lundi 24 février 2014

Maui le demi-dieu - une légende maorie


Comme tu le sais déjà, la mythologie c'est l'une de mes grandes passions.

(D'autres passions incluent les films de zombies, les différents accents de la langue anglaise, et goûter tous les parfums de chips existant dans le monde.)

(Pringles fait des chips goût pizza, c'est... intéressant.)

Donc, en débarquant en Nouvelle-Zélande, j'étais très contente d'avoir une belle occasion d'étudier en détail les mythes et légendes Maoris (et polynésiens dans leur ensemble).

Un petit cours de civilisation, avant de commencer :


La Polynésie est globalement reconnue comme formant un triangle reliant différentes îles du Pacifique, ayant pour pointes Hawaii, l'Ile de Paques, et la Nouvelle-Zélande, et pour centre Tahiti et la Polynésie française. Les gens vivant à l'intérieur de ce triangle présentent une apparence physique commune et leurs langues et cultures sont très proches.

Et, contrairement à ce qu'on pourrait croire en voyant la carte, ces peuples n'étaient pas isolés les uns des autres, car, même après avoir découvert la Nouvelle-Zélande et s'y être installés, les Maoris voyageaient beaucoup vers Tahiti et consorts.

(Ce n'est pas pour rien qu'on appelle les Polynésiens "les Vikings du Pacifique".)

Pour les gens qui connaissent ces cultures, ce ne sera donc pas une grande surprise de lire la légende de Maui, l'un des héros les plus connus de la mythologie Maorie, car beaucoup de ses histoires sont également présentes dans le reste du Pacifique (avec quelques variations).

Maui, donc, est le cinquième enfant de Taranga, qui avait décidé que quatre enfants ça suffit, mais niveau contraception c'était pas trop la fête à l'époque. Donc, elle coupe ses cheveux, prend le nouveau-né, l'enveloppe dans sa chevelure, et le balance dans l'océan.

(Ah ben ça, quand l'avortement était pas légal, on faisait comme on  pouvait, hein.)

Maui flotte sur les flots dans son bateau capillaire et est sauvé des eaux par le dieu Tama, qui le recueille et l'élève comme son fils, et lui apprend la magie.

Un beau jour, Maui décide de rentrer chez les siens, et quitte Tama, qui lui dit : "Tu vivras beaucoup d'aventures, mais la dernière sera la plus grande de toutes, et tu perdras cette bataille." Maui lui demande plus d'explications, mais Tama répond simplement "Ce sera une bonne chose de prendre part à cette bataille, et cela n'aura pas d'importance que tu perdes." (Ce qui, disons-le franchement, nous fait une belle jambe.)

Maui se met donc en route et arrive finalement dans la maison de sa mère, qui vit avec ses quatre autres fils. Le soir, elle fait l'appel (genre quatre enfants c'est trop, faut les appeler pour vérifier qu'ils sont tous là).

- Maui-taha!
- Présent!
- Maui-roto!
- Présent!
- Maui-pae!
- Présent!
- Maui-waho!
- Présent!

Sérieusement?

Sérieusement? TOUS tes fils s'appellent Maui? L'originalité, ça existait pas chez les Maoris?

(Dit la meuf qui vient d'une famille où elle s'appelle Charlotte parce que son grand-père s'appelait Charles.)

Bref, Taranga est contente parce que tous ses fils sont là, quand soudain se lève le petit Maui en disant:

- Je m'appelle Maui aussi!

Ce à quoi Taranga répond:

- Ah non, tu ne peux pas être Maui. Tous mes fils sont là, je les ai comptés!

(Ouais c'est bon, t'as fait l'appel de quatre gamins, tu veux une médaille?)

Maui insiste, et Taranga lui demande :

- D'où viens-tu?
- Je viens de l'océan. Les vagues étaient mon berceau, les oiseaux et les poissons se sont battus pour m'avoir, mais j'étais enveloppé dans la chevelure de ma mère.

A ce moment, Taranga reconnaît son fils, le prend dans ses bras, et lui dit:

- Oui, tu es mon fils, mon petit Maui. Je t'ai retrouvé.

Euh, pardon, meuf, je veux pas ruiner tes retrouvailles, mais c'est pas exactement comme si tu l'avais perdu en faisant tes courses au Super U, non?

J'veux dire, tu l'as jeté dans l'océan! C'est ni plus ni moins qu'un infanticide!

(Et après le gamin revient chez elle quand tout est fait, quand il marche et qu'il parle et qu'il se torche les fesses tout seul. Ah ben là pas de souci, tu l'acceptes comme ton fils maintenant qu'il y a plus rien à faire!)

(Quelle connasse.)

Maui reste donc vivre avec sa mère et ses frères, et prend le nom de Maui-tikitiki-a-Taranga : Maui qui était enveloppé dans les cheveux de Taranga.

(Ça va, c'est pas trop chiant à porter, comme prénom.)

Tous les matins, Taranga se lève à l'aube et disparaît, en ne revenant que le soir tombé. Maui, intrigué, demande à ses frères si ils savent ce qu'elle fait et où elle va durant la journée, ce à quoi les frères répliquent qu'ils en savent rien et qu'ils s'en foutent.

Maui décide donc, une fois la nuit tombée, de cacher les vêtements de Taranga. Il fait également le tour de la maison et bloque chaque interstice avec de la mousse, de sorte que Taranga dort plus longtemps que prévu, parce qu'elle ne voit pas les premières lueurs du jour. Finalement, le chant des oiseaux réveille Taranga, qui se lève en panique, cherche ses vêtements, et, ne les trouvant pas, jette un vieux manteau sur ses épaules et quitte la maison précipitamment.

(Ça me rappelle pas mal de matins avant mes cours de linguistique.)

(Un jour, j'étais tellement à la bourre, j'y suis allée en pyjama.)

(Les joies de la fac.)

Maui suit sa mère et la voit entrer dans la forêt, arracher une motte d'herbe, et descendre sous terre en replaçant l'herbe au-dessus de sa tête. Il comprend alors que sa mère entre chaque jour dans le monde des esprits pour rejoindre son père.

Parenthèse : dans la mythologie Maorie, comme dans beaucoup d'autres, il existe un monde souterrain fait d'immenses cavernes, où vont les esprits après leur mort et où ils vivent pour toujours. Il n'y a pas de soleil mais la lumière vient des pierres alentour, et le monde est grosso modo exactement comme celui du dessus, avec des plantes, des animaux, tout ça.

Maui revêt alors les habits de sa mère (ah ben bravo, ça c'est encore l'école publique qui lui a appris à s'habiller comme une femme, à coup sûr) et puis se change en pigeon.

(Oooookay.)

(Tu pouvais y aller comme ça, hein. Mais bon, tu fais ce que tu veux.)

Ainsi déguisé, il entre dans le monde des esprits. Bientôt, il aperçoit Taranga en compagnie d'un homme, et va se percher sur une branche d'arbre au-dessus d'eux. Il saisit alors une baie dans son bec et la lance sur la tête de son père pour attirer son attention.

Maui le pigeon avait un plumage magnifique, car les couleurs du vêtement de Taranga étaient passées dans ses plumes. Sa beauté attire une foule d'admirateurs, qui lui lancent des pierres pour le déloger de son arbre.

(Sympa.)

Maui esquive toutes les pierres, jusqu'à ce que son père lui en lance une. A ce moment, il descend de son perchoir et prend sa forme humaine. Sa mère le reconnaît alors et le présente à son père en disant :

- Voici mon plus jeune fils, Maui, sauvé des flots. Il amènera joie et peine sur le monde, il domptera le soleil, et peut-être qu'il vaincra la mort elle-même.

Maui se fait donc baptiser dans le monde des esprits, et le tohunga (prêtre/magicien) récite des sorts pour le rendre brave et irréductible. Et tout le monde est content, y compris les pigeons néo-zélandais, car ils portent tous désormais les couleurs chatoyantes du vêtement de Taranga.


(La classe.)

Mais Taranga et son mari étaient tristes, parce qu'ils savaient qu'une partie des incantations avaient été oubliées lors du baptême de Maui, et qu'il ne parviendrait donc jamais à vaincre la mort.

Bon, alors déjà : bravo les prêtres qui oublient la moitié de leurs incantations. C'est juste le baptême d'un demi-dieu, pas la peine de faire un effort quelconque, hein!

Et puis, deuxièmement: les parents, ce serait peut-être utile de mentionner à votre enfant qu'il sera impossible pur lui de vaincre la mort, vous croyez pas? Nan, parce que là, vous lui avez sorti la prophétie comme quoi il pourra vaincre la mort, donc fatalement, il va essayer!

(Enfin chais pas, moi je serais à sa place, on me dit "tu peux vaincre la mort", je tenterais le coup.)

Mais bon, pour le moment, le jeune Maui a d'autres idées en tête, comme par exemple de voler la mâchoire de son grand-père.


(Et sinon, ça va bien, la drogue, chez les Maoris?)

Eh oui, c'est bien littéralement ce qu'il se passe dans la suite de la légende : Maui, chargé d'amener les repas à son grand-père Muri-ranga-whenua, les cache pendant plusieurs jours, jusqu'à ce qu'il parvienne à négocier avec l'ancêtre affamé de lui donner l'os de sa mâchoire en échange de sa bouffe.

(Du racket de petit vieux, ah ben c'est du joli mon garçon.)

Mais bon, c'était pour la bonne cause on va dire, parce que cette mâchoire ancestrale va bien lui servir par la suite.

En effet, la mythologie Maorie nous indique qu'au commencement des temps, le soleil voyageait beaucoup plus rapidement à travers le ciel, de sorte que les jours étaient très courts. En gros, tu te levais le matin, t'avais à peine le temps de finir tes Miel Pops et hop! C'était déjà la nuit. 

Donc forcément, ça puait un peu du cul.

Alors Maui réfléchit à un stratagème pour ralentir la course du soleil, et c'est du lourd, laisse-moi te le dire tout de suite.

En gros, lui et ses frères tressent des cordes solides de lin, et voyagent vers l'Est jusqu'au bout du monde, où ils tendent un piège. Puis, quand le soleil se lève, les frères de Maui tiennent fermement les cordes et prennent Tama, le dieu-soleil, au piège. Tama se débat, mais les frères de Maui tiennent bon. Puis Maui saute sur le dieu-soleil, et le tabasse avec la mâchoire de son grand-père jusqu'à ce que Tama soit à genoux et le supplie d'arrêter.



Ensuite, les frères s'en vont, laissant Tama grièvement blessé et sans forces, le poussant ainsi à voyager lentement à travers le ciel.

(Ah ben ça, je vous avait dit que c'était les Vikings du Pacifique.)

Donc, récapitulons: plutôt que de demander gentiment à Tama d'aller plus lentement, le plan A de Maui et de ses frères, c'était de le tabasser quasiment jusqu'à la mort puis de se barrer sans lui dire un mot?

Okay! Non, mais super! C'est vrai, pourquoi s'embêter à établir un dialogue pour trouver une solution à ses problèmes, quand il suffit de cogner jusqu'à ce qu'ils s'en aillent!

Bravo, non vraiment! Magnifique morale à apprendre aux enfants! 

Je vois qu'on est au même niveau que les contes Européens où c'est cool de prendre des enfants en otage quand on a un retard sur sa fiche de paye. Génial.

Mais ce n'est pas le seul usage que Maui fera de la mâchoire de son grand-père, puisque par la suite, il façonne l'os en hameçon, et s'en sert pour pêcher rien moins que TOUTE L’ÎLE DU NORD DE LA NOUVELLE-ZÉLANDE.

Le légende veut en effet que l’île du Nord soit à l'origine un poisson gigantesque pêché par Maui et ses frères grâce a son hameçon magique. Le nom Maori officiel pour l’Île du Nord est d'ailleurs Te Ika a Maui, "le poisson de Maui".

Toujours d’après la légende,  juste après avoir pêché le poisson géant, Maui part à la nage afin d'apaiser le dieu de la mer, laissant ses frères le garder et les enjoignant de ne toucher a rien, afin de ne pas abîmer la surface lisse et plate de l’île nouvelle. Mais ceux-ci, ignorant les instructions de Maui, se jettent sur le poisson géant et commencent à en découper des parts parce qu'ils ont peur de se faire entuber par leur frère (ceci dit, quand on connaît le caractère de Maui, c'est pas vraiment surprenant). Résultat, le poisson géant, à l'agonie, se tord et se débat, changeant la surface de l’île en monts et vallées.

Par la faute des frères de Maui, trop impatients, la Nouvelle-Zélande est donc maintenant une île bosselée, et il est difficile d'y voyager.

(Par contre, maintenant qu'on a le réchauffement climatique, on est tous bien contents qu'il y ait des montagnes partout.)

Maui avait accomplit sa pêche monumentale depuis sa pirogue, qui, après son exploit, se changea en ce qui est désormais l’île du Sud, également appellée Te Waka a Maui, "le canoë de Maui", comme on peut le voir ci-dessous.


Cette prouesse reste évidemment l'exploit le plus connu de Maui en Nouvelle-Zélande.

Le deuxième exploit le plus connu de Maui est celui d'avoir apporté le feu aux humains. Car, dans la mythologie Maorie, le feu était détenu par la grand-mère de Maui, Mahuika. Mahuika vivait dans le monde souterrain et était la gardienne du feu. Elle était très puissante et très susceptible, et c'est pour cette raison que les Maoris entretenaient leur feu constamment, parce que s'il s'éteignait fallait aller lui demander de le rallumer et apparemment c'était la galère parce que Mahuika était pas commode.

Mais Maui, qui est franchement un sale petit con parfois, décide que fuck la société et éteint le feu exprès pour aller voir sa grand-mère et lui demande de le rallumer. Mahuika arrache alors l'un de ses ongles, qui se transforme en flamme, et la donne à Maui, en lui enjoignant d'être prudent et de ne pas laisser la flamme s'éteindre.

Mais Maui, une fois hors de vue, piétine la flamme, et retourne demander le feu à Mahuika.

(Quel petit bâtard.)

Il recommence le manège encore et encore, jusqu'à ce Mahuika lui ait donné les ongles de tous ses doigts et même de ses orteils.

Quand Maui revient pour la vingtième fois les mains vides dans la même journée, Mahuika s'énerve parce qu'il faut pas l'appeler Jambon non plus, et elle fout le feu partout (bien fait pour ta gueule, Maui). Maui échappe de justesse aux flammes infernales en se changeant en faucon, mais s'en sort avec quelques plumes de roussies, et c'est pour cette raison que le faucon néo-zélandais a des plumes brunes là où le feu l'a touché.


(Quasiment partout, en fait.)

Le feu est tellement puissant qu'il se répand dans le monde du dessus, et menace de réduire l'univers entier en cendres (ah ben bravo Maui, bien joué, vingt sur vingt). Mais Maui, qui a été élevé par un dieu, est comme cul et chemise avec les esprits du ciel, et invoque les dieux de la pluie, qui éteignent l'incendie.

Mahuika, vaincue, jette ce qui lui reste de feu dans les arbres les plus proches, le kaikomako, le mahoe et le totara, qui gardent encore aujourd'hui le feu sacré en eux. C'est pour cela qu'en frottant les branches de ces arbres entre eux, on peut faire du feu.

(Je voulais te donner les noms français des arbres pour que tu puisses jouer à faire du feu avec, mais pas de bol, c'est tous des arbres endémiques à la Nouvelle-Zélande.)

(Faudra venir ici, mais ça fait cher le barbecue.)

C'est donc grâce à Maui que les humains peuvent aujourd'hui allumer un feu sans l'aide de Mahuika.

Mouais.

Enfin, moi je pense surtout que c'est un gros coup de bol, parce que Maui, ça a beau être un demi-dieu, je suis désolée mais y'avait aucun moyen de prédire que le feu finirait par frapper des arbres qui ensuite pourraient être frottés ensemble pour libérer la flamme prisonnière.

Non, à la base, je pense que Maui est juste un sale gosse qui fait n'importe quoi et qui a le cul bordé de nouilles parce qu'en général ça se finit bien.

(Enfin, bien pour lui.)

Et je ne suis pas la seule à penser de cette manière, puisque Maui est connu pour être une figure "espiègle" (c'est la manière polie de le dire) de la mythologie Maorie.

Fait intéressant, les Maoris l'appellent "atua", soit "dieu/esprit divin" (littéralement, le mot "atua" signifie "pouvoir" ou "force", dans une notion très proche de celle de "mana" - un concept lié à la magie que l'on retrouve dans toute la Polynésie et dont le sens peut être traduit par - mais ne se limite pas à - "influence", "pouvoir", "autorité" ou encore "prestige").

(L’étymologie c'est une autre de mes grandes passions, et là, avec le te reo maori, je suis AUX ANGES.)

(Et je finis juste avec une petite parenthèse sur le mana pour mes amis les geeks: oui oui, c'est bien de ce concept qu'a été tiré le nom de l’énergie magique des MMORPG. Maintenant, tu pourras ébahir tes amis de ton intelligence à ta prochaine soirée LAN. Ne me remercie pas.)

Bref.

Maui est donc un "atua" pour les Maoris, mais, aux yeux des Pakehas baignés de mythologie européenne, la figure de Maui s'apparente plus a un "trickster" : un personnage à mi-chemin entre humain et divinité, à la fois mauvaise et bonne.

(On peut comparer Maui à Loki dans la mythologie nordique, Coyote chez les Amérindiens, ou même notre bon vieux Renart national.) (Ou encore le gars qui mange des bonbons dans Supernatural.) 



(Chacun ses références.)

Et c'est vrai que Maui est une figure diptyque: d'un côté, il fait des trucs de héros absolument incroyables, cf. sa mythique partie de pêche au gros, mais d'un autre côté, c'est quand même un sacré connard.

Par exemple, un jour, il part à la pêche avec son beau-frère, mais le beau-frère pêche plus de poissons que lui, alors que Maui a son hameçon magique. Alors Maui est tellement vexé qu'en rentrant à la maison, il attend que son beau-frère saute dans l'eau pour guider la pirogue jusqu'au rivage, et il le tape avec sa pagaie jusqu'à le changer en chien, le premier chien Maori.

(Non, mais moi non plus j'ai pas compris la logique de cette histoire.)

(Franchement, si frapper quelqu'un à coups de pagaie ça les changeait en chien, je pense que ça se saurait.)

Et puis, merde: mec, t'as pêché la NOUVELLE-ZÉLANDE! Y'a jamais personne qui va pouvoir se vanter d'avoir pêché un truc aussi incroyable de toute l'histoire de la planète! T'as officiellement la meilleure anecdote de pêche de tous les temps! Alors à quoi bon être jaloux du gars qui ramasse cinq truites de plus que toi?

(C'est comme si J.R.R. Tolkien était jaloux de Marc Lévy parce qu'il avait écrit plus de livres que lui.)

(Torchons et serviettes.)

Mais Maui, on le saura, est un gros jaloux. Tellement jaloux qu'une fois devenu vieux, réalisant que ses fils étaient devenus plus forts et plus vigoureux que lui, il décide.... de s'en débarrasser.

(Ah ouais d'accord, t'es un gros psychopathe en fait.)

Sérieusement, ça se passe comme ça : Maui fait venir ses fils, les prend par les épaules, et leur dit :

- Mes fils : il est temps pour vous de quitter ce monde.

(Ah ben ouais, super, pas de problème.)

- Mais rassurez-vous, les hommes ne vous oublieront pas. 

(Perso, je serais plus inquiet du fait que je vais me faire buter à la fleur de l'âge, mais passons.)

- Je vous changerai en étoiles. Ceux qui attendront la venue de la nuit vous verront, et vous serez accueillis par ceux qui attendent le lever du soleil. Adieu!

Et là, il tue ses fils, et prend leurs mâchoires pour les ajouter à son stock de hameçons.

(CECI N'EST PAS UNE BLAGUE.)

(Psychopaaaathe!)

Puis il soulève ses fils dans ses bras et les jette vers le ciel, où l'un devient l'étoile du soir, et l'autre l'étoile du matin.

Saluons ici une jolie ironie, parce que les Maoris étaient de très bons cartographes du ciel (vu que c'était leur meilleur moyen de navigation), mais par contre l'astronomie c'était moyen moyen sans télescope, et du coup, ils avaient pas compris que l'étoile du matin et l'étoile du soir, c'est la même, c'est Vénus. (Qui est d'ailleurs une planète et pas une étoile, mais bon, on va pas enculer les mouches.) 

Revenons à nos moutons.

Taki, l'un des frères aînés de Maui, avait observé toute la scène. Seulement, il était peut-être un peu psychopathe aussi, parce que non seulement il trouve tout ça tout à fait normal et justifié, mais en plus, en contemplant les étoiles brillant paisiblement dans le ciel, il se dit que lui aussi ça lui dirait bien d'être changé en étoile.

Il vient donc voir Maui, qui lui dit :

- Je ne peux pas te jeter dans le ciel. Mais si tu me donnes ta mâchoire, je te montrerai comment grimper aux toiles d'araignées qui s'étendent de la terre jusqu'au ciel.

Alors, deux choses à l'aune de ce rapport.

Un : ENCORE cette histoire de maxillaire, mais t'as un sérieux problème, mon gars! (C'est des trophées ça, je l'ai vu dans Dexter.)

Deux : Ma réaction en apprenant qu'il y a des toiles d'araignée invisibles qui montent de la terre jusqu'au ciel :


(J'ai beau maîtriser ma phobie, il y a des limites à ne pas franchir.)

Mais apparemment, ça ne dégonfle pas Taki, qui, courageux, grimpe aux toiles d'araignée (en plus avec un trou béant et sanguinolent à la place de la bouche, ça doit être sympa) et devient l'étoile Takiara, celle qui guide les hommes vers leurs foyers.

Maui, donc, est devenu un vieil homme. Ses fils sont les étoiles qui annoncent le coucher et le lever du soleil. La course lente du soleil à travers le ciel lui rappelle l'audacité de sa jeunesse. Il vit sur la terre qu'il a pêchée du fond de l'océan, et son dîner est préparé sur le feu qu'il a volé à Mahuika.

Et Maui se rend compte que, malgré son mauvais tempérament (c'est rien de le dire), son peuple le traite en héros, car les fruits de son impatience et de sa force ont façonné un monde meilleur pour toute l'humanité.

Maui se rappelle alors de l'ancienne prophétie de sa jeunesse, et décide qu'il est temps de vaincre la mort.

Lui et ses frères restants (dans une autre version, ce sont des oiseaux) se mettent donc en route pour le bout du monde (à la pointe Nord de l'Ile du Nord), où vit la terrible déesse de la mort, Hine-nui-te-Po ("grande femme de la nuit").

Hine-nui-te-Po est une géante à l'apparence humaine, mais ses yeux sont de jade, ses cheveux faits d'algue, et ses yeux émettent une puissante lumière rouge que l'on voit de très loin lorsque le soleil se couche. Ah oui, et elle a des dents dans son vagin.

Pourquoi est-ce que je te parle de ça d'un seul coup? Eh bien, c'est parce que, pour vaincre la déesse de la mort et amener l'immortalité à tous les humain, Maui décide qu'il doit inverser le passage de la naissance, et entrer dans le corps de la déesse PAR SA SCHNEK pour en ressortir par sa bouche.



Alors, de un : je suis pas sûre que les Maoris avaient tout compris au chemin de la vie, parce que je peux t'assurer que les enfants ne sont pas conçus par la bouche.

De deux: QUOI??? MAIS QUOI??!!!

(Ça va pas mieux, la drogue, chez les Maoris.)

Maui et ses frères arrivent chez Hine-nui-te-Po et trouvent la déesse endormie, les jambes écartées (pratique). Maui aperçoit les éclats coupants d'obsidienne et de jade entre les cuisses de la déesse, se tourne vers ses frères, et leur dit:

- Je vais maintenant entrer dans le corps de Hine. Aucun d'entre vous ne doit faire un bruit. Si elle se réveille, elle me tuera. Une fois que je serai ressorti par sa bouche, nous pourrons rire et chanter, car elle sera morte, et les hommes seront immortels à jamais.

Et donc, la tête la première, Maui rampe dans le vagin de la déesse.

Je vais juste te laisser deux minutes pour imaginer la scène.

Voilà.

Les frères observent le corps de Maui disparaître dans celui de la déesse, jusqu'à ce que seules ses jambes dépassent et se tortillent alors que Maui tente de ramper plus profond.

(C'est du viol d'une ampleur de compétition, dites-moi.)

La scène est tellement ridicule (j'aurais dit "vomitive", mais chacun son truc) que l'un des frères de Maui commence à pouffer, puis éclate de rire.

(Quel blaireau.)

Hine-nui-te-Po se réveille alors (sérieusement? Y'avait un homme dans ta teuch, et ça t'avait pas réveillé, mais un rire, ça fait trop de bruit?) et voit ce qui se passe. Avec un rugissement de rage, elle ferme brusquement ses cuisses et coupe Maui en deux.

(Mais sur ce coup, je vais être honnête, je suis du côté de Hine.)

Maui devient donc le premier humain à mourir, et, comme il a échoué dans sa quête, tous les humains sont désormais mortels. Après la mort, l'âme voyage vers le monde souterrain (situé à la pointe Nord de l'Ile du Nord - oui, si tu meurs, tu vas en Nouvelle-Zélande - entre les racines d'un pohutukawa géant), où Hine-nui-te-Po garde le passage et accueille les âmes des défunts.

Attends, rembobine une seconde. 

Maui est le premier être humain à mourir?

Ça veut dire que, avant que Maui ne meure en échouant dans sa tentative de donner l'immortalité aux humains, les humains ne mouraient pas?

Mais ça n'a aucun sens!

Pourquoi chercher l'immortalité si tout le monde est de facto immortel? D'autant plus quand l'échec de cette tâche rend les humains mortels alors que c'est ce que tu voulais éviter à la base en allant chercher l'immortalité pour des gens déjà immortels?

(Aaaah, ma tête!)

Fin de la légende : les frères de Maui sont tristes (on les comprend) et pendant un jour et une nuit, ils pleurent leur frère mort dans l'accomplissement de son plus grand exploit. (Mort par votre faute, hein. J'veux pas enfoncer le couteau, mais bon.)

Donc ils sont tristes pendant un jour, puis ils l'oublient, car, je cite "la vie est trop courte pour être passée dans la tristesse, et la mort est comme le sommeil qui vient à ceux qui sont fatiguée".

Donc, si j'ai bien compris, en substance, ça veut dire :

"Frérot, j'veux bien pleurer deux minutes, mais c'est quand même un peu de ta faute si je vais mourir bientôt, donc tu m'excuses mais j'ai mieux à faire maintenant, tchao."

(Je sais pas toi, mais moi je trouve ça beau.)

dimanche 16 février 2014

L'article qui fera cauchemarder un psychanalyste



(Soi-disant que je fais la même tête quand je suis pas contente.)

Souvent, quand je me réveille le matin, Professeur Flaxou se fout de ma gueule, et je comprends pas pourquoi.

La raison, c’est que, d’après lui, je parle dans mon sommeil, et je dis des choses rigolotes.

(Par exemple, l’autre jour, c’était : « Non ! Le placard ! Attention ! Pas dans le placard ! »)

Alors, évidemment, moi je dors, donc je ne me souviens jamais. Pour ce que j’en sais, Professeur Flaxou est un gros bonimenteur.

Mais quand je vois l’état des rêves que je fais la nuit, finalement, ça ne m’étonne pas tant que ça.

Parce que très souvent, je me rappelle de mes rêves. Et quand je me réveille le matin, je les raconte à Professeur Flaxou.

Et le dernier était tellement gratiné qu’il m’a dit que ça mériterait d’être écrit comme un conte pour enfants et qu’on deviendrait riches si je le vendais.

Mais comme je connais personne dans l’édition, et comme en ce moment la littérature jeunesse en France ça m’a l’air d’être un peu tendu du slip comme domaine, je vais plutôt raconter mon rêve ici.

La nuit dernière, donc, j’ai rêvé que je me faisais kidnapper par l’Empereur des Poulets.

En fait il me kidnappait par hasard, parce que j’allais dans le jardin nourrir les poules (on n’a pas de poules dans le jardin, juste le chat des voisins qui me laisse lui faire des câlins quelquefois, mais là, je sais pas pourquoi, on avait un poulailler.) (Peut-être qu’on avait décidé de dire fuck nos métiers respectifs, on plaque tout et on va élever des poules, je sais pas trop les détails.)

Et en fait l’Empereur des Poulets, qui vivait dans un château qui flottait sur un nuage, kidnappait les poules sur terre pour les amener dans son royaume (il avait le téléporteur de Star Trek). (Enfin, pas LE téléporteur de Star Trek, mais un truc similaire.) Donc il kidnappait mes poules, mais comme j’étais dans le poulailler en même temps, il me chopait avec.

(Heureusement que c’était pas un téléporteur qui mélange l’ADN. Imagine après comme c’est craignos de devoir gérer le travail de bureau quand tu ponds des œufs partout.)

(Mais au moins, si t’oublies ton déjeuner, t’es tranquille.)

(Ah mais non, parce que du coup ce serait un peu comme du cannibalisme.)

(Bref.)

Donc je me retrouvais dans le château de l’Empereur des Poulets.

L’Empereur des Poulets c’était un humain normal, si t’enlèves le fait qu’il habitait dans un château qui flottait sur un putain de nuage et qu’il avait apparemment une technologie ultra-développée alors que nous sur Terre on était dans un genre de monde post-apo où tout le monde élevait des poulets dans le jardin, donc moyen quoi. 

Et il avait une salle du trône avec un énorme trône couvert de coquilles d’œufs (façon mosaïque), et il portait un genre de cape royale blanche, t’sais comme les manteaux d’hermine de Louis XIV, mais sauf qu’elle était entièrement faite en plumes de poulets.

Et je me souviens pas vraiment de l’agencement de son palais, mais je me rappelle que dans toutes les pièces, y’avait des poules qui se baladaient, tranquille Emile.

Et donc l’Empereur des Poulets se rendait compte qu’il m’avait kidnappée par erreur, mais au lieu de me renvoyer sur Terre, il décidait de me garder et de faire de moi sa femme.

(Si déjà.)

Sauf que moi dans mon rêve j’étais tout de même mariée avec Professeur Flaxou, et puis en plus l’Empereur des Poulets il était vieux, chauve et tout luisant de gras (en même temps, le gars il bouffe des œufs tout le temps, tu t’attends à quoi ?) donc ça me bottait moyen.

(Par contre, quand je rêve de folles nuits de débauche avec Henry Cavill, du champagne et des petits fours, là, on est dans un univers où Professeur Flaxou n’existe pas.) (Le cerveau c’est quand même un outil merveilleux.)

Donc je disais à l’Empereur des Poulets qu’il pouvait carrer sa demande en mariage dans le cloaque d’une de ses poules, mais ça lui plaisait pas des masses, alors il décidait de m’enfermer dans une des chambres du palais jusqu’à ce que je lui dise oui.

(Technique de drague plus connue sous le nom de « Syndrome de Stockholm » - ou « La Belle et la Bête », ça marche aussi.)

Alors j’étais prisonnière de l’Empereur des Poulets, mais j’avais de la chance, parce que j’avais des fenêtres dans ma chambre. Alors, la nuit venue, comme c’était la pleine lune, j’ai demandé à la lune si tu voulais encore de moi de transmettre à Professeur Flaxou le message que j’étais prisonnière, et aussi de lui dire de monter au sommet du Mont Wellington et d’y planter trois graines de trois plantes différentes (c’était très important) et ensuite de les arroser jusqu’à la prochaine pleine lune, parce qu’à ce moment les plantes auront suffisamment poussé pour qu’il puisse y grimper et atteindre le palais de l’Empereur des Poulets.

Bon, c’est de la grosse daube ce plan, on est d’accord ?

Je sais que je suis pas une pro du jardinage, mais même moi, je sais qu’une graine, en un mois, ça te fait une pousse de vingt, trente centimètres max (et tu noteras que j’ai pas demandé à Flaxou de planter des graines magiques, juste des graines lambda).

Et, même en admettant que ça marche, c’est un plan qui nécessite de poireauter un mois entier ! Alors qu’il suffisait à Professeur Flaxou de trouver un poulailler et d’attendre de se faire kidnapper en mode beam me up Scotty !

Mais Professeur Flaxou devait surement être à court de ressources, parce qu’il faisait comme lui disait la lune, et un mois plus tard, il grimpait aux plantes pour venir à mon secours.

(Mon cerveau a fait une ellipse temporelle alors je sais pas trop ce que j’ai bien pu foutre pendant un mois cloîtrée dans le palais de l’Empereur des Poulets.) 

(Mais en tout cas mon lit devait être confortable, parce que c’était certainement pas le duvet qui manquait.) 

(Donc c’est déjà une consolation.)

Et donc Professeur Flaxou volait la clef de ma chambre à l’Empereur des Poulets pendant que celui-ci dormait (genre le gars il a pas de sécurité ? Même pas un coq ou deux dressés pour l’attaque ?) et venait me délivrer. Seulement, on essayait de repartir discrètement, mais on faisait du bruit (ça par contre c’est parfaitement plausible) et on réveillait l’Empereur des Poulets.

Donc il était vénère, il sortait sa baguette magique (ah oui, je t’ai pas dit ? C’était aussi un magicien. Mais bon, le gus a un château qui flotte sur un nuage, donc je pense que c’est pas trop surprenant comme nouvelle) et il changeait Professeur Flaxou en poulet.

A ce moment-là c’était moi qui pétait un plomb, parce que je veux bien qu’on me kidnappe et qu’on me séquestre pendant un mois mais faudrait voir à pas trop me chauffer non plus, je sautais sur l’Empereur des Poulets en faisant voler sa baguette, et on se battait à mains nues dans une bagarre digne des plus beaux films d’action des années 80.

Finalement, je récupérais la baguette, et je changeais l'Empereur en poulet (bien fait !). Et puis je redonnais sa forme humaine à Flaxou en récitant l’incantation à l’envers. Et on s’échappait sur l’espèce de haricot magique là, et on rentrait sur Terre.

Et on était heureux parce qu’on avait une baguette magique, et on faisait fortune dans l’élevage de poulets parce qu’on générait des poulets à base de cailloux ou de troncs d’arbres ou de gens qu’on aimait pas.

Et là je me suis réveillée avec une de ces envies d’œuf à la coque, mais tu t'imagines même pas.

jeudi 13 février 2014

Sea et sex (mais pas dans la sea, c'est sale)


Et donc c'est l'été en Nouvelle-Zélande.

C'est super cool parce qu'il fait beau et chaud et que je peux bien narguer tous mes amis Français sur Facebook (tiens regarde les photos de nous en maillot de bain, REGARDE LES!).

Mais qu'on ne s'y méprenne pas, l'été en Nouvelle-Zélande a aussi ses côtés chiants. 

J'en donne pour exemple le fait qu'on ne puisse plus faire de rando, parce qu'avec toute cette putain d'humidité dans l'air j'ai l'impression de me faire waterboarder dès qu'on entre dans la forêt.

(C'est un peu comme si on te disait que l'air a été remplacé par de l'eau, alors t'essayes de respirer de l'eau, mais t'as pas de branchies, mais tu voudrais bien respirer quand même parce que mourir ça pue du cul, mais y'a DE L'EAU A LA PLACE DE L'AIR.)

En même temps, je sais pas trop à quoi je m'attendais, parce que plus haut j'ai utilisé le mot "forêt" par habitude, mais le terme utilisé par les Kiwis est "bush", et le terme scientifique est "temperate rain forest", donc ça t'annonce un peu la couleur en termes de niveau d'humidité.



(Sinon, le terme "jungle" est pas mal non plus, je trouve.)

Et le fait que le bush néo-zélandais en été ait le volume sonore d'une boîte de nuit n'arrange rien, avouons-le.

Explications : en été, dans le bush, y'a des cigales.

Mais alors, tu peux tout de suite oublier tes idées de doux bruissement dans la lavande pendant tes vacances en Provence.

Parce que les cigales néo-zélandaises, c'est pas les cigales à ta mère.

Professeur Flaxou et moi, on a appris ça à nos dépends en allant se balader à Hunua Ranges en pleine saison des amours des cigales. Extrait audio :



Sans déconner, on dirait pas dans la vidéo mais c'était BRUYANT. Tellement bruyant que, quand on est rentrés dans la voiture, on avait les oreilles qui sifflaient, comme après un concert (véridique).

- C'est magnifique, quand même.
- Quoi?
- Tu te rends compte que tous ces bruits autour de nous, c'est des millions d'insectes qui sont tous en train de crier : "baiser baiser baiser baiser!".
- Ah ouais, la nature est fascinante.

Tu l'auras compris, y'en a un qui est heureux en toutes circonstances dans ce pays, c'est Professeur Flaxou.

Que l'on aille dans la forêt ramasser des mues de cigales:



Ou à la plage ramasser des palourdes:



Professeur Flaxou observe la vie animale et s'extasie comme un môme sur tout ce qu'on voit.

Ce qui fait que nos leçons de nage hebdomadaires à la plage (j'ai appris le dos crawlé, je défonce tout maintenant) se font souvent parasiter par des découvertes biologiques.

(C'est une manière classe de raconter que les cours de natation tournent vite à la bataille de lancer d'étoiles de mer.)

Mais les cours portent quand même leurs fruits : je sais désormais nager DEUX sortes de nages différentes (incroyable mais vrai), et, surtout, je peux me déplacer dans l'eau en faisant de la vraie distance, et pas, comme précédemment, du sur-place en pédalant vaguement des bras et des jambes (mais en fait faut le dire mon seul but est de garder la tête hors de l'eau).

Donc ça fait quand même pas mal de progrès. 

D'ailleurs, perso, j'en resterais bien là, mais selon coach Flaxou, "faut encore que tu travailles la synchronisation de tes bras et de tes jambes", parce qu'il refuse de m'apprendre le crawl avant ça.

(Professeur Flaxou a fait de la natation en club toute sa vie, alors on ne déconne pas avec la nage, c'est sérieux.)

(Autant dire que quand il m'a vu nager pour la première fois, il s'est demandé s'il ne valait pas mieux me noyer sur place tout de suite et faire croire à un accident.)

Mais on progresse quand même, les jours où on ne s'arrête pas pour filmer des méduses.




(Même les méduses en Nouvelle-Zélande sont gentilles et mignonnes. C'est quand même dingue.)

Et puis à ce stade de mon article tu te demandes peut-être pourquoi je n'ai mentionné dans mon titre que Sea et Sex mais pas de Sun.

La raison, comme tu peux la voir à mon magnifique bronzage inexistant, c'est que le soleil en Nouvelle-Zélande, je préfère pas en parler, parce que c'est une grosse pute.




(Ceci est une image australienne, mais ça marche aussi ici.)

Trou dans la couche d'ozone oblige, le soleil est super dangereux dans ce pays, donc dès qu'on sort quelque part plus de 15 minutes, c'est tartinage de crème solaire en règle. Et gare à moi si j'oublie un bout d'épaule, Professeur Flaxou est intransigeant sur la protection 50. 

(Oui, Flaxou déteste le soleil. D'abord parce que c'est un scientifique, mais surtout parce que c'est un geek.)

Mais bon, à en juger par la multiplication exponentielle de mes grains de beauté depuis mon arrivée, il n'a pas tout à fait tort.

Donc je prends mon mal en patience et je soupire intérieurement en regardant les vieilles photos de moi toute bronzée pendant mes vacances en Europe, où la caresse du soleil est douce et chaude et n'est pas l'équivalent d'un fer à souder appliqué contre ta peau.

Mais ça va, on s'amuse bien quand même.










Et chez toi, ça se passe bien, l'hiver?

dimanche 9 février 2014

L'instant Kiwi !

Instant Kiwi n°13: Maoris, Pakehas et choc culturel



Quand j'ai emménagé en Nouvelle-Zélande (un an déjà! j'ai pas vu le temps passer) (sinon toi, ça va bien dans tes 10 mètres carrés d'espace vital?) j'ai pas vraiment expérimenté le choc culturel, vu que la culture Kiwie est grosso modo exactement la même que la culture Britannique.

(Mais ne le dis pas aux Kiwis sinon ils vont faire leur petit caca nerveux "Nan on est spéciaux, on est différents, on a une culture à part" - dis ça à ton plat national les fish'n'chips, AHAHA). 


Et le choc culturel Britannique, je l'avais déjà vécu lors de mon année en Angleterre, en suivant le schéma classique dit "en N", qui se constitue de trois phases :


1. La phase dite "lune de miel" : tu viens d'arriver, c'était ta décision de partir, donc c'est génial, t'es tout content, tout est nouveau et typique et tout le monde est beau et gentil. AKA "oh mais tout le monde est si gentil avec moi, mon boulot est trop cool, mes élèves sont si mignons, ma coloc est géniale, je fais des supers voyages, han je gagne ma vie comme une grande mais la vie est un champ de fleurs!"


2. La phase dite "de dépression" : les différences culturelles commencent à te peser. Avant, elles te semblaient intéressantes et nouvelles, maintenant, elles t'agacent. En fait, tout et tout le monde t'agace profondément. Tu te sens déconnecté, tes proches te manquent, bref, c'est la lose à Mulhouse. AKA "putain quel job de chiotte j'avance pas et ces élèves quelle bande de petites têtes de nœuds, et cette putain de pluie elle s'arrêtera jamais, j'ai envie de mourir et y'a pas de fromage"


3. La phase dite "d'adaptation" : on accepte les différences culturelles entre le pays d'adoption et le pays d'origine, et on s'intègre. Tu es passé par une phase où tout était génial et une phase où tout était nul, et maintenant, tu peux poser un regard objectif sur le pays et sa culture, en observant le bon et le mauvais et en acceptant le tout. AKA ce qui m'est arrivé juste avant de repartir en France (haha).


(Bon, après, très souvent, l'adaptation dans un nouveau pays ne suit pas du tout ce schéma, puisque le choc culturel est plus ou moins prononcé selon la culture de base de chaque individu, ses expériences personnelles, et tout le toutim. Pour plus de témoignages de chocs culturels, va donc lire les aventures de mon copain Florent en Grèce et en Finlande (Florent aime les terres de contrastes, elles reflètent sa nature profonde d'aberration génétique) (il est Franco-Allemand).)


Et donc, en arrivant en Nouvelle-Zélande, je n'ai pas eu à subir les courbes de cette adaptation (à moins qu'en fait oui, et si ça se trouve je suis encore dans la lune de miel, mais bon je pense pas, c'est juste que ce pays est génial), puisque la culture Britannique et la culture Kiwie se ressemblent comme deux gouttes d'eau.


La raison de cette ressemblance, tu t'en doutes, c'est la colonisation de la Nouvelle-Zélande par l'Angleterre alors que ce n'était qu'un pays tout neuf et tout beau.

(Pour la petite histoire, la Nouvelle-Zélande est passée à ça de porter des sabots et de manger du gouda, et a également échappé de justesse aux marinières et aux cuisses de grenouille - pas de bol pour moi, j'aurais pas eu autant de sanglots de désespoir en skypant avec ma famille à l'heure du déjeuner.)

(Mais du Mont d'Or juste devant la caméra, c'est du pur sadisme, on est d'accord?)


Alors évidemment, je te vois venir, tu vas me dire : 

- Mais bon sang de bonsoir, la Nouvelle-Zélande elle était quand même pas vide quand les Anglais ont débarqué! (Eh, ça fait pas chelou d'utiliser cette expression quand on parle pas de flux menstruels?) (Vis ma vie de fille.) Quid de la culture Maorie?

Alors, la culture Maorie, c'est pas une légende, elle existe bel et bien, et pas seulement dans le passé lointain, mais également aujourd'hui (même si, évidemment, les traditions se perdent, mondialisation, modernisation, je t'en parle pas plus, tu connais la chanson).

Le grand problème de la culture en Nouvelle-Zélande, c'est qu'on a affaire à deux cultures très différentes (Européenne et Polynésienne) et qui, depuis l'époque de la colonisation, ne se sont quasiment jamais mélangées.

A l'époque de la colonisation, on avait bien les Pakeha-Maori, des Européens qui tombaient amoureux de la culture Maorie (et de ses femmes, bien souvent), à l'image de Tom Adamson, un bushman (c'est un peu les cow-boys de la Nouvelle-Zélande) qui s'est battu avec les Maoris du côté du gouvernement pendant les guerres Maories. Et la raison pour laquelle j'en parle c'est juste pour caser cette photo, parce que je trouve que Tom Adamson est l'homme le plus classe de l'univers.



(Des hommes en jupe! Ah ça c'est encore un coup de ces connards de gauchistes avec leur théorie du djendeur, ma bonne dame.)

Non mais sérieusement, je trouve son look incroyablement cool, et faut avouer qu'il faut beaucoup de charisme naturel pour faire fonctionner le combo plume dans les cheveux + rouflaquettes et moustache + jupe aztèque.

(En fait ce gars était habillé comme une blogueuse mode avec 150 ans d'avance.)

(Respect.)

Pour en revenir à nos moutons : à part ces quelques exceptions...allez nan, je résiste pas, je te mets une image d'un autre Pakeha-Maori, le missionnaire slash marchand d'armes (ça ne s'invente pas) Thomas Kendall.


("Oui bonjour messieurs, vous auriez une petite minute pour parler de notre seigneur Jésus Christ?")

(Fait intéressant : Thomas Kendall a par la suite tellement kiffé la spiritualité des Maoris qu'il a été radié de l'ordre des missionnaires et qu'il est devenu, d'après ses mots, "presque complètement païen".)

Bref, mis à part ces exemples, c'était au départ pas trop l'amour fou entre Maoris et Pakehas (en même temps, ça se comprend), et, même si ça s'est au final mieux passé qu'en Australie, y'a quand même eu des guerres et des morts et tout le toutim.

Et, même aujourd'hui, les Maoris et les Pakehas (Néo-Zélandais d'ascendance Européenne) vivent complètement séparés.

Ce que ça veut dire, concrètement, c'est qu'en tant que Pakeha, tu n'as jamais d'occasion de rencontrer des Maoris, sauf si tu bosses à l'usine ou que tu es tout en bas de l'échelle sociale, et là, pouf! t'en trouves plein.

(Oui, pour l'intégration sociale des Maoris - et des Polynésiens en général - on repassera, mais je ne m'étendrai pas sur le sujet parce que c'est une histoire longue et douloureuse et qu'il y a de la mauvaise foi des deux côtés, alias "Mais non on vous discrimine pas qu'est-ce qui vous faire dire ça? On veut juste pas vous embaucher parce que c'est bien connu que vous êtes tous des fainéants, mais je vois pas où est le problème!" et "Mais non on a super envie de s'intégrer! Juste sans obéir aux lois parce que c'est des lois pour Pakehas et donc elles ne s'appliquent pas à nous, mais je vois pas où est le problème!")

En passant, si ça t'intéresse, une excellente émission sur la vie Maorie (avé les sous-titres en Anglais - heureusement, hein, parce que perso, en Maori, je sais dire "Bonjour", "Merci" et "eau", donc on irait pas très loin) et qui te permet de constater que 1) le Te Reo est une langue composée à 95% de voyelles, 2) Le Te Reo, comme l'Italien, se parle surtout avec les mains et 3) Le Te Reo n'est vraiment, mais VRAIMENT pas une langue synthétique.

Bref.


(Ceci est l'article le moins structuré du monde.)


Donc j'ai pas expérimenté de choc culturel à proprement parler (puisque l'Angleterre m'avait déjà mâché le travail), juste des petites choses. Des petites différences qui font tout le piquant de la vie a l’étranger (et qui composent désormais 80% de ce blog). 

Mais il y a une chose, une seule chose que les Kiwis dans leur ensemble ont hérité de la culture Polynésienne, et c'est ceci : la relaxitude.

(Oui j'invente des mots, et alors c'est ton site ou c'est mon site?)


J’ai déjà évoqué sur ce blog le rapport des Kiwis au temps, un exemple classique de l’adoption d’un mode de pensée polynésien dans une culture autrement très britannique.

La raison pour laquelle j’insiste sur ce point, c’est que la perception Kiwie du temps est symptomatique de leur manière de traiter tous les sujets de la vie : avec coolitude.

Un exemple flagrant : Auckland est une ville portuaire, qui s’étend (ou plutôt qui s’étale) le long des côtes du golfe de Hauraki. Du coup, beaucoup de gens qui habitent près de côtes et bossent au centre-ville prennent le ferry pour éviter le trafic. Dont certains de mes collègues de boulot.

Et un beau matin, lesdits collègues se pointent au boulot, tout sourire, avec 20 minutes de retard, et annoncent :

- Oh les gars c’était trop cool ! Y’a un orque qui s’est perdu dans la baie !

(Petite explication : la baie d’Auckland fait, genre, 20 centimètres de fond. Tu vois le tableau d’avoir un orque qui se balade là-dedans.)

- Et vous l’avez vu ?
- Ouais, c’est pour ça qu’on est en retard. Le capitaine a fait un crochet pour aller le voir, c’était trop bien !

PARDON ?

Le conducteur du ferry de huit heures du matin, celui que TOUT LE MONDE prend pour aller bosser, a entendu dire qu’il y avait un orque dans la baie d’Auckland, il a délibérément fait un détour sur son itinéraire pour aller montrer l’orque à ses passagers, et résultat s’est pointé à Auckland avec 20 minutes de retard ?

Et les gens sont CONTENTS ?


Mais mais mais, vous êtes tous des malades ?


Sérieusement, tu fais un coup pareil en France, t’as une émeute sur les bras mon pauvre Marcel. Les passagers ils te butent à coups d’extincteur, y’a pas à sourciller !


(Franchement, va arrêter le RER de Paris Nord pour nous montrer un écureuil, on va voir ce que ça donne.)


D’ailleurs, quand j’ai entendu cette anecdote, au début, je l’ai pas crue. Je pensais que c’était une excuse bidon de mes collègues pour justifier leur retard. Mais ensuite, j’ai vu qu’ils en avaient fait un article dans le New Zealand Herald.

(Le New Zealand Herald fait des articles sur TOUT. De la courbe du chômage national aux élèves de primaire qui ont planté un pommier sur le mont Maunganui. C’est un peu le Monde croisé avec les DNA section départementale.) 

Et en fait, tout le monde en Nouvelle-Zélande (ou presque) vit avec ce mode de pensée à la polynésienne : on se relaxe, on prend les choses comme elles sont, et Hakuna Matata.

(Bon OK, c’est pas du Maori, c’est du Roi Lion, mais je peux pas être cultivée tout le temps.)

Alors, pour la plupart des trucs, c’est super chouette, même si mon pauvre petit cerveau germanique a encore du mal à ne pas s’énerver quand le bus est coincé dans les bouchons et que je suis la seule à me stresser le ciboulot en mangeant toutes les petites peaux de mes doigts, au milieu d’une foule de gens qui regardent par la fenêtre en disant :

- Oh Georgette tu savais qu’ils ont ouvert un nouveau Countdown ici ?
- Ah non, j’avais pas vu, d’habitude le bus passe trop vite.
- Heureusement qu’on a le temps de le voir, aujourd’hui.
- C’est magnifique la vie dis donc.

(Putain mais mmmff grmpblpl.)

Mais je pense quand même que la gentillesse de gros nounours tout doux des Néo-Zélandais peut en partie être attribuée à cet état d’esprit cool et pépère. 

Pourtant, des fois, la relaxitude, c’est pas super. Parce que ça donne des choses très agaçantes pour mon petit cœur d’Alsacienne, comme la super énervante habitude des Kiwis de remettre tout au lendemain.

Parce que, chez les peuples polychrones - comme les Néo-Zélandais, entre autres - on a une approche du temps plus fluide que chez les peuples monochrones (bibi) : le temps est vu comme circulaire (si ce n’est pas fait aujourd’hui, ce sera fait demain, vu qu’aujourd’hui et demain, c’est la même chose) au lieu de linéaire.

Ajoute à ça le fait que les Kiwis ont une vision à long terme proche du néant (j’étais franchement pas si loin avec Hakuna Matata), et tu comprendras que certaines choses qui paraissent évidentes aux yeux des Européens (du Nord) sont loin d’entrer dans l’esprit des gens d'ici comme une priorité.

J’en veux pour preuve le fait que mes collègues ne font jamais leur propre vaisselle dans la cuisine et que je me retrouve toujours à la faire parce que ça me rend folle de voir des trucs qui traînent dans l’évier. (C’est la culture, ou alors c’est tous des gros porcs irrespectueux. Au choix.)

(J’aime bien me dire que c’est la culture, ça me retient de leur péter la gueule.)


(Je te jure, s’ils nettoient la vaisselle comme ils torchent leur cul, je voudrais pas voir la gueule de leurs slips.)

Mais bon, dans son ensemble, c'est vraiment super cool de vivre dans une société où on ne vient pas péter une pendule dès qu'un moindre petit truc ne se passe pas comme prévu sur huit générations. Ça laisse de la place à la créativité, à l'innovation, et surtout, au plaisir.

Donc, pour résumer cet article :

Les Maoris n'ont pas transmis grand-chose de leur fascinante culture aux Pakehas, mais ils leur ont au moins enseigné la voie de la zénitude, et ça c'est chouette.

Alors, si t'as pas envie de crever d'un ulcère à 40 ans, viens en Nouvelle-Zélande!



(On pourra aller à la plage ensemble et profiter de la vie à l'ombre des Pohutukawas.) 

(Oui, à l'ombre - ce serait bête d’échapper à l’ulcère pour crever d'un cancer de la peau.)