- GA-RAN-TI!

Retour en juin 2017, chez le service client d'Air New Zealand:

- Ah mais je suis désolé monsieur, mais on vous a manifestement raconté des conneries. Les bagages supplémentaires sont soumis à condition. On ne les accepte que s'il y a suffisamment de place dans l'avion.
- Et vous saurez ça quand?
- Quelques heures avant le départ.
- Donc en fait, vous êtes en train de nous dire que, sur les conseils de votre collègue, on a trié toutes les affaires qu'on possède dans quatre valises, et qu'on pourra potentiellement en emmener que deux avec nous?
- C'est ça. Et sinon vous aviez d'autres soucis?
- Oui c'est-à-dire que vous avez pas du tout résolu mon premier souci, là.
- Ah? Je pensais qu'on avait réglé la question.



MAIS ON A RÉGLÉ QUOI, ESPÈCE DE FROMAGE DE BITE?

- Non, mais ce que moi je vous conseille, c'est d'amener tous vos bagages avec vous le jour de l'embarquement. Et après, vous verrez bien si ça passe.

MAIS??!

ET SI CA PASSE PAS, ON EN FAIT QUOI, DE NOS DEUX BAGAGES, ON TE LES FOURRE DANS LE CUL??

(Parce que c'est un peu notre seul espace de stockage disponible.)

- Si vous souhaitez déposer une plainte formelle, je serais ravi de vous rediriger vers notre service de réclamations.
- Oui, faites ça, oui.
- Merci, au revoir et bon vol!
- TON CUL IL VA BIEN VOLER mmmmmerci.

On a fini par passer tous les deux une-demi journée sur ce problème, puisque le service de réclamations était en fait un répondeur (super pratique), que le service Facebook m'a donné une adresse email pour déposer ma plainte (qui disait "Aidez-nous bordel on est stressés de la mort, y'a-t-il quelqu'un pour venir nous confirmer qu'on va pouvoir prendre tous les bagages qu'on nous avait dit qu'on pourrait prendre?"), pour finalement recevoir cette réponse automatique à ma plainte:

"Merci de votre retour. Nous nous efforcerons de répondre à votre question dans les sept jours ouvrables. En gros tu pars dans trois jours et t'es niqué, bon vol ma couille."

Du coup, c'est UN POIL ANXIEUX qu'on a trié deux valises de "ça c'est sûr il nous les faut":



(RIP ma garde-robe)

(Tu noteras au passage mon débardeur laser kiwi, un essentiel évidemment.)

 Et une valise de "bon ça ce serait cool de l'avoir mais c'est pas genre ultra essentiel".

(Valise qui contenait des trucs genre mon manteau d'hiver, ma paire de bottes, mes livres de Maori, et mes petites poêles qui font des si délicieuses pancakes.)

Pour l'épée, comme c'était un bagage à elle toute seule, je me suis renseignée pour voir combien ça coûterait de la faire expédier en France:

- Ah non désolée madame, la poste n'accepte pas un colis si grand. Regardez chez DHL ou UPS.

(Cette épée, sur le coup, ça semblait être une bonne idée.)

- Alors pour un colis de cette taille, sur la France, on estime une fourchette entre 360 et 400 dollars.

(Ça semblait vraiment être une bonne idée.)

- Ça nous coûterait pas moins cher de la revendre ici, et de racheter le même modèle quand on arrive?
- Cha, c'était une édition limitée. Y'en a plus en vente.

(C'était VRAIMENT un super cadeau.)

Au final, on a tout emballé comme il fallait, puis on a appelé nos anciens colocs Richard et Maria en leur disant:

- Alors, d'abord, merci de nous amener à l'aéroport et de reprendre tous les objets dont personne ne veut. Il faudra aussi rester avec nous quand on enregistre les bagages et ensuite peut-être récupérer notre épée et une valise de 23 kilos et les stocker chez vous pour une durée complètement indéterminée. Merciiii!

Et puis au final, après trois jour d'angoisse:

- On voudrait enregistrer des bagages supplémentaires en soute.
- Oui, par ici.
- ........
- Alors je peux les mettre dans la soute, mais par contre vous êtes au courant qu'il y a un supplément de 400 dollars?



- Vous êtes d'accord de payer le supplément?
- D'accord? Mais avec PLAISIR on va le payer!
- Oooookay.

Et c'est sereins et apaisés qu'on a enfin passé l'enregistrement.

- Ouais enfin du coup on a trois heures d'avance, quoi.
- ....
- Un petit tour au duty-free?

(Mes collègues absolument fantastiques m'avaient offert comme cadeau de départ un chèque de duty-free – "comme ça, ça compte pas comme un bagage à main!")

(Du coup j'ai acheté un parfum, un vernis à ongles, et un mascara "extrême volume smoky eye yeux de biche effet faux cils vu à la télé le préféré des stars" parce que je suis une victime du marketing.)

(Verdict: il est pas mal.)

BREF.

Le voyage s'est passé comme à chaque fois: le premier vol on l'a à peine senti passer, le deuxième vol était IN-TER-MI-NABLE.

Ces deux sentiments étaient encore amplifiés cette fois-ci par le fait que:

1. Au premier vol, on a décollé à minuit heure locale, et du coup, entre l'heure tardive et le stress des trois derniers jours, on a dormi quasiment tout le vol. (J'ai juste eu le temps de regarder un seul film) ("Hidden Figures", que je voulais voir depuis longtemps et que je m'étais réservé exprès parce que je savais qu'ils l'auraient dans l'avion) (il est cool) (enfin c'est pas le propos).

2. On est arrivés à Singapour (l'escale de mi-chemin) à sept heures du matin, heure locale, et on avait neuf heures à tuer avant le prochain vol. Du coup, nous, (presque) frais comme des gardons après une nuit à se dessécher dans l'avion, on s'est dit:

- Nous voilà à Singapour avec plein de temps à tuer, mais on n'aime pas faire du shopping. Qu'est-ce qu'on pourrait bien faire?

Et là, on est passés devant une grande pancarte qui disait: "Visites guidées gratuites de Singapour. Découvrez l'histoire et la culture de notre belle ville. Départ de l'aéroport, le bus vous ramène, on vous arrange des visas de transit, on s'occupe de tout tu t'occupes de rien tu profites ma couille."

Du coup, on est partis pour une visite rapide.

On a visité la place avec plein de touristes, de banques et d'hôtels de luxe:



On a aussi vu une statue de lion-sirène qui est apparemment LE truc qu'il faut aller voir à Singapour:



Enfin moi, ça m'a surtout permis de prendre cette SUBLIME photo du couple le mieux assorti au monde:



(Littéralement.)

On a aussi vu des jolies maisons:





Plein de climatiseurs:



(Il fait 30 degrés toute l'année, paye ton équateur.)

Et une très jolie mosquée.



(Même si la principale religion à Singapour, ça reste évidemment LE POGNON.)

On a aussi appris plein de choses sur Singapour, et en particulier, on a appris qu'on ne voudrait jamais, jamais venir vivre à Singapour:

- Ici à Singapour, on aime deux choses: manger, et faire du shopping. C'est nos deux grandes passions dans la vie. Enfin, surtout ces dames, hein! Haha!
- ...
- Les messieurs, vous me comprenez, hein! Hein!



Et sinon, on a découvert des trucs marrants, genre:

- Singapour est une république parlementaire – ça veut dire qu'on a un président, mais son rôle est surtout symbolique. Le vrai chef de l'Etat, c'est le premier ministre.
- Ah ouais, un peu comme en Italie.
- Notre actuel premier ministre est au pouvoir depuis douze ans!
- Ah ouais, un peu comme en Allemagne.
- C'est le fils de l'ancien premier ministre.
- Ah ouais, un peu comme au Canada.
- Le père est resté au pouvoir pendant trente et un ans!

Ah ouais, un peu comme une PUTAIN DE DICTATURE EN FAIT LA DU COUP.

Et plus on découvrait de trucs, plus on se disait que ça sentait un peu la couille dans le potage:

- On a la peine de mort, mais seulement pour trois crimes: le meurtre, le vol à main armée, et le trafic de drogue.
- C'est pas un peu sévère?
- Il y a des gens qui disent que c'est sévère, c'est vrai. Mais on n'a presque plus de problèmes de drogue ou de vol, maintenant!

Bah forcément, hein, si t'as exécuté tous les délinquants!

- Plus de trente grammes de cocaïne sur vous à la frontière, vous êtes pendu d'office. 250 grammes de méthamphétamine, vous êtes pendu aussi. Plus de 500 grammes de cannabis – oui, même le cannabis – hop, pendaison!

Dis donc, ça a l'air chillax ton pays, Marcel.

- Vous voyez qu'on travaille bien dans le pays, même si on est samedi aujourd'hui. C'est parce qu'on travaille dur ici! La grève, par exemple, c'est interdit. Les manifestations aussi. On aime notre travail à Singapour!



J'ai l'impression qu'on aime rester hors de prison, à Singapour, surtout.

Après cet intervalle un peu glaçant au sens figuré comme au sens propre (ci-mer la clim à fond les ballons du bus et de l'aéroport), on a ré-embarqué pour 13 heures de vol, à la fraîche.

On était assis pas loin d'un bébé tout mignon, et c'est là que je me suis rendue compte que l'horloge biologique de Flaxou était au bord de l'implosion, parce que pendant TREIZE PUTAINS D'HEURES, il me flanquait son coude dans le bras pour me dire:

- Regarde! Regarde, elle fait coucou!
- Ah oui. Coucou bébé!
- Qu'est-ce qu'elle est mignonne!
- Ouais, je vais lire hein, je te laisse.
- Coucou bébé! Coucou! Coucou!
- T'es flippant.

Sept heures plus tard:

- Cha!
- Rhâ, je suis à la toute fin de Big Little Lies et ils vont ENFIN dire qui c'est qui est mort. Quoi?
- Regarde!
- C'est toujours le même bébé, Fla.
- Oui! Regarde, elle fait des bulles de salive!

Onze heures plus tard:

- Cha!
- Merde, je DORMAIS!
- Ah pardon. Mais maintenant que tu es réveillée, regarde!
- Mais nique ta race si c'est encore ce putain de môm...
- Elle rigole et elle a DES PETITES FOSSETTES!
- .....
- C'est TELLEMENT CHOUPI!



Et puis, après ces interminables TRENTE-TROIS HEURES de voyage (j'me suis quand même fait trois films et une saison entière de série) (J'ai chialé ma race devant "Moonlight" mais ça valait le coup) on était enfin de retour à la maison!

(Enfin, de retour à l'aéroport de Francfort qui est à trois heures de route de la maison, mais on va pas enculer les mouches.)

Maintenant, on est installés confortablement dans l'appartement à côté de chez ma mamie (on n'a jamais besoin de faire les courses parce qu'elle nous fait à bouffer tout le temps) (RIP nos bidous), et je divise mon temps entre mon nouveau boulot (je t'en parlerai une autre fois) et passer du temps avec ma famille et ma nièce chérie:

- Tata, elle est jolie ta coiffure!
- Merci.
- Tu me fais la même?
- Je vais essayer, mais j'ai pas l'habitude sur quelqu'un d'autre.... voilà!
- J'peux voir, j'peux voir?
- Attends, je prends une photo et je te montre.



- Tata, je peux l'enlever maintenant? Parce que c'est vraiment pas bien fait.
- Oui ben c'est la première fois que je fais la coiffeuse, hein!
- C'est pas grave, on ira en vacances et tu me le feras tous les jours, jusqu'à ce que ce soit joli.

(Toi aussi tu m'avais manqué, petit despote.)

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